Bouchard: D’où viennent nos valeurs?

Always interesting to read Bouchard’s analysis and this is a particularly strong response to Premier Legault’s tweet stressing the Catholic heritage:

Le tweet de M. Legault début avril nous invite à nous interroger sur l’origine des valeurs prédominantes dans notre société. Quelles en sont les racines dans notre histoire ? Deux thèses se présentent, l’une privilégiant la religion catholique, l’autre, la culture populaire.

Le catholicisme

Une première difficulté posée par cette thèse, c’est qu’elle est contredite de plusieurs façons par l’histoire. Le catholicisme prêchait l’austérité, la soumission, la quête de spiritualité, la chasteté. Ce sont là, on en conviendra, des valeurs qui s’accordent mal avec l’esprit du temps présent. Mais l’Église enseignait aussi la liberté, l’entraide, la solidarité, l’éthique du travail. À première vue, on est ici en terrain plus sûr.

Ce n’est pas le cas : nos valeurs ont émergé malgré l’opposition de l’Église. Nous accordons une large place à la démocratie et à l’éducation. Sur ces deux points, le dossier de l’Église est en souffrance. L’autorité venait d’en haut et on ne croyait pas nécessaire de prolonger l’éducation du peuple au-delà du secondaire et même du primaire. L’Église a longtemps combattu les projets d’instruction obligatoire et gratuite jusqu’à 14 ans.

L’égalité sociale, qui nous est chère, s’est longtemps heurtée à la vision hiérarchique de la société professée par l’Église. Le statut de chacun était fixé par la Providence. L’Église s’est opposée aussi à l’émancipation de la femme (travail salarié, autonomie juridique, droit de vote, contraception…). Enfin, nos élites laïques ont fortement encouragé l’entrepreneuriat et l’insertion d’une élite francophone dans le domaine des affaires. Encore là, il y avait incompatibilité. L’Église avait envers l’industrialisation une tradition de méfiance, et même d’opposition.

Quant à la liberté, confrontée à une moralité tatillonne et à la pratique de la censure, elle a eu fort à faire jusqu’à la fin des années 1950. L’Église était aussi loin du compte en matière d’ouverture à l’autre. Elle prêchait l’antisémitisme, était hostile aux autres religions, interdisait les mariages mixtes au nom de la race pure et a longtemps fait preuve de racisme envers les Autochtones. Elle a par ailleurs beaucoup tardé à composer avec la modernité, le changement, le progrès, les droits de la personne. L’État-providence, avec ses politiques sociales généreuses, fut l’une des grandes réalisations de la Révolution tranquille. Une bonne partie du haut clergé a vu d’un mauvais oeil cette initiative de l’État.

Pendant longtemps, l’émancipation économique, sociale et politique des Canadiens français a compté parmi les objectifs principaux de notre nation. L’émancipation, c’est-à-dire la levée des contraintes imposées par le colonialisme anglophone. Or, à des moments clés de notre histoire, l’Église s’est mise au service du colonisateur contre les Canadiens français — pensons à la Conquête, aux rébellions de 1837-1838, aux deux crises de la conscription.

Voici une autre difficulté. Des catholiques de renom comme Jean Hamelin, Pierre Vadeboncoeur et Fernand Dumont ont soutenu que la foi de nos ancêtres était très superficielle. Ils y ont vu la conséquence d’une pastorale autoritaire trop centrée sur le rituel et la routine, qui ne tenait que par la « coutume ». Sous l’effet des nouvelles coutumes introduites dans les années 1945-1960, l’ancienne serait disparue. Fernand Dumont : « On s’est débarrassé de la religion comme d’un vieil appareil de radio qu’on jette pour acheter une télévision. » Comment imaginer que les fidèles, ces « robot[s] télécommandé[s] », « ces chrétiens sans anticorps » (J. Hamelin) aient pu être profondément imprégnés des valeurs en cause ici ? F. Dumont encore, dans une conférence de 2003, reprochait à l’Église d’avoir failli à faire passer dans la culture civique les valeurs du christianisme.

Enfin, le Québec est une petite nation minoritaire qui est née et a grandi sous deux colonialismes et qui s’est toujours inquiétée de sa survie. C’est plus qu’il n’en fallait pour inspirer des réflexes d’autoprotection qui font d’abord appel à la solidarité.

La thèse de la culture populaire

Il est plus vraisemblable que nos valeurs soient nées dans la culture populaire. L’héritage de valeurs comme la solidarité, le travail, l’esprit communautaire et la liberté peut en effet être rattaché à une tout autre expérience que la religion catholique. Cette thèse comporte deux volets.

Il y a d’abord notre passé lié au défrichement. Nos ancêtres lointains étaient des défricheurs. Ils ont façonné le territoire originel et ont édifié une société. Après la mise en valeur de la vallée du Saint-Laurent, ce travail s’est poursuivi jusque dans les années 1940 dans les espaces péri-laurentiens, où, en un siècle, une quinzaine de régions ont été fondées. Nous avons été longtemps un peuple de défricheurs.

Or l’expérience des défrichements inculquait profondément le goût de la liberté. Elle faisait appel aussi à l’éthique du travail, à l’esprit d’entreprise (les colons, isolés, étaient laissés à eux-mêmes). S’ajoutait à cela, par nécessité, la solidarité communautaire, dans un contexte de vide institutionnel où la survie était un défi constant.

Le deuxième volet, c’est celui du travail industriel. La culture robuste née de l’expérience pluriséculaire des défrichements s’est ensuite transmise dans le cours de l’urbanisation. Car les Canadiens français étaient aussi un peuple de lutteurs, cette fois dans la sphère du travail. L’historien Jacques Rouillard a bien montré la vigueur et l’ampleur des luttes ouvrières menées depuis longtemps au sein du syndicalisme, sans compter la fréquence et la dureté des conflits là où il n’existait pas de syndicats.

On connaît les valeurs forgées dans ces luttes : équité, égalité, solidarité, émancipation sociale, entre autres. Or, elles résultaient de pratiques conflictuelles, souvent agressives, que le clergé, en grande partie, a longtemps condamnées, s’employant plutôt à diffuser l’idée que le patron devait être traité comme un père par ses employés.

On voit que l’origine de nos valeurs reste une question complexe. Mais on voit bien aussi que, sur des points essentiels, elles ont pris le contre-pied de l’héritage de l’Église plutôt que de s’en nourrir.

Source: D’où viennent nos valeurs?

Nicolas: Catho-laïcité

Great column:

Dans ma cohorte à l’école primaire, il y avait une poignée d’enfants qui n’étaient pas catholiques. On savait tous qui ils étaient. Parce que nous, les enfants « normaux », regardions les enfants « bizarres », inscrits en morale, sortir de la classe pendant que nous nous préparions pour notre cours de catéchèse. En effet, nos institutions publiques avaient déjà le don de faire se sentir les minorités religieuses comme des extraterrestres bien avant l’apogée de nos débats sur la laïcité.

Nous, les enfants « normaux », disais-je, avions des chansons à apprendre sur Zachée, Lazare, les noces de Cana. Du sérieux, quoi. Le prêtre visitait l’école, puis on passait des soirées dans le sous-sol de l’église de la paroisse à chanter encore pour orchestrer une scène de la nativité pour la messe de Noël, encore pour préparer notre première communion, puis notre confirmation. C’était là un éventail d’activités normal pour des enfants « normaux » d’une école primaire publique, à la fin des années 1990, dans une région certes plus conservatrice que la moyenne, au Québec.

Au secondaire, dans une école officiellement déconfessionnalisée mais que tout le monde continuait d’appeler « couvent » quand même, les religieuses étaient encore très impliquées dans l’enseignement et l’administration de notre quotidien. Dans les années 2000, donc, j’ai récité des « Je vous salue Marie » avant de commencer mon cours de français. Le prêtre venait toujours — dans la salle dédiée à la prière de l’école, n’est-ce pas, qui était tout simplement une chapelle — pour nous encourager à faire le carême, avouer tel ou tel péché sous un mode certes un peu plus créatif que le confessionnal traditionnel et nous accorder le pardon. Les élèves « bizarres » étaient toujours les bienvenus parmi nous. Les crucifix et autres statues de Marie décoraient des salles de classe… inclusives.

J’ai un rapport complexe à cette éducation catho-laïque, plus importante que celle de bien des jeunes de mon âge élevés dans la « grand ville ». Pour le moins, je pense qu’avoir grandi ainsi m’aide à faire des nuances.

Je sais bien, par exemple, qu’aucun élève LGBTQ+ de mon école n’a fait son coming out au secondaire, et que ce n’est certainement pas dans un cours de Formation personnelle et sociale donné par une religieuse qu’on aurait pu se sentir à l’aise de discuter de la diversité sexuelle. Ce tabou, je suis profondément contente qu’il soit moins vécu de front par la génération qui me suit.

Je sais aussi que les soeurs qui m’enseignaient avaient eu l’occasion de faire de longues études, parfois jusqu’au doctorat, qui étaient demeurées inaccessibles à ma grand-mère, pourtant de la même génération. Je comprends que des femmes, dans une société profondément patriarcale, ont choisi de cesser d’exister comme objet sexuel et reproducteur, en quelque sorte, pour avoir des carrières, voyager et contribuer plus largement à leur société.

Cela ne m’empêche pas de comprendre le rôle de l’Église dans la perpétuation de la violence coloniale dans les Amériques et l’Afrique, y compris la mise sur pied des pensionnats autochtones. Il y a quelques jours encore, le pape devait encore s’excuser pour la « doctrine de la découverte », une idéologie qui a légitimé la dépossession territoriale, et donc la « fondation » du Canada.

Et je sais encore que des mouvements politiques ancrés dans la théologie de la libération a nourri des soulèvements des classes populaires en Amérique latine et que les églises afro-américaines ont joué un rôle central dans la mobilisation pour les droits civiques. Et qu’il est tout à fait possible de créer des espaces de subversion et de réflexion critique porteuse au sein même des institutions religieuses.

Tout ça, on s’en rend compte lorsqu’on s’intéresse aux phénomènes religieux et spirituels dans toutes leurs complexités et en nuances. Et lorsqu’on ne sait pas faire d’analyse nuancée de son propre héritage religieux, on est aussi probablement très mal outillé pour avoir des conversations franches, tout aussi pleines de nuances, avec des croyants d’autres confessions qui cherchent aussi du sens dans leurs héritages complexes capables de beauté comme de violence, d’oppression comme de libération.

Les valeurs de solidarité et de partage sont promues par toutes les grandes religions, sous une forme ou sous une autre. Par exemple, la générosité envers les plus démunis est une valeur fondamentale dans l’Islam, une valeur particulièrement à l’oeuvre durant le ramadan, en ce moment même. Et si ce n’était pas de l’entraide, le peuple juif n’aurait pas pu traverser tous les millénaires de son histoire — ni même se libérer, avec Moïse, de l’esclavage en Égypte, ce qu’on célèbre, justement, lors de la Pâque juive, ces jours-ci. Et dans le reste du pays, les communautés anglo-protestantes construisent des filets sociaux les uns pour les autres, sans attendre nécessairement que l’État s’en mêle. C’est une autre manière de voir les institutions, certes, mais certainement pas une absence de solidarité.

Aller dire — par exemple, comme ça — que le catholicisme aurait une espèce de monopole de la valeur de la solidarité, alors que les trois religions du Livre partagent un moment particulièrement fort serait donc un geste d’une profonde insensibilité et inculture. Lorsqu’on est un chef d’État qui doit représenter et traiter équitablement tous ses citoyens, peu importe leur foi, présenter une religion comme « meilleure » sur un aspect ou un autre est une grave erreur politique. Lorsqu’on a fait une partie de sa carrière politique sur le concept de la laïcité a en plus, la déclaration devient tragicomique.

Mais surtout, peu importe le rôle de la personne qui le déclare, sur le fond, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans cette hiérarchisation, parfois. On se dit que l’auteur d’une telle sortie aurait besoin d’un bon cours d’éthique et culture religieuse. Et que c’est probablement parce qu’il lui en manque qu’il a voulu l’abolir.

Source: Catho-laïcité

François Legault shares racist article, reveals hypocrisy on secularism

Sigh…

Quebec Premier François Legault shared an article by infamous Journal de Montréal columnist Mathieu Bock-Côté about the importance of Catholicism in Quebec, revealing his hypocrisy on secularism and a willingness to overlook barely disguised racist sentiments in the material he shares.

In his column, timed with Easter weekend, Bock-Côté praises Quebec’s Catholic heritage, noting that  “Catholicism, from the origins of New France, gave a particular impetus to our adventure in America” — kind of like how the Catholic Church’s Doctrine of Discovery encouraged Europeans to crush Indigenous communities in their travels? Bock-Côté also says, “It is this same sense of the collective that leads us today to resist the fragmentation of society under the pressure of multiculturalism” — a gratuitous slam on multiculturalism as being the root of all our problems.

Legault quoted another piece of the Journal article on Twitter: “Catholicism has also engendered in us a culture of solidarity that distinguishes us on a continental scale.” As Montreal comedian Sugar Sammy pointed out, “Secularism is important except for this one tweet.”

Secularism has been identified by the Legault government as one of Quebec’s core values, and used as justification for Bill 21, which supposedly treats all religions equally in terms of banning religious symbols.

Source: François Legault shares racist article, reveals hypocrisy on secularism

Lanctôt: Préparer l’avenir [future waves of climate refugees]

Reminder that today’s problems may be insignificant compared to the futuree:

Puisqu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et qu’on fait tout pour qu’il le demeure, nous y voilà encore. La panique entourant le chemin Roxham semble s’être installée pour de bon, dans les termes déplorables qu’on connaît. Si au moins il s’agissait de braquer les projecteurs sur le drame humain qui se joue dans l’espace liminal des frontières, ce serait une chose. Or, c’est sur le « fardeau » de l’accueil qu’on se focalise, pendant que les demandeurs d’asile eux-mêmes flottent en périphérie de la discussion, comme une simple variable dans un calcul qui se fait sur leur dos, mais sans eux.

C’est ainsi que, cette semaine, le premier ministre François Legault s’est adressé directement à son homologue fédéral, Justin Trudeau, pour exiger qu’Ottawa agisse pour soulager le Québec de la pression exercée par les demandeurs d’asile sur sa société. La lettre est remarquable en ce qu’elle condense, en quelques paragraphes, plusieurs années d’une construction méticuleuse de la version toute québécoise du discours sur le péril migratoire aux frontières.

Les États-Unis, l’Europe aussi, ont une longueur d’avance à ce chapitre, alors que ces discours se construisent, se reconfigurent et se peaufinent depuis bien plus longtemps. Mais alors que la migration d’urgence s’intensifie partout dans le monde, le Québec fait face soudain, lui aussi, à une détresse qu’il lui était autrefois plus facile d’ignorer. Sans surprise, on réagit en important les dispositifs idéologiques qui, partout ailleurs, président au durcissement des frontières et à la construction de la figure du migrant comme menace.

François Legault l’a bien compris, et sa lettre à Justin Trudeau est une formidable radiographie de la panique migratoire telle qu’elle se vit chez nous. Le premier ministre québécois campe d’abord ses revendications sur le terrain de la défense des services publics, soulignant que l’arrivée « massive » de demandeurs d’asile au Québec pèse bien lourd sur des institutions déjà à bout de souffle.

Il ne se trouvera personne pour le contredire : les services publics, tout comme les groupes communautaires — à qui l’on demande d’éponger le trop-plein du réseau public avec une fraction des ressources —, sont poussés à bout de manière structurelle. La crise est chronique, et elle a été délibérément fabriquée par des décennies de gouvernance néolibérale.

Il est vrai que les ressources manquent pour accompagner les demandeurs d’asile de manière digne. Les histoires que l’on entend brisent le coeur ; des familles qui passent d’un refuge à l’autre, des gens contraints de dormir dans la rue après avoir traversé la frontière par Roxham, une attente interminable pour obtenir de l’aide financière, et le dépassement bien réel des organismes qui prodiguent de l’aide immédiate. Tout cela est insupportable, sauf qu’on pose le problème à l’envers : notre échec à accueillir correctement ces personnes est le symptôme de carences préexistantes, et non leur cause. On pointe la lune et on regarde le doigt.

Il faudrait plutôt renverser la question : comment se fait-il que le Québec n’ait rien de mieux à offrir que l’itinérance et des dédales administratifs déshumanisants à des personnes qui ne demanderaient pas mieux que de pouvoir contribuer à la société québécoise ?

François Legault brandit le chiffre de 39 000 migrants arrivés de manière irrégulière en 2022, ajoutant que cela s’ajoute aux 20 000 personnes admises par voie régulière. Il veut souligner, on l’imagine, l’ampleur de la contribution du Québec. Or, comme le remarquait la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, France-Isabelle Langlois, dans une lettre parue dans ces pages, on compte actuellement 100 millions de personnes déplacées de force à travers le monde. À travers les Amériques, la Colombie accueille à elle seule 1,8 million de personnes. On estime par ailleurs que d’ici 2050, plus de 200 millions de personnes seront déplacées par la crise climatique à l’échelle mondiale.

Qu’à cela ne tienne, le Québec, lui, a déjà statué quant à sa responsabilité dans la prise en charge des mouvements de population mondiaux : « La capacité d’accueil du Québec est désormais largement dépassée », écrit le premier ministre. François Legault le dit sans détour : il ne veut pas améliorer la capacité d’accueil du Québec. Il ne demande pas à Ottawa plus de ressources pour mieux accueillir. Il affirme au contraire que le Québec en a déjà fait assez, et qu’il espère même être dédommagé pour les efforts déjà déployés.

Il fait ensuite un pas de côté pour mentionner le déclin du français à Montréal, qu’il associe, d’ailleurs, à l’arrivée de tous les migrants, pas seulement les demandeurs d’asile — après tout, il a une base à exciter. Puis, il réclame l’élargissement de l’entente sur les tiers pays sûrs à tous les points d’entrée au Canada, et la fermeture complète du chemin Roxham. Comme si l’interdiction de demander l’asile au Canada par voie terrestre, ainsi que la fermeture d’un seul point d’entrée devenu emblématique n’allaient pas tout simplement pousser plus de gens sur des routes clandestines.

Au-delà de ce que cette lettre dit de la situation présente, on y lit aussi l’ébauche, plus troublante, d’une vision à plus long terme. François Legault prépare le terrain, il entame doucement la normalisation du mot d’ordre qui sera celui de l’avenir cauchemardesque de la crise climatique : laissez-les se débrouiller.

Source: Préparer l’avenir

Clark: Let’s get politicians to tell us how they would close Roxham Road, not why, Yakabuski: Trudeau can no longer avoid tough choices on Roxham Road 

As always, the herd instinct at play in coverage of irregular arrivals and Roxham Road, given Premier Legault’s public pressure and Pierre Poilievre’s simplistic solution.

Two of the best are Clark, who calls for a needed but unlikely change, and Yakabuski who argues time for though choices:

Let’s hold all our politicians to one simple rule about Roxham Road: Don’t tell us what you want to do about it. Tell us how you would do it.

Quebec politicians have been calling for the unofficial crossing on the border between Quebec and New York state to be closed. And Conservative Leader Pierre Poilievre has called for the feds to do so within 30 days.

But as it turns out, there is no switch that opens and closes the border. So what is it they are actually proposing?

Mr. Poilievre said that all it takes is a simple decision, but he couldn’t say what the government should decide to do.

Of course, there are plenty of reasons why the government should do something. People want the border to be under control. They want migration to be safe and orderly.

And there is palpable frustration when Prime Minister Justin Trudeau essentially says he’s got nothing other than time to wait for U.S. President Joe Biden to solve the problem by changing a border agreement. And that’s essentially what Mr. Trudeau was saying Wednesday when he said that if Roxham Road was closed, asylum-seekers would just cross at other places. It’s probably true, but not a solution.

So how can it be done? Quebec Premier François Legault wants a deal with the U.S., too, but faster. Mr. Poilievre – and most politicians – don’t want to specify. Real proposals usally involve doing things the politicians don’t want to talk about. And many so far have been ineffective or ridiculous.

When People’s Party Leader Maxime Bernier was running for the leadership of the Conservative Party in 2017, he proposed sending the military. In 2018, two Conservative MPs proposed declaring the entire 8,891-kilometre border into an official border crossing, arguing that would trick the U.S. into taking back those who entered Canada at Roxham Road. That same year, then-Parti Québécois leader Jean-François Lisée briefly suggested a fence, or “a sign, a cedar grove, a police officer, whatever.”

Mr. Poilievre told reporters on Tuesday that it must be easy, because Mr. Trudeau shut down Roxham Road during the height of the COVID-19 pandemic. But that didn’t happen with a snap of the fingers. When the two countries shut their borders, the U.S. agreed that Canada could direct border-crossers back. When the borders reopened, that arrangement ended. And here we are again.

That’s one thing to remember: Once they step foot into Canada, non-Americans can’t be sent back to the U.S. unless the U.S. agrees. The Safe Third Country Agreement allows for asylum seekers who enter Canada at official border posts to be turned back, but not those who cross in between. Canadian governments have tried for years to get the U.S. to change that, to no avail. On Wednesday, Mr. Trudeau said he’s working on it.

Of course, the simplest way to stop people from crossing at Roxham Road would be to scrap the Safe Third Country Agreement. Then asylum-seekers would just show up at official border crossings, as they did before 2004. And as Mr. Legault pointed out the other day, Mr. Trudeau tweeted in 2017 that Canada welcomes those fleeing persecution and war. It’s just that scrapping the agreement would almost certainly bring a lot more of them.

Some have proposed a fence. But obviously, people can go around it. There are lots of places to cross the border. It might disrupt the organized route to Roxham Road but police would probably have to intercept border-crossers at more places.

And there is Mr. Bernier’s idea: Send in the troops. Or police. But the real question is what they would do. Presumably they wouldn’t shoot everyone. Would all asylum-seekers be thrown in jail indefinitely?

Maybe there are better ideas. It would be nice to hear them. But Canadian politicians who don’t tell us how they would do it are avoiding the talk about costs, or the potential for border breaches to proliferate, or locking people up, or toughening the system.

Those are things debated by American politicians, who argue about harsher rules to discourage asylum-seekers from trying to enter the U.S. Mr. Biden is proposing refusing asylum claims from people who travelled through central America.

But now, Mr. Trudeau has essentially admitted he won’t do anything until Mr. Biden agrees to solve the problem for him.

And those such as Mr. Poilievre who call for Roxham Road to be closed are just mouthing meaningless words until they tell us how.

Source: Let’s get politicians to tell us how they would close Roxham Road, not why

François Legault has got his mojo back, or sort of.

After returning from Ottawa this month with a fraction of the billions of additional health care dollars he had been demanding for his province, the Quebec Premier was ridiculed by opposition parties and political pundits alike for being all bark and no bite.

Thanks to Ottawa’s recent transfer to cities in Ontario of asylum seekers arriving at the unofficial border crossing at Roxham Road in Quebec, Mr. Legault has been able to boast to the home crowd that he’s still got it. That his government’s constant efforts to force Prime Minister Justin Trudeau to do something about the “migrant crisis” facing Quebec is finally getting results. Thanks to his leaked letter to Mr. Trudeau and an op-ed in The Globe and Mail, Mr. Legault can tell Quebeckers that he has finally got the rest of Canada’s attention, if not its respect.

In truth, Ottawa last year began bussing some asylum seekers from Roxham Road to hotels in Cornwall, Niagara Falls, Ottawa and Windsor when it could no longer find rooms in Quebec. Since early 2023, those transfers have been occurring on a systematic basis. Mr. Legault wants Ottawa to continue to transfer migrants to other provinces, arguing correctly that Quebec has “taken on a completely disproportionate share” of asylum seekers entering Canada since Roxham Road was reopened in late 2021.

Mr. Legault also wants Mr. Trudeau to permanently “close the breach” in Canada’s border-security by prohibiting migrants from claiming asylum at Roxham Road, as it had temporarily done for an 18-month period during the pandemic. Federal Conservative Leader Pierre Poilievre is calling for Roxham’s closing within 30 days, also citing the pandemic-related closing as proof that Ottawa has the authority to act unilaterally to address the loophole in the Canada-U.S. Safe Third Country Agreement that enabled more than 39,000 migrants to enter this country in 2022 at what has become our most official unofficial border crossing.

Immigration Minister Sean Fraser called Mr. Poilievre’s ideas “reckless” and lacking in “depth and understanding.” Amid a global migration crisis, Mr. Fraser added, Canada has a “responsibility to implement real, long-term solutions.”

Real, long-term solutions are not this government’s strong suit. It does excel at posturing, virtue signalling and dithering. But it has offered little evidence that it is taking concrete steps to address the increasing flow of asylum seekers at Roxham Road.

It is easy to understand why a government that prefers to project a compassionate image would be reluctant to act in any manner that might make it look heartless to some. Turning asylum seekers away at Roxham Road, in effect surrendering them to U.S. immigration authorities, would subject the Trudeau government to a backlash from within Liberal ranks.

Yet, it must be pointed out that this government has no problem turning away asylum seekers who arrive at official land border crossings. Are those who arrive at Roxham Road any more worthy of refugee status in Canada than the others?

What we do know is that almost half of “irregular border crossers” who arrived in Canada after 2016 saw their asylum claims rejected by the Immigration and Refugee Board or abandoned or withdrew their applications before a final IRB determination. And that the surge in irregular crossings at Roxham Road has left the IRB with a backlog of more than 74,000 cases that is growing rapidly each month. A refugee system that is meant to provide asylum to those fleeing persecution in their country of origin is being exploited by smugglers who prey on vulnerable people seeking to escape economic hardship in Latin America and Africa.

There are those in Liberal circles who argue that the “fundamental premise” at the heart of the STCA – specifically, the designation of the United States as a “safe” country for refugee claimants – no longer holds true. But as the Federal Court of Appeal found in 2021, it is up to the federal cabinet to undertake continual review to ensure that the United States continues to meet the criteria for safe country designation.

Not once since taking power in 2015 has the Trudeau government sought to cancel this designation – not even during the dark days of Donald Trump’s presidency, when some migrant children were separated from their parents.

The Supreme Court of Canada is expected to rule on the STCA this year. Even if it upholds the legality of the agreement, a new proposal by President Joe Biden to turn away all asylum seekers at the U.S. border who arrive from a third country via Mexico raises new questions about Canada’s continued designation of the U.S. as a safe country.

For Mr. Trudeau, there are no “real, long-term solutions” to the Roxham Road dilemma that do not include making tough, even excruciating, choices.

Source: Trudeau can no longer avoid tough choices on Roxham Road

Legault pitches English Canada for closure of Roxham Road and transfer of migrants

While Premier Legault has a point, he and many commentators in Quebec and the Rest of Canada all too often forget about the annual grant for immigration and integration to Quebec under the 1991 Canada-Quebec accord: funding cannot be reduced no matter how much Quebec decreases the number of immigrants it selects and no matter how great the decrease compared to the Rest of Canada.

The numbers for 2022 illustrated this: $697.03M for 69,000 Permanent Residents, rest of Canada $832.41 M for 366,000 Permanent Residents. Or, about $10,000 per Quebec Permanent Residents compared to about $2,300 for the rest of Canada. This overstates the difference somewhat given what is included in the Accord but not dramatically so.

The Minister’s comments, as quoted, suggests the government has no realistic solution to the underlying problem, which likely is the case, but then some honesty and frankness would be welcome:

After demanding for months that Ottawa stop the flow of migrants into the country, Quebec’s premier is making his pitch to English Canada for the closure of an irregular border crossing popular with asylum seekers — and for their transfer outside his province.

The number of would-be refugees entering Quebec “has exploded,” François Legault wrote in an English-language letter published Tuesday in The Globe and Mail, adding that the province’s social services have been pushed to their limits. The sooner the federal government closes Roxham Road — an irregular border crossing in southern Quebec frequently used by asylum seekers — the better, the premier said.

“This situation even raises several humanitarian considerations, as it is becoming increasingly difficult to receive asylum seekers with dignity,” Legault said.

The letter is similar to the one Legault wrote to Prime Minister Justin Trudeau on Sunday. But unlike the letter to Trudeau, Legault’s message in the Globe does not include concerns that the arrival of thousands of asylum seekers is putting the French language in Montreal at risk. The premier also doesn’t mention that he’s asked Trudeau for more money to pay for the costs of caring for would-be refugees.

“We have therefore asked the federal government to settle new asylum seekers in other provinces that are capable of supporting them with dignity,” Legault wrote in the Globe. The letter called for Ottawa to transfer to other provinces all new asylum seekers who enter irregularly, “while Quebec catches its breath.” Ottawa should issue work permits and process refugee applications faster, he added.

“In the meantime, Mr. Trudeau’s government should send the message loud and clear to would-be migrants not to come via Roxham Road anymore.”

For months, the Legault government has been calling on Ottawa to close Roxham Road and to transfer asylum seekers to other provinces. The influx of would-be refugees in Quebec has put significant strain on the housing, education and social services sectors, the government says.

According to federal government statistics, more than 39,000 people claimed asylum in Quebec in 2022 after crossing into Canada outside official ports of entry, mostly through Roxham Road. About 369 people who crossed irregularly over that period claimed asylum in the rest of the country. In total, around 64 per cent of all asylum claims in Canada in 2022 were made in Quebec.

In response to Legault’s letter to Trudeau, the office of federal Immigration Minister Sean Fraser said Monday that Ottawa had transferred thousands of migrants to Ontario to take pressure off Quebec, adding that the government was working with other provinces and municipalities to find other temporary accommodations.

Source: Legault pitches English Canada for closure of Roxham Road and transfer of migrants

The U.S. isn’t rushing to deal with Canada’s Roxham Road migrant problem

Realpolitik, no incentive for USA and off-loading some of their “problems” makes meaningful and successful negotiations unlikely, although Michael Barutciski argues that it can be done (Is a diplomatic solution possible for Roxham Road?:

On the day that Quebec Immigration Minister Christine Fréchette celebrated the mass relocation of Roxham Road migrants to Ontario, her boss, Premier François Legault, told reporters he couldn’t understand why the U.S. wasn’t willing to take border-crossers back.

He met U.S. Ambassador David Cohen on Tuesday, and then said he doesn’t know why the U.S. won’t change a border agreement so people who enter Canada at Roxham Road, an unofficial crossing between Quebec and New York State, can be returned to the U.S.

“I said to him, I don’t understand why it is taking so long to settle with the United States.”

Mr. Legault is an intelligent politician, so he must be deliberately playing dumb.

He knows the relief that government leaders feel when their intractable problem becomes someone else’s. Ms. Fréchette said the Quebec government was “very happy” that 372 of the 380 people who crossed into Canada at Roxham Road since Saturday had been relocated outside Quebec.

Surely Mr. Legault must have a clue as to why the U.S. government isn’t rushing to solve Canada’s Roxham Road issue.

The U.S. position is not an accident. It has for decades resisted doing what Canada wants it to do on this file.

To be clear, Quebec is right to want some of the migrants, many of whom will seek asylum, to be relocated. The RCMP intercepted 39,171 people entering Canada at Roxham Road in 2022, and the province, and especially Montreal, complained their capacity to settle people was strained. The border is Canada’s responsibility, not just Montreal’s, or Quebec’s.

And certainly, it would be easier on all levels of government in Canada if the United States just took all those people back. But it has resisted.

Politicians shouldn’t act as though getting the U.S. to change should be a snap. Justin Trudeau’s government has hinted a deal might be coming, but we might want to see it before we believe it. You’d have to think there would be some serious quid pro quo. It isn’t the Americans’ border problem.

There was a period in the pandemic when the U.S. did accept people back, in theory temporarily, when both countries closed their borders. Not many people tried to cross at Roxham Road. But the U.S. ended that arrangement in November, 2021. People started crossing there again.

There was a long history before that. At one time, asylum-seekers could simply show up at any official border crossing and claim refugee status in Canada. But as the numbers grew in the 1990s, Ottawa tried and fail to make a deal. The U.S. declined. It was only after the 9/11 attacks, in a broad border pact, that the U.S. accepted a Safe Third Country Agreement that allowed Canada to return asylum-seekers who arrived via the U.S. to make their claim there.

But it only applied at official border posts, and for a pretty simple reason: The United States wanted it that way. It didn’t want the trouble of accepting people who might show up anywhere along the long border with Canada.

The agreement was always opposed by refugee advocates, but from the start there was also a concern that it would encourage people to cross the border in illicit places. Jason Kenney has said he tried to convince the U.S. to change it when he was immigration minister in Stephen Harper’s Conservative government, to no avail.

Fast forward to now, when Roxham Road has become a well-travelled route, and the U.S. still isn’t itching to change it. And we shouldn’t be surprised, when the hottest political issue in the U.S. is illegal entries across the Mexican border, that the U.S. is not racing to stop 40,000 people from leaving.

If the U.S. did apply the Safe Third Country Agreement outside official border crossings, it would shut down Roxham Road, but more people would cross at the many other locations along the boundary.

Taking them all back would require more work and more patrols along the Canadian border when the U.S. devotes its resources to the Mexican boundary. The U.S. Border Patrol has 2,073 agents along the northern boundary, compared to 16,070 agents at the southern border – whose patrols logged more than a million “encounters” with border crossers in 2022.

And U.S. President Joe Biden couldn’t expect to be celebrated for making a deal with Canada that prevents tens of thousands of asylum-seekers from leaving the U.S. New York City Mayor Eric Adams, a Democrat like Mr. Biden, has been giving asylum-seekers bus tickets to get to Roxham Road. No one should be surprised the U.S. isn’t jumping to “solve” this Canadian problem.

Source: The U.S. isn’t rushing to deal with Canada’s Roxham Road migrant problem

Haitian migrant’s death reignites debate over Quebec’s Roxham Road border crossing

The death of a Haitian migrant near Quebec’s Roxham Road has reignited a debate in the province about how to respond to an increase in asylum seekers entering the country through the irregular border crossing.

The body of Fritznel Richard, 44, was found on Jan. 5 in a wooded area near the popular unofficial entry point, about an hour’s drive south of Montreal. Provincial police said he was trying to reach family in the United States, and that he likely died of hypothermia after becoming lost.

A migrant’s advocacy group that is helping the family said Mr. Richard was originally from Haiti, had entered Canada through Roxham Road at an unknown time, and had been struggling to obtain a work permit. “Unfortunately, he was in a precarious situation and was not able to make ends meet,” said Hady Anne, a spokesperson for Solidarity Across Borders.

Hélène Gravel, who lives next to the U.S. border on Roxham Road, said that in the past few months, she and her neighbours have seen more people crossing through the forest near her house to get to the U.S., including families.

“Even if there aren’t many of them, we’re not going to wait for them to die in the forest to do something,” she said.

Mr. Richard’s death has placed a renewed spotlight on Roxham Road’s unofficial border crossing, at which tens of thousands of migrants have entered Canada in recent years, largely because of the Safe Third Country Agreement between Canada and the U.S. The long-standing pact means that border agents from each country must turn away asylum seekers from the other if they present themselves at official land border crossings.

The unassuming cul-de-sac near the St-Bernard-de-Lacolle, Que., customs has become an “official nonofficial point of entry” as a result, said Christina Clark-Kazak, associate professor at the University of Ottawa’s graduate school of public and international affairs.

Concrete blocks and rocks block roads on both sides of the border in the sparsely populated area. A narrow gravel path and signs with information about the asylum-seeking process lead migrants from the U.S. into RCMP installations.

The RCMP intercepted 34,478 asylum seekers who did not use official ports of entry to enter Quebec between January and November of 2022, according to Immigration, Refugees and Citizenship Canada data, compared to just 316 in the rest of the country.

Federal opposition parties have repeatedly called for a review of the Safe Third Country Agreement, but anxiety about the situation has been sharpest in Quebec.

“The federal government must renegotiate the Safe Third Country Agreement with the United States as soon as possible,” said Ewan Sauves, spokesperson for Premier François Legault.

“There is an urgent need to act on Roxham Road,” said Mr. Sauves, adding that Prime Minister Justin Trudeau “must ensure that the other provinces take charge of the proportion of asylum seekers that is theirs. It is not fair that it is only Quebec that has to manage this.”

Quebec is “concerned” about the increase in asylum applications since 2017 and its “ability to welcome these people with dignity and provide them with adequate services,” said Quebec Ministry of Immigration spokesperson Arianne Méthot.

The Safe Third Country Agreement is “an important tool,” said Immigration, Refugees and Citizenship Canada spokesperson Jeffrey MacDonald, adding that modernizing the agreement “has been a priority for the government for several years.” He did not provide details “due to the sensitive nature of our bilateral discussions with the U.S.”

Mr. MacDonald also pointed out that, in 2021-22, Quebec received over $697-million in compensation from the federal government to “provide settlement and integration services in the province.”

Frédéric Bastien, a prominent nationalist author and former Parti Québécois leadership candidate, filed a private prosecution against the Prime Minister on Jan. 12 accusing Mr. Trudeau of violating Canadian law by encouraging “illegal” border crossings.

In his court filing, Mr. Bastien cites a tweet by Mr. Trudeau from 2017 welcoming refugees to Canada, which read, “To those fleeing persecution, terror & war, Canadians will welcome you, regardless of your faith.” The Prime Minister issued the message shortly after then-U.S. president Donald Trump banned travel to the U.S. from several majority-Muslim countries.

In an interview, Mr. Bastien also noted that the Trudeau government has erected facilities at Roxham Road that include instructions on how to apply for asylum.

“If this is not encouraging migrants to enter through Roxham Road I don’t know what is,” he said.

Public opinion appears to be on his side. Justice for Quebec, an organization led by Mr. Bastien, commissioned a poll late last year showing that 68 per cent of Quebeckers wanted to “close” the border crossing. A survey last spring by the respected polling firm Leger – commissioned by the Legault government and obtained by the Journal de Montréal newspaper – put the figure at 60 per cent.

But “stricter border enforcement policies correlate with increases in riskier crossings to evade authorities, and increases in tragic deaths” along borders globally, said Alison Mountz, professor at Wilfrid Laurier University and Canada Research Chair in Global Migration.

Ms. Gravel, who sees countless migrant buses and RCMP vehicles go by her property every day on Roxham Road, said that the flow is currently “very well-managed.” The RCMP “takes care of it,” she said.

And closing the passage “is not a solution,” said Mr. Anne, of Solidarity Across Borders. “Do you think that [the closing of] Roxham Road will stop migrants?” The group advocates for open borders and the termination of the Safe Third Country Agreement so that asylum seekers could go through regular customs to cross both ways.

He blames the agreement and the long wait for a work permit for Mr. Richard’s death, adding that he knows of several other people in the same situation. “Migrants are not looking for help, they want to work,” he said.

Source: Haitian migrant’s death reignites debate over Quebec’s Roxham Road border crossing

Et si le discours de la CAQ nuisait à l’intégration des immigrants?

Obviously:

Le discours de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur les immigrants fait usage d’un vocabulaire alarmiste et de propos faux, qui le rendent défavorable à l’intégration des nouveaux arrivants au Québec. En effet, son discours attribue à la population immigrante des stigmates répulsifs au processus qui fait de l’étranger une partie intégrante de la société d’accueil. D’abord, disséquons le discours pour ensuite présenter le défi auquel fait face le Québec en matière d’intégration des immigrants.

Le chef de la CAQ, François Legault, a affirmé au cours de l’été dernier que l’immigration serait un facteur de la « louisianisation » du Québec. Or l’histoire ne permet pas de faire une telle hypothèse. En effet, la Louisiane française, vaste territoire d’Amérique du Nord, faisait partie de la Nouvelle-France entre les XVIIe et XVIIIe siècles. Sa « louisianisation » s’est faite non pas par des immigrants, mais de l’intérieur, par des échanges de territoires entre colonisateurs français, espagnols et anglais. Ruinée par la guerre de Sept Ans (1756-1763), la monarchie française céda une grande partie de la Louisiane aux Espagnols, puis, au début des années 1800, le premier consul Napoléon Bonaparte céda définitivement aux États-Unis la partie restée française.

Selon d’autres propos tenus par le chef de la CAQ, l’immigration conduirait la « société québécoise au suicide ». Or l’histoire du peuple canadien-français, puis québécois, est faite de lutte, de résistance, de résilience, de solidarité et de sa capacité à rester lui-même par l’assimilation de nombreuses influences venues de l’intérieur et de l’extérieur. Ce qui fait la vitalité du Québec, écrit Fernand Dumont dans Raisons communes, « tient à une plus étroite proximité avec l’existence réelle des gens d’ici en même temps qu’à une plus grande ouverture aux quêtes extérieures ».

Ailleurs, M. Legault fait un lien entre immigration et violence. Cette affirmation doit être relativisée si l’on considère les données sur la criminalité au Québec de l’Institut de la statistique du Québec (2021) et celles de l’Enquête sociale générale sur la sécurité de Statistique Canada (2014). Lorsqu’on considère les types de violence (agression sexuelle, vol qualifié, voies de fait, etc.) commis ou subis par la population immigrante et la population non immigrante, les taux d’incidence sont tantôt similaires tantôt différents. On ne saurait donc faire un lien direct entre immigration et violence.

Quant à Jean Boulet, ministre sortant de l’Immigration, il a déclaré pendant la récente campagne électorale que « 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ». Une telle affirmation ne concorde pas avec la réalité, comme l’a démontré Le Devoir. Elle relève sans doute du sens commun ou de préjugé.

Au total, le discours de la CAQ n’est que la stigmatisation des immigrants. Celle-ci peut produire au sein de la population une représentation sociale négative de l’immigrant puis finalement compromettre l’altérité. Or dans une société pluriethnique, la relation humaine est fondamentalement basée sur l’altérité, c’est-à-dire sur le rapport à l’étranger. Lorsque les discours politiques au sein de cette société tendent à encourager la recherche des similitudes avec l’étranger, celui-ci est inclus dans la société, et son intégration est effective. Réciproquement, lorsque les discours recherchent surtout des différences, l’étranger risque d’être exclu de la société d’accueil. C’est la posture que la CAQ a adoptée durant la campagne électorale.

Le Québec est une terre d’accueil d’immigrants qui viennent de partout dans le monde. Pays d’expression française dans un océan anglophone, le Québec a un grand défi : être une société qui garde son identité nationale (par sa langue et sa culture) tout en étant une société qui devient de plus en plus pluriculturelle. Je crois que le Québec est capable d’élaborer et de construire un modèle d’intégration dans la perspective de ce qu’il est, de son projet de société particulière, en y incluant des étrangers qui arrivent et qui deviennent aussi de nouveaux citoyens. Dans les discours ambiants sur l’immigration ailleurs dans le monde, la spécificité du Québec est d’être une société plutôt réceptive au discours inclusif.

Source: Et si le discours de la CAQ nuisait à l’intégration des immigrants?

Rioux: Quel «dérapage»? [on Premier Legault’s comments on social cohesion]

Le Devoir’s European correspondent Christian Rioux comparing EU social cohesion concerns with those of Premier Legault.

While recognizing the differences between Canada’s (and Quebec’s) immigration selection systems and integration programs and those of EU countries, he nevertheless reverts to the same social cohesion concerns without examining the effects of Quebec political discourse and legislation that have contributed to social exclusion, not social cohesion:

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir », disait le Tartuffe. Convenons que ses héritiers modernes ont des formules moins élégantes que celles de Molière. Ces temps-ci, ils préfèrent parler de « dérapage ». Mais l’effet est le même. Il consiste à écarter du débat tout propos un peu dérangeant dès lors qu’il aborde une question litigieuse. L’étiquette vaut à elle seule condamnation.

Ainsi en va-t-il des récents propos de François Legault sur l’immigration. Pourtant, qu’y a-t-il de plus banal que d’affirmer comme l’a fait le premier ministre la semaine dernière qu’une forte immigration peut nuire à la « cohésion nationale » ?

On comprend que dans un pays « post-national » comme le Canada, où l’immigration a été sacralisée, ces propos créent la polémique. Mais, vu d’Europe, où le débat est ancien et plus nourri, il est évident que l’immigration massive pose partout et toujours un défi à la cohésion nationale.

Cela se vérifie à des degrés divers dans la plupart des pays européens. En France, sous l’effet d’une immigration incontrôlée et très largement issue du monde arabo-musulman, on a assisté depuis de nombreuses années à un véritable morcellement du pays. Dans toutes les grandes villes sont apparues des banlieues islamisées autrement appelées ghettos. Pas besoin de s’appeler Marine Le Pen pour le constater. Interrogé par des collègues du Monde en 2014, le président François Hollande lui-même n’avait pas hésité à le reconnaître. « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là », disait-il. Et celui-ci de conclure : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. » (Un président ne devrait pas dire ça…, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Stock).

Certains diront évidemment qu’en France, ce n’est pas pareil. Soit. Tournons donc nos yeux vers un pays plus à notre échelle.

Avec ses 10 millions d’habitants, son économie de pointe, son climat boréal, son amour du consensus et son parti pris en faveur de l’égalité hommes-femmes, la Suède partage plusieurs points communs avec le Québec.

Il n’y a pas longtemps, dans ce petit paradis nordique, celui qui s’inquiétait de l’immigration massive était accusé de « déraper », quand il n’était pas traité de raciste. Les Suédois regardaient de haut des pays comme la France et le Danemark, soupçonnés de xénophobie. Jusqu’à ce que la réalité les rattrape. La flambée des émeutes ethniques, comme en France, et l’irruption de la violence dans les banlieues ont vite fait de les ramener sur terre. Aujourd’hui, de la social-démocratie à la droite populiste, les trois grands partis estiment qu’il en va justement de la « cohésion nationale ». C’est pourquoi ce pays, qui a toujours été particulièrement généreux à l’égard des réfugiés, a radicalement resserré ses critères d’admission et a multiplié les mesures d’intégration. L’élection sur le fil d’une majorité de droite, finalement confirmée mercredi, ne fera que conforter cette orientation.

Les belles âmes ont beau détourner le regard, en Suède comme en France, il est devenu évident qu’un lien existe (même s’il n’explique pas tout) entre l’immigration incontrôlée et la croissance d’une certaine criminalité. Les événements récents du printemps au Stade de France, où des centaines de supporters britanniques se sont fait détrousser à la pointe du couteau par des dizaines de délinquants, ont forcé le ministre de l’Intérieur à reconnaître ce dont les habitants de la Seine-Saint-Denis se doutaient depuis belle lurette.

La Suède aussi a connu une explosion de la petite criminalité et des règlements de compte entre gangs. Elle a notamment enregistré une croissance des morts par balle parmi les plus fortes en Europe. Aujourd’hui, même la gauche sociale-démocrate l’admet. Et elle s’est résolue à augmenter les effectifs policiers. Contrairement à la France, cette prise de conscience fait aujourd’hui un certain consensus dans la classe politique.

Cela n’a rien à voir avec la peur de l’Autre. Comme nombre de Français, les Suédois ont dû se rendre à l’évidence et cesser d’envisager l’immigration comme une simple question morale. Les peuples ont le droit de réglementer l’immigration sans se faire traiter à chaque fois de raciste par une gauche morale et une droite libérale qui en ont fait leur Saint-Graal.

Bien sûr, l’immigration n’est pas la même en France, en Suède et au Québec. À cause de son histoire et de sa position en Europe, la France connaît une forte immigration illégale et de regroupement familial. Naïvement et par générosité, la Suède a ouvert toutes grandes ses portes aux réfugiés et elle n’a jamais contrôlé son immigration économique. Le Québec, où l’équilibre linguistique est plus que précaire, subit des quotas d’immigration parmi les plus élevés au monde et une immigration temporaire hors de contrôle.

Il n’empêche que, malgré ces différences réelles, les mêmes causes produisent partout les mêmes effets. Ce n’est souvent qu’une question de temps.

Lentement, depuis une décennie, tous les tabous de la mondialisation se sont effrités. Ceux qui ont vécu les années 1980 se souviennent de l’enthousiasme et de la naïveté qui accompagnaient cette nouvelle phase d’expansion du capital. Nous n’en sommes plus là. L’immigration de masse demeure le dernier mythe encore vivace de cette époque.

Source: Quel «dérapage»?