Quebec’s cultural milieu demonstrates its utter hypocrisy in defending SLĀV

Martin Patriquin in another of his controversial posts, a bit over the top but with an insightful closing paragraph:

In Quebec lore, few historical events remain as damaging as La Conquête. When British general James Wolfe defeated his French counterpart Louis-Joseph de Montcalm at the Plains of Abraham in 1759, it precipitated not just the end of French power in North America, it also birthed the narrative of the Québécois as a conquered people, living in virtual enslavement under a foreign power.

Quebec directors, keenly aware of the its historical trauma, have largely eschewed from committing La Conquête (The Conquest) to film or the stage.

So the fact that Quebec stage director Robert Lepage could depict on stage someone else’s infinitely more enduring wound — the one of actual slavery — is indicative of his power and sway over Quebec’s cultural milieu. That he would do so with a nearly all-white cast, then scream censorship when the ensuing show is cancelled, shows how utterly hypocritical and disconnected from reality this milieu remains.

Lepage’s SLĀV, which was to have a two-week run at Montreal’s Théâtre du nouveau monde, is a pastiche of slave songs reworked and sung primarily by Quebec singer Betty Bonifassi. The source material is drawn entirely from the figurative works of American slaves; songs such as “Chain Song” were sung to keep time and avoid the master’s whip. SLĀV’s aesthetic is similarly drawn for the experience of black slaves, right down to the slave boat set pieces and gritty picture of train tracks on the promotional materials.

Despite the subject material, SLĀV featured only a smattering of black skin, with white actors in the principal roles — Bonifassi included. Protests erupted outside the venue. Musician Moses Sumney cancelled his gig at Montreal’s Jazz Festival, SLĀV’s sponsor. Organizers then nixed the Montreal run of the production.

Several French-speaking pundits frothed at the mouth, as if on cue. “We live in a world subjected to the emotional tyranny of certain crybaby minorities who constantly play the victim,” sniffed Journal de Montréal’s Mathieu Bock-Côté. Parti Québécois culture critic Pascal Bérubé called it “a defeat for artistic liberty.” For his part, Lepage delivered his ire via press release, claiming to have been “muzzled” and a victim of “intolerant speech.”

Lepage and his defenders have nothing if not a taste for hyperbole and sensitivity to the pinprick of real or perceived slights. In defending a demonstrable abuse of history, they are also hypocrites.

After all, Quebec is a land where history isn’t just alive, it screams. La Conquête is taught as a mantra in its schools — as is the Quiet Revolution, in which the Québécois wrestled from underneath the thumb of the English some 300 years later. Its language laws are a bulwark against the rising English seas on its borders, ensuring the survival of the French language. If the more than 350 years since La Conquête has shown anything, it’s Quebec’s collective will to keep its own folklore intact.

Over the years, this has led to unspoken rules and near-satiric levels of self-regard. The Canadiens, Stanley Cup-less for 25 years, still cannot avail itself of a unilingual English coach. Pundits and columnists, Bock-Côté very much included, consistently bemoan the lack of Quebecois players on the team, as well as the English music blared at the Bell Centre during games. (Thankfully, this last fit of pique put an end to U2’s “Vertigo” as the Habs’ go-to goal song.)

Protesters staged vigils outside La Caisse de dépôt headquarters when the province’s pension fund hired Michael Sabia, its first English president. A few months ago, provincial politicians passed a unanimous motion urging merchants to cease using “Bonjour/Hi” when greeting a customer. And before he turned his attention to the cancellation of SLĀV, the PQ’s Bérubé was busy decrying a new law allowing for personalized license plates in the province. Such things would violate Quebec’s French language charter if they display English words, Bérubé said.

As with slavery for America’s Black population, La Conquête sits at the headwaters of Quebec’s modern history, shaping its people and fuelling its continued ire. Trifling with it is fraught, if not outright dangerous; Robert Lepage, who isn’t used to anything but public adoration, has certainly learned as much. One can only imagine how he or his fellow defenders of Quebec history would react if an imagining of La Conquête were cast with an English-speaking ensemble — or if this cast was almost entirely black.

Source: Quebec’s cultural milieu demonstrates its utter hypocrisy in defending SLĀV

L’appropriation culturelle, entre deux miroirs

Good discussion of different perceptions and understandings regarding the controversy over cultural appropriation in SLAV, Robert Lepage’s latest production. I found Brault’s comments particularly interesting:

Les houleux débats entourant le spectacle SLĀV, élaboré autour de chants d’esclaves afro-américains par Betty Bonifassi et Robert Lepage, ont fait de l’appropriation culturelle un sujet chaud dans les grands médias québécois ces derniers jours. Les discussions, très polarisées, semblent émerger de points de vue fort différents chez les francophones et les anglophones. Est-ce une résurgence des deux solitudes ? Y a-t-il deux façons de percevoir les questions d’appropriation culturelle au Québec ?

« Les préoccupations relatives à la représentation de la différence constituent un élément récurrent de la recherche et de la critique entourant le travail de [Robert] Lepage ; ces préoccupations ont toutefois été exprimées quasi exclusivement par des auteurs anglophones. » Cette réflexion n’est pas née des commentaires sur SLĀV, mais d’une étude de 2008 sur les Problèmes de représentation dans Zulu Time, signée par Karen Fricker, alors professeure à l’Université de Londres et désormais critique au Toronto Star.

Il y a dix ans, ce cabaret technologique mettant en scène un monde d’aéroports où, forcément, de nombreuses cultures se croisent portait des représentations de personnages de différentes origines – représentations qui avaient suscité des réactions fort différentes selon les milieux.

Plusieurs anglophones et membres de communautés immigrantes avaient réagi négativement à ce qu’ils considéraient comme des visions stéréotypées et réductrices. De leur côté, « les commentateurs [francophones] traitent fréquemment le spectacle en termes d’universalisme ». Une variété de réactions qui, selon Fricker, souligne à quel point il est dur d’établir un consensus sur une valeur universelle, un universel qui ne peut prendre forme que dans un contexte local. « Le fait que des observateurs provenant de contextes autres que le contexte francophone québécois trouvent certaines de ces représentations de la différence problématiques, tandis que ce n’est pratiquement jamais le cas des critiques québécois francophones, souligne la présence de codes et d’attentes spécifiques à la culture québécoise quant à la représentation de la différence. »

Jour de la marmotte ? Dans les protestations entourant SLĀV, surgies durant la dernière quinzaine, certains ont cru voir un fossé entre francophones et anglophones ; entre les chroniques de La Presseet celles de The Gazette ; entre le « Wake Up Quebec, and listen » émis sur Twitter par Win Butler, chanteur d’Arcade Fire, et la lecture de censure qu’a adoptée Robert Lepage lui-même.

Multiculturalisme

Pour le sociologue Joseph Yvon Thériault, le mouvement postcolonial, en raison de son origine même (voir encadré), est marqué par le milieu anglophone. « On peut dire ça aussi de la politique de la reconnaissance du multiculturalisme. Ce sont les pays anglophones qui l’ont inscrit dans leur politique », estime le professeur à l’UQAM.

Simon Brault, directeur général du Conseil des arts du Canada (CAC), admet avoir remarqué une intégration différente de questions d’appropriation culturelle chez les anglophones et les francophones. « J’ai un point de vue personnel, qui n’engage pas le CAC, issu de mes 32 ans [comme directeur] à l’École nationale de théâtre. Au Québec, dans les années 1960, on a développé avec Michel Tremblay et consorts l’idée que l’affirmation identitaire francophone passait par l’art. Et particulièrement par le théâtre. Ça s’est développé dans les années 1970 et 1980, jusqu’à penser que cette vision était universaliste et humaniste ; que la culture québécoise en est une d’affirmation, qui a permis à une nation de surmonter son statut d’opprimée. Ça s’est peut-être fait aux dépens d’enjeux des autres minorités — les autochtones, par exemple. »

Comme s’il était difficile de se voir comme colonisé et colonisateur en même temps, opprimé et oppresseur. Pour M. Brault, il y a un « choc aussi parce que M. Lepage est un immense artiste, et qu’on croit alors qu’il est inconcevable qu’on puisse questionner son travail du point de vue de l’identité. »

Au contraire, Philip S. S. Howard, professeur à l’Université McGill, ne voit pas la pertinence de considérer la différence linguistique, un angle qu’il estime même être un piège. « Ça omet le fait que les manifestants, dans le cas de SLĀV, étaient autant anglophones que francophones, et des Québécois de longue date, et que certains leaders de ce mouvement étaient des francophones — Marilou Craft, Émilie Nicolas, Ali Ndiaye, etc. À moins qu’on ne considère comme francophones québécois seulement des Blancs ? »

Le Québec, minorité francophone, a développé une relation particulière avec les concepts de minorité, de majorité et de pouvoir. Sean Michaels, auteur de Corps conducteurs (Alto) et journaliste musical, croit qu’on s’empêtre souvent dans « l’intention » quand on pense l’appropriation culturelle ou le racisme. « L’idée semble pouvoir s’activer seulement autour d’une intention de cruauté ou de supériorité. Mais il devient clair que le racisme, comme le sexisme, perdure quelles que soient les intentions, car certaines structures de pouvoir sont équivalentes ou plus fortes même que les intentions et volontés individuelles. Même quelqu’un qui veut bien faire, ou “rendre hommage”, il peut en blesser un autre en posant son geste. »

« Si l’intention est d’honorer l’histoire de l’autre, de rendre hommage, poursuit M. Howard précisément à propos de SLĀV, et que l’autre te dit “Non, ça n’honore pas mon histoire”, c’est le signal, il me semble, qu’il faut écouter. Pas s’ancrer dans sa position. »

Source: L’appropriation culturelle, entre deux miroirs