Jolin-Barrette tend la main à la France pour défendre la langue française

The usual wilful or unwilful mischaracterization of multiculturalism as not being about integration in Canada:

Il y avait longtemps qu’un ministre du Québec n’avait pas prononcé un tel discours en France. À l’heure où les relations entre la France et le Québec se déclinent le plus souvent au rythme des échanges économiques, le ministre de la Justice et de la Langue française avait choisi de donner à sa communication un contenu nettement politique.

Pour Simon Jolin-Barrette, il est temps que la France et le Québec unissent leurs forces pour défendre le français non seulement dans leur pays respectif, mais partout dans le monde.

« Le Québec vous tend la main, a-t-il déclaré. Il vous convie à une union des forces entre nos deux nations, basée sur la certitude que le français n’est pas une cause du passé, mais un ferment d’avenir. Un moteur de résistance et de renaissance. »

Dans la grande salle des séances de l’Académie française, le ministre qui n’était pas venu à Paris depuis l’âge de ses 18 ans s’est adressé à une centaine de personnes, dont une douzaine d’académiciens. Visiblement ému de se retrouver en ce lieu fondé par Richelieu à l’époque où naissait la Nouvelle-France, il s’est présenté comme le « descendant de Jean Jolin, un modeste meunier ». C’est la gorge nouée qu’il a déclaré : « Je n’ai ni votre plume ni votre épée. Mais c’est inspiré par toute la fougue du peuple québécois que je prends la parole, en ces murs. »

Le « rouleau compresseur anglo-américain »

Comparant la loi 101 à l’ordonnance Villers-Cotterêt qui, en 1539, établit la primauté du français dans tous les actes publics du Royaume de France, il a brossé un tableau d’ensemble de l’histoire et de l’évolution du français au Québec. Sans oublier d’expliquer en détail les raisons de la nouvelle loi 96, destinée, a-t-il dit, à combattre les « nouveaux périls [qui] guettent la langue française ».

Devant une salle conquise, le ministre en a surtout appelé à « notre devoir de vigilance à l’égard de la langue française » ne manquant pas d’écorcher au détour « le multiculturalisme canadien […] qui combat, dit-il, les prétentions du Québec à se constituer en nation distincte ». Il n’a pas oublié non plus « la révolution numérique des GAFAM », ce « rouleau compresseur anglo-américain, qui bouscule l’écosystème de notre langue et de notre culture ».

Évoquant « des articles diffamatoires contre le Québec […] publiés […] dans des journaux américains et canadiens anglais », le ministre a rappelé avec aplomb que « la langue française n’a jamais été un fait ethnique. Elle a toujours été un fait de culture et de civilisation. »

Avec des mots qu’on n’avait pas entendus depuis longtemps à Paris, le ministre n’a pas hésité d’en appeler directement à la France. « Rien ne serait plus naturel, dit-il, que la France, dans ce monde nouveau, se fasse le porte-parole de la diversité des cultures et de la dignité des nations. Il ne s’agit pas, vous m’avez bien compris, de s’opposer à la révolution de notre temps, mais d’y participer pleinement en y faisant respecter ce que nous sommes. »

Cette invitation de l’Académie française s’inscrit dans le sursaut qui a récemment secoué les Immortels dans la défense de la langue française, nous a expliqué l’académicien et poète Michael Edwards. Depuis un an, l’Académie et son secrétaire perpétuel, Hélène Carrère d’Encausse, n’ont pas hésité à intervenir publiquement pour critiquer le bilinguisme qui a envahi certains milieux en France. Ils ont notamment demandé au gouvernement la suppression de la nouvelle carte d’identité entièrement bilingue (anglais-français). L’Académie a aussi publié un important rapport sur l’influence de l’anglais dans la communication institutionnelle. Elle y dénonce l’anglomanie qui s’est particulièrement répandue depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Une invitation « historique »

« Nous faisons cause commune. […] Merci de nous insuffler un peu de votre détermination », a déclaré le chancelier de l’Institut de France, Xavier Darcos. Présent à la séance, l’écrivain haïtien et québécois Dany Laferrière n’a pas hésité à qualifier d’« historique » cette invitation, puisque peu de représentants politiques québécois ont eu l’honneur de s’adresser ainsi directement aux Immortels.

« Je suis particulièrement sensible à la façon dont, au Québec comme en France, le français peut servir à cimenter l’adhésion des nouveaux arrivants », nous a déclaré l’académicien, romancier, diplomate et médecin Jean-Christophe Rufin. « Il n’y a pas d’opposition entre la tradition et l’ouverture. »

Jeudi, Simon Jolin-Barrette a aussi rencontré la toute nouvelle ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, à qui il a aussi fait valoir l’importance que le Québec et la France défendent leur langue en commun. Dans ses interventions, le ministre évoque aussi la solidarité qui unit la France et le Québec sur la question de la laïcité.

« J’ai reçu un accueil très positif de la part du gouvernement français et on m’a indiqué que le président Macron était très sensible à la question de la langue française, dit-il. […] pour nous il s’agit d’une main tendue afin de construire ensemble des alliances qui vont permettre d’être sensibilisé à la défense de la langue française. Si l’État français se mobilise aussi fort que le fait l’État québécois présentement, c’est une lutte qu’on va pouvoir mener ensemble. »

En ce 24 juin, Simon Jolin-Barrette participera aux célébrations de la Fête nationale à la Délégation générale du Québec à Paris. En terminant, le ministre a promis de ne pas attendre aussi longtemps que la dernière fois avant de revenir en France.

Source: Jolin-Barrette tend la main à la France pour défendre la langue française

Article in English, with Premier Legault comments:

In a rare speech before France’s Academie Française — the body charged with protecting the French language in its home country — one of Quebec’s top ministers said that Canadian multiculturalism is a thorn in Quebec’s side.

People are failing to see that Quebec’s controversial recent laws, both language law Bill 96 and even securalism law Bill 21, are themselves about protecting a fragile culture, said Minister Simon Jolin-Barrette.

We’re in a time when the “diversity of cultures is becoming just as threatened as the diversity of fauna and flora,” he said in the Thursday speech — referring to Quebec’s French-speaking culture.

Jolin-Barrette is Quebec’s minister of justice and also its minister for the French language, making him deeply involved in both pieces of legislation.In the lengthy speech, he went over the history of Quebec, from its founding as a French colony to the Quiet Revolution and beyond.

But one thing is a particular problem, he said: ensuring that newcomers to Quebec learn to live in French.

“One of our greatest challenges is to involve immigrants in our national project,” he said.

“We are the neighbours of a great power, the United States, and we operate within a federation with an anglophone majority. The continental and global linguistic dynamic favors English in every way.”

He heaped criticism on Canadian federal law that protects individual rights, calling this emphasis on the individual “nearly absolute,” to the detriment of Quebec’s collective rights.

“Although our project is thwarted by Canadian multiculturalism, which finds an equivalent in what you call communitarianism and which combats the claims of Quebec to constitute itself as a distinct nation,” Jolin-Barrette continued, “the French language must really become the language of use of all Quebecers.”

Despite earlier laws forcing all children of immigrants to attend school in French, he said it hasn’t been enough, leading the current government to clamp down on English in post-secondary colleges by stemming their growth with enrollment caps.

“Upon graduating from high school… an alarming proportion of students, especially those whose first language is neither English nor French, rush into the anglophone network to pursue their studies,” he said.

He also explicitly linked Bill 21 with the same struggle. Arguably the current government’s most controversial bill of their four years in power, it banned certain public servants, including teachers and police, from wearing religious symbols at work.

In practice, it affected female Muslim teachers most heavily, preventing school boards from hiring or promoting any hijab-wearing teachers. Challenges to it are still before the courts and are expected to end up at Canada’s Supreme Court.

“Law 96 on the French language does not come alone,” said Jolin-Barrette.

“It was adopted after Law 21 on secularism, which I also had the honor of piloting, always with the same idea of strengthening the autonomy and personality of the State of Quebec.”

LEGAULT SAYS ALL CULTURES NOT ‘ON THE SAME LEVEL’

When asked about Minister Jolin-Barrette’s comments in Paris today, Premier François Legault said he is opposed to putting “all cultures on the same level” and stressed the importance of having a “culture of integration” above all else.

“So that’s why we oppose multiculturalism. We prefer to concentrate on what we call ‘inter-culturalism’ where you have one culture, the Quebec culture, where we try to integrate the newcomers, but we want to add to this culture,” the premier said.

“I think new people coming to Quebec — they add to our culture. But it’s important to have a culture where we integrate, especially to our language.”

Legault also argued this is in direct opposition to the Canadian model of multiculturalism.

“I see that Mr. Trudeau is pushing for multiculturalism, so he doesn’t want us to have a culture and a language where we integrate newcomers,” the premier said.

MEDIA CRITIQUES OF BILL 96 ARE ‘LAZY,’ JOLIN-BARRETTE SAYS

In his speech, Jolin-Barrette addressed criticism that embracing English and bilingualism is a way of being open to the world, whether you see it as the language of Shakespeare or “Silicon Valley.”

But that’s a misplaced idea, the minister argued.

“What is presented as an openness to the world too often masks acculturation, which comes with a significant loss of memory and identity,” he said.

He said gone are the times when people can request to be served in English or French in Quebec, as in a “self-service business.”

And Jolin-Barrette made a special point of attacking English Canadian media’s coverage of Bill 96.

“Recently, defamatory articles against Quebec have been published with too much complacency in American and English Canadian newspapers,” he said.

“Lazy authors depict our fight from the most denigrating and insulting angle, trying to pass it off as a rearguard fight, a form of authoritarianism.”

“Our fight for the French language is just, it is a universal fight, that of a nation which has peacefully resisted the will to power of the strongest.”

For a large portion of the speech, Jolin-Barrette spoke of the time before the Quiet Revolution, when, he said, French itself was being lost in Quebec.

“A vulnerable proletariat was born, whose contaminated language quickly switched to Franglais,” he said.

“The English-speaking oligarchy, heir to British power, imposed its language and its imagination….in the 1950s, French-Canadians lived in towns where commercial signage was often in English.”

At another point, he called French the greatest of the Western languages, with the biggest literary influence.

In those decades, however, “French Canada was one of the very few places in the world where the French language was a sign of social inferiority,” he said.

Source: Quebec is ‘thwarted’ by Canadian multiculturalism, minister says in France speech

About Andrew
Andrew blogs and tweets public policy issues, particularly the relationship between the political and bureaucratic levels, citizenship and multiculturalism. His latest book, Policy Arrogance or Innocent Bias, recounts his experience as a senior public servant in this area.

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