Lisée: Exagérer avec Bock-Côté

Useful review, as much for Lisée’s views as MBC’s:

Je veux rassurer tout de suite ceux de mes lecteurs qui souffrent de mathieu-bock-côté-phobie — oui, oui, je sais que vous êtes là : je ne suis pas un admirateur inconditionnel de celui qu’on appelle MBC. Mais voilà, je dois maintenant vous peiner en ajoutant que j’en suis un admirateur conditionnel. En plus, c’est un ami.

Je suis social-démocrate, il est conservateur. J’exècre l’avant-dernier pape, il le vénère. Je suis critique de toutes les religions, il fait l’apologie de la chrétienté. J’applaudis les programmes d’accès à l’égalité, il en rejette le principe même. Je suis inquiet du réchauffement, cela ne lui fait ni chaud ni froid. Je juge essentiel de faire reculer la pauvreté, le sujet l’ennuie. Il m’arrive même de défendre les droits des Anglo-Québécois, s’il l’a fait, cela m’a échappé. Je suis indépendantiste, lui aussi.

Je viens de terminer son dernier livre, Le totalitarisme sans le goulag (La Cité). Il exagère. C’est bien écrit. Il manie le verbe avec talent, mène sa charge avec élan. On le soupçonne content d’avoir trouvé une habile formule pour trucider tel aspect du régime diversitaire dont il a fait son ennemi personnel, puis en imaginer une seconde, puis une troisième, plus mordante encore, qu’il ne peut s’empêcher de nous proposer. On voit bien qu’il se répète, mais on pardonne, car c’est goûteux. Mais qu’est-ce qu’il exagère !

Si on suit son raisonnement, nous vivrons bientôt, nous, Occidentaux, dans un monde où une banque fermera notre compte simplement par désaccord avec notre opinion politique pourtant légale. Un monde où des manifestations seront interdites préventivement, par crainte qu’y soient prononcés des propos haineux. Un monde où utiliser le mauvais pronom pour désigner le genre d’une personne sera un acte criminel. Où on pourrait être déclaré hors-la-loi pour avoir mis en doute le récit victimaire d’une minorité. Un monde où des policiers pourront nous arrêter simplement parce que nous avons chez nous un livre qui peut être jugé offensant envers une minorité et que nous aurions dû savoir que quelqu’un pourrait l’utiliser pour le montrer à une partie du public et ainsi l’inciter à la haine (Mein Kampf ? L’Ancien Testament ? Le Coran ? Relations des Jésuites ?). 

Un monde où nous pourrons être accusés d’inciter à la haine pour des propos tenus en privé, dans notre salon. Un monde où des employés de l’État ou de grandes entreprises seront soumis à des formations les instruisant sur ce qu’ils doivent absolument penser de l’histoire de leur pays. Et où exprimer un désaccord envers une opinion bizarre — que le racisme serait bien pire au Canada qu’aux États-Unis, par exemple — peut vous valoir des accusations de suprémacisme, vous plonger dans une dépression, vous conduire au suicide.

Quand je vous disais qu’il exagérait. On serait dans Orwell, qu’il cite d’ailleurs abondamment. Bon, c’est vrai, une banque a fermé son compte au politicien britannique Nigel Farage pour raisons politiques ; devant le tollé, ils l’ont rouvert. Bon, c’est vrai, des préfets français ont interdit à l’avance des manifestations, parfois de gauche, parfois anti-laïques, parfois de l’ultradroite, parfois aussi pour interdire de taper sur des casseroles sur la trajectoire du convoi présidentiel. Est-ce si grave ?

Penser que le mégenrage soit criminalisé, c’est du délire. Quoique ce soit souhaité par une pluralité de millénariaux aux États-Unis. Idem pour la remise en question du génocide culturel autochtone canadien. Ce n’est qu’une recommandation officielle, appuyée par le ministre canadien de la Justice, pourquoi s’énerver ? Et ce livre odieux que vous avez chez vous, ce n’est qu’en Irlande qu’une loi pourrait vous entraîner en tôle pour le posséder, pas ici. Et les propos haineux tenus en privé, ce n’est qu’en Écosse qu’on pourrait vous les reprocher devant un juge. C’est loin, l’Écosse.

Quant aux formations obligatoires nous contraignant à croire que nous sommes pires que les Américains, elles ne sont imposées qu’aux employés fédéraux, à ceux des grandes entreprises, pas aux PME. Et, oui, aux directeurs d’école de l’Ontario, dont un a osé dire que c’était inexact, fut accusé d’être un suprémaciste blanc, puis s’est suicidé. Mais n’était-il pas un peu fragile ?

Sérieusement, Bock-Côté trace le portrait de ce qui pourrait nous arriver de pire, si la totalité des assauts recensés contre la liberté d’expression et de conscience devaient s’arrimer et se généraliser. S’avisant qu’il existe un médicament qui semble réduire les opinions racistes, notant que des implants cybernétiques sont en développement, il nous avertit de ne pas écarter la perspective d’utilisation de ces innovations pour contrôler nos élans et nos pensées. Je voudrais lui rétorquer que le pire n’est pas toujours sûr. Je me retiens, car ses ouvrages précédents nous avaient souvent prévenus de dérives dont on ne pouvait croire qu’on les vivrait près de chez nous, mais qui, pourtant, sont arrivées.

Évidemment, s’il s’inquiète énormément des outrances issues de la mouvance woke (un mot qu’il n’utilise pas, préférant parler de régime diversitaire), il est moins disert sur les mouvements de droite qui interdisent des lectures, réforment les programmes pour qu’on ne parle plus d’esclavage aux États-Unis, matent la liberté de la presse en Europe de l’Est. Une partie du livre est destinée à prouver que l’extrême droite politique n’existe pas en soi (il ne nie pas l’existence de groupuscules néofascistes). Qu’il ne s’agit que d’une étiquette servant à marginaliser les porteurs d’un discours dérangeant. 

La démonstration va pour la France,où les thèmes du contrôle de l’immigration et de la lutte contre la délinquance, naguère portée par le clan Le Pen, sont désormais au centre de l’action d’un gouvernement qui se dit d’extrême centre. Mathieu n’en parle pas, mais l’utilisation par les conservateurs nord-américains du mot « woke » pour étiqueter la totalité des positions progressistes et écologistes, même modérées, relève du même phénomène et mérite la même réprobation. 

Et lorsqu’il défend sans la nommer la thèse du « Grand Remplacement » des peuples historiques par les minorités, on cherche en vain dans ses pages les chiffres, l’échéancier, le moment du point de bascule, même si la transformation est visible en France et en Europe dans des cités et des quartiers.

Il y a donc à prendre et à laisser — et beaucoup à ajouter — à l’oeuvre que construit énergiquement l’ami Bock-Côté. Je conçois que les avertissements qu’il nous lance peuvent agacer, déranger. J’estime toutefois qu’il est un combattant de la liberté d’expression. Et que c’est à nos risques et périls qu’on refuserait de l’entendre.

Source: Exagérer avec Bock-Côté

Réplique d’André Pratte à Mathieu Bock-Côté: une analyse injuste du PLQ qui ne tient pas la route

I’m with Pratte but appreciate the discussion and the contrasting perspectives. And for MBC to accuse Pratte of “ne soit pas conscient de ses propres mécanismes mentaux,” the same could be said by MBC:

Dans une chronique publiée dans Le Journal de Montréal samedi dernier, Mathieu Bock-Côté (MBC) accuse le Parti libéral du Québec de tenir un discours qui «repose explicitement sur la mise en minorité démographique des Québécois francophones par l’immigration massive pour fabriquer un nouveau Québec. Ce discours souhaite la disparition de notre peuple.»

Témoin à charge numéro un: Balarama Holness, qui s’est présenté aux élections de 2022 à la tête de son propre parti, Bloc Montréal. Celui-ci a recueilli moins de 0,2% du vote dans la province. M. Holness ne représente en rien le PLQ; c’est un marginal.

Témoin numéro deux: la militante Idil Issa, qui n’est pas membre du PLQ.

En quoi les propos supposément «haineux» de ces deux personnes démontrent-ils quoi que ce soit au sujet du Parti libéral du Québec? 

Le fond

J’aimerais m’arrêter au fond de ce qu’avance M. Bock-Côté: le PLQ manœuvrerait pour noyer le Québec francophone par une immigration massive devant produire «un nouveau Québec». Cette thèse, proche du «grand remplacement» des complotistes français, ne tient tout simplement pas la route.

D’abord, parce que le PLQ, s’il prône une hausse raisonnable de l’immigration afin de combler les besoins de main-d’œuvre, n’a jamais soutenu qu’il fallait une «immigration massive» au Québec, à l’image de l’Initiative du siècle proposée à l’échelle canadienne par le comité Barton.

Encore faut-il savoir ce qui, aux yeux de MBC, constitue une «immigration massive». Le seuil actuel, 50 000 nouveaux immigrants permanents par année, est clairement excessif à ses yeux. Qu’est-ce qui serait raisonnable: 30 000? 10 000? Zéro?

Quoi qu’il en soit, les projections de Statistique Canada montrent bien que même dans le cas d’une immigration beaucoup plus nombreuse qu’aujourd’hui, les immigrants et résidents non permanents ne représenteraient toujours que 27% de la population totale du Québec en 2041, contre 23% sous un scénario de faible immigration. De quelle «disparition» MBC parle-t-il?

Par ailleurs, des projections publiées par l’Office québécois de la langue française démontrent que même si les immigrants choisis par le Québec parlaient tous français à leur arrivée – c’est l’objectif du gouvernement Legault – cela ne changerait pas grand-chose aux grands indicateurs démolinguistiques. Le français langue maternelle continuerait de diminuer lentement – c’est le fait inexorable de la faible natalité chez les Québécois dits «de souche». L’élément le plus important, la connaissance du français au sein de la population québécoise, y compris les immigrants, resterait très élevée à près de 95%.

Main-d’œuvre

Il est vrai que depuis quelques années, le nombre de résidents non permanents a considérablement augmenté au Canada, entre autres au Québec. Cela est dû aux besoins croissants en main-d’œuvre et à la hausse du nombre d’étudiants étrangers. À un point tel que le ministre fédéral de l’Immigration a récemment évoqué la possibilité de limiter le nombre d’étudiants internationaux admis au pays. 

On se serait attendu à des applaudissements venant de François Legault, grand admirateur de MBC. Eh! non, l’intention fédérale a été dénoncée parce qu’il s’agirait d’une violation des compétences provinciales, tandis que les universités et collèges en région ont souligné l’importance cruciale pour eux de cette clientèle internationale. Il faudrait se décider: ou l’immigration est une menace, ou c’est une richesse?

Les libéraux du Québec, eux, optent avec conviction pour la seconde option. Il suffit de commencer à dresser la longue liste de Québécois de souche immigrante qui ont fait leur marque ici, en français, dans les domaines politique, économique et culturel pour confirmer cette vision positive des choses.

Si M. Bock-Côté fréquentait les libéraux du Québec au lieu de les imaginer dans ses cauchemars, il saurait combien ils aiment le Québec français et y sont profondément enracinés. Les accuser, sans fondement, de «souhaiter la mort de notre peuple» est faux et injuste. 

André Pratte, Coprésident du Comité sur la relance du Parti libéral du Québec

RÉPONSE DE MATHIEU BOCK-CÔTÉ

Oui, le PLQ instrumentalise politiquement l’immigration. Voyons pourquoi.

Le PLQ a-t-il intérêt à accélérer la transformation démographique du Québec? 

C’est ce que je soutenais dans ma chronique de jeudi. 

André Pratte soutient le contraire dans sa réplique, et semble même scandalisé qu’on puisse le suggérer. André Pratte fait semblant d’oublier que son parti, le Parti libéral du Québec, obtient moins de 5% d’appuis chez les Québécois francophones, et qu’il ne se maintient électoralement que grâce à l’appui des anglophones et de l’électorat issu de l’immigration. 

Il veut nous faire croire, probablement, que son parti ne s’en rend pas compte, et que son appui aux seuils d’immigration très élevés des dernières années n’a aucun lien avec cela. Non. Du tout. Zéro. 

D’ailleurs, le PLQ ne favoriserait pas une immigration massive – les seuils d’immigration fixés par les libéraux correspondraient seulement aux besoins des entreprises, ce qui est une fumisterie, mais j’y reviendrai une autre fois. 

Base électorale

Et si André Pratte dit ne pas se rallier à l’Initiative du siècle d’Ottawa, il préfère rester dans le Canada avec la «noyade» démographique (je reprends ici la formule de René Lévesque) annoncée qu’envisager la possibilité de l’indépendance. 

Le français se porterait même mieux que jamais au Québec: pour en arriver à cette conclusion loufoque, Pratte est évidemment obligé de prendre l’indicateur linguistique le moins significatif

Il est possible que Pratte ne soit pas conscient de ses propres mécanismes mentaux. Je n’exclus pas cette possibilité.

Si le PLQ est aujourd’hui chassé du Québec francophone, c’est qu’il l’a renié, en assimilant la moindre affirmation de son identité au souffle de «l’intolérance». 

La trudeauisation idéologique du PLQ sous Philippe Couillard a correspondu à son suicide électoral chez les Québécois francophones. Autrefois, le PLQ a porté une vision québécoise du Canada: il porte aujourd’hui une vision canadienne du Québec. Son objectif: toujours ramener à la baisse les critères d’adhésion du Québec au fédéralisme, et le transformer de telle manière que la question nationale se dissolve.

Le PLQ, rationnellement, cherche à élargir sa base électorale: cette stratégie l’a bien servi depuis 20 ans. La transformation de Laval en extension politique et sociologique du West Island en témoigne. Ce sera demain ou après-demain le tour des deux 450 – comme le reconnaissent bien des stratèges libéraux en privé, soit dit en passant. 

Évidemment, le PLQ ne va pas en criant sur les toits qu’il est favorable à une transformation démographique du Québec entraînant la mise en minorité progressive du Québec francophone. Il se contente de fonder son action politique sur cette logique.

Question nationale

Certains, parmi les multiculturalistes les plus militants, se permettent de le dire: j’en ai cité deux dans mon texte. 

Je les recite pour m’assurer que les lecteurs ne les oublient pas.

Balarama Holness affirmait ainsi que le PLQ aura besoin «de deux décennies pour se renforcer en région, le temps qu’il y ait des changements démographiques». Autrement dit, moins les régions seront francophones, plus le PLQ y progressera.

Je recite aussi Idil Issa, la militante multiculturaliste : «C’est les demographics qui vont gagner, finalement. Le Québec de Mathieu Bock-Côté, c’est le Québec du passé. Ils essaient de prendre une photo et de figer le Québec d’une ancienne manière. Nous sommes diverses, le Québec est différent maintenant. On doit être inclusifs. On doit pas aliéner les jeunes. On doit leur donner une place. Je veux que tout le monde qui aimerait être enseignante étudie l’éducation, étudie le droit. Ne soyez pas peur, la loi 21, ça restera pas au Québec, ça, c’est certain. Comme j’ai dit, que ce soit l’année 2300, on ira jusqu’au bout.» 

J’en cite un autre, sans savoir s’il est fédéraliste ou souverainiste, mais qui théorise les effets de cette révolution démographique pour le Québec. Amadou Sadjo Barry, dans Diversité culturelle et immigration (2023), qui écrit: «[…] on pourrait penser que dans les prochaines décennies, la population québécoise sera largement majoritaire en immigrants de première ou de deuxième génération et, par conséquent, aucun groupe, même les francophones descendants des Canadiens français, ne pourrait constituer la majorité. […] Le temps viendra où l’Europe et l’Occident ne suffiront plus comme références pour comprendre le peuple québécois et le définir. Ce temps, ce sera celui du grand déracinement auquel notre monde sera confronté». (p. 148)

Et qu’on me permette d’en citer un dernier: le philosophe Daniel Weinstock. 

Il ainsi affirmait en octobre 2009: «Manifestement, la préoccupation identitaire des Québécois est plus forte que dans le reste du Canada. Le Canadien anglais, c’est déjà un “post-ethnique”, une personne qui peut aussi bien être de souche écossaise que polonaise ou sud-américaine. Les Québécois, eux, ont toujours cette idée qu’ils ont un “nous” à protéger. […]. Quand Montréal comptera un aussi haut pourcentage d’immigrants que Toronto, ces questions ne se poseront plus avec autant d’acuité. Et encore moins quand on constatera qu’on n’a pas les moyens de se priver, par exemple, d’une infirmière, “hijab ou pas”». Autrement dit, la question identitaire québécoise allait se dissoudre au rythme de la transformation démographique de la société québécoise et de la mise en minorité des Québécois francophones. La société multiculturelle à laquelle rêvait Weinstock, et qui correspond globalement à la vision que le Canada de 1982 a de lui-même, présupposait pour se concrétiser une recomposition démographique québécoise.

Ce discours est courant, même si les médias y accordent peu d’attention. Je me corrige: il est possible d’en parler si c’est pour s’en réjouir. On chantera alors la diversification croissante du Québec. Si on s’en inquiète, on est accusé du pire. Il faudrait cesser, comme le fait Pratte, d’assimiler toute réflexion sur les effets démographiques et identitaires de l’immigration à la «théorie du grand remplacement», dont nulle figure publique ne se réclame au Québec – cette méthode relève à la fois de la malhonnêteté intellectuelle et de l’intimidation idéologique. 

C’est le simple bon sens: quand un pays reçoit davantage d’immigrés qu’il ne peut en accueillir, il favorise la formation de communautarismes dans ses frontières. Si les décennies passent, que l’immigration massive se poursuit, et que la machine à intégrer ne fonctionne toujours pas, c’est l’identité profonde de ce pays qui se transformera et sa majorité historique qui se minorisera. 

Mais revenons au PLQ. Il ne me semble pas inutile de rappeler qu’Ottawa, en 1995, a utilisé l’immigration massive à la manière d’un verrou démographique sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec. Plus la majorité historique francophone fondra démographiquement, et moins le Québec aura de chances d’accéder à l’indépendance. 

L’ex-député libéral Christos Sirros l’avait dit mot pour mot au lendemain du référendum: «le désir d’indépendance des Québécois allait s’éteindre avec l’immigration». Il ne faisait que dire tout haut ce que les partisans du plan B dans les années postréférendaires pensaient tout bas.

En cherchant à casser la structure démographique du Québec, Ottawa entend en finir une fois pour toutes avec la possibilité de l’indépendance, et c’est dans cet esprit, encore une fois, qu’au lendemain du dernier référendum, dès sa reprise du pouvoir, le PLQ a haussé les seuils.

Qu’on me comprenne bien: je ne réduis évidemment pas l’immigration à son utilisation politique par le PLQ. 

Il y a de belles histoires d’intégration, d’ailleurs, comme Pratte le rappelle, et nul ne le contestera. Qui serait assez sot pour dire d’un phénomène de grande ampleur comme l’immigration qu’il est exclusivement positif ou exclusivement négatif?

Régime canadien de 1982

Mais la dynamique de fond, portée par le régime canadien, favorise davantage l’intégration des immigrés aux Canadiens anglais du Québec qu’aux Québécois francophones, et rien ne laisse croire que la tendance basculera à court ou moyen terme. 

Cette intégration à la communauté anglophone passe normalement par une identification privilégiée à Montréal, métropole bilingue aux deux langues officielles, fondée sur le principe du bonjour-hi. Le français, dans cette perspective, devient optionnel. La loi 101 n’entend plus ici assurer l’intégration identitaire des nouveaux arrivants à la majorité historique francophone mais conserver le droit pour cette dernière de se faire servir en français. Ce n’est plus une loi mettant le français au pouvoir mais assurant les droits minoritaires des francophones. 

Alors revenons au sujet de notre discorde: autant il serait hasardeux de réduire la question de l’immigration à son usage politique par les partis, autant il serait absurde de nier cette dimension. 

Ce qui nous ramène à cette évidence: l’immigration massive est une richesse électorale pour le Parti libéral. Il est de bonne guerre qu’André Pratte le nie. Mais le fait que cette vérité soit désagréable ne la transforme pas soudainement en fausseté.

Mathieu Bock-Côté

Source: Réplique d’André Pratte à Mathieu Bock-Côté: une analyse injuste du PLQ qui ne tient pas la route

François Legault shares racist article, reveals hypocrisy on secularism

Sigh…

Quebec Premier François Legault shared an article by infamous Journal de Montréal columnist Mathieu Bock-Côté about the importance of Catholicism in Quebec, revealing his hypocrisy on secularism and a willingness to overlook barely disguised racist sentiments in the material he shares.

In his column, timed with Easter weekend, Bock-Côté praises Quebec’s Catholic heritage, noting that  “Catholicism, from the origins of New France, gave a particular impetus to our adventure in America” — kind of like how the Catholic Church’s Doctrine of Discovery encouraged Europeans to crush Indigenous communities in their travels? Bock-Côté also says, “It is this same sense of the collective that leads us today to resist the fragmentation of society under the pressure of multiculturalism” — a gratuitous slam on multiculturalism as being the root of all our problems.

Legault quoted another piece of the Journal article on Twitter: “Catholicism has also engendered in us a culture of solidarity that distinguishes us on a continental scale.” As Montreal comedian Sugar Sammy pointed out, “Secularism is important except for this one tweet.”

Secularism has been identified by the Legault government as one of Quebec’s core values, and used as justification for Bill 21, which supposedly treats all religions equally in terms of banning religious symbols.

Source: François Legault shares racist article, reveals hypocrisy on secularism

‘Bill 21 is a pedestal on which we must build’: Quebec nationalists mull what comes next

“Cultural convergence” vs interculturalism vs multiculturalism. More semantics than substantive, as when even this group defines the first term, many common elements of civic integration with the other terms emerge. Of course, many of the specific policy proposals discussed are distinct in terms of immigration levels, language laws, and religious diversity:

Fresh off the victory of passing Bill 21, the province’s secularism law, Quebec’s nationalist movement is already strategizing on how to use it as a beachhead to launch a multi-pronged attack on Canadian multiculturalism.

Many of the movement’s leading intellectuals met last month at a conference in Montreal.

“We’ve won a battle, the first in a while,” said the opening speaker, Étienne-Alexis Boucher, a former Parti Québécois MNA and president of the Mouvement national des Québécoises et Québécois.

“But only the first of many more, I hope.”After “15 years of Liberal submission” — Boucher’s words — Quebec nationalists feel they finally have an ally in Premier François Legault and his Coalition Avenir Québec government.

It’s time, they say, to take advantage.

The November conference was organized by the Institut de recherche sur le Québec, a think tank founded in 2002 that studies ‘the Quebec national question.’ Its head of research is right-wing pundit Mathieu Bock-Côté.

For the occasion, Bock-Côté assembled a slate of thinkers who have pushing a nationalist agenda in the media, in academia and in politics. Many have ties to the PQ.

Those speakers included Dawson College history teacher Frédéric Bastien, who has been musing about running for the PQ leadership, and Guillaume Rousseau, a Université de Sherbrooke constitutional law professor who advised the CAQ government on Bill 21 after running unsuccessfully for the PQ in the last election.

The day-long session at the Université du Québec à Montréal, which attracted about 100 people, offered some clues to where nationalists are hoping to make gains during Legault’s mandate.The participants batted around proposals to beef up Quebec’s language laws, cut immigration levels and eliminate all instruction on comparative religions from the school curriculum.

But the road ahead will not be easy, they warn, especially with dyed-in-the wool federalist Justin Trudeau occupying 24 Sussex Drive.

“Clearly the federal regime will try to dismantle Bill 21, like how it methodically attacked Bill 101,” said Boucher, “but we will be there to fight back.”

“Bill 21 is a pedestal on which we must build.”

Who wants to re-open Bill 101?

The day’s discussions, naturally, began with language — and how to reverse what is seen as a decades-long erosion of the supremacy of French in the province, on the island of Montreal and beyond.

On a table near the auditorium’s entrance, copies of the 35-year-old nationalist, left-wing publication L’aut’journal (“the other newspaper”) warned of the “balkanization of Quebec,” in capital letters, above a map of the Liberal-red islands of Montreal and Laval, all but surrounded by a sea of blue.

Frédéric Lacroix, a contributor to the newspaper, pointed to data showing that francophones, as a proportion of their demographic weight in the province, are in a steady decline. Montreal is basically a lost cause, he said. Laval, too, is far gone.

“Laval is a case study of what’s happening in the Montreal region,” Lacroix said, warning these changes have political consequences.

“We see that the Quebec Liberal Party took almost all the seats in Laval,” he said of the 2018 provincial election. “It’s something that would have been unimaginable only 15 years ago.”

His fellow panelist, lawyer François Côté, said the solution to the language problem starts with ditching English as an official language in laws passed by the National Assembly.

Since a 1979 Supreme Court decision, legislation in Quebec must be adopted in both French and English.

That sets a bad example for immigrants, Côté said.

“What’s the point of learning French,” he asked, “when even the state, the top of the national pyramid, expresses itself in French and English?”

Côté even floated the idea of defying the Supreme Court ruling if Ottawa wasn’t willing to allow Quebec to work around it.

“Courts are not gods,” he said.

And he said it is time to strengthen the enforcement arm of the Office québécois de la langue française, derided by many Anglos as the “language police.”

“The OQLF must imperatively grow some teeth,” Côté said.

Immigration as ‘demo-linguistic suicide’

The idea that the survival of the historic francophone majority is at stake is perhaps expressed most starkly in Jacques Houle’s book, Disparaître? (To Disappear.)

Now in its third printing, the book has turned into an unexpected hit for the retired federal bureaucrat who lectures to seniors in the continuing education program at the Université de Sherbrooke.

When Bock-Côté, who wrote the book’s preface, took to Twitter saying Disparaître? should be mandatory reading for nationalist leaders and militants, PQ interim leader Pascal Berubé tweeted back, “I have this book.”

Houle argues that unless current immigration levels are slashed from 40,000 per year (the figure was 50,000 under the previous Liberal government) to 30,000 per year, by the turn of the century Quebec’s French-speaking majority will be in the minority, committing “demo-linguistic suicide.”

“We can’t separate immigration from population growth and the health of the French-speaking majority,” said Houle at the November conference.

Houle also attacked what he called “myths” used to justify higher immigration levels.

He claimed that over time, immigrants take more, on average, from social programs like unemployment insurance than they contribute in taxes, and that accepting refugees for humanitarian reasons is “insignificant” in the face of the global challenge of coping with another two billion people by 2050.

Houle had particular disdain for business groups who see higher immigration levels as a way of resolving Quebec’s critical labour shortage. According to Houle, the jobs that go unfilled are undesirable and underpaid.

“Why do immigrants not take these great jobs in an abattoir or at McDonalds in Val-d’Or?” he asked sarcastically. “Because the jobs we’re offering them are the ones that people here don’t want.”

Houle said higher immigration provides employers with a pool of cheap labour that keeps wages down and compensates for high turnover in undesirable jobs.

That argument is similar to one Legault made as he faced a firestorm of criticism from the business community for his cuts to the Quebec Experience Program last month — a program that fast-tracked foreign students and temporary workers on the path to immigration.

In the face of that barrage of criticism, those reforms were walked back, for now.

Even talking about immigration levels has become taboo, Houle told CBC.

“It’s been decided, probably by political economic elites, that immigration is, per se, advantageous,” he said.

He wants Quebec to lower its annual intake of immigrants to be more in line with the per-capita immigration rates in Europe and the U.S.

“This is the price to pay if we want to conserve the [linguistic] majority,” Houle said.

Religious culture courses targeted

Tied in to immigration and language issues for conference delegates is a deep-seated concern about the impact of the ethics and religious culture courses (ECR) that have been mandatory in the province’s schools since 2008.

The ECR program is intended to give children the skills to weigh ethical questions, understand Quebec’s religious history and the broad strokes of different religious belief systems present in contemporary Quebec society, and to engage in dialogue.

The curriculum has been criticized by some as too relativistic, and it’s long been a favourite punching bag for nationalists who worry the program promotes official multiculturalism.

One of those critics is Joëlle Quérin, a CEGEP teacher from Saint-Jérôme, whose 2009 paper, The Ethics and religious culture course: transmission of knowledge or indoctrination? was also published by the Institut de recherche sur le Québec.

In the essay, Quérin says the ECR course “aims explicitly to radically transform Quebec by reprogramming it with the ideological software of multiculturalism” and creates a purely civic notion of Quebec society, unmoored from history or cultural specificity.

Speaking to the panel 10 years after her paper’s publication, Quérin said the course’s “ideological character” has been confirmed, and the damage has been done.

She cited a November 2018 Leger poll that showed what she calls the “ECR generation” is the only one that doesn’t disapprove of teachers wearing religious signs. She said recent data from Radio-Canada’s Vote Compass election project showed 18- to 24-year-olds are the generation most opposed to Bill 21.

Quérin says this puts Legault’s government in an untenable position: on the one hand, it has adopted a law that bans religious symbols for government workers in positions of authority, but on the other hand, it continues to require students to take a course that leads many young people to believe the law is an affront to fundamental rights.

“If the premier is serious when he says, ‘In Quebec, this is how we live,’ maybe he should talk to his minister of education,” Querin said.

What would replace multiculturalism?

Rousseau, the Sherbrooke law professor, would also like to get rid of the ECR and wants to persuade the province to adopt a framework law on what he calls “cultural convergence,” which he argues would be Quebec’s answer to Canadian multiculturalism.

The idea, he says, would be to enshrine the notion of a common language and culture that immigrants would be encouraged to eventually adopt as their own.

“What we are saying is that there are many cultures, but one of them is very important and has a special place: French-speaking Quebec culture,” Rousseau said.

He says it’s not assimilation, because he sees that common culture as malleable and expects different cultural communities to add to it and alter it over time.

Rousseau also sees Bill 21 as an example of that “cultural convergence” — he points out that some Quebecers of North African descent, for example, support the bill along with the French-Canadian majority.

“We have a different way of seeing this issue in Quebec,” he said, warning the rest of Canada to tone down the rhetoric against the popular law.

“I think it’s just making people in Quebec feel like they should support Bill 21 even more because they’re being called racist,” said Rousseau.

Nationalist and proud

As the microphone cables were wrapped up and the coffee carafes carted away on Nov. 2, there was no clear consensus as to what should happen next, but a common sentiment united the divergent panelists and audience members: nationalists are slowly reconquering Quebec’s political space.

The loose-knit group of academics, writers, old-school Péquistes, social democrats, immigration hawks and retirees had differed on many things, but not on Bill 21, which was seen as a symbolic affirmation of their nation’s right to chart its own social course.

Having a premier who isn’t ashamed to call himself a nationalist is for them more than just a way to pass legislation, it is a sign that Quebec is pushing back against the “federal regime” and its multicultural tenets.

“Sometimes the stars align,” said Côté.

Source: ‘Bill 21 is a pedestal on which we must build’: Quebec nationalists mull what comes next