Bouchard: D’où viennent nos valeurs?

Always interesting to read Bouchard’s analysis and this is a particularly strong response to Premier Legault’s tweet stressing the Catholic heritage:

Le tweet de M. Legault début avril nous invite à nous interroger sur l’origine des valeurs prédominantes dans notre société. Quelles en sont les racines dans notre histoire ? Deux thèses se présentent, l’une privilégiant la religion catholique, l’autre, la culture populaire.

Le catholicisme

Une première difficulté posée par cette thèse, c’est qu’elle est contredite de plusieurs façons par l’histoire. Le catholicisme prêchait l’austérité, la soumission, la quête de spiritualité, la chasteté. Ce sont là, on en conviendra, des valeurs qui s’accordent mal avec l’esprit du temps présent. Mais l’Église enseignait aussi la liberté, l’entraide, la solidarité, l’éthique du travail. À première vue, on est ici en terrain plus sûr.

Ce n’est pas le cas : nos valeurs ont émergé malgré l’opposition de l’Église. Nous accordons une large place à la démocratie et à l’éducation. Sur ces deux points, le dossier de l’Église est en souffrance. L’autorité venait d’en haut et on ne croyait pas nécessaire de prolonger l’éducation du peuple au-delà du secondaire et même du primaire. L’Église a longtemps combattu les projets d’instruction obligatoire et gratuite jusqu’à 14 ans.

L’égalité sociale, qui nous est chère, s’est longtemps heurtée à la vision hiérarchique de la société professée par l’Église. Le statut de chacun était fixé par la Providence. L’Église s’est opposée aussi à l’émancipation de la femme (travail salarié, autonomie juridique, droit de vote, contraception…). Enfin, nos élites laïques ont fortement encouragé l’entrepreneuriat et l’insertion d’une élite francophone dans le domaine des affaires. Encore là, il y avait incompatibilité. L’Église avait envers l’industrialisation une tradition de méfiance, et même d’opposition.

Quant à la liberté, confrontée à une moralité tatillonne et à la pratique de la censure, elle a eu fort à faire jusqu’à la fin des années 1950. L’Église était aussi loin du compte en matière d’ouverture à l’autre. Elle prêchait l’antisémitisme, était hostile aux autres religions, interdisait les mariages mixtes au nom de la race pure et a longtemps fait preuve de racisme envers les Autochtones. Elle a par ailleurs beaucoup tardé à composer avec la modernité, le changement, le progrès, les droits de la personne. L’État-providence, avec ses politiques sociales généreuses, fut l’une des grandes réalisations de la Révolution tranquille. Une bonne partie du haut clergé a vu d’un mauvais oeil cette initiative de l’État.

Pendant longtemps, l’émancipation économique, sociale et politique des Canadiens français a compté parmi les objectifs principaux de notre nation. L’émancipation, c’est-à-dire la levée des contraintes imposées par le colonialisme anglophone. Or, à des moments clés de notre histoire, l’Église s’est mise au service du colonisateur contre les Canadiens français — pensons à la Conquête, aux rébellions de 1837-1838, aux deux crises de la conscription.

Voici une autre difficulté. Des catholiques de renom comme Jean Hamelin, Pierre Vadeboncoeur et Fernand Dumont ont soutenu que la foi de nos ancêtres était très superficielle. Ils y ont vu la conséquence d’une pastorale autoritaire trop centrée sur le rituel et la routine, qui ne tenait que par la « coutume ». Sous l’effet des nouvelles coutumes introduites dans les années 1945-1960, l’ancienne serait disparue. Fernand Dumont : « On s’est débarrassé de la religion comme d’un vieil appareil de radio qu’on jette pour acheter une télévision. » Comment imaginer que les fidèles, ces « robot[s] télécommandé[s] », « ces chrétiens sans anticorps » (J. Hamelin) aient pu être profondément imprégnés des valeurs en cause ici ? F. Dumont encore, dans une conférence de 2003, reprochait à l’Église d’avoir failli à faire passer dans la culture civique les valeurs du christianisme.

Enfin, le Québec est une petite nation minoritaire qui est née et a grandi sous deux colonialismes et qui s’est toujours inquiétée de sa survie. C’est plus qu’il n’en fallait pour inspirer des réflexes d’autoprotection qui font d’abord appel à la solidarité.

La thèse de la culture populaire

Il est plus vraisemblable que nos valeurs soient nées dans la culture populaire. L’héritage de valeurs comme la solidarité, le travail, l’esprit communautaire et la liberté peut en effet être rattaché à une tout autre expérience que la religion catholique. Cette thèse comporte deux volets.

Il y a d’abord notre passé lié au défrichement. Nos ancêtres lointains étaient des défricheurs. Ils ont façonné le territoire originel et ont édifié une société. Après la mise en valeur de la vallée du Saint-Laurent, ce travail s’est poursuivi jusque dans les années 1940 dans les espaces péri-laurentiens, où, en un siècle, une quinzaine de régions ont été fondées. Nous avons été longtemps un peuple de défricheurs.

Or l’expérience des défrichements inculquait profondément le goût de la liberté. Elle faisait appel aussi à l’éthique du travail, à l’esprit d’entreprise (les colons, isolés, étaient laissés à eux-mêmes). S’ajoutait à cela, par nécessité, la solidarité communautaire, dans un contexte de vide institutionnel où la survie était un défi constant.

Le deuxième volet, c’est celui du travail industriel. La culture robuste née de l’expérience pluriséculaire des défrichements s’est ensuite transmise dans le cours de l’urbanisation. Car les Canadiens français étaient aussi un peuple de lutteurs, cette fois dans la sphère du travail. L’historien Jacques Rouillard a bien montré la vigueur et l’ampleur des luttes ouvrières menées depuis longtemps au sein du syndicalisme, sans compter la fréquence et la dureté des conflits là où il n’existait pas de syndicats.

On connaît les valeurs forgées dans ces luttes : équité, égalité, solidarité, émancipation sociale, entre autres. Or, elles résultaient de pratiques conflictuelles, souvent agressives, que le clergé, en grande partie, a longtemps condamnées, s’employant plutôt à diffuser l’idée que le patron devait être traité comme un père par ses employés.

On voit que l’origine de nos valeurs reste une question complexe. Mais on voit bien aussi que, sur des points essentiels, elles ont pris le contre-pied de l’héritage de l’Église plutôt que de s’en nourrir.

Source: D’où viennent nos valeurs?

Les baby-boomers du Québec ne sont pas «pure laine» à 95%

Of note:

Selon M. Charles Gaudreault, ingénieur chez H2O Innovation, il faudrait s’attendre à un effondrement de la population québécoise d’« origine ethnique française » allant jusqu’à 45 % en 2050. Préoccupé par l’impact de l’immigration sur les populations des pays d’accueil comme le Canada et ses provinces, il n’a élaboré qu’un seul scénario pour couvrir huit décennies dans la revue Nations and Nationalism.

Ses inspirations lui viennent d’abord du Britannique David Coleman, pour qui « la population britannique blanche devrait tomber à moins de 56 % de la population du Royaume-Uni en 2056 ». Elles proviennent aussi des Américains James Smith et Barry Edmonston, qui ont prévu que la population blanche des États-Unis — à l’exclusion des Hispaniques — ne compterait plus que pour 51 % en 2050.
 
Considérant à tort que le recensement de 1971 offre les données les plus sûres sur l’origine ethnique, M. Gaudreault a effectué sa projection à partir d’un Québec dénombrant 6 millions d’habitants. À cette époque, les Québécois d’origine ethnique française comptaient pour 79 % de la population. Ne restent alors que 21 % pour englober toutes les autres origines, notamment les Premières Nations, les Britanniques, les communautés italiennes et grecques.

Pour justifier son choix, Gaudreault se base sur deux sources dont il a pris connaissance de manière distraite. D’une part, il prétend devoir faire un retour à « la démographie ethnique » après que « les démographes se [sont] tournés vers la démographie linguistique ». D’autre part, il s’appuie sur une étude généalogique d’un groupe de chercheurs sous la direction d’Hélène Vézina.

Il est faux d’affirmer qu’une « démographie ethnique » a déjà existé. S’il y a eu jadis rapprochement entre l’origine ethnique et la langue maternelle, c’était par intérêt pour cette dernière. Richard Arès n’a-t-il pas fait remarquer que « plus on va vers l’ouest, plus les chances du français s’effritent » chez les Canadiens français ?

Ensuite, affirmer « que les ancêtres des baby-boomers étaient à 95 % d’origine française », c’est confondre l’origine ethnique des personnes recensées en 1971 avec 2000 généalogies « contenant plus de cinq millions de mentions d’ancêtres », dont la plupart sont arrivés au XVIIe siècle, prenant ainsi une avance jugée « insurmontable ».

M. Gaudreault a ventilé ses résultats en trois classes étanches, plutôt que de les rendre perméables les unes aux autres, comme chez les démographes. Il y a d’abord les Canadiens français (Ethnic French Canadians). Ensuite, les Autochtones, les Britanniques et tous les autres groupes ethniques recensés en 1971 sont identifiés sous l’appellation Non French Canadians. Enfin, tous les immigrants arrivés depuis 1971, leurs enfants et leurs descendants forment une classe à part (Immigrants and Descendants – IAD).

Notons que le troisième groupe (IAD) réunit tous les immigrants originaires de pays francophones (France, Sénégal, Vietnam, Haïti, etc.) ainsi que tous les enfants que la loi 101 conduit, depuis 1977, dans nos écoles françaises ! Partant donc de zéro en 1971, les effectifs de ce groupe sont les seuls à augmenter sous l’effet de l’immigration. Les deux premiers groupes ne peuvent qu’être marginalisés avec le temps.

Le talon d’Achille : la rétroprojection

La partie rétrospective appartenant déjà à l’histoire, nous avons évalué les résultats de M. Gaudreault pour le groupe IAD à partir des faits démographiques observés entre 1971 et 2001.

Charles Gaudreault affirme que « la sous-population des IAD affiche une augmentation constante, de 0,8 million en 2000, à 2 millions en 2020, à 3 millions en 2035, puis à 4,1 millions en 2050 ». Cette suite de résultats dessine une équation mathématique qui ne tient pas compte des fluctuations de l’immigration. Au départ, il y a une sous-estimation de 29 % (1971-1976), suivie d’une surestimation de 24 % (1977-1988), et ainsi de suite.

Au recensement de 2001, on a dénombré au Québec 510 100 personnes immigrées arrivées durant les trois dernières décennies du XXe siècle. Parmi ces personnes, on comptait 150 800 femmes en âge d’avoir des enfants en 2001. Tous calculs faits, parmi ces Québécois recensés en 2001, nous avons estimé que 118 500 personnes âgées de 30 ans ou moins étaient issues des immigrantes de cette époque.

Selon nos calculs, la somme des immigrés de la période 1971-2001 et de leurs descendants n’est que de 617 000 personnes au lieu des 860 000 obtenues selon la projection de Charles Gaudreault. Force est de reconnaître qu’il y a surestimation de 243 000 personnes du groupe IAD. En pourcentage, cette surestimation est très importante : 39,5 % !

La partie rétroactive de la projection de Charles Gaudreault conduit à une proportion d’Ethnic French Canadians de 64,5 % en 2014. Puisque nos calculs donnent une proportion de 71,2 % pour une sous-estimation de près de 7 points, le maintien des mêmes hypothèses jusqu’en 2050 ne peut que produire, après 35 ans, des résultats sans commune mesure avec les données historiques probantes.

Source: Les baby-boomers du Québec ne sont pas «pure laine» à 95%

Chris Selley: In Quebec, laïcité’s endless contradictions may be coming home to roost

Thanks to Premier Legault:

Quebec’s adventures in state secularism — laïcité — have always been full of contradictions, hypocrisies and flimsy explanations. Thankfully, if belatedly, in recent days, those have been coming to a head over two main issues: The role of the Catholic church as part of Quebec’s history and heritage — its patrimoine — and the provision of rooms in public schools for students (read: Muslim students) to pray.

Education Minister Bernard Drainville banned schools from providing prayer spaces the week before last, deeming them incompatible with laïcité. The National Assembly passed one of its famous unanimous motions: “The putting in place of prayer areas, regardless of confession, in public school rooms goes against the principle of secularism.”

But then came Easter, when  leading-light nationalist columnist Mathieu Bock-Côté took to the pages of Le Journal de Montréal with a surprising defence of the Catholic church. Catholicism provided “particular impetus” and “poetic breath” to the French adventure in North America, he argued, and a sense of “solidarity” that began under British oppression and remains to this day.

Premier François Legault tweeted out the column, quoting the bit about solidarity. It did not go well. A few hours later, digging out from an avalanche of negative responses both online and off, Legault added: “We must distinguish between laïcité and our heritage.” And that didn’t go well either — which is interesting, because until recently that was an entirely mainstream position.

In 2008, the National Assembly unanimously (of course) affirmed Quebecers’ “attachment to our religious and historic heritage represented by the crucifix” — i.e., the crucifix hanging over the Speaker’s chair in the legislature. “The crucifix is about 350 years of history in Quebec that none of us are ever going to erase,” then-premier Jean Charest averred. (Minor clarification: Then-premier Maurice Duplessis had the crucifix installed in 1936. According to University of Montreal historian Jacques Rouillard, Duplessis “wanted to distinguish himself from previous Liberal governments by showing he would be more receptive to Catholic principles.”) Liberal Premier Philippe Couillard left office in 2018 still defending said crucifix, and he defended crucifixes in hospitals as well. “To be open and tolerant, that doesn’t mean we have to erase our history,” he argued.

Legault seems to be getting far more pushback than his predecessors did. Liberal education critic Marwah Rizqy accused him of violating his duty of neutrality “as premier of all Quebecers in our secular state.” Liberal MNA Monsef Derraji accused the premier of a “lack of judgment.” Other provincial and federal Liberals and New Democrats chimed in disapprovingly, along with businessman Mitch Garber and comedian Sugar Sammy.

Some of Bock-Côté’s colleagues at Le Journal weren’t much impressed either. “If the Church allowed the French-Canadian people to survive in America, this influence was also unhealthy,” wrote staunch secularist Elsie Lefebvre. This went for women and homosexuals in particular, she argued, but also for the whole population, which was deliberately kept poorly educated and backward.

“Far from cultivating solidarity, the Church favored charity for the deserving poor, that is, for people who complied with its precepts,” Réjean Parent argued. “It has not contributed to our evolution; on the contrary, it has delayed it.”

In a very interesting column, Philippe Léger argued that Legault revealed himself as simply not very interested in laïcité. Indeed, Legault hasn’t worked very hard to hide that, often framing Bill 21 — the restrictions on public servants’ religious attire — as a sort of social consensus under which Quebec could draw a line and move on. (Lotsa luck!)

Léger made a critical observation, as well: Younger Quebecers, few of them religious but none having lived under the Pope’s thumb, are far more likely to see all these contradictions as simply irreconcilable, just as many in the Rest of Canada do now. They (and we) are asked to believe a ban on religious symbols in the public service was an inevitable offshoot of the Quiet Revolution, but one whose necessity only became clear half a century later —mysteriously enough, at a time of increased Muslim immigration. They (and we) can’t help but see “the inconsistency of prohibiting a prayer room for Muslim students during the week, and celebrating … Catholic heritage on weekends,” as Léger put it.

Indeed, the prayer-room issue is a great litmus test for exactly what people mean by secularism: Is it a matter of the government privileging certain ways of life over others, or a matter of the government simply recusing itself from matters of religion?

There was controversy here in Toronto a few years ago when a public middle school essentially brought congregational Muslim prayers in-house on Fridays, for the dubious sake of convenience. I felt it was an unnecessary and unfortunate mash-up of an important secular place with organized religion — whereas allowing students room to pray individually and privately strikes me as a simple matter of hands-off personal liberty. Drainville arrived at the peculiar position that silent prayer in public schools where others can see you is OK, but not quiet prayer in a dedicated room.

That’s a very difficult position to defend, and in the past, Drainville and Legault might not have had to bother. Unanimous vote in the National Assembly aside, there has been healthy and fearless pushback against the prayer-room decision as well. It almost seems like Legault’s government might accidentally have triggered the honest secularism debate Quebec so desperately needs, and which Legault so hoped to avoid. It’s excellent news, if true.

Source: Chris Selley: In Quebec, laïcité’s endless contradictions may be coming home to roost

Quebec Investing $10m In Immigration-Related Research Projects

Of note, some familiar themes:

Quebec’s immigration department is investing $10 million to study immigration-related matters in the francophone province.

The financing is being provided by the province’s immigration department, the Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), over two years, starting this fiscal year, but the research projects themselves will be conducted over the coming five years.

The money is being invested through Quebec’s non-profit which funds societal and cultural research projects, the Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).

“I am very happy to announce this partnership with the Fonds de recherche du Québec – Société et culture which will address the needs expressed by so many stakeholders in Quebec to identify the factors which enhance the attraction, retention, and the experiences of immigrants in all Quebec’s regions,” said provincial Immigration Minister Christine Fréchette in French.

“This agreement will provide MIFI with the necessary information to put in place innovative programs adapted to the reality and needs of immigrants in Quebec.”

Although the specific details of how the funds are going to be spent will only be revealed once the FRQSC starts issuing requests for research proposals, Quebec’s immigration department has noted there will be two streams.

The first stream will examine cross-cultural practices and the sense of belonging immigrants have for the regions in which they live and the province of Quebec. 

The second stream will look at the migratory patterns of immigrants within Canada, the factors which enhance the attraction and retention of immigrants and their willingness to settle in regions, the existing linguistic dynamics and the capacity of the province to welcome immigrants.

The province is hoping to use the insights it will gain from this research to improve its current policies and programs and also to develop innovative new ones.

Quebec Welcomed Record Numbers Of Permanent And Temporary Residents Last Year

“This support for immigration research by MIFI is an excellent opportunity to contribute to the advancement of our knowledge of this societal challenge, to develop the next generation of researchers interested in this subject, and, in doing so, elaborate on the public policies with regards to settlement services and the integration of immigrants, in French, to Quebec,” said Rémi Quirion, Quebec’s chief scientist.

Last year, Quebec welcomed a record-breaking 68,705 new permanent residents as well as 89,765 temporary foreign workers through the International Mobility Program (IMP) and the Temporary Foreign Worker Program (TFWP), reveals the latest data from Immigration, Refugees and Citizenship Canada (IRCC).

Quebec welcomed a record-breaking 51,260 foreign nationals through the IMP last year, up almost 18.4 per cent from the 43,295 in 2021.

The province also welcomed a record-breaking 38,505 foreign nationals through the TFWP last year, up 27 per cent from the 30,310 TFWP workers in 2021.

Importance Of Temporary Foreign Workers To Quebec Economy Is Increasing

“The number of temporary foreign workers in Quebec is increasing every year, and particularly since Ottawa has granted us more flexibility in the wake of recent negotiations,” said Quebec Labour Minister Jean Boulet in French.

“This labour force is more and more involved in all sectors of our economy throughout Quebec.”

As immigration levels have risen, Quebec Premier François Legault has gotten antsy about the future of the French language in the francophone province.

During the last provincial election in Quebec, Legault insisted the province must hold the line on immigration. Then, in his inaugural address to open the latest session of the legislature, the premier announced plans to require that all economic immigrants to the province be francophone by 2026.

In her first immigration plan, the Plan d’immigration du Québec 2023, Fréchette tried to hold the line on immigration to between 49,500 and 52,500 new permanent residents to the province, citing the need to be able to provide adequate settlement services and integrate them all. 

“Immigrants bring with them a wide range of talents to Quebec and all the supports must be in place to help them integrate,” said Fréchette in a statement in French.

“This immigration plan contains important measures to help them learn French and integrate. Our government wants immigration to contribute to the Quebec economy in all regions of the province and to also maintain the vitality of the French language.”

Source: Quebec Investing $10m In Immigration-Related Research Projects

Nicolas: Catho-laïcité

Great column:

Dans ma cohorte à l’école primaire, il y avait une poignée d’enfants qui n’étaient pas catholiques. On savait tous qui ils étaient. Parce que nous, les enfants « normaux », regardions les enfants « bizarres », inscrits en morale, sortir de la classe pendant que nous nous préparions pour notre cours de catéchèse. En effet, nos institutions publiques avaient déjà le don de faire se sentir les minorités religieuses comme des extraterrestres bien avant l’apogée de nos débats sur la laïcité.

Nous, les enfants « normaux », disais-je, avions des chansons à apprendre sur Zachée, Lazare, les noces de Cana. Du sérieux, quoi. Le prêtre visitait l’école, puis on passait des soirées dans le sous-sol de l’église de la paroisse à chanter encore pour orchestrer une scène de la nativité pour la messe de Noël, encore pour préparer notre première communion, puis notre confirmation. C’était là un éventail d’activités normal pour des enfants « normaux » d’une école primaire publique, à la fin des années 1990, dans une région certes plus conservatrice que la moyenne, au Québec.

Au secondaire, dans une école officiellement déconfessionnalisée mais que tout le monde continuait d’appeler « couvent » quand même, les religieuses étaient encore très impliquées dans l’enseignement et l’administration de notre quotidien. Dans les années 2000, donc, j’ai récité des « Je vous salue Marie » avant de commencer mon cours de français. Le prêtre venait toujours — dans la salle dédiée à la prière de l’école, n’est-ce pas, qui était tout simplement une chapelle — pour nous encourager à faire le carême, avouer tel ou tel péché sous un mode certes un peu plus créatif que le confessionnal traditionnel et nous accorder le pardon. Les élèves « bizarres » étaient toujours les bienvenus parmi nous. Les crucifix et autres statues de Marie décoraient des salles de classe… inclusives.

J’ai un rapport complexe à cette éducation catho-laïque, plus importante que celle de bien des jeunes de mon âge élevés dans la « grand ville ». Pour le moins, je pense qu’avoir grandi ainsi m’aide à faire des nuances.

Je sais bien, par exemple, qu’aucun élève LGBTQ+ de mon école n’a fait son coming out au secondaire, et que ce n’est certainement pas dans un cours de Formation personnelle et sociale donné par une religieuse qu’on aurait pu se sentir à l’aise de discuter de la diversité sexuelle. Ce tabou, je suis profondément contente qu’il soit moins vécu de front par la génération qui me suit.

Je sais aussi que les soeurs qui m’enseignaient avaient eu l’occasion de faire de longues études, parfois jusqu’au doctorat, qui étaient demeurées inaccessibles à ma grand-mère, pourtant de la même génération. Je comprends que des femmes, dans une société profondément patriarcale, ont choisi de cesser d’exister comme objet sexuel et reproducteur, en quelque sorte, pour avoir des carrières, voyager et contribuer plus largement à leur société.

Cela ne m’empêche pas de comprendre le rôle de l’Église dans la perpétuation de la violence coloniale dans les Amériques et l’Afrique, y compris la mise sur pied des pensionnats autochtones. Il y a quelques jours encore, le pape devait encore s’excuser pour la « doctrine de la découverte », une idéologie qui a légitimé la dépossession territoriale, et donc la « fondation » du Canada.

Et je sais encore que des mouvements politiques ancrés dans la théologie de la libération a nourri des soulèvements des classes populaires en Amérique latine et que les églises afro-américaines ont joué un rôle central dans la mobilisation pour les droits civiques. Et qu’il est tout à fait possible de créer des espaces de subversion et de réflexion critique porteuse au sein même des institutions religieuses.

Tout ça, on s’en rend compte lorsqu’on s’intéresse aux phénomènes religieux et spirituels dans toutes leurs complexités et en nuances. Et lorsqu’on ne sait pas faire d’analyse nuancée de son propre héritage religieux, on est aussi probablement très mal outillé pour avoir des conversations franches, tout aussi pleines de nuances, avec des croyants d’autres confessions qui cherchent aussi du sens dans leurs héritages complexes capables de beauté comme de violence, d’oppression comme de libération.

Les valeurs de solidarité et de partage sont promues par toutes les grandes religions, sous une forme ou sous une autre. Par exemple, la générosité envers les plus démunis est une valeur fondamentale dans l’Islam, une valeur particulièrement à l’oeuvre durant le ramadan, en ce moment même. Et si ce n’était pas de l’entraide, le peuple juif n’aurait pas pu traverser tous les millénaires de son histoire — ni même se libérer, avec Moïse, de l’esclavage en Égypte, ce qu’on célèbre, justement, lors de la Pâque juive, ces jours-ci. Et dans le reste du pays, les communautés anglo-protestantes construisent des filets sociaux les uns pour les autres, sans attendre nécessairement que l’État s’en mêle. C’est une autre manière de voir les institutions, certes, mais certainement pas une absence de solidarité.

Aller dire — par exemple, comme ça — que le catholicisme aurait une espèce de monopole de la valeur de la solidarité, alors que les trois religions du Livre partagent un moment particulièrement fort serait donc un geste d’une profonde insensibilité et inculture. Lorsqu’on est un chef d’État qui doit représenter et traiter équitablement tous ses citoyens, peu importe leur foi, présenter une religion comme « meilleure » sur un aspect ou un autre est une grave erreur politique. Lorsqu’on a fait une partie de sa carrière politique sur le concept de la laïcité a en plus, la déclaration devient tragicomique.

Mais surtout, peu importe le rôle de la personne qui le déclare, sur le fond, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans cette hiérarchisation, parfois. On se dit que l’auteur d’une telle sortie aurait besoin d’un bon cours d’éthique et culture religieuse. Et que c’est probablement parce qu’il lui en manque qu’il a voulu l’abolir.

Source: Catho-laïcité

Marcoux, Corbeil et Piché: Le plurilinguisme des immigrants francophones que l’on ignore

Good discussion of the language realities on Quebec immigrants in contrast to the more simplistic analyses of some:

Favoriser l’immigration francophone semble actuellement faire consensus au Québec comme mesure pour favoriser le maintien du français. Le profil des immigrants que le Québec souhaite ainsi accueillir est et sera largement lié à l’espace international où l’on compte déjà plus de 325 millions de francophones.

On peut par ailleurs se réjouir que la « Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français » attribue à l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) un rôle central. L’ISQ dispose en effet d’une expertise importante dans le domaine de la production d’informations statistiques et les problématiques liées à la langue française au Québec nécessiteront des efforts considérables en matière de suivi, de recherche d’informations de qualité et d’élaboration d’indicateurs au cours des années à venir. Relevant ce nouveau mandat, l’ISQ a récemment publié sur son site Web des tableaux détaillés sur les langues au Québec. Le fait que l’on tienne compte parfois des réalités du plurilinguisme des francophones et parfois non nous apparaît toutefois pour le moins étonnant.

Examinons les données présentées pour l’île de Montréal puisque c’est dans cette région que se concentrent les immigrants. C’est à partir des résultats de ces tableaux que plusieurs observateurs ont diffusé l’information selon laquelle moins de 50 % des Montréalais parlaient le français à la maison. Il est vrai que ce seuil de 50 % marque les imaginaires. Mais qu’en est-il exactement ?

On apprend qu’un peu plus de 955 000 personnes déclarent le français comme langue unique parlée le plus souvent à la maison sur l’île de Montréal en 2021. Toutefois, près de 175 000 personnes déclarent parler le plus souvent plus d’une seule langue à la maison, dont 132 000 qui y citent le français. Il serait à notre avis peu approprié de les exclure de la population parlant le français sur l’île de Montréal. Or, la proportion de la population sur ce territoire déclarant le français comme langue le plus souvent parlée à la maison (langue unique ou à égalité avec d’autres) est de 55 % et non de 48 %.

Mais allons encore plus loin. Il faut savoir que le questionnaire du recensement a connu quelques modifications au fil du temps et qu’il permet aussi de saisir toutes les langues parlées régulièrement à la maison. Le problème est que les tableaux rendus disponibles actuellement par l’ISQ ne le permettent pas. En effet, le seul tableau s’intéressant aux « langues parlées régulièrement à la maison » regroupe l’ensemble des personnes qui déclarent parler le plus souvent plus d’une langue, et ce, sans préciser combien parmi celles-ci déclarent le français. Comme il nous l’est d’ailleurs suggéré sur le site de l’ISQ, nous avons exploité les données issues du site Web de Statistique Canada. Résultat : sur l’île de Montréal, on se retrouve non plus avec moins de la moitié des personnes qui parlent le français à la maison, comme il a été rapporté dans les médias, mais plutôt 65 %, soit presque deux personnes sur trois.

Mieux comprendre les réalités des migrants francophones

Nous avons plus d’une fois relevé que « les plaques tectoniques de la Francophonie se déplacent du nord vers le sud avec l’Afrique qui devient le continent-pôle ». Ce continent regroupe en 2022, selon l’ISQ, six des principaux pays de naissance des immigrants récents au Québec, dont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, mais également le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Congo-Kinshasa. Or, la réalité de cette immigration d’Afrique francophone est qu’elle est déjà à l’origine inscrite dans des pratiques plurilingues. Par exemple, à Abidjan, qui compte actuellement plus de 5,6 millions de citadins, le français est utilisé comme unique langue parlée à la maison par 20 % des habitants alors que 70 % déclarent utiliser le français et une langue ivoirienne en famille. Au travail, plus de 90 % des Abidjanais et Abidjanaises déclarent parler le français.

Ce schéma francophone plurilingue, à la maison et au travail, caractérise aussi, avec quelques variantes, les grandes métropoles d’autres pays d’Afrique : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Gabon, etc. Ailleurs, le français est moins présent, mais fait figure de langue partenaire, par exemple avec le wolof à Dakar au Sénégal, l’arabe et le tamazight au Maghreb.

En ignorant le plurilinguisme des immigrants francophones, on maintient dans l’angle mort le fait que ces dynamiques linguistiques sont complexes et évoluent lentement et de façon variable. En d’autres termes, pour ces nouveaux arrivants, le français risque fort d’être beaucoup plus utilisé dans l’espace public qu’à la maison. Il pénètre progressivement la sphère privée précisément parce qu’il est utilisé hors de la sphère familiale.

Si on souhaite favoriser l’immigration francophone au Québec, il importe de reconnaître le caractère plurilingue de ces nouveaux arrivants. Il importe surtout et bien évidemment de le reconnaître dans les statistiques produites et dans les indicateurs que l’on nous propose.

Source: Le plurilinguisme des immigrants francophones que l’on ignore

Bouchard: La lutte contre la discrimination II – Pour une politique québécoise

Always worth reading. Of course, équilibre, like beauty, is often in the eye of the beholder. And interculturalism, like multiculturalism, also has variants ranging from status quo to the more woke and activist:

Il presse pour la Coalition avenir Québec (CAQ) de mettre en oeuvre une politique énergique de lutte contre la discrimination, une politique alignée sur les grands objectifs à atteindre et qui s’inspire des principes en vigueur, mais les traduit et les applique à notre façon. On devrait viser une approche originale qui s’accorde avec notre tempérament, nos traditions, notre culture, tout en nous affranchissant de la dépendance fédérale et de son moralisme intolérant.

Notre histoire offre plusieurs exemples de formules collectives novatrices que nous avons mises au point, parfois à l’encontre des voies convenues. Pensons à la façon dont, à partir des années 1960, nous avons conjugué l’essor de l’entreprise privée avec l’État partenaire, d’où a résulté une forme originale de capitalisme. Pensons aussi à l’adoption, durant les décennies qui ont suivi, de pratiques économiques néolibérales conjointement avec l’expansion du filet social (seulement pour la fin des années 1990, époque triomphante du néolibéralisme : assurance médicaments, garderies, congés parentaux, logement social). Nous avons également mis au point un modèle de gouvernance qui fait largement appel à la concertation générale sous la forme de sommets. Sur ces trois plans, le Québec a fait bande à part en Amérique.

Parallèlement, le syndicalisme grossissait ses rangs, la taille de l’État se maintenait, le chômage déclinait, l’économie sociale continuait son essor, la pauvreté et les inégalités diminuaient.

On trouve un phénomène similaire dans l’ouverture de la culture québécoise à la mondialisation, une manoeuvre audacieuse pour une culture inquiète de son avenir. Le Québec y a trouvé une voie pour démontrer sa créativité et exporter ses productions culturelles à travers la planète.

L’exemple le plus éloquent, peut-être, réside dans la façon dont nous avons étroitement conjugué un nationalisme fervent avec une philosophie libérale et des politiques progressistes. Peu de nations y sont arrivées. Aux yeux de nombreux Européens, ce genre de mariage est impossible.

Je peux en témoigner. À l’occasion de conférences en Europe, notamment en France, je faisais état de ce que nous avions réalisé. Le public manifestait un profond scepticisme. Dans la plupart des esprits, le nationalisme, c’était les horreurs des deux guerres mondiales : le racisme, la xénophobie, le génocide et la guerre (c’est une formule que le président Mitterrand affectionnait : « le nationalisme, c’est la guerre »). Puisque notre exemple ne convainquait pas, j’évoquais aussi les nationalismes écossais, finlandais, néo-zélandais… Rien à faire.

En matière d’intégration et de relations entre majorité et minorités, l’interculturalisme relève du même esprit : une formule qui bouscule certains tabous, prône la solidarité, les rapprochements et les interactions entre cultures. En se fondant sur une quête d’équilibre, d’équité, de pragmatisme, elle s’applique à raccorder des impératifs concurrents tout en laissant une grande autonomie aux acteurs sociaux. Pourtant, aucun de nos gouvernements n’a voulu jusqu’ici mettre cette formule à l’essai alors qu’entre-temps, le multiculturalisme canadien gagne rapidement du terrain à Montréal (voir La métropole contre la nation ? de David Carpentier, 2022).

La lutte contre la discrimination appelle un effort de même nature : poursuivre en matière d’équité et de protection des droits les mêmes objectifs, les mêmes valeurs, mais en suivant nos voies. Cependant, il faudrait d’abord dégager le terrain de certains obstacles, notamment l’aversion de M. Legault pour la notion de racisme systémique, coupable apparemment de faire passer tous les Québécois pour des racistes, ce qui n’est évidemment pas le cas.

Si l’expression choque au point de freiner le combat contre le racisme, il n’y a qu’à la contourner. Parlons d’une forme spécifique de discrimination qu’on pourrait qualifier de banalisée, au sens que, souvent inconsciente, elle est incrustée dans les mentalités, les stéréotypes, les coutumes, les pratiques courantes, d’où découle une forme d’institutionnalisation de facto.

Rappelons-nous qu’autrefois, le dimanche était un jour de congé réservé au culte. Mais il s’agissait du culte chrétien, sans égard pour les autres. C’était aussi l’époque où les femmes étaient tenues pour faibles, émotives, inaptes à exercer diverses responsabilités. De nombreux Noirs et musulmans sont présentement soumis à un traitement analogue. Et tout récemment, nous avons appris de la bouche de nos gouvernants que les immigrants sont réfractaires à nos valeurs, rejettent le français, refusent de travailler et menacent la cohésion sociale… C’est sur de telles bases que se construit la discrimination banalisée.

Un autre obstacle réside dans une conception radicale du racisme systémique (ou banalisé). Ici, le danger est de provoquer dans la population des effets dissuasifs similaires aux excès du nouveau multiculturalisme. Il ne s’agit nullement de diluer la notion de racisme ou d’édulcorer les politiques destinées à le contrer. Il s’agit simplement de ne pas susciter des résistances pour de mauvaises raisons.

En somme, oui pour les valeurs EDI (équité, diversité, inclusion), bien sûr, et pour les objectifs de développement durable de l’ONU, mais modelés et appliqués à notre manière. Ce serait le bon moment pour une offensive gouvernementale dont la première étape consisterait à inventorier les réflexions et les propositions déjà mises en avant chez nous pour en extraire les prémisses d’un modèle québécois. Un exemple : agir contre la discrimination en aval, certes, mais plus encore en amont, comme l’a suggéré Patrick Moreau dans Le Devoir du 7 février.

C’est une tâche qui demandera un effort collectif, incluant celui des administrations universitaires dont certaines se font très conciliantes avec les diktats du multiculturalisme afin de conserver les subventions fédérales. La mise en garde adressée récemment par la ministre Pascale Déry dans Le Devoir du 17 janvier était donc bienvenue, tout comme l’objectif d’« équilibre » qu’elle préconise.

Source: La lutte contre la discrimination II – Pour une politique québécoise

Nicolas: Claquer la porte 

Always interesting commentaries by Nicolas, and, given the variety of identities many of us have, of “slamming the door shut” rather than understanding and engaging:

Comme je suis liée au milieu universitaire, à la société civile puis au monde médiatique torontois, et du reste du Canada plus largement, depuis près de 13 ans, ma compréhension de notions comme le Québec bashing s’est nuancée au fil des années. On me permettra de partager ici quelques réflexions sur le sujet.

Notons que le concept de Québec bashing n’est pas utilisé ici de manière interchangeable avec la notion de « francophobie », qui regroupe un ensemble d’attitudes touchant directement les francophones qui sont en situation minoritaire, à l’extérieur du Québec. On pourra y revenir dans un autre texte.

Est-ce que « les Anglais nous méprisent et nous haïssent », comme l’avancent certains tribuns et autres fins sociologues peu réputés pour faire dans la dentelle ? La vérité, c’est que, tout comme la société québécoise s’est profondément transformée au cours des dernières décennies, le reste du pays n’est aussi plus ce qu’il était. Tout comme au Québec, donc, il y a ailleurs au Canada un clivage générationnel important entre ceux qui se souviennent des négociations constitutionnelles et des référendums, et ceux qui étaient trop jeunes. J’ai surtout été témoin, parmi les générations plus âgées, de deux attitudes principales.

La première est surtout nourrie par une lassitude : on n’a jamais vraiment compris (ou voulu comprendre) la différence québécoise, et on a l’impression que le Québec, politiquement, est une espèce d’enfant gâté qui utilise son poids politique dans la fédération pour ne pas jouer selon les mêmes règles que tout le monde. On a pu lire souvent, par exemple, que si Justin Trudeau n’a pas critiqué aussi vertement François Legault que Doug Ford pour leurs usages récents de la disposition de dérogation, c’est parce que le Québec fait l’objet d’un traitement de faveur.

La deuxième s’appuie sur une fascination parfois très sincère, parfois quelque peu fétichisée pour le Québec. Parce qu’on a encore un souvenir très vif de la fragilité de la fédération, une certaine élite canadienne exprime sa passion pour « l’unité nationale » par une curiosité particulière pour le Québec et son évolution.

Chez les plus jeunes (et les plus récemment arrivés au Canada), la question se pose autrement. Tant ici qu’ailleurs au pays, la question de « la différence québécoise » au sein du Canada a émergé politiquement pour les millénariaux et la génération qui les suit non pas par le débat sur la souveraineté, mais d’abord à travers toute la saga des accommodements raisonnables, puis par le débat sur la Charte des valeurs, le racisme systémique, les lois 21 et 96, etc.

Il y a une différence fondamentale — j’insiste, fondamentale — entre un jeune de Scarborough ou de Mississauga, immigrant ou enfant d’immigrant, qui n’entend parler politiquement du Québec qu’à travers le refus de sa classe politique de reconnaître le racisme systémique ou de nommer l’islamophobie, et un conservateur de l’Ontario ou du Manitoba rural qui a absorbé, un peu par osmose, les vieilles rengaines orangistes de ses aïeux. J’ai été beaucoup en contact avec l’un, par exemple, lorsque j’étais chargée de cours à l’Université de Toronto, alors que j’ai surtout vu l’autre sévir dans les sections commentaires de certains journaux.

Les deux posent, lorsqu’ils en ont l’occasion, des questions que l’on peut sentir empreintes d’une méconnaissance profonde de la société québécoise dans toute sa complexité et ses nuances. Mais les postures de base et les dynamiques de pouvoir qu’elles sous-tendent ne pourraient être plus diamétralement opposées. Je ne peux pas répondre à mon étudiante qui se préoccupe de l’impact des débats identitaires québécois sur le reste du climat politique canadien — et donc, en fin de compte, sur sa propre sécurité, comme s’il s’agissait de la réincarnation de James Wolfe prêt à revenir brûler nos villages avec son armée.

Cette différence, on est trop peu nombreux à la saisir au Québec. Pour la faire, il faudrait que ceux qui commentent ces questions se sortent eux-mêmes, un tant soit peu, de leur propre lassitude, indifférence, et ignorance du Canada dans toute sa complexité et ses nuances. Depuis le temps que je parcours la 401 dans un sens comme dans l’autre, il y a au moins une chose qui m’apparaît claire : dans ce pays, le sens de la caricature a toujours été parfaitement bilingue.• • • • •

Dans le contexte, on me demande parfois pourquoi je reste dans le dialogue avec le reste du Canada, ou pourquoi je ne claque pas la porte d’un média qui a déjà publié des opinions douteuses sur le Québec dans le passé. Serais-je ainsi complice du Québec bashing ?

La réponse, c’est que je suis une Québécoise francophone de même que je suis une femme, une personne noire et une personne queer. Si je croyais opportun de claquer la porte de toutes les salles de rédaction qui publient des opinions qui viennent heurter mon vécu personnel et familial tant sur le plan de la langue, de la race que du genre, je ne travaillerais plus nulle part, dans aucune langue. Personnellement, je préfère ne pas hiérarchiser les différents aspects de qui je suis, et tente de rester cohérente dans ma manière de réagir à toutes les attaques.

On en comprend que l’impatience, le brûlage de pont et le claquage de porte, donc, sont surtout des réflexes politiques partagés par les personnes socialisées comme majoritaires au sein de leur société. Il faut avoir le luxe, en quelque sorte, de savoir qu’on peut toujours éviter les dialogues difficiles en se repliant vers un monde où les normes sont pensées pour nous. Remarquons enfin que les francophones des autres provinces ont, de manière générale, développé une culture de la résistance politique très différente de celle qui s’affiche souvent au Québec.

Source: Nicolas: Claquer la porte 

Cornellier: Besoin de Montréal

Of note, Montreal vs the regions and the multiculturalism/interculturalism debates:

Si le Québec veut réussir dans le dossier de l’intégration des immigrants, il aura besoin de la contribution de la Ville de Montréal. C’est là, en effet, que la majorité des immigrants décident de vivre. En 2016, ces personnes représentaient 34,3 % de la population de Montréal, 28,5 % de celle de Laval et 20,3 % de celle de Longueuil. Dans le reste du Québec, les personnes immigrantes ne représentent qu’environ 4 % de la population. On voit donc toute l’importance qu’a la région montréalaise dans cette mission.

La Ville de Montréal est-elle à la hauteur des attentes québécoises dans ce dossier ? C’est la question que pose le politologue David Carpentier dans La métropole contre la nation ? (PUQ, 2022, 232 pages), un éclairant essai issu d’un mémoire de maîtrise. « Que fait concrètement la Ville de Montréal pour favoriser l’intégration de ces populations sur son territoire ? » demande Carpentier. Va-t-elle dans le sens préconisé par l’État québécois ou contredit-elle l’action de ce dernier ?

Carpentier est un chercheur. Son essai n’a rien de polémique. Il reste que sa conclusion selon laquelle « il se déploie ainsi dans la métropole une forme dissimulée de multiculturalisme donnant libre cours à une vie civique affranchie du cadre national » fera réagir à juste titre. Selon Carpentier, en effet, « les principes sur lesquels repose une certaine conception de l’intégration, établie par les processus démocratiques québécois, se voient court-circuités par la Ville de Montréal », sans véritable légitimité politique.

Selon la Constitution canadienne, l’immigration est une compétence partagée entre les provinces et l’État central. Les municipalités, quant à elles, jouissent des responsabilités que veulent bien leur déléguer les gouvernements provinciaux.

Au Québec, de plus, l’affaire se complique du fait que nous sommes une nation minoritaire dans un État dont la politique d’intégration, le multiculturalisme, entre en concurrence avec la nôtre, l’interculturalisme. À titre de « créatures de la province » sur le plan juridique, les municipalités devraient donc être soumises à l’application de la politique québécoise, mais un certain flou, dans cette dernière, vient gripper la machine.

Le multiculturalisme canadien est une politique officielle depuis 1971. Il « valorise la manifestation des particularismes d’ordre ethnoculturel, religieux et linguistique dans l’espace public », résume Carpentier, et affirme qu’il « n’existerait pas au pays une culture ou un groupe ayant préséance ». Comme le note le politologue, le Canada a beau jeu de ne pas insister sur la nécessité de l’intégration à une société d’accueil puisque la présence de cette dernière s’impose de fait, « étant donné le statut hégémonique de la tradition anglo-saxonne et sa réalité démographique majoritaire ».

Nation minoritaire, le Québec ne peut se permettre ce luxe, d’où son adhésion à l’interculturalisme, une « voie mitoyenne », précise Carpentier, entre l’assimilationnisme et le multiculturalisme. L’interculturalisme valorise le pluralisme, mais accorde une place prioritaire à la culture majoritaire d’accueil, à laquelle doivent s’intégrer les nouveaux arrivants et qui se fonde sur l’« égalité des genres, la démocratie, la laïcité, le français comme langue publique commune, l’État de droit [et] le respect des droits et libertés de la personne », résume le politologue. Or, ce modèle d’intégration n’a jamais été officialisé par le gouvernement du Québec, ce qui rend son application incertaine.

Dans certains documents publics, la Ville de Montréal affirme adhérer à un interculturalisme minimaliste. Dans les faits, toutefois, son action révèle souvent l’« adhésion tacite de la municipalité au modèle canadien et son contournement du discours que promeut l’État québécois », constate Carpentier.

Dans des interventions publiques, par exemple, le maire Coderre et la mairesse Plante ont tous deux plaidé pour une laïcité dite ouverte et pour plus de flexibilité dans l’usage de l’anglais. Ainsi, au nom de la différence montréalaise, ils ont contesté deux des principaux socles de l’interculturalisme québécois.

Selon Carpentier, les acteurs de la politique montréalaise d’intégration se diviseraient en deux camps : les partisans de l’interculturalisme, principalement des fonctionnaires et des chercheurs, et ceux du multiculturalisme, qu’on retrouve surtout chez les élus et les acteurs associatifs. Pour le moment, à cause du flou juridique et politique entourant le statut de l’interculturalisme, ce sont les seconds qui s’imposent, entraînant ainsi une dramatique « déconnexion » entre la métropole et le reste du Québec.

Qu’attend donc le gouvernement du Québec pour faire de l’interculturalisme sa politique d’intégration officielle sur tout le territoire national ? Ça devrait faire partie d’un programme sérieux de réveil national.

Source: Besoin de Montréal

Jolin-Barrette tend la main à la France pour défendre la langue française

The usual wilful or unwilful mischaracterization of multiculturalism as not being about integration in Canada:

Il y avait longtemps qu’un ministre du Québec n’avait pas prononcé un tel discours en France. À l’heure où les relations entre la France et le Québec se déclinent le plus souvent au rythme des échanges économiques, le ministre de la Justice et de la Langue française avait choisi de donner à sa communication un contenu nettement politique.

Pour Simon Jolin-Barrette, il est temps que la France et le Québec unissent leurs forces pour défendre le français non seulement dans leur pays respectif, mais partout dans le monde.

« Le Québec vous tend la main, a-t-il déclaré. Il vous convie à une union des forces entre nos deux nations, basée sur la certitude que le français n’est pas une cause du passé, mais un ferment d’avenir. Un moteur de résistance et de renaissance. »

Dans la grande salle des séances de l’Académie française, le ministre qui n’était pas venu à Paris depuis l’âge de ses 18 ans s’est adressé à une centaine de personnes, dont une douzaine d’académiciens. Visiblement ému de se retrouver en ce lieu fondé par Richelieu à l’époque où naissait la Nouvelle-France, il s’est présenté comme le « descendant de Jean Jolin, un modeste meunier ». C’est la gorge nouée qu’il a déclaré : « Je n’ai ni votre plume ni votre épée. Mais c’est inspiré par toute la fougue du peuple québécois que je prends la parole, en ces murs. »

Le « rouleau compresseur anglo-américain »

Comparant la loi 101 à l’ordonnance Villers-Cotterêt qui, en 1539, établit la primauté du français dans tous les actes publics du Royaume de France, il a brossé un tableau d’ensemble de l’histoire et de l’évolution du français au Québec. Sans oublier d’expliquer en détail les raisons de la nouvelle loi 96, destinée, a-t-il dit, à combattre les « nouveaux périls [qui] guettent la langue française ».

Devant une salle conquise, le ministre en a surtout appelé à « notre devoir de vigilance à l’égard de la langue française » ne manquant pas d’écorcher au détour « le multiculturalisme canadien […] qui combat, dit-il, les prétentions du Québec à se constituer en nation distincte ». Il n’a pas oublié non plus « la révolution numérique des GAFAM », ce « rouleau compresseur anglo-américain, qui bouscule l’écosystème de notre langue et de notre culture ».

Évoquant « des articles diffamatoires contre le Québec […] publiés […] dans des journaux américains et canadiens anglais », le ministre a rappelé avec aplomb que « la langue française n’a jamais été un fait ethnique. Elle a toujours été un fait de culture et de civilisation. »

Avec des mots qu’on n’avait pas entendus depuis longtemps à Paris, le ministre n’a pas hésité d’en appeler directement à la France. « Rien ne serait plus naturel, dit-il, que la France, dans ce monde nouveau, se fasse le porte-parole de la diversité des cultures et de la dignité des nations. Il ne s’agit pas, vous m’avez bien compris, de s’opposer à la révolution de notre temps, mais d’y participer pleinement en y faisant respecter ce que nous sommes. »

Cette invitation de l’Académie française s’inscrit dans le sursaut qui a récemment secoué les Immortels dans la défense de la langue française, nous a expliqué l’académicien et poète Michael Edwards. Depuis un an, l’Académie et son secrétaire perpétuel, Hélène Carrère d’Encausse, n’ont pas hésité à intervenir publiquement pour critiquer le bilinguisme qui a envahi certains milieux en France. Ils ont notamment demandé au gouvernement la suppression de la nouvelle carte d’identité entièrement bilingue (anglais-français). L’Académie a aussi publié un important rapport sur l’influence de l’anglais dans la communication institutionnelle. Elle y dénonce l’anglomanie qui s’est particulièrement répandue depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Une invitation « historique »

« Nous faisons cause commune. […] Merci de nous insuffler un peu de votre détermination », a déclaré le chancelier de l’Institut de France, Xavier Darcos. Présent à la séance, l’écrivain haïtien et québécois Dany Laferrière n’a pas hésité à qualifier d’« historique » cette invitation, puisque peu de représentants politiques québécois ont eu l’honneur de s’adresser ainsi directement aux Immortels.

« Je suis particulièrement sensible à la façon dont, au Québec comme en France, le français peut servir à cimenter l’adhésion des nouveaux arrivants », nous a déclaré l’académicien, romancier, diplomate et médecin Jean-Christophe Rufin. « Il n’y a pas d’opposition entre la tradition et l’ouverture. »

Jeudi, Simon Jolin-Barrette a aussi rencontré la toute nouvelle ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, à qui il a aussi fait valoir l’importance que le Québec et la France défendent leur langue en commun. Dans ses interventions, le ministre évoque aussi la solidarité qui unit la France et le Québec sur la question de la laïcité.

« J’ai reçu un accueil très positif de la part du gouvernement français et on m’a indiqué que le président Macron était très sensible à la question de la langue française, dit-il. […] pour nous il s’agit d’une main tendue afin de construire ensemble des alliances qui vont permettre d’être sensibilisé à la défense de la langue française. Si l’État français se mobilise aussi fort que le fait l’État québécois présentement, c’est une lutte qu’on va pouvoir mener ensemble. »

En ce 24 juin, Simon Jolin-Barrette participera aux célébrations de la Fête nationale à la Délégation générale du Québec à Paris. En terminant, le ministre a promis de ne pas attendre aussi longtemps que la dernière fois avant de revenir en France.

Source: Jolin-Barrette tend la main à la France pour défendre la langue française

Article in English, with Premier Legault comments:

In a rare speech before France’s Academie Française — the body charged with protecting the French language in its home country — one of Quebec’s top ministers said that Canadian multiculturalism is a thorn in Quebec’s side.

People are failing to see that Quebec’s controversial recent laws, both language law Bill 96 and even securalism law Bill 21, are themselves about protecting a fragile culture, said Minister Simon Jolin-Barrette.

We’re in a time when the “diversity of cultures is becoming just as threatened as the diversity of fauna and flora,” he said in the Thursday speech — referring to Quebec’s French-speaking culture.

Jolin-Barrette is Quebec’s minister of justice and also its minister for the French language, making him deeply involved in both pieces of legislation.In the lengthy speech, he went over the history of Quebec, from its founding as a French colony to the Quiet Revolution and beyond.

But one thing is a particular problem, he said: ensuring that newcomers to Quebec learn to live in French.

“One of our greatest challenges is to involve immigrants in our national project,” he said.

“We are the neighbours of a great power, the United States, and we operate within a federation with an anglophone majority. The continental and global linguistic dynamic favors English in every way.”

He heaped criticism on Canadian federal law that protects individual rights, calling this emphasis on the individual “nearly absolute,” to the detriment of Quebec’s collective rights.

“Although our project is thwarted by Canadian multiculturalism, which finds an equivalent in what you call communitarianism and which combats the claims of Quebec to constitute itself as a distinct nation,” Jolin-Barrette continued, “the French language must really become the language of use of all Quebecers.”

Despite earlier laws forcing all children of immigrants to attend school in French, he said it hasn’t been enough, leading the current government to clamp down on English in post-secondary colleges by stemming their growth with enrollment caps.

“Upon graduating from high school… an alarming proportion of students, especially those whose first language is neither English nor French, rush into the anglophone network to pursue their studies,” he said.

He also explicitly linked Bill 21 with the same struggle. Arguably the current government’s most controversial bill of their four years in power, it banned certain public servants, including teachers and police, from wearing religious symbols at work.

In practice, it affected female Muslim teachers most heavily, preventing school boards from hiring or promoting any hijab-wearing teachers. Challenges to it are still before the courts and are expected to end up at Canada’s Supreme Court.

“Law 96 on the French language does not come alone,” said Jolin-Barrette.

“It was adopted after Law 21 on secularism, which I also had the honor of piloting, always with the same idea of strengthening the autonomy and personality of the State of Quebec.”

LEGAULT SAYS ALL CULTURES NOT ‘ON THE SAME LEVEL’

When asked about Minister Jolin-Barrette’s comments in Paris today, Premier François Legault said he is opposed to putting “all cultures on the same level” and stressed the importance of having a “culture of integration” above all else.

“So that’s why we oppose multiculturalism. We prefer to concentrate on what we call ‘inter-culturalism’ where you have one culture, the Quebec culture, where we try to integrate the newcomers, but we want to add to this culture,” the premier said.

“I think new people coming to Quebec — they add to our culture. But it’s important to have a culture where we integrate, especially to our language.”

Legault also argued this is in direct opposition to the Canadian model of multiculturalism.

“I see that Mr. Trudeau is pushing for multiculturalism, so he doesn’t want us to have a culture and a language where we integrate newcomers,” the premier said.

MEDIA CRITIQUES OF BILL 96 ARE ‘LAZY,’ JOLIN-BARRETTE SAYS

In his speech, Jolin-Barrette addressed criticism that embracing English and bilingualism is a way of being open to the world, whether you see it as the language of Shakespeare or “Silicon Valley.”

But that’s a misplaced idea, the minister argued.

“What is presented as an openness to the world too often masks acculturation, which comes with a significant loss of memory and identity,” he said.

He said gone are the times when people can request to be served in English or French in Quebec, as in a “self-service business.”

And Jolin-Barrette made a special point of attacking English Canadian media’s coverage of Bill 96.

“Recently, defamatory articles against Quebec have been published with too much complacency in American and English Canadian newspapers,” he said.

“Lazy authors depict our fight from the most denigrating and insulting angle, trying to pass it off as a rearguard fight, a form of authoritarianism.”

“Our fight for the French language is just, it is a universal fight, that of a nation which has peacefully resisted the will to power of the strongest.”

For a large portion of the speech, Jolin-Barrette spoke of the time before the Quiet Revolution, when, he said, French itself was being lost in Quebec.

“A vulnerable proletariat was born, whose contaminated language quickly switched to Franglais,” he said.

“The English-speaking oligarchy, heir to British power, imposed its language and its imagination….in the 1950s, French-Canadians lived in towns where commercial signage was often in English.”

At another point, he called French the greatest of the Western languages, with the biggest literary influence.

In those decades, however, “French Canada was one of the very few places in the world where the French language was a sign of social inferiority,” he said.

Source: Quebec is ‘thwarted’ by Canadian multiculturalism, minister says in France speech