Dejean | La laïcité, «couteau suisse» du vivre ensemble

Note of caution on over-use of laïcité to justify measures rather than a more global and balanced approach beyond religious affiliation:

Si vous êtes adepte du camping, vous avez certainement déjà tenu entre vos mains le célèbre « couteau suisse » de couleur rouge de la marque Victorinox. Une compote à manger, le couteau dispose d’une cuiller ; une vis à resserrer, c’est un tournevis qui est révélé ; une bouteille à déboucher, un tire-bouchon est votre allié. Ces temps-ci, la laïcité semble être à notre démocratie ce que le couteau suisse est au camping : un outil que l’on dégaine en toute situation, confiant dans sa fiabilité et ses possibilités. Faciliter l’intégration des nouveaux arrivants : laïcité ; apaiser les relations interculturelles : laïcité encore ; mettre fin à des pratiques franchement douteuses dans une école : laïcité toujours.

On pourrait se réjouir de la souplesse et de l’élasticité de cette notion, en passe de devenir une valeur cardinale : après tout, si elle est capable de résoudre bien des problèmes épineux du moment, qui s’en plaindrait ? Malgré tout, on est en droit de se demander si, à force de trop charger la barque, elle ne va pas finir par prendre l’eau. Alors que l’intuition première de la laïcité fut parfaitement résumée par Victor Hugo dans une formule aujourd’hui fameuse, « l’Église chez elle et l’État chez lui », on constate que son champ d’application ne cesse de s’étendre, non pas selon des raisons bien pesées, mais davantage en fonction des polémiques de l’heure.

Voyez les événements qui se sont déroulés dans cette école de Côte-des-Neiges : les nombreuses chroniques qui leur furent consacrées avaient en commun d’en faire fondamentalement un problème de laïcité. C’était une évidence qui ne souffrait aucune discussion. Ainsi, dans les colonnes du Devoir, Normand Baillargeon achevait sa plus récente chronique en une formule sibylline : « Un premier geste à poser en ce sens est de renforcer et d’étendre la laïcité. Et de l’appliquer partout. » Qu’est-ce que le philosophe entend par « étendre » et « appliquer partout » la laïcité ? Difficile de le dire.

En effet, la laïcité est désormais une sorte de fétiche que l’on tire de son sac, sans vraiment se questionner quant aux objectifs visés et à la nature des problèmes à résoudre. Le même jour, mais dans un journal concurrent, Joseph Facal se montrait encore plus explicite : « Comparons la laïcité à une longue marche. La loi 21 fut un premier pas timide. » On se demande jusqu’où va nous mener cette longue marche. Là encore, le chroniqueur n’apporte aucun élément concret.

Les deux chroniques — mais j’aurais pu en choisir d’autres — ont donc en commun de « cadrer » les événements autour de la variable religieuse, alors même qu’elle n’est qu’une variable parmi d’autres qui, sans être occultée, doit pourtant être remise à la place qui lui revient. À lire le rapport fouillé rendu public par le ministère de l’Éducation, il apparaît que bien des problèmes sont avant tout liés à des manquements institutionnels et que des interventions en temps et en heure des autorités compétentes auraient pu faire retomber la pression. La question est donc la suivante : renforcer l’arsenal législatif en matière de laïcité permettrait-il dans le futur d’empêcher de telles dérives ? Rien n’est moins sûr. Et si c’est le cas, cela doit être démontré avec rigueur, et non affirmé de façon péremptoire.

Alors, pourquoi autant de textes appellent-ils à aller plus loin dans l’encadrement des manifestations religieuses ? Sans doute y a-t-il une part d’opportunisme politique chez des personnes qui, depuis l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État, regrettent que cette dernière n’aille pas assez loin, et exploitent l’actualité : ce furent des prières dans un parc ou des rues hier, ce sont aujourd’hui les agissements condamnables d’une petite clique d’enseignants.

Mais soyons vigilants, respecter la laïcité, c’est aussi ne pas la brandir à tout bout de champ, la transformant peu à peu en une sorte de « couteau suisse » du vivre-ensemble. Il est donc nécessaire qu’elle demeure tout simplement un principe régulateur dans les relations entre l’État et les groupes religieux, et non un étendard identitaire qui tirerait sa puissance non pas tant de son contenu, mais de sa simple évocation devenue quasi sacrée.

Frédéric Dejean L’auteur est professeur au département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal.

Source: Libre opinion | La laïcité, «couteau suisse» du vivre ensemble

If you are a fan of camping, you have certainly already held the famous red “Swiss army knife” from the Victorinox brand in your hands. A compote to eat, the knife has a spoon; a screw to tighten, it is a screwdriver that is revealed; a bottle to unclog, a corkscrew is your ally. These days, secularism seems to be to our democracy what the Swiss army knife is to camping: a tool that is drawn in any situation, confident in its reliability and possibilities. Facilitate the integration of newcomers: secularism; soothe intercultural relations: secularism again; put an end to frankly dubious practices in a school: secularism always.

We could rejoice in the flexibility and elasticity of this notion, which is about to become a cardinal value: after all, if it is able to solve many of the thorny problems of the moment, who would complain about it? Despite everything, we are entitled to ask ourselves if, by dint of loading the boat too much, it will not end up taking the water. While the primary intuition of secularism was perfectly summarized by Victor Hugo in a now famous formula, “the Church at home and the State at home”, we see that its scope of application continues to expand, not according to well-weighted reasons, but more according to the polemics of the hour.

See the events that took place in this school of Côte-des-Neiges: the many chronicles that were devoted to them had in common to make it fundamentally a problem of secularism. It was obvious that there was no discussion. Thus, in the columns of the Devoir, Normand Baillargeon completed his most recent chronicle in a sibylline formula: “A first gesture to be made in this sense is to strengthen and extend secularism. And to apply it everywhere. “What does the philosopher mean by “extend” and “apply everywhere” secularism? Hard to say.

Indeed, secularism is now a kind of fetish that you get out of your bag, without really questioning the objectives pursued and the nature of the problems to be solved. On the same day, but in a competing newspaper, Joseph Facal was even more explicit: “Let’s compare secularism to a long march. Law 21 was a timid first step. “We wonder how far this long march will take us. Again, the columnist does not bring any concrete elements.

The two chronicles – but I could have chosen others – therefore have in common to “frame” the events around the religious variable, even though it is only one variable among others which, without being hidden, must nevertheless be put back in its rightful place. Reading the researched report made public by the Ministry of Education, it appears that many problems are primarily related to institutional shortcomings and that timely interventions by the competent authorities could have reduced the pressure. The question is therefore: would strengthening the legislative arsenal of secularism make it possible in the future to prevent such excesses? Nothing is less certain. And if this is the case, it must be demonstrated rigorously, and not affirmed in a peremptory way.

So, why do so many texts call for further management of religious events? No doubt there is a share of political opportunism among people who, since the adoption of the Law on Secularism of the State, regret that it does not go far enough, and exploit the news: it was prayers in a park or streets yesterday, it is today the reprehensible actions of a small clique of teachers.

But let’s be vigilant, respecting secularism also means not brandishing it at every turn, gradually transforming it into a kind of “Swiss army knife” of living together. It is therefore necessary that it remains simply a regulatory principle in relations between the State and religious groups, and not an identity banner that would draw its power not so much from its content, but from its simple evocation that has become almost sacred.

Le Devoir Éditorial | Une foi en la laïcité

Of note:

Dans les années 1960, Dieu en a mangé toute une au Québec. Les hippies et leur révolution contre-culturelle basée sur une réinvention du concept de la Sainte Trinité autour des figures du sexe, de la drogue et du rock’n’roll ne furent pas les seuls responsables de ces bouleversements annoncés par la prophétie de Refus global.

Dans le tome V d’Histoire populaire du Québec, l’historien Jacques Lacoursière décrit avec acuité le contraste entre l’omniprésence de l’Église et son inexorable déclin. L’Église qui « semble partout est en fait nulle part », écrit-il en citant le professeur de l’Université de Montréal et membre du clergé Jacques Grand’Maison.

Le concile Vatican II ne ralentira pas la sécularisation du Québec. Pendant que les curés débattaient encore en 1970 afin de permettre la messe dominicale le samedi soir — ô révolution ! —, la société laïque attaquait par les voies législative et judiciaire l’édifice croulant du contrôle social par soutanes interposées.

Au diable les prescriptions sur le divorce, sur l’union libre, sur la contraception ou sur l’avortement ! Elles voleront toutes en éclats au cours des deux décennies suivantes. Le recul nous permet de constater que les premières lueurs de la laïcité furent indissociables des combats féministes pour se libérer d’un carcan social qui régentait la vie des femmes, de l’habillement jusqu’à la procréation.

Bien sûr, des intellectuels catholiques participèrent aux premières initiatives visant à rattacher Dieu à la modernité, sans parvenir à freiner un mouvement qui fera passer le religieux de la sphère publique à la vie privée. La transformation fut plus longue et moins radicale qu’il ne le semble à première vue. En effet, il faudra quand même attendre jusqu’en 2005 pour achever le projet de déconfessionnalisation des écoles et jusqu’en 2008 pour voir la création du cours Éthique et culture religieuse.

Dans Genèse de la société québécoise, paru en 1993, le sociologue Fernand Dumont constate, dans un bilan du siècle, l’érosion définitive de l’Église comme « organisme politique et instance de régulation des moeurs ». C’est l’un des plus merveilleux accomplissements de la marche permanente vers la laïcité. Ce n’est pas tant un legs de la Révolution tranquille qu’un long parcours d’affranchissement face aux dogmes et aux gardiens de la parole sacrée, qui ne cesseront jamais d’aspirer à la « revanche de Dieu », pour paraphraser le sublime essai de Gilles Kepel.

Pour en revenir à Dumont, celui-ci soulignait aussi dans son essai « le flottement de la culture collective » qui accompagne la laïcité. Dans une nation en constante recherche de ses repères, c’est sans doute la raison pour laquelle l’attachement nostalgique au catholicisme et à ses rituels (baptême, mariage) a persisté bien au-delà de la Révolution tranquille. Il en est de même pour l’adhésion à une « catho-laïcité », qui s’est plu à casser du sucre sur le dos des femmes voilées tout en se portant à la défense de la symbolique du crucifix à l’Assemblée nationale. Dieu merci, ce dernier a été remisé lors de la dernière offensive législative du gouvernement Legault.

Aujourd’hui, les Québécois se déclarent parmi les moins croyants et les moins pratiquants de tout le Canada, mais la ferveur religieuse suit également une tendance baissière dans les autres provinces. La ligne de fracture s’observe plutôt entre l’appui à la Loi sur la laïcité de l’État au Québec et sa diabolisation ailleurs au Canada.

Dans La laïcité du Québec au miroir de sa religiosité, les codirecteurs de l’ouvrage collectif, Jean-François Laniel et Jean-Philippe Perreault, soulignent les défis de penser le fait religieux au Québec alors qu’il semble en voie de glisser vers le statut de « corps étranger ou anachronique, en marge de la culture et de la société ». « La laïcité, dans sa volonté de neutraliser la religion, n’est pas neutre », formulent-ils.

C’est une autre façon d’envisager la Loi sur la laïcité. Celle-ci avait son utilité pour parachever l’oeuvre du rapport Bouchard-Taylor sur la crise des accommodements raisonnables, même si elle embrasse trop large en incluant le personnel enseignant. Avouons-le franchement, cette loi a autant à voir avec la marche vers la sécularisation que l’affirmation identitaire d’un groupe majoritaire entretenant une relation historique d’amour-haine avec le catholicisme. Un groupe qui projette désormais cette relation sur d’autres confessions qui n’avancent pas au même pas dans leur rapport évolutif au fait religieux.

Par l’un de ces paradoxes dont le Québec ne détient pas le monopole parmi les sociétés modernes, nous avons tué Dieu, mais nous ne sommes pas venus à bout de l’irrépressible besoin de croire, comme en atteste la montée en force de la spiritualité à base de tarots, de sorcellerie, de chakras ou de roches magiques. Nous aurions tort de penser que nous pourrons légiférer les croyances jusqu’à leur extinction, surtout pas dans une ère numérique où s’effacent les distinctions entre le public et le privé.

Source: Éditorial | Une foi en la laïcité

Dejean | Faut-il tolérer la tenue d’activités religieuses dans l’espace public?

The latest Quebec religion/laïcité debate:

Une prière organisée le dimanche 16 juin par une communauté musulmane dans le parc des Hirondelles (Ahuntsic-Cartierville) a suscité une controverse, au point que la mairesse de l’arrondissement est allée en ondes pour justifier la tenue de l’événement. Il faut souligner qu’il ne s’agissait pas d’une première fois, mais la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant des musulmans, en marge d’un rassemblement en soutien à la Palestine, priant aux intersections de Stanley et Sainte-Catherine n’est sans doute pas étrangère à la controverse.

Ces deux événements posent plusieurs questions : faut-il tolérer la tenue d’activités religieuses dans l’espace public ? Et si oui, à quelles conditions ? Et parmi les traditions religieuses qui organisent des activités religieuses dans l’espace public, l’islam fait-il l’objet d’un traitement différentiel ?

Dans une chronique en date du 12 juin, Richard Martineau déclarait : « Imaginez des gens avec des croix qui décident, eux autres, en plein milieu du centre-ville de Montréal, ils arrivent et puis ils prient avec des croix et puis Jésus et puis tout ça. On aurait raison de dire : “ça, c’est des crinqués”. Les gens diraient : “L’extrême droite chrétienne, l’extrême droite catholique, ça a pas de bon sens.” »

J’invite donc le chroniqueur à participer le 13 juillet prochain à La marche pour Jésus, qui correspond précisément à ce qu’il décrit. Lors de l’édition de 2023, plusieurs centaines de chrétiens — majoritairement protestants évangéliques — défilaient dans le centre-ville de Montréal (sur René-Lévesque et Sainte-Catherine), distribuaient des dépliants qui invitaient les passants à « donner leur vie à Jésus », tandis que des haut-parleurs diffusaient de la musique pop chrétienne. Étrangement, personne ne s’en est ému.

De la même façon, la présence de membres de l’Association internationale pour la conscience de Krishna, plus connus sous le nom des « hare krishna » en référence au mantra que les fidèles scandent en musique, à proximité de certaines stations de métro de Montréal ou encore les opérations de prosélytisme de prédicateurs évangéliques dans les transports en commun ne suscitent pas vraiment de réaction.

La controverse autour de la prière dans le parc des Hirondelles, tout comme La marche pour Jésus ou encore les nombreuses processions organisées par des groupes religieux à proximité de leurs lieux de culte, remet sur le devant de la scène la question de savoir si l’expression collective du religieux doit être autorisée dans l’espace public. Quand un chroniqueur comme Richard Martineau, dans la même chronique que celle citée précédemment, déclare : « Que tu pries dans une mosquée, que tu pries chez toi, j’en ai rien à foutre. Mais prier dans la rue, c’est une manifestation de force, c’est un symbole », il se positionne en faveur d’une limitation du religieux à l’espace domestique ou cultuel.

Cette position, assez courante, se fonde sur l’idée que la neutralité de l’État passe nécessairement par l’évacuation de toute manifestation religieuse de l’espace public. Une telle idée est rendue possible par l’ambiguïté de l’expression « espace public », à la fois « sphère publique » (domaine du politique et de la discussion démocratique) et espace géographique de circulation ouvert à toutes et tous (les rues, les places, les parcs…).

Si la laïcité implique bien une neutralité de la sphère publique envers les différentes traditions religieuses, il n’en va pas de même de l’espace public au sein duquel les différentes visions du monde (notamment religieuses) peuvent s’exprimer librement, dans les limites de ce qui est autorisé par la loi. Il serait d’ailleurs malvenu dans une société libre et démocratique que l’État en vienne à réguler l’expression des convictions de ces citoyennes et citoyens.

Pour autant, faut-il accepter toutes formes d’expression collective du religieux sur la base du respect de la liberté de conscience et de religion énoncées dans les chartes ? Il apparaît que non, et l’on a tendance à oublier que le premier article de la Charte des droits et libertés de la personne rappelle que ceux-ci ne sont pas absolus et peuvent être restreints « dans des limites qui y sont raisonnables et dont la justification peut se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique ».

Ajoutons que, sur un plan pratique, la Ville de Montréal possède un Règlement concernant la paix et l’ordre sur le domaine public qui permet d’encadrer la tenue d’activités, quelle qu’en soit la nature. Par exemple, l’article 10 stipule que « l’initiateur ou l’organisateur de tout défilé, parade, procession, marathon, tour cycliste, doit présenter au directeur du Service de la circulation et du transport une demande d’autorisation à cette fin, au moins 30 jours avant la date prévue pour l’événement ». Sur cette base, il est possible d’évaluer de façon objective les conséquences, et les nuisances potentielles, de la tenue d’activités dans l’espace public.

Frédéric Dejean est professeur au département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal.

Source: Idées | Faut-il tolérer la tenue d’activités religieuses dans l’espace public?

More reasonable, IMO, than the contrary view expressed by Nadia El-Mabrouk and the Rassemblement pour la laïcité: Idées | Les parcs ne sont pas des lieux de culte

France is proud of its secularism. But struggles grow in this approach to faith, school, integration

Interesting long read (with influence on Quebec approach):

Brought into the international spotlight by the ban on hijabs for French athletes at the upcoming Paris Olympics, France’s unique approach to “laïcité” — loosely translated as “secularism” — has been increasingly stirring controversy from schools to sports fields across the country.

The struggle cuts to the core of how France approaches not only the place of religion in public life, but also the integration of its mostly immigrant-origin Muslim population, Western Europe’s largest.

Perhaps the most contested ground is public schools, where visible signs of faith are barred under policies seeking to foster a shared sense of national unity. That includes the headscarves some Muslim women want to wear for piety and modesty, even as others fight them as a symbol of oppression. 

“It has become a privilege to be allowed to practice our religion,” said Majda Ould Ibbat, who was considering leaving Marseille, France’s second-largest city, until she discovered a private Muslim school, Ibn Khaldoun, where her children could both freely live their faith and flourish academically.

“We wanted them to have a great education, and with our principles and our values,” added Ould Ibbat, who only started wearing a headscarf recently, while her teen daughter, Minane, hasn’t felt ready to. Her 15-year-old son, Chahid, often prays in the school’s mosque during recess. 

For Minane, as for many French Muslim youth, navigating French culture and her spiritual identity is getting harder. The 19-year-old nursing student has heard people say even on the streets of multicultural Marseille that there’s no place for Muslims.

“I ask myself if Islam is accepted in France,” she said in her parents’ apartment, where a bright orange Berber rug woven by her Moroccan grandmother hangs next to Koranic verses in Arabic. 

Minane also lives with the collective trauma that has scarred much of France — the gripping fear of Islamist attacks, which have targeted schools and are seen by many as evidence that laïcité (pronounced lah-eee-see-tay) needs to be strictly enforced to prevent radicalization.

Minane vividly remembers observing a moment of silence at Ibn Khaldoun in honor of Samuel Paty, a public school teacher beheaded by a radicalized Islamist in 2020. A memorial to Paty as a defender of France’s values hangs in the entrance of the Education Ministry in Paris.

For its officials and most educators, secularism in public schools and other public institutions is essential. They say it encourages a sense of belonging to a united French identity and prevents those who are less or not religiously observant from feeling pressured, while leaving everyone free to worship in private spaces.

For many French Muslims, however, and other critics, laïcité is exerting precisely that kind of discriminatory pressure on already disadvantaged minorities, denying them the chance to live their full identity in their own country.

Amid the tension, there’s broad agreement that polarization is skyrocketing, as crackdowns and challenges mount for this French approach to religion and integration.

While open confrontations are still numbered in the dozens among millions of students, it has become common to see girls put their headscarves back on the moment they exit through a public school’s doors.

“Laws on laïcité protect and allow for coexistence — which is less and less easy,” said Isabelle Tretola, principal of the public primary school whose front gate faces the door to Ibn Khaldoun’s small mosque.

She addresses challenges to secularism every day — like children in choir class who put their hands on their ears “because their families told them singing variety songs isn’t good.”

“You can’t force them to sing, but teachers tell them they can’t cover their ears out of respect for the instructor and classmates,” Tretola said. “In school, you come to learn the values of the republic.”

Secularism is one of four fundamental values enshrined in France’s constitution. The state explicitly charges public schools with instilling those values in children, while allowing private schools to offer religious instruction as long as they also teach the general curriculum that the government establishes.

Unlike the United States, where fights over what values schools teach cleave along partisan lines, support for laïcité is almost universal in France’s political establishment, though some on the right criticize it as anti-religion and on the left as a vestige of colonialism….

Source: France is proud of its secularism. But struggles grow in this approach to faith, school, integration

Chris Selley: In Quebec, laïcité’s endless contradictions may be coming home to roost

Thanks to Premier Legault:

Quebec’s adventures in state secularism — laïcité — have always been full of contradictions, hypocrisies and flimsy explanations. Thankfully, if belatedly, in recent days, those have been coming to a head over two main issues: The role of the Catholic church as part of Quebec’s history and heritage — its patrimoine — and the provision of rooms in public schools for students (read: Muslim students) to pray.

Education Minister Bernard Drainville banned schools from providing prayer spaces the week before last, deeming them incompatible with laïcité. The National Assembly passed one of its famous unanimous motions: “The putting in place of prayer areas, regardless of confession, in public school rooms goes against the principle of secularism.”

But then came Easter, when  leading-light nationalist columnist Mathieu Bock-Côté took to the pages of Le Journal de Montréal with a surprising defence of the Catholic church. Catholicism provided “particular impetus” and “poetic breath” to the French adventure in North America, he argued, and a sense of “solidarity” that began under British oppression and remains to this day.

Premier François Legault tweeted out the column, quoting the bit about solidarity. It did not go well. A few hours later, digging out from an avalanche of negative responses both online and off, Legault added: “We must distinguish between laïcité and our heritage.” And that didn’t go well either — which is interesting, because until recently that was an entirely mainstream position.

In 2008, the National Assembly unanimously (of course) affirmed Quebecers’ “attachment to our religious and historic heritage represented by the crucifix” — i.e., the crucifix hanging over the Speaker’s chair in the legislature. “The crucifix is about 350 years of history in Quebec that none of us are ever going to erase,” then-premier Jean Charest averred. (Minor clarification: Then-premier Maurice Duplessis had the crucifix installed in 1936. According to University of Montreal historian Jacques Rouillard, Duplessis “wanted to distinguish himself from previous Liberal governments by showing he would be more receptive to Catholic principles.”) Liberal Premier Philippe Couillard left office in 2018 still defending said crucifix, and he defended crucifixes in hospitals as well. “To be open and tolerant, that doesn’t mean we have to erase our history,” he argued.

Legault seems to be getting far more pushback than his predecessors did. Liberal education critic Marwah Rizqy accused him of violating his duty of neutrality “as premier of all Quebecers in our secular state.” Liberal MNA Monsef Derraji accused the premier of a “lack of judgment.” Other provincial and federal Liberals and New Democrats chimed in disapprovingly, along with businessman Mitch Garber and comedian Sugar Sammy.

Some of Bock-Côté’s colleagues at Le Journal weren’t much impressed either. “If the Church allowed the French-Canadian people to survive in America, this influence was also unhealthy,” wrote staunch secularist Elsie Lefebvre. This went for women and homosexuals in particular, she argued, but also for the whole population, which was deliberately kept poorly educated and backward.

“Far from cultivating solidarity, the Church favored charity for the deserving poor, that is, for people who complied with its precepts,” Réjean Parent argued. “It has not contributed to our evolution; on the contrary, it has delayed it.”

In a very interesting column, Philippe Léger argued that Legault revealed himself as simply not very interested in laïcité. Indeed, Legault hasn’t worked very hard to hide that, often framing Bill 21 — the restrictions on public servants’ religious attire — as a sort of social consensus under which Quebec could draw a line and move on. (Lotsa luck!)

Léger made a critical observation, as well: Younger Quebecers, few of them religious but none having lived under the Pope’s thumb, are far more likely to see all these contradictions as simply irreconcilable, just as many in the Rest of Canada do now. They (and we) are asked to believe a ban on religious symbols in the public service was an inevitable offshoot of the Quiet Revolution, but one whose necessity only became clear half a century later —mysteriously enough, at a time of increased Muslim immigration. They (and we) can’t help but see “the inconsistency of prohibiting a prayer room for Muslim students during the week, and celebrating … Catholic heritage on weekends,” as Léger put it.

Indeed, the prayer-room issue is a great litmus test for exactly what people mean by secularism: Is it a matter of the government privileging certain ways of life over others, or a matter of the government simply recusing itself from matters of religion?

There was controversy here in Toronto a few years ago when a public middle school essentially brought congregational Muslim prayers in-house on Fridays, for the dubious sake of convenience. I felt it was an unnecessary and unfortunate mash-up of an important secular place with organized religion — whereas allowing students room to pray individually and privately strikes me as a simple matter of hands-off personal liberty. Drainville arrived at the peculiar position that silent prayer in public schools where others can see you is OK, but not quiet prayer in a dedicated room.

That’s a very difficult position to defend, and in the past, Drainville and Legault might not have had to bother. Unanimous vote in the National Assembly aside, there has been healthy and fearless pushback against the prayer-room decision as well. It almost seems like Legault’s government might accidentally have triggered the honest secularism debate Quebec so desperately needs, and which Legault so hoped to avoid. It’s excellent news, if true.

Source: Chris Selley: In Quebec, laïcité’s endless contradictions may be coming home to roost

Nicolas: Catho-laïcité

Great column:

Dans ma cohorte à l’école primaire, il y avait une poignée d’enfants qui n’étaient pas catholiques. On savait tous qui ils étaient. Parce que nous, les enfants « normaux », regardions les enfants « bizarres », inscrits en morale, sortir de la classe pendant que nous nous préparions pour notre cours de catéchèse. En effet, nos institutions publiques avaient déjà le don de faire se sentir les minorités religieuses comme des extraterrestres bien avant l’apogée de nos débats sur la laïcité.

Nous, les enfants « normaux », disais-je, avions des chansons à apprendre sur Zachée, Lazare, les noces de Cana. Du sérieux, quoi. Le prêtre visitait l’école, puis on passait des soirées dans le sous-sol de l’église de la paroisse à chanter encore pour orchestrer une scène de la nativité pour la messe de Noël, encore pour préparer notre première communion, puis notre confirmation. C’était là un éventail d’activités normal pour des enfants « normaux » d’une école primaire publique, à la fin des années 1990, dans une région certes plus conservatrice que la moyenne, au Québec.

Au secondaire, dans une école officiellement déconfessionnalisée mais que tout le monde continuait d’appeler « couvent » quand même, les religieuses étaient encore très impliquées dans l’enseignement et l’administration de notre quotidien. Dans les années 2000, donc, j’ai récité des « Je vous salue Marie » avant de commencer mon cours de français. Le prêtre venait toujours — dans la salle dédiée à la prière de l’école, n’est-ce pas, qui était tout simplement une chapelle — pour nous encourager à faire le carême, avouer tel ou tel péché sous un mode certes un peu plus créatif que le confessionnal traditionnel et nous accorder le pardon. Les élèves « bizarres » étaient toujours les bienvenus parmi nous. Les crucifix et autres statues de Marie décoraient des salles de classe… inclusives.

J’ai un rapport complexe à cette éducation catho-laïque, plus importante que celle de bien des jeunes de mon âge élevés dans la « grand ville ». Pour le moins, je pense qu’avoir grandi ainsi m’aide à faire des nuances.

Je sais bien, par exemple, qu’aucun élève LGBTQ+ de mon école n’a fait son coming out au secondaire, et que ce n’est certainement pas dans un cours de Formation personnelle et sociale donné par une religieuse qu’on aurait pu se sentir à l’aise de discuter de la diversité sexuelle. Ce tabou, je suis profondément contente qu’il soit moins vécu de front par la génération qui me suit.

Je sais aussi que les soeurs qui m’enseignaient avaient eu l’occasion de faire de longues études, parfois jusqu’au doctorat, qui étaient demeurées inaccessibles à ma grand-mère, pourtant de la même génération. Je comprends que des femmes, dans une société profondément patriarcale, ont choisi de cesser d’exister comme objet sexuel et reproducteur, en quelque sorte, pour avoir des carrières, voyager et contribuer plus largement à leur société.

Cela ne m’empêche pas de comprendre le rôle de l’Église dans la perpétuation de la violence coloniale dans les Amériques et l’Afrique, y compris la mise sur pied des pensionnats autochtones. Il y a quelques jours encore, le pape devait encore s’excuser pour la « doctrine de la découverte », une idéologie qui a légitimé la dépossession territoriale, et donc la « fondation » du Canada.

Et je sais encore que des mouvements politiques ancrés dans la théologie de la libération a nourri des soulèvements des classes populaires en Amérique latine et que les églises afro-américaines ont joué un rôle central dans la mobilisation pour les droits civiques. Et qu’il est tout à fait possible de créer des espaces de subversion et de réflexion critique porteuse au sein même des institutions religieuses.

Tout ça, on s’en rend compte lorsqu’on s’intéresse aux phénomènes religieux et spirituels dans toutes leurs complexités et en nuances. Et lorsqu’on ne sait pas faire d’analyse nuancée de son propre héritage religieux, on est aussi probablement très mal outillé pour avoir des conversations franches, tout aussi pleines de nuances, avec des croyants d’autres confessions qui cherchent aussi du sens dans leurs héritages complexes capables de beauté comme de violence, d’oppression comme de libération.

Les valeurs de solidarité et de partage sont promues par toutes les grandes religions, sous une forme ou sous une autre. Par exemple, la générosité envers les plus démunis est une valeur fondamentale dans l’Islam, une valeur particulièrement à l’oeuvre durant le ramadan, en ce moment même. Et si ce n’était pas de l’entraide, le peuple juif n’aurait pas pu traverser tous les millénaires de son histoire — ni même se libérer, avec Moïse, de l’esclavage en Égypte, ce qu’on célèbre, justement, lors de la Pâque juive, ces jours-ci. Et dans le reste du pays, les communautés anglo-protestantes construisent des filets sociaux les uns pour les autres, sans attendre nécessairement que l’État s’en mêle. C’est une autre manière de voir les institutions, certes, mais certainement pas une absence de solidarité.

Aller dire — par exemple, comme ça — que le catholicisme aurait une espèce de monopole de la valeur de la solidarité, alors que les trois religions du Livre partagent un moment particulièrement fort serait donc un geste d’une profonde insensibilité et inculture. Lorsqu’on est un chef d’État qui doit représenter et traiter équitablement tous ses citoyens, peu importe leur foi, présenter une religion comme « meilleure » sur un aspect ou un autre est une grave erreur politique. Lorsqu’on a fait une partie de sa carrière politique sur le concept de la laïcité a en plus, la déclaration devient tragicomique.

Mais surtout, peu importe le rôle de la personne qui le déclare, sur le fond, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans cette hiérarchisation, parfois. On se dit que l’auteur d’une telle sortie aurait besoin d’un bon cours d’éthique et culture religieuse. Et que c’est probablement parce qu’il lui en manque qu’il a voulu l’abolir.

Source: Catho-laïcité

Leduc and Turp: Quel conflit entre la laïcité et le patrimoine religieux ?

Somewhat ironic to argue that laïcité allows for financial support to religious heritage but not to the rights of those with religious symbols. That being said, understand the rationale for financial support or tax breaks for heritage properties, religious or not:

Dans un article publié le 6 juillet 2022 sous le titre « Le congé de taxes des lieux de culte remis en question », Le Devoir nous apprenait que la Commission des finances de la Ville de Montréal suggère « que, dans le contexte de la laïcité de l’État, la Ville demande au gouvernement du Québec une compensation pour les taxes qu’elle ne peut percevoir des communautés religieuses », notamment pour les lieux de culte. Elle a tort. Les problèmes de fiscalité municipale ne peuvent se régler aux dépens de la préservation du patrimoine religieux et de ce qu’il représente pour la société.

Ce faisant, la Commission souscrit aux arguments de ceux qui croient que l’État devrait s’abstenir de financer la sauvegarde du patrimoine religieux ou de lui accorder quelque traitement fiscal favorable, et ce, en vertu du principe de la séparation de l’État et des religions.

Certains se demandent en effet, puisque la plupart des organismes de bienfaisance enregistrés à caractère religieux consacreraient, dit-on, toutes leurs ressources ou presque à des activités liées à la foi et au culte, où se trouve le « bénéfice public tangible ». Un éditorial paru dans ce journal le 8 juin 2019, intitulé « Fiscalité et religion : la neutralité s’impose » posait d’ailleurs la question.

Sans ces avantages fiscaux, il faut savoir que les autorités religieuses ne pourraient tout simplement plus subvenir à l’entretien du patrimoine religieux dont elles ont toujours la charge, ce qui devrait suffire à constater un premier « bénéfice public tangible ».

De plus, il est tout de même ironique de constater que de telles objections sont soulevées à ce moment-ci, lorsque l’on sait que les organismes de défense du patrimoine proposent d’étendre de tels avantages fiscaux aux propriétaires laïques de biens patrimoniaux, qui constituent toujours une charge particulière à ceux qui doivent en assurer la préservation.

Enfin, non seulement ces objecteurs de conscience font preuve d’insensibilité au fait religieux et aux besoins spirituels de plusieurs de leurs concitoyens, mais ils ne font pas de cas de la nécessité de préserver cet héritage pour la société dans son ensemble, sachant que le meilleur moyen d’y parvenir est d’assurer la vocation religieuse et cultuelle de ce patrimoine, dont les retombées dépassent largement le seul cercle des fidèles.

Une question de cohérence

Au-delà de tous ces arguments, cependant, l’on oublie que la laïcité repose aussi sur le principe de la liberté de conscience et de religion, que l’État doit favoriser, non seulement en vertu de la Loi sur la laïcité de l’État et de la Charte des droits et libertés de la personne, mais aussi de la Loi sur la liberté des cultes, et de l’obligation du Québec de se conformer au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Il faut aussi ajouter qu’aux termes de la Convention européenne des droits de l’homme, la Cour européenne a consacré la liberté des États de contribuer au financement des cultes, autorisant une différence de traitement des cultes pour des motifs objectifs, historiques et raisonnables dans une société donnée, permettant l’attribution d’un impôt ecclésial résultant d’un concordat entre l’État et une confession religieuse, reconnaissant le principe de l’autonomie ecclésiale, affirmant que le financement du culte est par ailleurs le gage de l’exercice collectif de la liberté de religion, le droit européen se montrant flexible en appliquant un principe de subsidiarité, ce qui donne lieu à des solutions diverses en la matière d’un État à l’autre.

Tout cela devrait relancer la question de la nationalisation du patrimoine religieux du Québec. Si notre Loi sur la laïcité de l’État s’inspire du modèle français, il nous faudrait être cohérent, car ce modèle, depuis la Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État, a confié la responsabilité des cathédrales à l’État et celle des églises paroissiales aux communes, conférant ainsi aux autorités civiles la responsabilité du patrimoine religieux français, la France nous devançant en effet tant en ce qui a trait à la gestion de son patrimoine religieux qu’en matière de laïcité, ayant démontré que ces deux notions n’étaient pas incompatibles.

Ce n’est donc pas vers moins de responsabilité à l’égard du patrimoine religieux que devraient tendre les municipalités, mais plutôt à en faire davantage, comme la Loi sur le patrimoine culturel les y invite depuis les dernières modifications à cette loi entrées en vigueur en 2021.

Au demeurant, la Loi sur la laïcité de l’État ne contient aucune interdiction au financement des cultes ni d’exception en ce qui a trait au financement et au traitement fiscal du patrimoine religieux.

La proposition de la Commission des finances de la Ville de Montréal, si elle était adoptée par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec, constituerait une violation flagrante des droits fondamentaux entourant l’exercice collectif de la liberté de religion et de leurs propres obligations à cet égard. Elle est irrecevable. En cela, nous saluons la dissidence à cette proposition d’Alan De Sousa et de Laurent Desbois, respectivement maires des arrondissements de Saint-Laurent et d’Outremont. Ainsi que l’écrivait l’honorable Clément Gascon dans l’arrêt Mouvement laïque québécois c. Saguenay (Ville) de la Cour suprême du Canada, « […] le devoir de neutralité de l’État ne l’oblige pas à s’interdire de célébrer et de préserver son patrimoine religieux ».

Source: Quel conflit entre la laïcité et le patrimoine religieux ?

QS permettrait les signes religieux « pour tout le monde »

Welcome position:

« On va permettre le port de signes religieux pour que tout le monde puisse travailler au Québec, peu importe ses croyances. On va ajouter des dispositions à la loi pour que la laïcité au Québec soit rassembleuse et cohérente », affirme le chef parlementaire de QS en entrevue avec La Presse.

À l’heure actuelle, la Loi sur la laïcité de l’État (« loi 21 »), que le gouvernement Legault a fait adopter sous bâillon en juin 2019, prévoit que les enseignants, les directeurs des écoles primaires et secondaires publiques, les agents de la paix, les procureurs de la Couronne, les juges de nomination québécoise ainsi que le président et les vice-présidents de l’Assemblée nationale ne peuvent porter de signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Le Parti québécois (PQ) a appuyé la loi, mais le Parti libéral du Québec (PLQ) et QS ont voté contre.

« Un signe religieux est tout objet, notamment un vêtement, un symbole, un bijou, une parure, un accessoire ou un couvre-chef, qui est soit porté en lien avec une conviction ou une croyance religieuse ou qui est raisonnablement considéré comme référant à une appartenance religieuse », selon la définition du gouvernement du Québec.

De nouvelles balises

M. Nadeau-Dubois propose de modifier la loi pour y ajouter des balises « simples, claires et faciles à interpréter » afin d’encadrer le port de signes religieux, en conformité avec les dispositions prévues par la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Sous un gouvernement solidaire, il serait uniquement permis d’interdire le port d’un signe religieux à un employé de l’État pour des raisons de sécurité, promet-il, ou s’il l’empêche de bien faire son travail.

« Pour prendre un exemple très simple, une personne qui souhaite enseigner au Québec ne peut pas le faire pleinement et ne peut pas le faire convenablement si elle a un signe religieux qui couvre son visage. C’est un élément élémentaire et important. Même chose pour un policier qui interpelle quelqu’un dans la rue. Les citoyens s’attendent à pouvoir identifier l’agent qui les interpelle », explique le chef parlementaire de QS.

Ainsi, Québec solidaire appuie les parties du texte législatif en vigueur qui disent que « tout membre du personnel d’un organisme [public] doit exercer ses fonctions à visage découvert » lorsqu’il rend un service.

« Il faut en avoir le cœur net »

Gabriel Nadeau-Dubois propose également de demander à la Cour d’appel du Québec — le plus haut tribunal de la province – d’indiquer si les dispositions actuellement prévues par la Loi sur la laïcité de l’État respectent la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Cette charte a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 1975 et ne relève pas du gouvernement fédéral.

« Il faut tourner la page sur ce débat-là. Il faut en avoir le cœur net. Il faut, une bonne fois pour toutes, savoir si interdire à une jeune femme d’enseigner parce qu’elle porte un foulard [comme l’a fait la Coalition avenir Québec (CAQ)] respecte notre Charte québécoise des droits et libertés de la personne », estime M. Nadeau-Dubois.

« Il y a en ce moment une contestation judiciaire et François Legault vient de recruter le rédacteur de la charte des valeurs pour faire partie de sa prochaine équipe gouvernementale », poursuit-il en faisant référence à l’ex-chroniqueur et ancien ténor souverainiste Bernard Drainville, qui se présente pour la CAQ dans la circonscription de Lévis.

« Une femme qui enseigne à l’école, si on voit bien son visage et qu’elle respecte les normes professionnelles de son emploi, il n’y a pas de raisons d’interdire qu’elle enseigne. […] Ce sont les mêmes critères pour tout le monde. Ce qu’on veut, c’est de revoir la loi 21 pour permettre de manière générale le port de signes religieux tout en affirmant des balises pour encadrer la question du visage couvert », dit-il.

Les groupes religieux visés

Dans son projet de réforme de la loi 21, Québec solidaire propose également de mettre fin au financement public des écoles religieuses et aux exemptions fiscales pour les organisations religieuses.

Face au premier ministre caquiste qui affirme que la Loi sur la laïcité de l’État définit une valeur québécoise, Gabriel Nadeau-Dubois réplique qu’il ne comprend pas « le lien que fait François Legault entre la loi 21 et la fierté québécoise ».

« Des lois sur la laïcité, il y en a dans plusieurs pays. Ce qui me rend fier, c’est notre langue, notre culture, notre territoire, pas le fait qu’on encadre des signes religieux pour quelques employés de l’État », dit-il.

Source: QS permettrait les signes religieux « pour tout le monde » 

Richard: La loi sur la laïcité de l’état marque un progrès pour la société

An example of Quebec rhetoric in favour of Bill 21:

Bientôt, la Loi sur la laïcité de l’État sera à nouveau débattue en cour. Au crépuscule de ma vie et à l’occasion de mes 88 ans, permettez-moi d’appuyer publiquement cette loi amplement justifiée et visant un meilleur vivre-ensemble. On accuse la loi 21 d’être contre les religions. Elle est pourtant un instrument de paix, car la laïcité unit alors que les religions divisent. L’Histoire le prouve. Ceux qui sont contre la loi 21 font passer les religions avant la laïcité par ignorance.

Il n’y a pas que les Québécois de souche qui veulent la loi 21. De nombreux musulmans et musulmanes le veulent aussi. Ferid Racim Chikhi, un Algéro-Canadien immigré au Québec, connaît bien l’islamisme. En tant que musulman, il veut voir et vivre la laïcité au Québec. Dans son tout récent livre Fenêtre sur l’Islam, ses musulmans, ses islamistes, M. Chikhi sonne l’alarme et donne l’heure juste quant à l’aveuglement de nos gouvernements en ce qui a trait à une infiltration des islamistes qui est voulue et sournoise, avec en tête un plan défini pour imposer un jour à la société d’accueil rien de moins que la charia ! En 2005, Fatima Houda-Pepin, d’origine musulmane et alors députée libérale de La Pinière, était intervenue à la Chambre des députés pour que la demande pour la charia soit refusée.

La nécessité de la laïcité et de la loi 21 est une évidence. Refuser la loi 21, c’est s’opposer au progrès de la société, c’est revenir aux siècles passés, où le pouvoir des décisions était entre les mains des chefs religieux comme les imams, les rabbins et les évêques plutôt que sous la responsabilité des gouvernements élus par le peuple. Si c’est cela que le Canada veut, pas le Québec, qui, au prix d’une longue lutte, a réussi à séparer l’Église et l’État. Il n’est pas question de retourner en arrière !

Un des problèmes est aussi le préambule de la Constitution canadienne, qui évoque la suprématie de Dieu. C’est une honte ! Un texte d’une telle importance pour la nation doit être inclusif et respecter le fait qu’au Canada et dans toutes les provinces, il n’y a pas que des croyants, mais aussi des agnostiques et des athées.

Ce que l’on ignore aussi, c’est que, bien qu’il y ait des femmes qui revendiquent le droit de porter le voile pendant les heures de travail, il y a aussi des femmes musulmanes qui espèrent pouvoir enfin l’enlever grâce à l’application de la loi 21. C’est ce que plusieurs d’entre elles auraient confié secrètement à une autorité scolaire. Et cela, elles ne peuvent le dire ouvertement sous peine de représailles.

Le maire de Brampton, Patrick Brown, qui se présente comme candidat dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada, a organisé une levée de fonds pour financer la contestation de la loi québécoise sur la laïcité. Il soutient qu’un jour, au Canada, un premier ministre sera forcé de présenter des excuses officielles pour l’adoption et l’application au Québec de la loi 21. Or, si un jour, l’ignorance fait place au savoir, il se pourrait fort bien que ce soit lui qui doive s’excuser auprès du peuple québécois pour avoir tenté de l’empêcher de l’appliquer !

Les opposants à la laïcité disent ne pas vouloir briser le rêve d’une femme voilée, mais ils sont prêts à briser l’espoir de millions de citoyennes et de citoyens du Québec, dont le mien.

Pourquoi favoriser une société théocratique, laquelle est contraire à la vérité de la science, plutôt que de consentir au gain sociétal apporté par la loi 21 ? La laïcité comporte une neutralité commune consentie par les Québécoises et les Québécois, qui construit lentement mais sûrement la paix du Canada, dont tous pourront bénéficier.

Source: La loi sur la laïcité de l’état marque un progrès pour la société

Lise Ravary: Disparaging laïcité is Canada’s new national sport [disparaging multiculturalism is Quebec’s national sport]

Far too many Quebec commentators (and some English commentators) mischaracterize multiculturalism as an “anything goes” type policy, when fundamentally it is about civic integration and full participation of minorities in social, economic and political spheres. Multiculturalism takes place within the context of integration into either English or French communities:
A teacher who wears a hijab was hired by an English public school in Chelsea, in Western Quebec, despite the fact that the law forbids teachers to wear religious symbols at work. As expected, the school board had no choice but to apply the law. But why was she hired in the first place?

Many think it was a set-up job to embarrass Quebec and pressure Ottawa to act.

Source: Lise Ravary: Disparaging laïcité is Canada’s new national sport