Quebec: Des points de vue divergents sur la laïcité de l’État

Some initial commentary before the start of Quebec’s hearings on Bill 62, which bans face covering (i.e., niqab, burka)in the delivery and reception of public services:

Des points de vue opposés se feront entendre lors des consultations qui s’amorcent mardi en commission parlementaire sur le projet de loi 62 favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’encadrements religieux dans certains organismes, réponse du gouvernement Couillard au projet péquiste de charte de la laïcité.

« C’est un débat qui divise mais qui fait avancer, comme les débats sur l’avortement, sur la peine de mort ou sur l’aide médicale à mourir », a souligné la juriste Julie Latour, qui comparaîtra en commission parlementaire au nom du regroupement Juristes pour la laïcité et la neutralité religieuse de l’État.

La Commission des institutions a prévu neuf jours d’audiences cet automne au cours desquelles 42 groupes et individus seront entendus, un nombre qui est appelé à augmenter puisque l’horaire prévoit des ajouts.

C’est la quatrième fois que le gouvernement québécois tente de faire adopter un projet de loi pour préciser la neutralité religieuse de l’État et définir des balises pour l’octroi d’accommodements raisonnables dans le secteur public et parapublic. Les deux projets de loi précédents, 63 et 94, présentés par le gouvernement Charest ont été abandonnés tandis que la défaite du Parti québécois en 2014 a clos l’épisode du projet de loi 60 sur la charte « affirmant les valeurs de laïcité » défendu par le gouvernement Marois.

À l’entrée du Conseil des ministres mercredi dernier, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, qui pilote le projet de loi 62 a indiqué que le gouvernement avait en main « des avis juridiques solides » à l’appui de cette nouvelle tentative législative. Elle a dit souhaiter que le nouveau chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, reste fidèle aux propos qu’il a tenus lors de la course à la chefferie : le candidat jugeait que le projet de loi était un pas en avant et qu’il fallait l’adopter.

Pour Louis-Philippe Lampron, professeur de droit à l’Université Laval, le projet de loi 62 consiste pour l’essentiel en « une redite » du projet de loi 94 présenté en 2010. « C’est essentiellement une codification du droit canadien actuel sur la neutralité religieuse de l’État », estime-t-il. À cela s’ajoute la même disposition que dans le projet de loi 94 sur l’obligation d’avoir le visage découvert pour fournir ou recevoir des services de l’État, que ce soit dans les écoles, dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies subventionnées, dans le réseau de la santé et pour les autres services publics. Un accommodement à ce sujet devra être refusé pour « des motifs portant sur la sécurité, l’identification ou le niveau de communication requis ». Mentionnons qu’il n’est aucunement question de signes religieux.
Au moment des consultations sur le projet de loi 94, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) avait exprimé un « malaise » relativement à cette interdiction qui portait, sans le dire, sur des signes religieux. « On peut même dire que ça vise explicitement un symbole religieux d’une religion [l’islam] », a fait observer Louis-Philippe Lampron. « Il y a des raisons de croire que ça pourrait être contesté. » Ou que l’interdiction ne s’applique pas en raison de l’octroi d’accommodements.
Pour sa part, Me Julius Grey, bien qu’il s’oppose au multiculturalisme et qu’il soit en faveur de la laïcité, est contre l’interdiction des signes religieux, sauf pour les agents de l’État qui détiennent un pouvoir de coercition (juges, policiers, agents correctionnels, etc.), comme le recommandait la commission Bouchard-Taylor. Il trouve inconcevable qu’on puisse priver quelqu’un de soins médicaux, quelles que soient les circonstances.
Pour Julie Latour, le projet de loi 62 est « un jalon ». À ses yeux, il manque à la neutralité religieuse de l’État et à la laïcité un socle juridique qui passe par l’enchâssement de leur principe dans la Charte des droits et libertés de la personne.

Source: Des points de vue divergents sur la laïcité de l’État | Le Devoir

Some of the notable absences from the hearings:

Faux départ pour la commission parlementaire sur le projet de loi 62 concernant la neutralité religieuse de l’État. Une vingtaine de groupes et d’experts que les députés voulaient entendre ont décliné l’invitation. Et pas les moindres : notamment Gérard Bouchard et Charles Taylor, qui ont présidé la commission sur les accommodements religieux.

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, y voit malgré tout une bonne nouvelle. Le refus de tous ces groupes «envoie un signal qu’ils sont confortables avec la version présentée par le gouvernement, ce qui n’était pas le cas» pour le projet de charte des valeurs du Parti québécois, a soutenu sa porte-parole, Isabelle Marier St-Onge.

Or, en entrevue à La Presse, Gérard Bouchard a assuré qu’il n’a pas changé d’avis sur le port de signes religieux, une position qui va plus loin que ce que propose Mme Vallée. Comme on peut le lire dans le rapport de la commission qu’il a coprésidée, il recommande d’interdire ces signes chez les agents de l’État dotés d’un pouvoir de coercition (policiers, gardiens de prison, procureurs de la Couronne et juges). Le projet de loi 62 précise seulement que les services publics doivent être donnés et reçus à «visage découver», une mesure qui cible le voile intégral.

«Mes idées sur la laïcité sont bien connues, et je m’en tiens toujours aux propositions que nous avons émises il y a huit ans. Je n’aurais que répété ce qui est écrit dans le rapport pour l’opposer à ce qui peut être écrit dans le projet de loi. Je ne voyais pas mon utilité, parce que je n’ai rien à ajouter», affirme M. Bouchard.

 Horaire modifié

L’horaire des auditions, qui débutent mardi à Québec, a été revu à la toute dernière minute en raison des multiples refus de témoigner. Ce cafouillage est d’autant plus étonnant que le projet de loi 62 a été déposé par Mme Vallée il y a longtemps, en juin 2015.

Une vingtaine de groupes refusent de discuter de neutralité religieuse

And English language coverage in the Globe:

The new legislation, “An Act to foster adherence to State religious neutrality and, in particular, to provide a framework for religious accommodation requests in certain bodies,” tabled by the Liberals last year, would make it illegal to give or receive government services if a person’s face is covered. Since no Quebec public employees mask their faces, according to the government, the bill would effectively target Muslim women who wear the niqab or burka.

 Justice Minister Stéphanie Vallée said when introducing the legislation that it was required “for security, identification and communication purposes.”

She has been unable to say how many women wear face veils in the province.

Bill 62 is the latest iteration of Quebec’s efforts to impose official secularism in the public domain (though the new legislation would allow the crucifix over the speaker’s chair in the National Assembly to remain in place).

The bill is seen as a more moderate version of the former Parti Québécois government’s derided “charter of values,” which had set out to ban turbans, kippas, head scarves and other religious displays among Quebec’s civil servants. The bill is believed to have contributed to the PQ’s defeat at the polls in 2014.

The Liberals’ bill would allow for religious accommodations as long as they fit certain sets of guidelines, such as being “consistent” with the equality of men and women.

Still, some groups question the need for the law and say it unfairly targets minority women, who could be excluded from accessing public services.

“How necessary is all of this?” Amira Elghawaby of the National Council of Canadian Muslims said. “How many women might actually be wearing the face veil in Quebec? I doubt that it’s a huge critical mass.” She said that re-opening the issue creates a “malaise.”

“There should really be no suspension of people’s human rights based on popular sentiment toward a religious practice,” Ms. Elghawaby said.

 Hearings to begin on proposed Quebec law targeting veiled women 

Gérard Bouchard désapprouve Lisée à la direction du PQ

Always interesting to follow Bouchard’s commentary and views:

L’auteur et sociologue Gérard Bouchard n’a pas souvent pris position dans l’arène partisane. Mais la candidature d’un fils du Saguenay l’a décidé à sortir de l’ombre. Il avait connu M. Cloutier lors de la course remportée par Pierre Karl Péladeau. Le député péquiste a sollicité l’avis de M. Bouchard sur plusieurs questions – l’immigration, la diversité ethnoculturelle, la laïcité.

En matière de laïcité, M. Cloutier « est assez aligné » sur la proposition du rapport Bouchard-Taylor, qui interdit le port de signes religieux aux seules personnes qui ont un pouvoir de « coercition » sur les citoyens, soit les policiers, les juges, les gardiens de prison. Le président de l’Assemblée nationale ne devrait pas davantage afficher sa foi.

M. Cloutier garde ses cartes sur la question nationale et n’entend dire que six mois avant les prochaines élections s’il y aura un référendum dans un premier mandat péquiste. « C’est l’os qui guette tous les candidats. Le fait qu’il ait décidé d’attendre un peu avant de faire connaître sa position est un signe de prudence, qui ne me gêne pas. La politique change rapidement, les candidats n’ont pas à mettre leurs cartes sur la table tout de suite », estime M. Bouchard.

« Il est temps que le PQ se relève et retrouve la voie qui a toujours été la sienne avec M. Lévesque, M. Parizeau, avec mon frère [Lucien Bouchard] et M. Landry. Le nationalisme du PQ était libéral, progressiste et respectueux des droits. Le PQ était l’exemple en Occident d’un mariage rare entre le nationalisme et le libéralisme. Les Catalans, les Écossais nous disaient que le Québec était un exemple. Ils ne le disent plus depuis deux ans [depuis la charte de Bernard Drainville] », affirme M. Bouchard.

Il est évident « qu’il faut repenser la souveraineté, que ce discours doit être réécrit. Il y a un besoin évident de relève, et je pense qu’Alexandre Cloutier incarne cette relève », souligne aussi M. Bouchard.

LISÉE « INCARNE LA CONTINUITÉ »

Inversement, selon Gérard Bouchard, Jean-François Lisée « incarne plus la continuité que la relève. Il a été au front pendant longtemps ». Le PQ a besoin d’un élan que seul un nouveau visage peut donner, selon lui. Les chefs précédents n’étaient pas des néophytes, mais « la situation du PQ actuellement est complètement différente, son élan est cassé. Pour les jeunes, on ne peut parler de désaffection, mais leur adhésion au PQ n’est plus la même qu’il y a quelques années ».

Pour M. Bouchard, la position de Jean-François Lisée en matière de port de signes religieux ne passerait pas le test des tribunaux. Sa position « ressemble étrangement à la charte des valeurs. Les institutions publiques ou parapubliques auraient à décider de l’utilisation dans leurs lieux de signes religieux ». M. Lisée maintient la clause grand-père, ceux qui sont déjà employés ne seraient pas touchés, mais ceux qui veulent être embauchés seraient écartés.

Source: Gérard Bouchard désapprouve Lisée à la direction du PQ | Denis Lessard | Politique québécoise

Canada-Québec: le grand rendez-vous manqué | Bouchard

I have the greatest respect for Prof Bouchard, and the work we [the Multiculturalism Division within CIC] did with him in 2010-11 to capture the nuances between multiculturalism and interculturalism was among the most interesting work we did (for the summary charts see: Table 9: Diversity ParadigmsTable 10: Multiculturalism/ Interculturalisme Comparison).

Where I would disagree with him is that Canada has not accommodated Quebec (it has, but not to the extent that he and others may like, two examples being the Quebec Pension Plan and the Cullen-Couture Immigration agreement). He also implies more opposition between interculturalism and multiculturalism than is warranted, although he recognized that the explicit emphasis on integration by Minister Kenney made differences smaller.

Others in Quebec have been much less nuanced, portraying multiculturalism in Canada as ‘anything goes relativism’ while ignoring that it is within the Canadian constitutional and legal framework (including the primacy of official language rights), and was always within a context of  fostering integration, participation and equality:

Ce qui différencie l’interculturalisme québécois du multiculturalisme canadien, c’est entre autres le fait que, ici, la majorité francophone se perçoit comme une minorité menacée à l’échelle de l’Amérique du Nord — ce qui n’est évidemment pas le cas pour la majorité anglophone du Canada. « Mais s’il y a une majorité au Québec, il y a aussi des minorités, ajoute Gérard Bouchard. En conséquence, le rapport majorité/minorités est fondamental dans la vie interculturelle québécoise. »

« Un Québécois francophone d’aujourd’hui, c’est d’abord quelqu’un qui s’identifie à son groupe francophone parce qu’il a des aspirations communes, qu’il a aussi des craintes et des inquiétudes et qu’il a une volonté d’agir pour surmonter ces problèmes, résume-t-il. Et tout cela se manifeste à tout moment. »

Selon Gérard Bouchard, c’est d’ailleurs ce qu’on a vu se manifester au moment de la crise des accommodements et de la commission qu’il a coprésidée. « Une très vive inquiétude est apparue au sein de la majorité francophone à cause de la perception négative qu’elle a développée des immigrants et des minorités », observe-t-il. Même chose lors du débat sur la Charte de la laïcité : « Il y a deux ans, on a vu encore la majorité se manifester, dit-il, et les minorités descendre alors dans la rue pour protester contre la majorité ! On se trouve donc toujours au coeur de ce rapport majorité/minorités ! »

Si, dans les années 1960, le Canada avait accepté la notion des deux nations fondatrices, voilà qui aurait changé l’histoire, estime Gérard Bouchard, « puisque nous nous serions alors sentis en sécurité sur notre territoire. Ça, ça a été un grand rendez-vous manqué de la part du Canada anglais ». En fait, nuance-t-il, c’est avant tout un rendez-vous manqué de notre point de vue, car, du côté du Canada anglais, ce ne l’est pas. « Ce ne l’est pas, déclare M. Bouchard, puisque pour eux tout est très bien ainsi. En effet, jusqu’à maintenant, le Canada a su survivre et a évité la rupture en prenant certaines mesures pour dénouer les petites crises et en gérant intelligemment et prudemment les choses… Et les Canadiens anglais savent y faire, lance-t-il, puisque ça fait longtemps qu’ils composent avec le problème francophone. »

Et M. Bouchard est formel : « Jamais le Canada anglais n’acceptera d’accommoder le Québec et jamais il ne répondra aux demandes du Québec ! Les Canadiens anglais prennent simplement des mesures d’atermoiement pour que les choses n’éclatent pas… et on ne peut pas dire qu’ils ne réussissent pas bien puisque… regardez où nous en sommes aujourd’hui ! »

Source: Canada-Québec: le grand rendez-vous manqué | Le Devoir

ICYMI: Lutte au terrorisme: Québec doit agir et rassurer les gens, dit Gérard Bouchard

Gérard Bouchard on radicalization and security, and advocating for stronger anti-hate speech laws:

«Je pense que c’est important qu’il agisse maintenant, ne serait-ce que pour rassurer la population. La population est inquiète et elle a de bonnes raisons de l’être», a commenté l’historien et sociologue de l’Université du Québec à Chicoutimi.

M. Bouchard était de passage à Québec avec l’autre coprésident de la Commission, Charles Taylor, pour formuler des recommandations à la commission parlementaire qui se penche sur la future politique à adopter en matière d’immigration.

Il a convenu que l’équilibre à trouver entre l’adoption de mesures musclées de prévention d’actes terroristes et le respect des droits individuels, tels que définis dans la charte québécoise des droits et libertés, s’annonçait pour être un exercice complexe et difficile pour le gouvernement.

«Quelles sont les mesures qu’on va mettre en oeuvre, qui respectent le droit, qui sont conformes à notre charte, et qui, en même temps, vont être suffisantes pour repousser la menace terroriste? Ce ne sera pas facile», a-t-il conclu.

Parmi les instruments envisagés, il se montre ouvert à l’idée d’amender la charte pour préciser l’interdiction de tenir des propos haineux au Québec.

«Le discours contre la haine pourrait être plus explicite, à son avis. On pourrait être plus affirmatif, en termes juridiques.»

Lutte au terrorisme: Québec doit agir et rassurer les gens, dit Gérard Bouchard | Jocelyne Richer | National.

L’intégrisme est un choix personnel, juge le premier ministre | Le Devoir

Sensible voices in Quebec:

Philippe Couillard n’a aucune intention de limiter le droit des intégristes de pratiquer une version radicale de leur religion, un choix personnel, selon lui, dans la mesure où ils respectent la loi.

« L’intégrisme, c’est une pratique religieuse poussée à l’extrême qui, tant qu’elle n’enfreint pas les droits des autres — des autres, exemple, les femmes —, bien sûr fait partie des choix personnels de chacun », a déclaré lundi Philippe Couillard, avant de participer au caucus présessionnel de ses députés.

Il ne faut pas confondre intégrisme et terrorisme. « Il y a beaucoup d’amalgames qui sont faits sur des concepts qui sont très distincts », a soutenu le premier ministre. Le terrorisme est « l’expression des extrémismes de tout type, bien sûr celui de l’islam radical, mais il y a d’autres extrémismes sur la planète. Mais celui-là est bien sûr celui dont on est préoccupé. »

Les propos de Philippe Couillard rejoignent ceux qu’a exprimés dans La Presse samedi Gérard Bouchard. « Il y a manifestement un lien entre intégrisme et terrorisme, mais l’un ne conduit pas nécessairement à l’autre. D’où la question : la prévention de la radicalisation religieuse conduira-t-elle à surveiller tous les intégristes et à restreindre leurs droits ? Ce serait inadmissible », juge l’historien et sociologue.

L’intégrisme est un choix personnel, juge le premier ministre | Le Devoir.

Tolérance ou laïcité | Rioux

Christian Rioux of Le Devoir continues his critique of the more open attitudes of Gérard Bouchard and Charles Taylor, and Rioux reiterates his support for a strict form of laïcité:

Au lieu d’instaurer un espace public qui ignore les croyances et proclame non seulement la liberté religieuse, mais de conscience, dans ce type de régime — que l’on pourrait appeler « de tolérance » —, les religions ont progressivement appris à cohabiter. Cette tradition a toujours été dominante au Canada depuis l’Acte de Québec (1774) qui a supprimé l’obligation faite aux catholiques d’abjurer pour obtenir un emploi de l’État. Ici, ce n’est pas le peuple souverain qui instaure un espace laïque où les citoyens sont égaux, mais les religions qui négocient la paix sociale avec le prince. C’est dans cette tradition que s’inscrivent les organisations musulmanes et antiracistes qui réclament aujourd’hui l’interdiction de blasphémer.

Implicitement, c’est aussi dans cette tradition, et non dans celle de la laïcité, que se placent des intellectuels comme Gérard Bouchard et Charles Taylor, pour qui la laïcité se négocie en partie à la pièce. En érigeant en dogme le régime des « accommodements », ils prolongeaient la vieille tradition des « moyenneurs », comme on disait au XVIe siècle, qui pour rétablir la concorde acceptaient de négocier la place des religions minoritaires dans l’espace public. Outre le fait que ce régime exclut évidemment les athées, il accorde aux religions un statut particulier, d’ailleurs reflété par la Constitution canadienne. Contrairement aux autres formes d’idéologies, les religions sont en effet les seules autorisées à négocier de tels aménagements. On n’imagine pas les marxistes réclamer le droit de ne pas insulter Marx.

Tolérance ou laïcité | Le Devoir.

PQ’s lack of legal advice on secular charter puts ex-minister on defensive – The Globe and Mail

Fully appropriate comment on Bernard Drainville and the PQ:

The latest volley against him came from Gérard Bouchard, the historian and sociologist who co-chaired a public inquiry into issues of reasonable accommodation.

“We now know the sinister role played by the Marois-Drainville tandem,” Mr. Bouchard wrote in a letter published in La Presse Tuesday.

He said the charter was a project where “imbecility (let’s call it by its name) was competing with dishonesty.”

Mr. Bouchard also called on Mr. Drainville to resign from his legislature seat. “For more than a year, he repeatedly made incendiary and deceitful remarks to pit the majority of Quebeckers against minorities and immigrants.”

PQ’s lack of legal advice on secular charter puts ex-minister on defensive – The Globe and Mail.

Excerpt from Bouchard letter here:

On sait le rôle plutôt sinistre qu’y a joué le tandem Marois-Drainville. Il a été largement commenté et, avec raison, fortement condamné. Il faut aller plus loin. Il y a un grand ménage à faire dans le parti. Tous ceux qui l’ont conduit sur la voie de l’intolérance, de l’hypocrisie et de l’amateurisme doivent s’en aller. Quant à ceux qui ont carrément versé dans la démagogie la plus effrontée soit en multipliant les mensonges à la population, soit en encourageant cette pratique par leur silence complaisant, on se demande s’ils se qualifient encore pour occuper une charge politique ou même une fonction publique.

Au-delà du tort causé au Parti québécois, ces manoeuvres duplessistes ont déçu bien des honnêtes gens. Elles ont discrédité, à leurs yeux, l’ensemble du politique.

Drainville doit démissionner

Requiem pour le projet de pays, Trudeau’s legacy

The deep kind of reflection that is needed by the PQ following their implosion Monday, from such independentistes like Gérard Bouchard, Louise Beaudoin, Jean Dorion etc:

Un « cul-de-sac ». Une « impasse ». Un tournant « inquiétant pour l’avenir ». Tel est le verdict formulé par le sociologue et historien Gérard Bouchard, qui multiplie les métaphores alarmistes pour décrire la situation dans laquelle le Parti québécois s’est lui-même empêtré. « Pour moi, qui ai toujours été un souverainiste et un péquiste, la première impression c’est que le PQ va devoir se reconstruire, et en profondeur, a-t-il confié au Devoir. Le problème, c’est de savoir comment. Il devient de plus en plus clair que son article premier, que cette option sur la souveraineté, a du plomb dans l’aile et pour un bout de temps. »

À moins d’un revirement majeur, avertit cet architecte des pratiques d’accommodements culturels et penseur de l’identité québécoise, le Parti québécois pourrait bien avoir joué son rôle historique, et être bientôt remplacé par la Coalition avenir Québec (CAQ).

Celui qui a dirigé avec le philosophe Charles Taylor la Commission sur les accommodements raisonnables (2007-2008) estime que l’article 1 du programme péquiste voue, à terme, ce parti à l’impasse. « Je ne vois pas comment ce parti pourrait abolir cet article, tout en demeurant le PQ. Comment pourrait-il se reconstituer et redevenir le parti qu’il était, c’est-à-dire un parti dominant, en tablant sur cette plateforme-là ? Donc, on semble dans un cul-de-sac. »

Quite a contrast to the denial of Drainville, Lisée, Peladeau.

Requiem pour le projet de pays | Le Devoir.

Good piece by Andrew Cohen, with appropriate nuance on the meaning of the Quebec election results:

The longer view, shared by Trudeau and others, was that time would change things. That Canada is a post-modern exemplar of accommodation and generosity, however imperfect and unfinished, and Quebecers would come to see it that way. That, with growing self-confidence, they would think less of “demands” and more of dividends.

But there should be no triumphalism in English Canada today. We should not think independence is dead and that we have finally put Quebec “in its place” — unless, as Trudeau used to say, its place is in Canada.

Instead, we should respect the decency, sensibility and practicality of Quebecers who may not love Canada and, psychologically, have already left it. At the same time, we should recognize that Quebec has come to terms with Canada, at least for now, and we will carry on, together, in our uneasy peace. This is the reality of our society.

Column: Pierre Trudeau was right about Quebec.

La démagogie au pouvoir | Gérard Bouchard

The strongest condemnation of the Quebec Charter of Values to date, by Gérard Bouchard. Says it all:

Pour ce qui est de la connaissance du terrain, on s’en remet aux perceptions courantes plutôt qu’aux études rigoureuses. En matière de suppression des droits, on s’appuie sur le précédent créé par trois ou quatre pays ou régions d’Europe en faisant abstraction de toutes les démocraties du monde qui ont choisi de respecter les libertés, y compris en Europe même. Et on évite soigneusement de parler des traités de droit internationaux auxquels le Québec est assujetti.

Il fallait que tout cela survienne dans le grand parti que fut celui de René Lévesque, si soucieux des droits et de la démocratie, si attaché à la transparence, et dont l’héritage a été fidèlement perpétué par des générations de politiciens et politiciennes, jusqu’à ce qu’il soit perverti par nos actuels dirigeants. C’est triste.

La démagogie au pouvoir | Gérard Bouchard | Votre opinion.

An illustration of demagoguery in action see this op-ed by Jean-François Lisée, Quebec minister for the Montreal area and for international affairs. As always, striking that the model referred to is always European, rather than North American, despite Europe largely failing at integration, and the usual caricature of multiculturalism:

Quebec’s Latest Stand

As well as a further illustration of the absence of evidence-based policy and program work, no studies on the potential impact on the education sector:

Charte: Québec ignore l’avis d’un comité du milieu de l’éducation

Le complot islamiste n’est pas une menace, dit Gérard Bouchard

A dose of reality from Gérard Bouchard:

Il n’y a pas à s’étonner, cependant, du malaise et de la peur qui accompagnent la présence de croyances religieuses. « La rencontre interculturelle interpelle toujours au fond de chacun ce qui s’y trouve de moins rationnel – ou de plus émotif -, à savoir : l’identité, les valeurs, les idéaux, les traditions […] », a-t-il dit.

Le complot islamiste n’est pas une menace, dit Gérard Bouchard | Le Devoir.