Québec devrait inciter les immigrants à s’installer en région, croit Charles Taylor

Immigrants tend to go where they perceive the jobs are so not sure how realistic this proposal is.

But his reference to having more immigrants in the hinterland to reduce some of the fears among some “Québécois de souche” through more contact with newcomers has merit:

L’avantage de ce procédé serait double: disperser l’immigration et combler les emplois vacants en région.

«Ce sera une espèce de marché qu’on conclut avec une personne: il y a ce travail concret, on a beaucoup de mal à le remplir. Vous allez le remplir, alors là on est très d’accord pour vous faire passer rapidement à travers toutes les étapes» du processus de sélection, a-t-il illustré.

Entre 2009 et 2013, deux immigrants sur trois (70 %) ont choisi de prendre racine à Montréal. Si on inclut Laval et la Montérégie, on découvre que la très grande majorité (84 %) des nouveaux arrivants s’implantent dans la métropole ou autour, dans ce qu’il est convenu d’appeler le «450».

Leur présence en région paraît infinitésimale: 0,1 % ont choisi la Gaspésie, 0,2 % l’Abitibi et 0,3 % le Saguenay, durant la même période.

Avec son collègue Bouchard, M. Taylor proposera donc, notamment, un moyen d’inverser cette tendance, lors de leur témoignage jeudi devant la commission parlementaire qui se penche sur la future politique d’immigration québécoise.

C’est une approche gagnant-gagnant, fait-il valoir: «Il suffit qu’il y ait un contact humain entre les immigrants de toutes sources et les Québécois de souche, qu’ils se fréquentent un peu et les différentes craintes, les préjugés, les paniques, disparaissent.»

La sélection des candidats pourrait même être conditionnelle à leur acceptation de s’installer en région. Mais M. Taylor prône une approche plus incitative que coercitive. Il ne s’agit pas de leur «forcer la main», mais de créer des conditions favorables.

Québec devrait inciter les immigrants à s’installer en région, croit Charles Taylor | Jocelyne Richer | Politique québécoise.

Débat sur la laïcité: Charles Taylor redoute de nouvelles divisions sociales

As always, sensible commentary by Charles Taylor:

«Puisqu’il y a des gens qui veulent surfer là-dessus pour faire avancer leur projet de laïcité, là, c’est dangereux parce que se sont deux questions complètement différentes. Si on commence le débat en pointant du doigt une partie de la population comme étant des terroristes en puissance, on ne pourra jamais régler ce problème, le problème de diversité», a déclaré M. Taylor.

Selon le professeur émérite, laïcité et lutte au terrorisme sont deux choses différentes et tracer un lien entre les deux thèmes risque de mener le Québec tout droit vers de nouveaux déchirements.

«Ce serait une erreur monumentale de mélanger les questions de terrorisme et les questions du vivre-ensemble dans la diversité dans une société comme la nôtre. Du moment où on fait un amalgame comme ça, on est tout droit sur le chemin de la division sociale. Si les gens croient que le moment est propice à cause des événements de Paris, ils ont grandement tort», a-t-il dit.

Sans détour, M. Taylor a exprimé sa méfiance envers le député péquiste et candidat à la direction du Parti québécois Bernard Drainville, revenu à la charge il y a une semaine avec une nouvelle mouture – moins restrictive – de son projet de charte des valeurs.

Le philosophe estime que le député de Marie-Victorin est «un mauvais porteur de ballon» dans ce dossier à cause de son passé marqué par la confusion entre la diversité religieuse et l’intégrisme.

Durant le débat sur la première version de la charte en 2013-2014, M. Drainville, alors ministre responsable, «a constamment fait l’amalgame», a soutenu M. Taylor.

«Il entretenait un contexte flou d’intégrisme religieux qui voulait dire à la fois se pencher sur la violence et interdire les signes ostentatoires. Quelqu’un qui croit que les gens qui portent des signes ostentatoires sont des terroristes en puissance ignore tout de la vie religieuse très diverse de notre pays, de notre société. Il agite des slogans très dangereux», a-t-il soulevé.

Le professeur est d’avis que les Français ont fait preuve de plus de sagesse à la suite de l’attentat perpétré contre l’hebdomadaire satirique en rejetant les amalgames et en prenant soin de ne pas montrer du doigt leurs concitoyens de confession musulmane.

Bien au contraire, «ils se sont tous dits: on est tous ensemble, toutes les religions, ne faisons pas d’amalgame, ne blâmons pas les musulmans pour ce qui s’est passé», a-t-il relaté.

Débat sur la laïcité: Charles Taylor redoute de nouvelles divisions sociales | Martin Ouellet | National.

Tolérance ou laïcité | Rioux

Christian Rioux of Le Devoir continues his critique of the more open attitudes of Gérard Bouchard and Charles Taylor, and Rioux reiterates his support for a strict form of laïcité:

Au lieu d’instaurer un espace public qui ignore les croyances et proclame non seulement la liberté religieuse, mais de conscience, dans ce type de régime — que l’on pourrait appeler « de tolérance » —, les religions ont progressivement appris à cohabiter. Cette tradition a toujours été dominante au Canada depuis l’Acte de Québec (1774) qui a supprimé l’obligation faite aux catholiques d’abjurer pour obtenir un emploi de l’État. Ici, ce n’est pas le peuple souverain qui instaure un espace laïque où les citoyens sont égaux, mais les religions qui négocient la paix sociale avec le prince. C’est dans cette tradition que s’inscrivent les organisations musulmanes et antiracistes qui réclament aujourd’hui l’interdiction de blasphémer.

Implicitement, c’est aussi dans cette tradition, et non dans celle de la laïcité, que se placent des intellectuels comme Gérard Bouchard et Charles Taylor, pour qui la laïcité se négocie en partie à la pièce. En érigeant en dogme le régime des « accommodements », ils prolongeaient la vieille tradition des « moyenneurs », comme on disait au XVIe siècle, qui pour rétablir la concorde acceptaient de négocier la place des religions minoritaires dans l’espace public. Outre le fait que ce régime exclut évidemment les athées, il accorde aux religions un statut particulier, d’ailleurs reflété par la Constitution canadienne. Contrairement aux autres formes d’idéologies, les religions sont en effet les seules autorisées à négocier de tels aménagements. On n’imagine pas les marxistes réclamer le droit de ne pas insulter Marx.

Tolérance ou laïcité | Le Devoir.

Charte: réactions

Some reactions to the tabling of the proposed Quebec Charter, starting with the leader of the provincial liberal party (who has been consistent throughout the debate):

Charte: une attaque frontale contre les droits, selon Couillard | Martin Ouellet | Politique québécoise.

A good summary of reactions by Quebec associations and groups to the tabling of the Charter, with the same groups opposed as before given the hardening of the provisions of the Charter:

Charte: des associations réagissent | Pierre Saint-Arnaud | Politique québécoise

Charte – Les communautésculturelles déçues

And commentary by Gérard Bouchard and Charles Taylor, reiterating their opposition to the Charter:

Charles Taylor et Gérard Bouchard dénoncent une charte nuisible

And from federal politicians,

Federal politicians of all stripes denounce Quebec values bill

Hijab is what Marois really wants to banish

Interesting insights from Charles Taylor, on how the model of laicisme ouverte was a tactical move to find a compromise that should work with the population. A valid call, even if the fundamentals are still questionable:

Sure enough, Taylor conceded in our latest phone conversation that the recommendation was a political compromise, meant as “a prophylactic.”

He revealed: “We did struggle over that for weeks.

“We didn’t have any real concern that wearing a religious symbol would make someone an unreliable official. It was never that we mistrusted the judgment of a kippa-wearing judge.

“Rather, we feared that the idea would run into stiff resistance. We wondered, ‘Is the population ready for this?’

“We looked at it from the point of the accused — would they find it traumatic (to be judged by someone visibly non-Christian)?

“So, we said, ‘Let’s go for this limited recommendation now, and at a later date when the population feels confident enough with diversity, we can loosen the whole thing.’

“We were recommending it as a prophylactic. It was a scaling down, so that it might provide a way out.”

Hijab is what Marois really wants to banish: Siddiqui | Toronto Star.

And Québec solidaire, the small left-wing party, notes that an election is not the best means to have a discussion on the proposed Charter, human rights, and accommodation:

Charte des valeurs – Une question trop complexe pour être un enjeu électoral, croit QS

Le dérapage intégriste de Charles Taylor | Le Devoir

This opinion piece suggests that  UN and international organization staff have more of a common mindset – secularism – than Canadian and other societies. The international organization elite may be more uniform than they think. Interesting.

Not to mention the unique focus on Muslim fundamentalism, not other religions.

Le dérapage intégriste de Charles Taylor | Le Devoir.

Réplique à Charles Taylor – Les religions «indiscrètes» doivent respecter la société civile | Le Devoir

And the inevitable reply to the arguments of Charles Taylor from Yvan Lamonde, also from McGill, arguing in favour of laicité and secularism. Part of the problem is that many of the secularists are as fundamentalist in their beliefs as the more fundamentalist religious believers, rather than having a more nuanced and open approach to questions of identities. Calling other religions “indiscrètes” says it all.

We live in the world of real people, with all their complexities and identities, not in a theoretical construct.

Est-ce cette liberté individuelle d’un certain type qui justifie qu’on veuille occuper l’espace civil gouvernemental de signes dont des croyants ne seraient absolument pas capables de se départir momentanément, entre huit et dix-sept heures, sans jouer leur identité ? Identité religieuse dans un espace d’identité civile. Pourquoi la « visibilité incontournable » des religions « indiscrètes », pourquoi le jusqu’au-boutisme religieux devraient-ils prévaloir dans la société civile, dans l’espace de l’État ?

Où est la contradiction ? Où est la confusion ? Finalement, l’argument de la « réponse » religieuse donnée à une certaine quête humaine est-il l’ultime justification de la liberté religieuse individuelle et d’un plaidoyer en faveur d’un forcing du religieux dans l’espace étatique neutre ?

Réplique à Charles Taylor – Les religions «indiscrètes» doivent respecter la société civile | Le Devoir.

Charte des valeurs québécoises – Une neutralité trompeuse | Le Devoir

Charles Taylor on the proposed Charter. Sensible as always, and reminding people that religions and expressions of faith vary by religion, and simplistic “neutrality” solutions are anything but neutral.

Pour les « sans-religion » et les tenants d’une religion « discrète », la Charte ne pose pas problème. Elle réserve toutefois un autre sort aux « indiscrets ». Les premiers pourront postuler sans problème des emplois dans le secteur public. Les autres, par contre, seront mis devant un choix déchirant : ou bien ils renoncent à pratiquer leur religion, ou bien ils seront à jamais exclus des secteurs public et parapublic. Cacher leur religion équivaut en partie, pour eux, à la renier et, partant, à renier leur identité.

Les apparences mur à mur de la neutralité de l’État cacheront une réalité tout autre, une discrimination évidente. L’étiquette sur la bouteille nous trompera sur son contenu.

Devrait-on s’étonner que les victimes de ce jeu de trompe-l’oeil se sentent trahies par une société québécoise qui ne cesse de leur promettre l’égalité ?

Charte des valeurs québécoises – Une neutralité trompeuse | Le Devoir.

Daily round-up on Charte des valeurs québécoises

Usual daily round-up, starting with expression of concern from Prime Minister Harper:

Charte des valeurs: «le gouvernement souverainiste cherche la chicane avec Ottawa», dit Harper | Stéphanie Marin | Politique.

Followed by a nice contrast piece between PM Harper’s caution and Liberal Leader Justin Trudeau’s forthright and clear position, and where he drew parallels between MLK’s I have a dream speech and the implied segregation of the proposed Charter. This of course inflamed some of the Quebec intelligentsia and politicians, but Trudeau has a point:

A tale of two politicians: Harper and Trudeau wade into controversial Quebec issue

And the réplique (and ongoing sensitivity about the Trudeau legacy and family) in Quebec:

Charte des valeurs: Lisée lance un appel au calme

The Quebec Liberal Party seems to be holding to its position against the proposed Charter:

Signes religieux: Couillard réaffirme la position traditionnelle du PLQ

And lastly – if you have lasted this long – short commentary by Charles Taylor, one of the leading philosophers and thinkers on multiculturalism, and how he despairs of the political class and its limited world view:

La question est de savoir qui va rédiger cette charte. Si c’est rédigé par l’Assemblée nationale actuelle, je n’en veux pas. [gras] Ce sont des gens qui ont des idées tellement bornées…dans la plupart des cas. Ça me fait pleurer comme Québécois d’entendre ce qu’eux entendent par laïcité.

Les fines nuances de Charles Taylor