François Legault gonfle les chiffres sur les faux demandeurs d’asile

Quelle surprise:

Pour justifier ses politiques, le premier ministre François Legault a répété jeudi que la moitié des demandeurs d’asile réclamaient le statut de réfugié sous de faux motifs, alors que des données officielles récentes démontrent plutôt que de 22 % à 39 % des dossiers sont rejetés pour cette raison.

« On sait de façon historique que la moitié ne sont pas de vrais demandeurs d’asile », a dit M. Legault lors de la période de questions à l’Assemblée nationale.

Le premier ministre répondait alors à une question de la co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, sur le manque de ressources pour les itinérants. « Il y a plusieurs causes à la crise de l’itinérance qu’on vit actuellement », a-t-il répondu avant d’évoquer les problèmes de santé mentale, la crise du logement et l’afflux de demandeurs d’asile.

« On en a fait beaucoup, mais la demande explose », a-t-il dit, avant d’affirmer que « la moitié des demandeurs d’asile ne sont pas de vrais demandeurs d’asile ».

Plus prudent, son ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, avait soutenu en matinée que « de 40 % à 50 % […] ne sont pas de réels demandeurs d’asile »….

Source: François Legault gonfle les chiffres sur les faux demandeurs d’asile

To justify his policies, Prime Minister François Legault repeated on Thursday that half of asylum seekers were claiming refugee status on false grounds, while recent official data show rather that 22% to 39% of applications are rejected for this reason.

“We know historically that half are not real asylum seekers,” said Mr. Legault during the question period in the National Assembly.

The Prime Minister was then answering a question from Québec solidaire’s co-spokeswoman, Ruba Ghazal, on the lack of resources for itinerants. “There are several causes for the homelessness crisis we are currently experiencing,” he replied before mentioning mental health problems, the housing crisis and the influx of asylum seekers.

“We have done a lot, but demand is exploding,” he said, before saying that “half of asylum seekers are not real asylum seekers.”

More cautious, his Minister of Immigration, Jean-François Roberge, had maintained in the morning that “40% to 50% […] are not real asylum seekers”….

Le Devoir editorial: Dialogue de sourds [immigration]

Biting editorial that notes the substantive convergence despite the ongoing politicization:

Les gouvernements d’Ottawa et de Québec parlent tout à coup la même langue en matière d’immigration. Après des années de profonds désaccords, entre l’accueil pléthorique obstiné du fédéral et les inquiétudes québécoises ignorées, tous deux s’entendent désormais, sous la gouverne recadrée du premier ministre canadien Mark Carney, sur les objectifs à cibler et les correctifs à apporter. Une soudaine convergence qui n’a toutefois pas mis fin à leur dialogue de sourds entêté.

La présentation des cibles d’immigration fédérales dans le premier budget de Mark Carney aurait pu être rédigée par le gouvernement caquiste de François Legault lui-même. Le « nouveau gouvernement du Canada », comme il prend encore le soin de se qualifier près de sept mois après son élection, reconnaît que le système d’immigration fédéral « n’est plus viable ». Le rythme d’accueil des dernières années « a commencé à dépasser la capacité habituelle du Canada à absorber et soutenir les nouveaux arrivants ». « Nous reprenons le contrôle », annoncent les libéraux, afin de ramener les seuils « à des niveaux acceptables ». Un choix de mots qui aurait été perçu par ces mêmes libéraux, il y a à peine un an, comme un désaveu de leurs valeurs et de leur ADN.

Or, en cette nouvelle ère, au fédéral comme au Québec, cette réduction de l’accueil passe par les nouveaux immigrants temporaires, tandis que l’accueil d’immigrants économiques permanents et la pérennisation de résidents temporaires déjà sur place sont privilégiés.

Qu’importe cette nouvelle harmonie idéologique, la Coalition avenir Québec de François Legault n’allait tout de même pas renoncer à une énième salve à l’endroit d’Ottawa, surtout dans le contexte de ses déboires actuels. Le choix de Québec de retenir le scénario de réduction de son immigration le plus modéré fut donc imputé au toujours commode adversaire fédéral, au lieu qu’il reconnaisse franchement, comme cela avait été entendu en commission parlementaire, qu’une réduction radicale des niveaux d’immigration en deçà de la cible retenue de 45 000 admissions permanentes (par rapport à 61 000 cette année) aurait été malavisée dans le présent contexte économique.

Québec s’inquiète, à juste titre, du plafond de 10 % de travailleurs à bas salaire imposé par Ottawa à toutes les entreprises, y compris en région, et déplore le fait que sa demande de droit acquis hors Montréal ou Laval n’a toujours pas été acceptée. La ministre fédérale de l’Immigration, Lena Diab, brille certes par son absence, et le bureau de M. Carney s’illustre dans ce dossier par son indolence. En coulisses, la CAQ et Ottawa s’entendent pourtant sur l’urgence de protéger ces emplois et les entreprises qui en dépendent en région. Ce qu’il reste à ficeler, c’est la solution.

Or, reconnaître la complexité de la situation aurait été plus ardu et moins payant que de marquer des points politiquement. D’autant que la CAQ évite ainsi d’avoir à justifier que ses seuils d’immigration permanente ne bougent à peu près pas, au bout du compte — outre la réduction découlant de l’élimination du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) —, pour ne se chiffrer qu’à peine en dessous de la précédente cible de 50 000 admissions.

D’autres gouvernements, avant la CAQ, ont ciblé l’accueil d’immigrants permanents selon le secteur et la région d’emploi — comme le prévoit le Programme de sélection des travailleurs qualifiés se substituant au PEQ et désormais comptabilisé à même la cible annuelle. Le gouvernement Legault devra néanmoins dissiper les craintes de délais en contrepartie exacerbés.

L’arithmétique créative est par ailleurs la même du côté d’Ottawa, où la « stabilisation » de l’immigration permanente est en fait une augmentation camouflée. Le plafond de 380 000 nouveaux résidents permanents par année, de 2026 à 2028, est plus élevé que l’était la cible de 365 000 prévue pour 2027 par l’ancien premier ministre Justin Trudeau. Seuil d’accueil auquel Mark Carney ajoute de surcroît 148 000 résidents permanents sur deux ans, en offrant ce statut à 115 000 réfugiés et 33 000 travailleurs temporaires. De part et d’autre, chacun fait bien dire ce qu’il veut à ses tableaux de colonnes de chiffres.

Quant à l’immigration temporaire, Ottawa la sabre de presque moitié (370 000 admissions d’ici 2028), tandis que Québec, qui l’inclut enfin à sa planification pluriannuelle, annonce qu’il la retranchera quelque peu, de 13 % par rapport à 2024 (quoique cette cible de 175 000 admissions dans quatre ans ne soit en réalité inférieure que de près de 1000 par rapport à cette année). Là encore, Québec modère son resserrement non pas en avouant répondre ainsi aux gens d’affaires qui ne peuvent s’en passer, mais plutôt en prétextant une réduction fédérale réclamée à grands cris, mais jugée trop importante aujourd’hui.

La CAQ et les libéraux fédéraux 2.0 se rejoignent davantage que ne veulent l’admettre les troupes de François Legault. Il ne leur reste plus qu’à se parler pour mieux s’arrimer. Si tant est que, pour les caquistes, améliorer l’accueil en terre québécoise, et non pas leur propre sort, soit réellement ce qui leur tient le plus à cœur.

Source: Dialogue de sourds

The Ottawa and Quebec governments suddenly speak the same language when it comes to immigration. After years of profound disagreements, between the obstinate reception of the federal government and the ignored Quebec concerns, both now agree, under the guidance of Canadian Prime Minister Mark Carney, on the objectives to be targeted and the corrections to be made. A sudden convergence that, however, did not end their dialogue of deaf-stubborn.

The presentation of federal immigration targets in Mark Carney’s first budget could have been written by François Legault’s Caquist government itself. The “new government of Canada”, as it still takes care to qualify itself almost seven months after its election, recognizes that the federal immigration system “is no longer viable”. The pace of reception in recent years “has begun to exceed Canada’s usual ability to absorb and support newcomers”. “We are regaining control,” the Liberals announce, in order to reduce the thresholds “to acceptable levels”. A choice of words that would have been perceived by these same liberals, just a year ago, as a disavowal of their values and DNA.

However, in this new era, both in federal and Quebec, this reduction in reception goes through new temporary immigrants, while the reception of permanent economic immigrants and the perpetuation of temporary residents already on site are preferred.

No matter this new ideological harmony, François Legault’s Coalition avenir Québec was still not going to give up yet another salvo against Ottawa, especially in the context of its current setbacks. Quebec’s choice to retain the most moderate immigration reduction scenario was therefore attributed to the always convenient federal opponent, instead of frankly recognizing, as had been heard in the parliamentary committee, that a radical reduction in immigration levels below the target of 45,000 permanent admissions (compared to 61,000 this year) would have been misreceived in the current economic context.

Quebec is rightly concerned about the 10% ceiling for low-wage workers imposed by Ottawa on all businesses, including in the region, and deplores the fact that its application for rights acquired outside Montreal or Laval has still not been accepted. The Federal Minister of Immigration, Lena Diab, certainly shines with her absence, and the office of Mr. Carney is distinguished in this file by his indolence. Behind the scenes, however, the CAQ and Ottawa agree on the urgency of protecting these jobs and the companies that depend on them in the region. What remains to be tied up is the solution.

However, recognizing the complexity of the situation would have been more difficult and less rewarding than scoring politically. Especially since the CAQ thus avoids having to justify that its permanent immigration thresholds do not move, in the end of the day — in addition to the reduction resulting from the elimination of the Quebec Experience Program (PEQ) — to be just below the previous target of 50,000 admissions.

Other governments, before the CAQ, targeted the reception of permanent immigrants by sector and region of employment — as provided for in the Skilled Worker Selection Program replacing the PEQ and now counted against the annual target. The Legault government will nevertheless have to dispel fears of exacerbated delays in return.

Creative arithmetic is also the same on the Ottawa side, where the “stabilization” of permanent immigration is in fact a camouflaged increase. The ceiling of 380,000 new permanent residents per year, from 2026 to 2028, is higher than the target of 365,000 set for 2027 by former Prime Minister Justin Trudeau. Reception threshold to which Mark Carney adds an additional 148,000 permanent residents over two years, offering this status to 115,000 refugees and 33,000 temporary workers. On both sides, everyone makes his tables of columns of numbers say what he wants.

As for temporary immigration, Ottawa knows it by almost half (370,000 admissions by 2028), while Quebec City, which finally includes it in its multi-year planning, announces that it will subtract it somewhat, by 13% compared to 2024 (although this target of 175,000 admissions in four years is actually only almost 1,000 lower than this year). Again, Quebec is moderating its tightening not by confessing to responding to business people who cannot do without it, but rather by pretexting a federal reduction that was called for, but considered too important today.

The CAQ and the Federal Liberals 2.0 join more than François Legault’s troops want to admit. All they have to do is talk to each other to better get together. If only, for the Caquistes, improving the welcome in Quebec land, and not their own fate, is really what is most important to them.

Les nouvelles cibles d’immigration de Québec alimentent les critiques

Expected reactions:

Même s’il s’agit du plus généreux des trois scénarios, admettre 45 000 permanents au Québec est « très mauvaise nouvelle » voire une « tragédie » pour les élus de l’opposition, des représentants d’organismes et des gens d’affaire. Avec les nouvelles cibles de Québec, l’obtention d’une résidence permanente pourrait mettre plus de trois décennies dans certaines catégories d’immigration.

« J’ai fait le calcul, on va passer à 36 ans de délais de traitement entre les arriérés et la cible du ministre. Dans la catégorie des réfugiés reconnus, on passe à 12 ans de délais de traitement avec son nouveau plan. Ça n’a aucun sens, c’est complètement déconnecté », a déclaré le député de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard.

Le député libéral de l’Acadie André A. Morin a pour sa part dit trouver « inhumain » les longs délais, notamment pour la réunification familiale. Ceux-ci pourraient être de 4 ans au minimum, puisque l’inventaire est de 42 000 dossiers et que le plan de Québec propose d’en admettre 10 000 par année. « Avec ces seuils [de 45 000] on évite la catastrophe, mais on est loin d’être sortis de l’auberge », a-t-il soutenu. « Le gouvernement n’a pas écouté, il a fait fausse route. »

La Table de concertation des organismes au service des réfugiés et immigrants (TCRI) croit pour sa part que les délais de la nouvelle planification pluriannuelle 2026-2029 qui vient d’être rendue publique par le gouvernement est une « tragédie » sur le plan des délais. « C’est complètement inacceptable. Ce n’est pas [avec de tels délais] que les personnes vont s’intégrer et mener une vie normale. On parle de milliers de personnes qui vont attendre. Ça aura un impact sociétal d’avoir autant de gens dans des statuts précaires », a dit son directeur Stephan Reichhold.

Dans l’opposition, seul le Parti québécois a exprimé une vue contraire, indiquant qu’il fallait plutôt diminuer les cibles d’immigration permanente à 35 000. Le député péquiste d’Arthabaska, Alex Boissonneault, n’est pas d’avis que son scénario pourrait mettre à mal l’économie dans les régions. « L’immigration ne règle pas la pénurie de main-d’œuvre. C’est la même chose pour les entreprises en région et même, souvent, ça peut exacerber le problème parce que ces gens-là qui viennent en grand nombre avec leurs conjoints, leurs conjointes, avec les enfants, vont consommer aussi des biens et des services », a-t-il dit….

Source: Les nouvelles cibles d’immigration de Québec alimentent les critiques

Even if this is the most generous of the three scenarios, admitting 45,000 permanent employees in Quebec is “very bad news” or even “tragic” for opposition elected officials, representatives of organizations and business people. With Quebec City’s new targets, obtaining permanent residence could take more than three decades in certain immigration categories.
“I did the math, we will go to 36 years of processing time between the arrears and the minister’s target. In the category of recognized refugees, it goes to 12 years of processing time with its new plan. It doesn’t make any sense, it’s completely disconnected, “said Québec solidaire MP Guillaume Cliche-Rivard.
The Liberal MP of Acadie André A. Morin, for his part, said he found long delays “inhumane”, especially for family reunification. These could be at least 4 years, since the inventory is 42,000 files and the Quebec City plan proposes to admit 10,000 per year. “With these thresholds [of 45,000] we avoid disaster, but we are far from being out of the hostel,” he said. “The government didn’t listen, it went the wrong way. ”
The Consultation Table of Organizations for Refugees and Immigrants (TCRI) believes for its part that the deadlines of the new multi-year planning 2026-2029 that has just been made public by the government are a “tragedy” in terms of deadlines. “This is completely unacceptable. It is not [with such delays] that people will integrate and lead a normal life. We are talking about thousands of people who will wait. It will have a societal impact to have so many people in precarious statuses, “said its director Stephan Reichhold.
In the opposition, only the Parti Québécois expressed a contrary view, indicating that it was better to reduce the permanent immigration targets to 35,000. The Péquista MP for Arthabaska, Alex Boissonneault, is not of the opinion that his scenario could damage the economy in the regions. “Immigration does not solve the labor shortage. It’s the same for companies in the region and even, often, it can exacerbate the problem because these people who come in large numbers with their spouses, their spouses, with children, will also consume goods and services,” he said….

Québec prévoit accueillir 45 000 immigrants permanents par année

Greater relative restraint compared to federal government, along with tighter language requirements and ending the transition from temporary to permanent resident transition program:

Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a déposé jeudi la Planification de l’immigration 2026-2029. Il avait procédé plus tôt cet automne à des consultations publiques à ce sujet. M. Roberge a finalement opté pour la cible d’immigration à l’étude la plus élevée, à 45 000, alors que les autres scénarios prévoyaient des seuils de 25 000 ou de 35 000 immigrants par année.

Concernant l’immigration permanente, c’est-à-dire l’immigration économique, les regroupements familiaux et les réfugiés, le gouvernement caquiste prévoit admettre entre 43 000 et 47 000 immigrants dès 2026, comparativement aux 57 210 à 61 220 personnes qui auront été admises en 2025 selon les prévisions du ministère.

Pour protéger le français, Québec vise désormais « une proportion de plus de 77 % de connaissance du français chez les personnes issues de l’immigration permanente ». Il est aussi prévu « d’accroître la part des personnes issues de l’immigration permanente déjà présentes au Québec pour que celle-ci représentent 65 % ou plus des admissions à la fin de la période ». Le gouvernement veut par ailleurs que l’immigration économique représente 64 % de l’ensemble des admissions permanentes.

Dans tous les cas, Québec prévient qu’il « pourra ajuster les seuils d’immigration permanente avant la fin de la présente planification pluriannuelle » en fonction du nombre d’immigrants temporaires admis par le fédéral et de la situation économique.

Immigration temporaire

En matière d’immigration temporaire, il est prévu de réduire le nombre de résidents non permanents « en visant à terme un nombre maximal de 65 000 titulaires de permis dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), 110 000 titulaires de permis dans le Programme des étudiants étrangers (PÉE), ce qui représente une réduction globale de 13 % par rapport à 2024 ».

Les travailleurs étrangers temporaires « qui ont séjourné plus de trois ans au Québec de façon continue ou cumulative » devront à l’avenir démontrer une certaine connaissance du français oral.

« Des exemptions sont prévues pour les [travailleurs] agricoles, en raison de leur contribution active à la sécurité alimentaire, les ressortissants étrangers occupant un emploi pour le compte d’un bureau d’une division politique d’un État étranger […] et les employés des organisations internationales non gouvernementales reconnues par le Québec, car celles-ci bénéficient de certaines exemptions aux obligations de la Charte de la langue française », explique le gouvernement.

Autrement, « les vérifications de la connaissance du français débuteront le 17 décembre 2028 ».

La fin du PEQ

Autre importante décision du gouvernement Legault : le populaire Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui a été suspendu en octobre 2024, est officiellement aboli. La forte popularité du programme, pour lequel les admissions étaient en continu et sans plafond, faisait en sorte que les cibles d’immigration du gouvernement étaient dépassées. La voie rapide pour obtenir la résidence permanente devient désormais le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ).

Par contre, « toutes les demandes présentées avant la fin [du PEQ] seront traitées […] et le ministère continuera de recevoir et de traiter les demandes » jusqu’au 19 novembre prochain.

« Avec la réduction des seuils d’admission et la nécessité de renforcer l’efficacité de l’État, la coexistence de plusieurs programmes destinés aux travailleurs qualifiés n’est plus pertinente », justifie Québec.

Le gouvernement prolonge également jusqu’au 31 décembre 2026 la suspension de certaines demandes au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) pour les régions de Montréal et de Laval seulement. Québec affirme vouloir ainsi « freiner l’augmentation du nombre de résidents non permanents [RNP] dans les deux régions où le bassin de main-d’œuvre disponible est plus important, tout comme les défis reliés à la pérennité du français »….

Source: Québec prévoit accueillir 45 000 immigrants permanents par année

La Presse take on federal plan:

Est-ce un changement de philosophie ?

Oui. Le Canada passe d’une logique de croissance démographique rapide à une approche de croissance maîtrisée et sélective. Le discours du budget lie désormais immigration, productivité, souveraineté économique et sécurité nationale. « C’était une erreur de monter à 500 000 immigrants permanents au cours des deux dernières années. C’est ce qui a créé une certaine déstabilisation », explique Me Patrice Brunet, qui se spécialise dans l’immigration.

Qu’en est-il de l’immigration francophone hors Québec ?

Ottawa fixe une cible de 10,5 % de résidents permanents francophones établis à l’extérieur du Québec d’ici 2028, contre 9 % en 2026. Le gouvernement mise sur un recrutement accru dans les pays d’Afrique francophone et sur l’élargissement des services d’accueil et d’intégration en français.

Source: Ottawa entreprend un virage majeur

Reichhold | Québec doit respecter les droits fondamentaux en immigration permanente et temporaire

Quebec settlement sector perspective:

…Les politiques d’immigration, animées par un esprit utilitariste tant au fédéral qu’au Québec, renforcent ainsi les discriminations systémiques des programmes existants et des processus d’accès à la résidence permanente.

La planification de l’immigration temporaire et permanente doit rompre avec le discours anti-immigrant grandissant dans le monde et à nos portes, qui débouche sur la mise en œuvre de procédures arbitraires et répressives envers toute personne racisée. Québec doit offrir des voies d’accès à la résidence permanente dont les étapes sont lisibles et prévisibles. Cela suppose aussi d’améliorer les moyens pour l’accès à la francisation, avec une responsabilisation des employeurs, ainsi que les subventions pour les organismes travaillant auprès des personnes migrantes et immigrantes. Il faut montrer aussi que le Québec est prêt à intervenir auprès des employeurs abusant de la vulnérabilité des personnes migrantes et immigrantes.

Nous voulons renouer avec l’esprit d’une société qui revendique la justice sociale et une égalité réelle entre ses habitants. C’est pourquoi nous exigeons d’afficher notre volonté d’accueil. Les personnes migrantes et immigrantes ont en effet toujours contribué à la richesse de notre « société distincte ».

Amel Mokhtar et Stephan Reichhold, Le premier est membre du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI); le second est directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), et la Campagne québécoise pour la régularisation et la justice migrante.*

Source: Idées | Québec doit respecter les droits fondamentaux en immigration permanente et temporaire

Globe editorial: The rights of Quebeckers aren’t a political plaything

Indeed:

…In Canada, the human rights protected by the Charter are tempered by the first clause of the 1982 Constitution, but “only to such reasonable limits prescribed by law as can be demonstrably justified in a free and democratic society.”

The notwithstanding clause is likewise an attempt to balance the power of the courts with that of elected officials.

But as a legal constitution, it starts from the premise that individual rights are paramount and are embedded in law. Quebec’s proposed bill is a political constitution that starts from the opposite premise: that the majority needs protection from a minority of others who might not share its language and beliefs, and that these protections should be embedded in the quicksand of political necessity.

To make that happen, the proposed constitution gives vast powers to the Quebec National Assembly and the politicians in it and then shields itself from judicial oversight. The rights of Quebeckers would thus be subject to the whims of elected officials who answer only to the needs of their electoral fortunes.

Quebeckers clearly want their government to defend their language and culture. But universal human rights of equality and liberty are not some confection of English Canada. Quebeckers should demand that Mr. Legault scrap a law that would turn their fundamental freedoms into the playthings of politicians. 

Source: The rights of Quebeckers aren’t a political plaything

Parkin: The limited prospects for a “rebel alliance”

More interesting analysis by Parkin and Environics, written in response to the Globe editorial. Main takeaway, problem appears to be more on the Alberta side in terms of resentment:

The Globe and Mail published a special editorial this Sunday on the alliance between the Quebec and Alberta governments in support of greater respect and autonomy for their provinces. You can read it here

I am going to weigh in. What’s the point of having a Substack if you can’t drop everything you had planned for the morning in order to share some charts?

The editorial, on the whole, is not wrong. Quebecers and Albertans share many frustrations. Our survey confirms they are the two provinces where support for more provincial powers is highest. But there are two specific nuances that are worth noting, since they arguably constrain the prospects for any Quebec-Alberta “rebel alliance.”

The first is one of the findings that jumped out early on in the Confederation of Tomorrow survey project. Quebecers who are critical of federalism are more likely than those who are not to support an asymmetrical distribution of powers (the option in the survey is: “the federal government should offer more powers to those provinces that want them, so that the federal system can respond to the different needs that some provinces may have”). But this is not the case in Alberta, where more insist on the equality of provinces: there is no greater openness to asymmetry among disgruntled Albertans. While many Quebecers and Albertans will find common ground in feeling disrespected within Canada, their solutions are not the same: the asymmetry that represents a step forward for autonomist Quebecers actually represents a step backwards for autonomist Albertans….

The second finding comes from a question added to the survey more recently, about the perceived contribution that the people in each of the country’s major regions make to Canada.

Relatively few Quebecers (12% overall) say that western Canadians contribute less than their fair share to Canada, and the proportion that holds this view is only slightly higher (16%) among Quebecers who don’t feel their province is treated with respect. 

Far more Albertans (54%) say that Quebecers contribute less than their fair share to Canada, and this rises to a striking 81 percent among Albertans who don’t feel their province is treated with respect….

In short, whatever it is that annoys some Quebecers about federalism, it’s not their sense of what’s going on in the west. But one of the things that annoys some Albertans about federalism is precisely their sense of what’s going on in Quebec.

Resentment of Quebec (among other things) continues to fuel western alienation. The potential for a meaningful Quebec-Alberta alliance that leads us to a reformed federation, along the lines discussed in The Globe and Mail’s editorial, will be limited until Albertan leaders try to address and even defuse that resentment. 

Source: The limited prospects for a “rebel alliance”

PSPP veut faire l’indépendance avec les immigrants

Of note:

Le premier ministre Jacques Parizeau a « à l’évidence » erré le soir du 30 octobre 1995 en « jetant le blâme » sur l’« argent et des votes ethniques » pour la défaite du camp du Oui au référendum sur l’indépendance du Québec, convient le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon. Et une troisième tentative d’accession à la souveraineté devra se faire avec la population immigrante, pas sans, a-t-il soutenu en entrevue éditoriale avec Le Devoir vendredi.

Invité dans nos bureaux à l’occasion du 30e anniversaire du scrutin référendaire de 1995, celui qu’on surnomme « PSPP » a avoué ressentir un malaise par rapport à l’expression employée par son prédécesseur après la victoire du Non avec 50,58 % des suffrages : « C’est vrai, c’est vrai qu’on a été battus, au fond par quoi ? Par l’argent, puis des votes ethniques, essentiellement », avait laissé tomber un Jacques Parizeau en colère.

Pour répondre à la question lui demandant si M. Parizeau avait eu un bon réflexe ce soir-là, Paul St-Pierre Plamondon, aujourd’hui âgé de 48 ans, n’y est pas allé par quatre chemins. « À l’évidence, non », a-t-il lancé. « Blâmer, après le résultat, un groupe en démocratie, c’est très glissant. Parce que le processus démocratique, c’est essentiellement accepter que tout le monde va voter, puis qu’il y a un résultat, puis qu’on est lié par ce résultat-là. » Il a précisé ne pas avoir « de souvenir » de ce qu’il pensait des propos chocs de M. Parizeau à l’époque, du haut de ses 18 ans.

Il a également désavoué les propos tenus par l’ancien chef du Oui, lors du conseil national du PQ de janvier 1993, selon lesquels « les Québécois peuvent atteindre l’objectif qu’ils se sont fixé, même si c’est presque exclusivement des Québécois de souche qui votent pour ».

« Non, je ne… Jamais… Je veux dire, moi, je suis chef depuis cinq ans, je suis le dixième chef de cette formation-là », a-t-il indiqué, dans une démonstration d’indépendance. « Je ne serais pas d’accord avec Pierre-Marc Johnson et sa doctrine, à l’époque, à l’intérieur du Canada », a-t-il ajouté.

« Depuis cinq ans, nous, on fait campagne auprès de tous les Québécois, et on pense que c’est une combinaison de la contribution de toutes les régions, de tous les groupes d’âge, de tous les groupes de la société québécoise qui va mener à une victoire ultime du Oui », a-t-il poursuivi.

Une indépendance « pour tous »

Le chef du PQ s’est d’ailleurs défendu vendredi de se mettre les personnes immigrantes à dos par ses propos et propositions sur l’immigration et la laïcité. Il assure faire «campagne pour tout le monde».

« Le Parti québécois prône une baisse des seuils d’immigration fondée sur plusieurs études qui font le lien entre des seuils trop élevés et les phénomènes de crise du logement, de détérioration du français et de difficulté à livrer les services. C’est notre position, et on n’a rien dit d’autre », a fait valoir M. St-Pierre Plamondon, écorchant au passage des personnalités comme l’ex-maire de Québec Régis Labeaume et des députés de Québec solidaire.

Source: PSPP veut faire l’indépendance avec les immigrants

Prime Minister Jacques Parizeau “obviously” wandered on the evening of October 30, 1995 by “blaming” on “money and ethnic votes” for the defeat of the Yes camp in the referendum on Quebec’s independence, agrees the leader of the Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon. And a third attempt to access sovereignty will have to be made with the immigrant population, not without it, he said in an editorial interview with Le Devoir on Friday.

Invited to our offices on the occasion of the 30th anniversary of the 1995 referendum vote, the one nicknamed “PSPP” confessed to feeling uncomfortable with the expression used by his predecessor after the victory of the No with 50.58% of the votes: “It’s true, it’s true that we were beaten, basically what? By money, then ethnic votes, essentially, “had dropped an angry Jacques Parizeau.

To answer the question asking him if Mr. Parizeau had had a good reflex that evening, Paul St-Pierre Plamondon, now 48 years old, did not go there by four paths. “Obviously, no,” he said. “Blaming, after the result, a group in a democracy is very slippery. Because the democratic process is essentially accepting that everyone will vote, then that there is a result, then that we are bound by that result. He said he had “no memory” of what he thought of Mr. Parizeau’s shocking remarks at the time, from the height of his 18 years.

He also disowned the remarks made by the former leader of the Oui, during the national council of the PQ in January 1993, according to which “Quebecers can achieve the goal they have set themselves, even if it is almost exclusively native Quebecers who vote for it”.

“No, I don’t… Never… I mean, I’ve been a leader for five years, I’m the tenth leader of this formation,” he said, in a demonstration of independence. “I would not agree with Pierre-Marc Johnson and his doctrine at the time within Canada,” he added.

“For five years, we have been campaigning with all Quebecers, and we think that it is a combination of the contribution of all regions, all age groups, all groups of Quebec society that will lead to an ultimate victory of the Oui,” he continued.

Independence “for all”

The leader of the PQ also defended himself on Friday from turning immigrants against him with his remarks and proposals on immigration and secularism. He assures that he is doing “campaigning for everyone”.

“The Parti Québécois advocates a lowering of immigration thresholds based on several studies that link too high thresholds to the phenomena of housing crisis, deterioration of French and difficulty in delivering services. This is our position, and we have not said anything else, “said Mr. St-Pierre Plamondon, skinning personalities such as the former mayor of Quebec Régis Labeaume and the deputies of Québec solidaire.

André Pratte: Quebec prayer ban would render freedom of religion meaningless  

Good commentary but the police need to more willing to use the tools to remedy street blockages and enforce bubble zones:

…Yes, some of the demonstrations, tied as they are to the war in Gaza, are provocations. The demonstrators want to shock the public in the hopes of raising awareness to their cause. This is exactly the kind of unpopular behaviour that is protected by freedom of expression, as long as the demonstrators do not break the law, for instance by blocking traffic or intimidating others. If they cross those lines, the police already possess all the tools necessary to remedy the situation. An all-encompassing ban on prayers in public spaces is neither necessary nor reasonable.  

Separatist intellectual Mathieu Bock-Côté, who inspired many of the CAQ’s nationalist policies, wrote in Le Journal de Montréal that Islamic street players are “symbolic aggressions”: “We are talking about a conquering Islam, that is to say, an Islam shaped by Islamism and carried by waves of migration that are transforming the demographic composition of our societies.” However, Islamists are in no position to “transform the demographic composition” of Quebec, where Muslims represent a mere five per cent of the population, compared to 54 per cent for Catholics and 27 per cent for those who have no religion.   

For make no mistake: as with bill 21 banning the wearing of religious symbols by teachers, only one religion, Islam, is being targeted here. Other religious groups, including Catholics, have held ceremonies in public in Quebec for decades without anyone challenging their right to do so.   

The promised legislation will very probably violate the Canadian Charter of Rights and Freedoms and Quebec’s Charter of Human Rights and Freedoms. It is not yet known for certain if the Legault government will pre-emptively invoke the charters’ notwithstanding clause, but we do know that they have done so for two previous pieces of legislation, bill 21, already mentioned, and bill 96 strengthening the protection of the French language. This abuse of the notwithstanding clause is extremely serious, for in effect it deprives Quebecers of the right to challenge rights-infringing measures adopted by the state. Citizens are left with no means of defence, as if the charters did not exist. 

And so it is that Quebecers’ fundamental rights are being slowly but surely eroded. Sadly, that worrisome trend is met with an immense collective shrug.  

Source: André Pratte: Quebec prayer ban would render freedom of religion meaningless  

Rioux | Drôles de prières

When is a prayer a prayer, and when is it more a political event. Other examples would arguably include the Annual March for Life and telling that most Christian religious figures oppose the ban:

…La France a toujours résisté à la tentation de légiférer sur ces prières, consciente que la religion a toute sa place dans les lieux publics pourvu qu’elle ne gêne pas l’ordre public et que sa présence ne relève pas de la provocation. Il n’est pas besoin d’être diplômé en théologie pour savoir que, dans nos pays, la prière n’est pas un banal instrument d’agit-prop. Ce prosélytisme exacerbé est en contradiction avec nos traditions culturelles et le sens même de la prière, celle-ci étant généralement considérée comme un geste intime et personnel qui exige le recueillement et ne saurait donc être confondu avec des slogans militants hurlés par une foule hystérique. Comment s’étonner dès lors que, en s’exhibant ainsi sur la voie publique, ces hommes (car les femmes en sont exclues) provoquent des réactions de rejet ? Et, à plus forte raison, s’ils le font un dimanche devant une église !

Pour peu que l’on daigne sortir de sa bulle, on constatera que ces prières publiques sont aujourd’hui instrumentalisées aussi bien sur Downing Street que devant la porte de Brandebourg. Si l’idée de la laïcité est étrangère à l’islam, se pourrait-il que, comme le voile, ces prières soient une façon pour lui de marquer son territoire ?

L’idée n’est pas nouvelle. On ne compte plus les intellectuels qui, durant tout le XXe siècle, et même avant, ont démontré le caractère conquérant de l’islam. Admirateur de la richesse de la culture musulmane, l’islamologue français Roger Arnaldez fut un ami du grand écrivain égyptien Taha Hussein, l’un des artisans de la renaissance intellectuelle arabe (la Nahda). Il considérait que « la conquête est pour les musulmans un moyen normal, voulu et conduit par Dieu, pour répandre la foi dans les pays des infidèles ». Cette conquête n’est pas toujours le fait des armes, écrivait-il dès 1994, mais « d’une volonté non seulement de convertir des individus, ce qui est normal, mais de prendre pied et position dans la vie sociale et politique des pays de l’ancien Dar al-Harb [où l’islam n’a pas triomphé]. Il n’est plus alors question de djihad armé, moins encore de terrorisme, mais d’un projet de conquête insinueuse qui n’en est pas moins une conquête ».

Tout en reconnaissant que ces thèses pouvaient être contestées, l’islamologue membre de l’Académie des sciences morales et politiques de France jugeait que « l’Islam, par beaucoup de ses traits et par son histoire passée, pose des problèmes que ne pose aucune autre des grandes religions. Il en résulte qu’on doit, à son égard, rester très attentif et garder une attitude de grande prudence »….

Source: Chronique | Drôles de prières