Bill 21: Laïcité: Bouchard et Taylor sonnent la charge

From the éminences grises du rapport:

Les audiences publiques qui débutent mardi sur le projet de loi 21 s’annoncent comme le théâtre d’expression de profondes divisions politiques et sociales au Québec. Et les signataires du rapport Bouchard-Taylor seront parmi les premiers à mener la charge contre un projet de loi « nourri par une certaine islamophobie » (de l’avis de Charles Taylor) et qui risque de mener à une sorte de « radicalisation » du Québec (selon Gérard Bouchard)

« La loi aggravera les clivages qui se sont creusés depuis quelques années entre la majorité et les minorités, dressant ces dernières contre la première, écrit le sociologue Bouchard dans un mémoire qu’il présentera mercredi, mais dont Le Devoir a obtenu copie. Elle aura aussi pour effet d’introduire un élément de radicalisation dans notre société », pense-t-il.

La loi aggravera les clivages qui se sont creusés depuis quelques années entre la majorité et les minorités

Le coprésident de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables croit qu’à défaut de mettre un terme au débat sur les signes religieux, le projet de loi 21 « va au contraire relancer la controverse ».

Dans sa présentation, Gérard Bouchard s’attarde principalement à la décision du gouvernement Legault d’étendre aux enseignants l’interdiction du port de signes religieux. Le rapport qu’il avait présenté en 2008 excluait cette idée, mais proposait une interdiction pour les employés avec un pouvoir de coercition (ce en quoi il croit toujours).

« Le fait d’interdire à de jeunes professionnels la possibilité de faire carrière dans l’enseignement à cause de leur croyance religieuse ne s’accorde pas avec le sens de l’équité et de la compassion hérité de notre histoire », écrit-il.

Québec fait fausse route en arguant que cet interdit fait partie de l’équation de la séparation de l’État et de l’Église, pense M. Bouchard. « Affirmer que le principe de la séparation institutionnelle entraîne une interdiction de porter des signes religieux [chez les enseignants] me paraît comporter une grande part d’arbitraire. Le droit fondamental d’exercer et de manifester sa religion devrait donc ici prévaloir. »

Le sociologue estime qu’il manque de « données empiriques rigoureuses » prouvant que le port d’un signe religieux chez les enseignants « entrave la démarche pédagogique », « traumatise des élèves » ou « entraîne une forme d’endoctrinement chez les élèves ».

Et si jamais c’était le cas, comment justifier que les écoles privées — notamment celles qui sont religieuses — ne seront pas assujetties à la Loi sur la laïcité, demande-t-il ? C’est pourtant là où « on peut présumer que le port des signes religieux est le plus répandu », note M. Bouchard.

Au-delà des enseignants, Gérard Bouchard se demande aussi « comment se justifie l’interdiction frappant diverses catégories de personnel qui n’exercent pas de pouvoir [de coercition], notamment les arbitres, les shérifs, les greffiers, les avocats et les notaires ? ».

Charles Taylor

Son ex-collègue, Charles Taylor, tentera mardi de dissuader le gouvernement Legault d’adopter ce projet de loi qui, à son avis, s’appuie sur des préjugés. « Le mot musulman n’apparaît peut-être pas, donc ça ne cible pas la religion musulmane, mais c’est très clair que l’opinion majoritaire contre les signes visibles est nourrie par une certaine islamophobie qui a, en quelque sorte, [été] inculquée à la population par toutes sortes de sites Web, a-t-il affirmé. En l’absence de cette islamophobie, les gens seraient moins avides de faire avancer des exclusions comme celle-là. »

M. Taylor soutenait l’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État en position coercitive comme les policiers et les gardiens de prison lors de la publication du rapport de la commission Bouchard-Taylor. Mais il a fait volte-face après l’attentat commis en 2017 à la grande mosquée de Québec.

L’adoption du projet de loi ne fera qu’attiser les préjugés contre les minorités religieuses, selon lui, et risque de mener à une augmentation importante des incidents haineux. C’est ce qui s’est produit « dans toutes les sociétés où des mesures restrictives semblables à celles de la loi 21 ont été défendues en campagne électorale ou référendaire par un parti majeur — le Front national en France, les partisans du Brexit en Angleterre, les républicains de Trump, et le PQ au Québec en 2014 […] », écrit-il dans le mémoire qu’il présentera avec le philosophe Jocelyn Maclure.

« Au nom de quel intérêt public a-t-on le droit de soumettre une minorité de citoyens récemment arrivés chez nous à de telles épreuves ? », demandent-ils.

M. Taylor a souligné en entrevue que le projet de loi 21 crée un grave précédent, puisqu’il va à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés et de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. « Ils vont sacrifier des droits et libertés de certains citoyens, et c’est très dangereux, parce que ce genre de charte est en quelque sorte la protection de tout le monde, a-t-il dénoncé en entrevue. Demain, il pourrait y avoir une autre minorité qui soit très impopulaire envers laquelle il y a des préjugés et on va se sentir justifié de supprimer ces droits-là. »

Très attendues, les consultations autour du projet de loi 21 débuteront mardi avec quatre groupes qui soutiennent le projet de loi : Pour les droits des femmes du Québec (PDF), le Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité de Djemila Benhabib, le Mouvement national des Québécois et des Québécoises de même que l’Association québécoise pour les Nord-Africains pour la laïcité.

PDF, pour qui laïcité rime avec égalité homme-femme, veut étendre l’interdiction du port de signes religieux à l’ensemble des employés du milieu scolaire, y compris ceux des services de garde. L’organisme propose en tout 16 recommandations, l’application de sanctions sévères pour les établissements qui contreviendraient à la loi.

Le gouvernement Legault espère faire adopter le projet de loi d’ici la relâche estivale. En tout, 36 groupes et experts témoigneront lors des consultations, qui s’échelonneront sur deux semaines.

Laïcité: plusieurs Canadiens appuient le projet de loi du Québec, dit un sondage

On-line, thus less reliable than other surveys, but nevertheless captures regional differences:

Le Québec a eu bien mauvaise presse au Canada anglais depuis le dépôt du projet de loi qui interdit le port de signes religieux à certains employés de l’État. Mais voilà qu’un sondage révèle qu’ils sont nombreux dans le reste du pays à partager l’opinion de la majorité des Québécois en faveur du projet de loi 21 du gouvernement Legault.

Le sondage Léger effectué pour La Presse canadienne a interrogé un échantillon non probabiliste de 1522 Canadiens. L’exercice s’est fait en ligne du 18 au 22 avril.

Ils seraient donc 46 % au Canada – en tenant compte des réponses des Québécois – à appuyer le projet de loi et 42 % seraient contre.

À la question « Êtes-vous en faveur ou opposé au fait de bannir le port des signes religieux visibles pour les employés du secteur public en position d’autorité (policiers, juges et enseignants du primaire et du secondaire) dans votre province ? », ils étaient 66 % au Québec à être « plutôt en faveur » ou « totalement en faveur ».

Ailleurs au Canada, ils sont toujours plus nombreux à s’opposer à l’idée mais, à part en Alberta, l’écart entre les pour et les contre n’est pas très remarquable.

Ainsi, en Ontario, 42 % appuieraient l’interdiction, 47 % s’y opposeraient. Dans les Prairies, ils seraient 41 % pour, 44 % contre. En Colombie-Britannique, le sondage a relevé 41 % en faveur de l’interdiction à comparer aux 45 % qui s’y opposeraient. Et puis dans les provinces atlantiques, ils seraient 41 % prêts à appuyer pareil projet de loi et 50 % qui n’en voudraient pas.

L’Alberta sort donc du lot avec un plus grand écart entre les pour et les contre : 34 à comparer à 53.

« Il serait faux de prétendre que tous les Québécois sont racistes parce qu’ils sont en faveur et que tous les autres sont très vertueux parce qu’ils seraient tous contre », en conclut Christian Bourque, vice-président exécutif et associé de Léger.

M. Bourque, se fiant à la couverture médiatique du projet de loi 21 s’attendait à des résultats plus « blanc et noir ». « On pense que tous les Québécois sont en faveur et on pense que tous les autres Canadiens seraient contre. Et ce n’est pas […] ce qu’on voit dans le sondage », constate-t-il.

« On est plus dans les nuances de gris », ajoute-t-il.

La différence à noter entre le Québec et les autres provinces, cependant, c’est qu’il y a une « majorité suffisante » au Québec – 66 contre 25 – qui appuie l’interdiction alors qu’ailleurs, on est beaucoup plus divisé sur la question.

Cette division se reflète aussi dans l’arène politique fédérale. Quelques élus conservateurs ont appuyé publiquement le projet de loi 21 tandis que leur chef Andrew Scheer exprime son opposition du bout des lèvres.

Chez les libéraux de Justin Trudeau, on condamne le projet de loi d’une seule voix, mais on refuse encore de dire comment on entend y répondre.

Pas si chiâleux que ça, les Québécois

Autre correction dans le sondage, ce ne sont pas les Québécois qui se plaignent le plus du gouvernement fédéral.

« La grogne est essentiellement dans les provinces atlantiques, dans les provinces des Prairies et en Alberta où de fortes majorités disent: “non, je n’obtiens pas ma juste part d’Ottawa” », note M. Bourque en analysant une autre question du sondage.

À cette question sur la « juste part », il n’y a que les Ontariens qui sont plus satisfaits d’Ottawa que les Québécois.

Ainsi, ils ont été 68 % en Alberta à répondre « non », 64 % dans les prairies, 58 % dans les provinces atlantiques, 49 % en Colombie-Britannique, 42 % au Québec et 37 % en Ontario.

« On semble vraiment être dans un cycle “western alienation” (sentiment d’aliénation présent dans l’ouest du Canada) », estime M. Bourque.

Source: Laïcité: plusieurs Canadiens appuient le projet de loi du Québec, dit un sondage

Laïcité: la CAQ «erre gravement», selon Gérard Bouchard

Speaks for itself (as did Charles Taylor’s similarly critical take):

Gérard Bouchard, coprésident de la commission sur les «accommodements raisonnables» il y a une douzaine d’années, affirme que le gouvernement Legault «erre gravement ou cède à la démagogie» en voulant interdire aux enseignants de porter des signes religieux à l’école.

M. Bouchard est le coauteur du rapport de 2008 qui est abondamment cité comme source d’inspiration pour le projet de loi 21 du gouvernement de la Coalition avenir Québec sur la laïcité de l’État. Le projet de loi vise à interdire à plusieurs catégories d’employés de l’État de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions, notamment les enseignants du primaire et du secondaire du secteur public et les directeurs d’écoles.

Dans une lettre d’opinion parue vendredi dans La Presse, l’historien et sociologue Bouchard se demande si le premier ministre François Legault ne cède pas à la démagogie avec son projet de loi interdisant les signes religieux.

À la suite d’audiences publiques tenues dans tout le Québec, la commission présidée par M. Bouchard et le philosophe Charles Taylor proposait en 2008 d’interdire les signes religieux aux employés de l’État «détenant un pouvoir de coercition»: les policiers, les juges, les procureurs de la Couronne et les gardiens de prison. Mais pour tous les autres «agents de l’État» – enseignants, fonctionnaires, professionnels de la santé et autres-, la «commission Bouchard-Taylor» estimait que le port de signes religieux devrait être autorisé.

M. Bouchard affirme aujourd’hui que le gouvernement Legault «erre gravement (ou cède à la démagogie) en assimilant le pouvoir extraordinaire de coercition» aux enseignants. Il estime que l’ajout des enseignants dans cette catégorie constitue une «restriction ou une suppression» d’un droit fondamental.

Il considère aussi que le recours par le gouvernement à la disposition dérogatoire pour bloquer toute contestation judiciaire «engage ainsi le Québec sur une voie périlleuse».

M. Taylor, qui s’était déjà dissocié de son propre rapport, a dénoncé cette semaine le projet de loi «clairement discriminatoire» du gouvernement Legault; il a déclaré à La Presse canadienne qu’il le combattrait par tous les moyens.

Source: Laïcité: la CAQ «erre gravement», selon Gérard Bouchard

Sheema Khan: Quebec’s religious-symbols ban is stranger than fiction – but the pushback from society must be real

Another good column by Sheema Khan:

In a cold open for a 2017 episode of the ABC comedy Black-ish, protagonists Bow and Dre walk into a bakery to buy a gender-reveal cake. The bakery has every type of cake, the employee says – but not for gay weddings. Bow and Dre leave in disgust. At the next bakery, they cut to the chase: “You don’t discriminate against people based on race, gender or sexual orientation, do you?” To which the stern-looking baker replies: “Do not like French-Canadians.” Initially stunned by the random reply, Bow and Dre quickly indicate they can live with that, and proceed with the order.

What passed for laughs in America would never fly up here. But the mention of French-Canadians in juxtaposition with fundamental civil rights was downright prescient, if not ironic. In this fictitious TV show, everyone’s fundamental civil rights are worthy of protection – except if you’re French-Canadian.

The reverse is true in one major part of French Canada – and the Quebec government’s rhetoric and actions would be comedic, too, if they weren’t so tragic.

The Coalition Avenir Québec’s Bill C-21 seeks “religious neutrality” – that is, legalizing employment discrimination based on an individual’s religious expression. Civil servants, along with judges, police officers, prison guards and teachers, will be forbidden from exhibiting any religious affiliation while on the job. According to Premier François Legault, observant Sikhs, Jews and Muslims should look for another line of employment. Where else in the world has an elected leader told constituents to find another job because of their beliefs?

Recently, a councillor in the Montreal borough of Anjou, Lynne Shand, expressed her outrage at being treated by a doctor wearing a hijab, posting on Facebook: “If it hadn’t been an emergency, I would have refused to be treated by her. I’m angry because it’s really the Islamification of our country.”

While she later apologized, she clarified that she is against “visible” religious symbols, alluding to the proposed bill. It was irrelevant that the doctor’s service – according to Ms. Shand – was excellent.

This follows on the heels of similar outbursts by other Quebec politicians. CAQ Minister for the Status of Women Isabelle Charest unequivocally stated that the hijab is a sign of oppression, thereby proving that she is unfit to serve all women in her province. Gatineau deputy mayor Nathalie Lemieuxresigned after telling a French-language newspaper that Muslim immigrants don’t integrate, adding they “do bad things with their trucks … it’s normal to be afraid of them.”

First and foremost, the dangerous bill creates two tiers of citizens: those with full rights and opportunities, and those without. Since it uses the Charter of Rights and Freedoms’s notwithstanding clause to preclude any court action, the bill invites civil disobedience as the only means to fight against laws that deny fundamental freedoms. Furthermore, the bill gives licence to xenophobes to stigmatize and berate fellow Quebeckers. While Public Security Minister Geneviève Guilbault has backtracked on her warning that police would enforce C-21, it harked back all the same to the federal Conservatives’ proposed “snitch line” in the 2015 election.

And while it may be civil servants and employees in positions of authority today, who will it be tomorrow? Doctors providing service? Students at public schools, as was the case in France? Will the private sector follow the government’s lead? Finally, what other encroachments will there be on religious freedoms? Will Muslim students be barred from fasting during Ramadan, as was proposed by certain Quebec schools in 1995?

Before the rest of Canada gets smug, it should reflect on its own attitudes. Georgetown University’s comprehensive study on Islam, Muslims and Islamophobia, compiling Canadian data between 2004 and 2018, paints a glum picture. While the majority of Canadians acknowledge that anti-Muslim sentiment is a growing problem, most hold unfavourable views about Islam and Muslims. For example, last year more Canadians were worried about “homegrown radical Islamic terrorism” than violence from white-supremacist groups. In 2017, roughly half of all Canadians believed that Islam is the most “damaging” religion in the public sphere – even after six people were killed in a Quebec City mosque.

Now that there’s been a legislative assault on religious freedoms, will Anglo-Canadians stand up, too?

In the days since C-21 was introduced, there has been active opposition to it within Quebec, giving the lie to Mr. Legault’s Orwellian promise that the bill would bring Quebeckers together. Quebec civil society’s actions are reminiscent of the inspiring acts of solidarity by New Zealanders in the wake of the attacks at two mosques in Christchurch.

The difference in political leadership between Quebec and New Zealand, however, is like night and day.

As Martin Luther King Jr. once said: “Nothing in all the world is more dangerous than sincere ignorance and conscientious stupidity.” Looking at Quebec today, where reality is stranger – and far more dangerous – than fiction, and where a government works to effectively sanitize bigotry against its own people, his words ring too true.

Source: Quebec’s religious-symbols ban is stranger than fiction – but the pushback from society must be real Sheema Khan

Laïcité: les libéraux fédéraux reçoivent un guide pour répliquer à Québec

Prudent to have consistent media lines. The actual lines makes the necessary points:

Les libéraux de Justin Trudeau ne veulent pas entendre de voix discordante dans leurs rangs dans le débat sur la laïcité qui fait rage au Québec.

Des notes ont ainsi été préparées à l’intention des ministres, des députés, des adjoints de la colline et dans les bureaux de circonscription, de même que pour les proches collaborateurs du premier ministre afin de les guider dans la réplique fédérale aux mesures contenues dans projet de loi du gouvernement Legault sur la laïcité, déposé la semaine dernière à l’Assemblée nationale.

Le ton ferme de ces notes pourrait laisser entendre que le gouvernement Trudeau prépare soigneusement le terrain à une forme de contestation judiciaire de certains pans du projet de loi sur la laïcité. Certains experts juridiques estiment qu’Ottawa pourrait contester la constitutionnalité du projet de loi, une fois qu’il aura été adopté, en plaidant qu’il est discriminatoire envers les femmes.

Mais une source gouvernementale a insisté pour dire mardi soir que le gouvernement écarte l’idée d’une bataille juridique sur cette question, même si le ministre de la Justice David Lametti a affirmé encore plus tôt en journée que son ministère est toujours en train d’étudier le projet de loi de Québec.

« Le Canada est un pays laïque et cela se reflète dans toutes ses institutions. Les employés de l’État ont le droit d’afficher leurs croyances et personne ne devrait à choisir entre un emploi et son droit de porter un signe religieux », peut-on lire dans les notes de réplique obtenues par La Presse mardi.

« La Charte canadienne des droits et libertés protège les droits de tous les citoyens, et on ne peut pas choisir ceux que l’on protège et ceux que l’on restreint. Notre position est claire : ce n’est pas à l’État de dicter aux gens ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas porter, peu importe leurs croyances », peut-on aussi lire dans ces notes.

« Notre parti a toujours défendu et continuera de défendre les droits fondamentaux de chaque Canadien », ajoute-t-on aussi, prenant soin de souligner qu’il incombe à « tous » de protéger les droits fondamentaux « et toute tentative de les éroder est inacceptable. Le Canada est ouvert, inclusif, et riche de sa diversité ».

Dans les rangs libéraux, on a tenu à minimiser mardi la teneur des notes envoyées aux troupes libérales, affirmant que de tels messages sont envoyés quotidiennement pour les aider à expliquer les positions du gouvernement Trudeau.

Le projet de loi déposé jeudi dernier à l’Assemblée nationale par le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, interdira aux  employés de l’État ayant un pouvoir coercitif (policiers, gardiens de prison, notamment) de porter des signes religieux. La même interdiction s’appliquera aussi aux enseignants du primaire et du secondaire du secteur public et toute personne souhaitant offrir ou recevoir un service de l’État devra se présenter à visage découvert.

Le projet de loi contient une clause de droits acquis qui permettra aux personnes déjà l’emploi de l’État de conserver leurs signes religieux. Mais pour éviter toute contestation judiciaire, le gouvernement Legault entend invoquer la clause dérogatoire.

À cet égard, les stratèges libéraux à Ottawa font un parallèle entre cette décision du gouvernement Legault d’invoquer la clause dérogatoire et celle du gouvernement conservateur de Doug Ford pour réduire la taille du conseil municipal en Ontario.

« La clause dérogatoire porte entrave aux droits des Canadiens. C’est un élément de notre Constitution auquel on devrait avoir recours uniquement dans les situations les plus exceptionnelles. C’était le cas il y a quelques mois avec Doug Ford, ça demeure le cas maintenant », peut-on lire dans les notes.

Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a d’ailleurs repris à son compte lundi certaines de ces répliques à la Chambre des communes en réponse aux questions du Bloc québécois sur les intentions du gouvernement fédéral

« Notre gouvernement a toujours défendu les droits fondamentaux de chaque Canadien et Canadienne, et il continuera de le faire. La Charte canadienne des droits et libertés protège les droits de tous les citoyens. On ne peut pas choisir ce que l’on protège et ce que l’on restreint.  Notre position est claire : ce n’est pas à l’État de dicter aux gens ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas porter, peu importe leur croyance », a-t-il déclaré en réponse à une question de la députée bloquiste Monique Pauzé.

La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a toutefois tenu un discours plus nuancé dans les rangs libéraux, se disant certes très « préoccupée » par les intentions du gouvernement Legault, « mais on pense aussi que c’est aux Québécois d’avoir cette conversation-là et on respecte le fait que l’arène de discussion pour ce sujet est au Québec ».

Dimanche, le premier ministre François Legault a choisi de s’adresser directement aux Québécois  dans l’espoir de les rassurer sur la portée réelle du projet de loi 21 encadrant les signes religieux.

Il a notamment affirmé que le projet de loi est « modéré », en conformité avec les valeurs et l’histoire du Québec, dans son court message de deux minutes et demie diffusé sur son site web et sa page Facebook. Avant même de connaître les grandes lignes du projet de loi sur la laïcité, le premier ministre Justin Trudeau avait affirmé qu’il serait « impensable qu’une société libre légitime la discrimination contre quiconque, basée sur la religion ».

« Le Canada est un pays laïque, un pays qui respecte profondément les libertés individuelles, y compris la liberté d’expression, de conscience et de religion. Le Québec l’est aussi », a alors déclaré le premier ministre, qui était de passage en Nouvelle-Écosse. « Je vais toujours défendre les libertés individuelles. C’est un élément qui fait de nous une société juste, ouverte, libre. »

Source: Laïcité: les libéraux fédéraux reçoivent un guide pour répliquer à Québec

L’obsession identitaire

Il n’y a pas quinze ans, jamais on n’aurait cru le Québec capable de se plonger à ce point dans les méandres d’un nationalisme de brocante, qui conduit à édifier un tel barrage contre les apparences, sans rien changer pour autant au fonctionnement réel de notre monde.

Les espaces sociaux nous affirment autant qu’ils nous définissent, paraît-il. On peut du coup se prendre à rêver de lieux stables, immobiles, intouchés, intouchables, immuables, enracinés, figés, homogènes, bref de lieux qui constitueraient une sorte de pierre d’assise, de socle sur lequel pourraient se fonder nos existences, de quelque chose qui, pour tout dire, serait à la fois un point de départ autant qu’un point d’arrivée.

Mais de tels lieux n’existent pas. Ils n’ont jamais existé autrement que dans l’espace de nos pensées. Le monde n’est jamais tout à fait rassurant dans la mesure où il ne nous est pas révélé une fois pour toutes. Tout craque, tout se brise, tout s’effondre, tout est sans cesse à revoir, y compris au chapitre de l’identité, n’en déplaise à des zélotes agités. Ce que nous sommes demeure une question mouvante qu’il ne faut pas avoir peur de continuer de se poser. Les gloseurs du repli identitaire, en laissant croire le contraire, ne rendent service à personne.

Comment peut-on penser édifier une identité nationale sur la base du simple principe de la séparation de l’Église et de l’État, tout en maintenant des exceptions pour les écoles dites privées (soutenues à bout de bras par l’État), en faisant de même avec les services de garde, en ne définissant guère ce qu’est un signe religieux, c’est-à-dire en légalisant, au fond, un système qui ne fait que porter atteinte aux droits de certains individus, au point de les empêcher de travailler ? En quoi une société se trouve-t-elle de la sorte plus avancée ?

Le principe de la laïcité était déjà affirmé. Il demandait sans doute des changements ponctuels, ce qui aurait pu se faire sans la glose du repli identitaire et sans l’usage d’un canon législatif.

Voilà que d’un principe on fait un leurre voué, à force de le sublimer, de soustraire à l’attention publique des inégalités autrement plus sérieuses. Tout ce gâchis s’apparente bel et bien, au bout du compte, à un détournement du regard face à des enjeux sociaux plus structurants.

Dans le champ du discours, au nom de cette cavalcade effrénée de la laïcité, les séparations sociales sont dissimulées, comme si les problèmes de société les plus importants étaient tout entiers contenus dans celui-ci. Pendant ce temps, comme on l’a vu encore ces derniers jours, des enfants défavorisés se font supprimer leurs repas du midi ; le nombre d’itinérants s’avère en forte croissance ; des familles parmi les plus pauvres se voient soustraire des allocations pour leur progéniture sous des prétextes fumeux.

Mais dans cette société, plus déchirée que jamais à force d’agiter cette question de la laïcité, on continue de plus belle, comme si de rien n’était, à parler de « vivre-ensemble », en s’illusionnant sur ce que cela veut dire. Cette idée du « vivre-ensemble » fait l’impasse sur des stratifications sociales pourtant de plus en plus claires. On fait comme si, au moment de les enfermer dans une même cage, on disait à un lion et à un lapin : « Mais entendez-vous, puisque après tout vous êtes tous les deux des animaux ! » Nous voici dans une société qui feint d’ignorer quel sort attend le lapin, parce que le seul fait de vivre, croit-on, devrait suffire à affirmer un principe d’égalité en pratique sans cesse bafoué. En somme, nous nous rendons aveugles sur la vie ici-bas au nom d’un principe envisagé de trop haut.

Les mesures favorables à la laïcité sont vouées, telles qu’elles sont du moins présentées, à continuer de soutenir cette illusion d’égalité dans un monde qui multiplie de plus belle les motifs de relégation aux marges de la vie sociale. Sous le mince vernis de pareilles mesures tout en surface, cette société souffre d’un dangereux durcissement de ses artères sociales.

Oui à la laïcité. Mais si l’idée est d’affirmer l’égalité et la neutralité des individus au service de l’État, pourquoi s’en tenir à de frêles apparences, au point de contribuer à encore plus d’exclusions, tout en flattant de la sorte le populisme, en cajolant les pouvoirs de coercition, en endormant les revendications sociales ?

Le grand Tolstoï écrivait : « Je suis assis sur le dos de quelqu’un, je le fais suffoquer et je l’oblige à me porter ; pourtant, je m’assure moi-même et à d’autres que je suis désolé pour lui et que je désire soulager son sort par tous les moyens possibles — sauf de descendre de son dos. »

Source: L’obsession identitaire

Signes religieux: volte-face à Québec solidaire

Interesting:

Les militants de Québec solidaire ont rejeté par une écrasante majorité la position traditionnelle de leur parti sur le port de signes religieux, la recommandation du rapport Bouchard-Taylor. Ils ont voté pour s’opposer à toute interdiction, la même position que le Parti libéral du Québec.

À l’occasion du conseil national de leur parti, les quelque 300 délégués étaient appelés à reconsidérer la position sur les signes religieux. La direction de QS a donné le feu vert à la réouverture de ce débat après les élections du 1er octobre, à la suite de pressions exercées par des associations de circonscription.

Deux choix étaient offerts aux délégués : « l’option A » en faveur de la recommandation Bouchard-Taylor, celle de proscrire les signes religieux pour les agents de l’État ayant un pouvoir de coercition (policiers, gardiens de prison, procureurs de la Couronne et juges). QS défendait cette position depuis longtemps : Françoise David avait déposé un projet de loi en ce sens en 2013.

Mais une tendance claire se dessinait avant même l’assemblée plénière de samedi en faveur de « l’option B », selon laquelle « aucune règle particulière sur les signes religieux ne devrait s’appliquer à certaines professions plutôt qu’à d’autres, incluant celles qui exercent un pouvoir de coercition ».

Les délégués ont voté massivement en faveur de l’option B ce qui a déclenché un tonnerre d’applaudissements. L’assemblée plénière a été ouverte aux médias, contrairement au huis clos qui avait été voté lors du conseil national de décembre où le même sujet était sur le tapis.

Il y avait des militants en faveur d’une « option C » : interdire le port de signes religieux à tout employé de l’État en contact avec les citoyens. Ils ont accusé le parti de les avoir marginalisés, d’avoir orienté les discussions en refusant de soumettre leur option au conseil national.

La direction du parti a jugé que leur demande n’était pas recevable, en contradiction avec le programme. « On nous a nui, on ne nous a pas laissé parler trop librement », a soutenu Richard Aubert, du « collectif laïcité ». Que le parti ait accepté de présenter une candidate voilée, Eve Torres, aux élections du 1er octobre, une première au Québec, « ça me pose problème », a-t-il affirmé. « Ça me dérange qu’au niveau du Canada  un parti pour lequel je voterais au niveau du fédéral c’est un sikh qui le dirige, le NPD », a-t-il ajouté.

Fourth time’s the charm for secularism in Quebec? Not likely

Expect that there will continue to be extensive media coverage and commentary over the coming months:

For the better part of two decades, an emotional debate has raged in Quebec about the compatibility of religious symbols with the province’s modern secular identity.

Premier François Legault seems to think his government can settle the matter in the next few months.

On Thursday, his became the fourth consecutive government to draft comprehensive legislation attempting to regulate what accommodations should be made for religious minorities.

Of the three previous attempts, two died on the order sheet and the third was gutted by an injunction that questioned its constitutionality.

Each seemed to be accompanied by arguments more rancorous than the last. Will this time be different?

Bill 21 sets narrow limits on when accommodations can be considered (as did attempt No. 1). It bars a host of authority figures, including public school teachers, from wearing religious symbols, which had been a feature of the Parti Québécois’s Charter of Values (attempt No. 2).

And it takes up the most controversial provision of attempt No. 3, insisting that government services be given and received without one’s face being covered.

By mixing and matching these elements, Legault is wagering enough Quebecers will be satisfied and move onto bigger and better things.

“I would like that we turn the page and talk about health care, education, economy. I would like that it be settled for the summer,” Legault said after the bill was tabled.

While he may get his wish of seeing it pass before the summer recess — his party has a sizeable majority — there are a number of reasons to think we haven’t yet heard the last of the debate over reasonable accommodation of religious and cultural beliefs.

Overcoming suspicions

The first of these reasons may be the least apparent.

Bill 21 invokes the notwithstanding clause of the Charter of Rights and Freedoms. If passed, the bill would be effectively safeguarded from court challenges that claim it violates basic rights, such as freedom of religion, contained elsewhere in the charter.

The government wants to be able to pass the law, and not worry about it being overturned for at least five years, when the invocation of the notwithstanding clause would have to be renewed.

But foreclosing the option of a legal challenge isn’t likely to quell the widespread concern the bill has already raised. It might, in fact, do the contrary, channeling concern and anger into more public forums: op-eds, TV panels, call-in shows and the street.

There is, moreover, deep-seated suspicion among many groups about whether the government is sincerely weighing competing interests, or simply sacrificing minority rights for the sake of the majority.

The bill’s stated aim is to enshrine the principles of secularism in Quebec law, and in doing so, protect the fabric of a francophone society in a globalizing and largely anglophone world.

But just like past attempts at legislating religious accommodations, this one deals extensively with what people wear, and the clothing of one group in particular is singled out: Muslim women.

It is Muslim women who wear face coverings for religious reasons, and so it is they who will have to unveil when accessing basic public services, such as taking out a library book.

“It’s a discriminatory law,” Gabrielle Bouchard, president of Quebec Women’s Federation said Thursday. “We’re doing that on the back of minority women, basically telling them ‘stay home, we don’t want to see you.'”

Bouchard, in other words, is giving voice to the concern that the government isn’t sensitive to the anxieties of minority groups in the province.

This is a government, after all, whose minister of women, Isabelle Charest, has now twice said she believes the hijab is a symbol of “oppression,” never mind why Muslim women say they wear the headscarf.

And this is a government led by a man who says Islamophobia isn’t a systemic problem in Quebec, again despite what Muslim groups and anti-racism activists have tried to demonstrate.

Balancing the equation

When Gerard Bouchard, a sociologist, and Charles Taylor, a philosopher, teamed up in 2007 to investigate Quebec’s reasonable accommodation crisis, they came to two broad conclusions.

The first: that the crisis was largely a product of widespread misperceptions about how institutions and religious minorities actually adapt to each other.

Unlike what is portrayed in the media, solutions are usually found easily enough, and don’t require litigation, or arbitration, just a bit of informal dialogue.

The second conclusion suggested the sense of an impasse was driven by parallel sets of anxieties: Francophones, on the one hand, worried about the future of their language, and cultural minorities on the other hand, wondered constantly about their own place in Quebecois society.

“The conjunction of these two anxieties is obviously not likely to foster integration in a spirit of equality and reciprocity,” their report reads.

Bill 21, like its predecessors, addresses the first problem, but has nothing to say about the second.

The (still) untested hypothesis of the Bouchard-Taylor report is that until the Quebec government is willing to balance that equation, we’ll be debating reasonable accommodation for some time to come.

Source: Fourth time’s the charm for secularism in Quebec? Not likely

How it will play out in Montreal, where most immigrants and visible minorities live, will be important:

« Très préoccupée » par le projet de Loi sur la laïcité, la mairesse Valérie Plante estime que le gouvernement du Québec « s’engage sur une pente glissante en contournant les Chartes des droits et libertés ». Saluant certains assouplissements introduits, elle demande à Québec de laisser au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de décider lui-même du port des signes religieux chez ses agents.

La mairesse de Montréal a réagi cet après-midi au dépôt du projet de Loi sur la laïcité. Elle a émis plusieurs réserves, estimant qu’il nuirait à l’intégration des immigrants en limitant leur capacité à décrocher certains emplois. « Pour moi, l’intégration des nouveaux arrivants passe d’abord et avant par l’accès à un emploi. Avoir un emploi, c’est plus qu’avoir un salaire, c’est une façon de se connecter aux valeurs et à la langue de la communauté d’accueil », a-t-elle dit.

Dans son allocution, elle s’est dite « très préoccupée par le fait que le gouvernement s’engage sur cette pente glissante et contourne certains principes fondamentaux des Chartes québécoise et canadienne des droits et libertés ». La mairesse estime que le port des signes religieux par certains employés ne remet pas en question la laïcité des institutions publiques.

Valérie Plante s’est dite déçue de voir Québec passer outre l’autonomie des Villes avec son projet de Loi. Elle s’est toutefois réjouie que les assouplissements introduits limitent l’impact sur les 28  000 employés de la Ville. « Le projet de Loi actuel offre plus de latitude, est plus connecté sur nos orientations, à savoir que les Montréalais peuvent recevoir les services peu importe ce qu’ils portent. De la même manière, des employés pourront continuer à travailler, peu importe ce qu’ils portent. »

La mairesse déplore toutefois que les règles affectent le SPVM. Elle aurait préféré que celui-ci puisse décider lui-même du port des signes religieux chez ses agents. Pour elle, il importe qu’un corps policier soit « représentatif de sa population. Plusieurs corps ont intégré les signes religieux à leur uniforme et cela n’atteint en rien les services rendus ou la sécurité des policiers et des gens qu’ils servent », a-t-elle plaidé.

Malgré ses réserves, Valérie Plante a salué certains assouplissements, notamment sur la question de l’offre de services à visage découvert. Elle a par ailleurs salué la décision de retirer le crucifix du Salon bleu à l’Assemblée nationale, à l’instar de l’hôtel de ville.

Surtout, la mairesse espère que le débat sur la laïcité sera posé. « Je lance un appel au calme. Ce n’est pas par des insultes sur les réseaux sociaux que nous ferons avancer ce débat. »

Source: Laïcité: Québec s’engage sur une pente glissante, déplore Plante

 

As Quebec tables religious symbol ban, the rest of Canada should stay zen

Bit of an odd piece by Konrad Yakabuski. Yes, all debates have nuances, yes, historical contexts are important, but Bill 62 is problematic on so many counts.

The other aspect I have always found interesting is just how much of a colony Canada appears to be when it imports these debates from Europe, whether critiques of multiculturalism without acknowledging Canada’s aims at integration and participation of much of the language around laicité from France:

The most popular movie in France this year is a comedy about a Roman Catholic couple with four daughters, each of whom marries a member of a religious or racial minority. When the daughters announce they and their husbands are leaving France – for Algeria, Israel, China and India – their parents wonder if they are being punished by God.

The film’s French title, Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu?, roughly means: What did we do to deserve this? It is the top-grossing film of 2019 in France, drawing twice as many moviegoers as any Hollywood movie. It has also been doing a brisk box office in Quebec, and sparking plenty of discussion about the state of la mère patrie, as France is known.

The film’s success may lie in the fact that it allows members of the white Catholic French majority to laugh at the prejudices they hold toward newcomers, rather than feeling ashamed of them. The French aren’t racist. They’re just nostalgic for a simpler time when they didn’t have to deal with interracial marriage, Muslim rites or Afghan refugees. But once they get used to them, they’ll come around and everyone will get along famously. Cue the happy ending.

Of course, that day hasn’t yet arrived in France. The country remains deeply divided over how to integrate its fast-growing Muslim population, which continues to feel excluded from mainstream French society. Anti-Semitism has been rising again, prompting thousands of French Jews to leave their country, mostly for Israel, the United States and Canada.

To an outsider, it may seem obvious that the French approach to solving the challenges raised by multiculturalism has been a failure. Instead of fostering integration or promoting what the French call le vivre ensemble (“living together”), bans on the Islamic headscarf in public schools and the burka in public spaces have only served to further stigmatize Muslims.

Yet, I have spent enough time in France to know that plenty of its leading thinkers, few of whom could be accused of racism, support such bans in the name of state secularism. No one, much less any foreigner, is going to persuade them otherwise. Even French President Emmanuel Macron, who is undeniably progressive on most issues involving immigration and multiculturalism, would not dream of repealing these measures.

For better or worse, the French approach to secularism has coloured the political debate over religious accommodation in Quebec. As in France, many Quebec intellectuals believe that any society that declares secularism to be a fundamental value must prohibit religious symbols in public institutions. For many, freedom from religion is as important as freedom of religion.

So, while many commentators in English Canada depict Quebec’s seemingly endless debate over religious accommodation as the work of opportunistic politicians seeking to exploit the cultural insecurities of some francophone Quebeckers, such characterizations fail to capture the complexity of the debate and only contribute to a polarization of opinions on the matter.

Make no mistake, as Premier François Legault’s Coalition Avenir Québec government prepares to table legislation to ban state employees in a position of authority (including teachers) from wearing ostentatious religious symbols, politics is its principal motivation. The CAQ’s conservative and nationalist base is not concerned so much about secularism – it supports maintaining the crucifix in the legislature – as it is with the impact Muslim newcomers are having on the face and customs of their province. Mr. Legault campaigned on a promise to do something about it, even if it means going down the dangerous path of trampling on individual rights in the name of a white francophone majority that seeks to assert its supposed collective right to live in a secularist society.

The CAQ government may be making a fateful mistake by proceeding with a discriminatory and patently unconstitutional legislation. At the very least, it is displaying crass insensitivity in tabling its religious-symbol ban in the wake of the massacre of 50 Muslims at mosques in New Zealand, which revived the pain of the 2017 Quebec City mosque shooting.

Yet, those outside the province should refrain from making blanket statements or condemnations. The debate within Quebec is far more nuanced than the rest of Canada seems to understand. Charging racism is the lazy way to go. It perpetuates a situation that only serves the interests of those who like to stir up polemics, rather than foster reconciliation.

As jurist Rim Gtari and sociology professor Rachad Antonius wrote this week in Le Devoir, invoking the recent conviction of an Iranian lawyer who defended women who went veil-less in public: “One cannot reduce the hijab to a simple piece of cloth, the wearing of which is a sign of piety and its interdiction a sign of racism. The historical context removes this restriction from the domain of the violation of rights or from the logic of stereotypes tied to racism.”

Source: As Quebec tables religious symbol ban, the rest of Canada should stay zen

Laïcité: des organisations juives sonnent l’alarme

A reminder that it is not just Muslims that will be affected by Bill 62:

Interdire à certains fonctionnaires de porter la kippa ou d’exhiber une étoile de David représenterait une grave atteinte aux droits garantis par les chartes et serait contesté devant les tribunaux, préviennent d’importantes organisations juives.

B’nai Brith et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CCJI) s’inquiètent du dépôt imminent par le gouvernement Legault du projet de loi sur la laïcité.

Selon La Presse et Radio-Canada, Québec va interdire le port de signes religieux aux fonctionnaires en position d’autorité, y compris les enseignants, les directions d’école et ceux qui portent une arme.

« Ce qu’on entend du projet de loi est contraire aux valeurs canadiennes et québécoises. La CAQ doit éviter la pente glissante qui consiste à réduire les droits fondamentaux », prévient Harvey Levine, directeur du bureau québécois de B’nai Brith.

Le débat public sur les signes religieux au travail s’est surtout centré sur le hidjab. Mais les organismes juifs canadiens rappellent que la kippa serait aussi visée, tout comme le turban sikh ou la croix chrétienne.

« Il s’agit selon nous d’une menace pour les libertés religieuses des juifs, des musulmans, des sikhs, et tous les autres groupes religieux visibles dans cette province », indique M. Levine.

La laïcité de l’État peut être atteinte sans que l’on s’attaque aux droits religieux, estime le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

« Bien qu’il existe un fort sentiment en faveur de la réaffirmation de la laïcité au Québec, notre communauté estime que la laïcité de l’État est un devoir institutionnel et non personnel. L’attachement à la laïcité ne repose pas sur l’apparence des individus », indique Reuben Poupko, coprésident du CIJA-Québec.

Pour le chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal, qui porte la kippa, l’idée d’interdire les signes religieux à certains fonctionnaires est basée sur une mauvaise prémisse : celle selon laquelle un employé de l’État qui porte un signe religieux ne peut être neutre.

« Il est difficile pour moi de croire qu’en 2019, on remette en question les motivations des gens selon leur manière de s’habiller, a récemment écrit Lionel Perez dans Montreal Gazette. Retirer les signes religieux n’éradique en rien les préjugés. »

Jusque devant l’ONU

Le B’nai Brith et le CIJA craignent que le projet de loi sur la laïcité n’enfreigne des droits garantis par les chartes. La Charte canadienne des droits et libertés protège certaines libertés fondamentales, parmi lesquelles les libertés de religion et d’expression.

Le premier ministre François Legault se dit prêt à utiliser la disposition de dérogation (communément appelée clause nonobstant) pour soustraire sa future loi aux tribunaux. Pour lui, il s’agit de « protéger notre identité ».

Selon l’avocat montréalais Julius Grey, la disposition de dérogation ne peut toutefois protéger le Québec et le Canada contre un camouflet devant le Comité des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU).

« Si le gouvernement espère éviter le débat judiciaire en invoquant la clause nonobstant, il doit se rappeler qu’il existe un forum international où ce genre de chose peut être débattu », souligne Me Grey.

« Il est téméraire de préjuger de ce qui sera dans le projet de loi, dit-il. Mais il me semble que la confrontation judiciaire est plus ou moins inévitable. »

Ce comité de l’ONU a par exemple épinglé la France à au moins deux reprises sur la question des signes religieux. Dans un cas, l’ONU a donné raison à une employée d’une garderie congédiée car elle portait le voile islamique. Les décisions de ce comité ne sont toutefois pas contraignantes.

« Bien sûr, la décision du Comité des droits de l’homme des Nations unies n’est pas contraignante comme le jugement d’une cour québécoise ou de la Cour suprême », explique Julius Grey.

« Mais je vois mal comment le Québec, malgré un jugement de cette nature, justifierait de maintenir sa position. »

Source: Laïcité: des organisations juives sonnent l’alarme