Racicot: J’en appelle aux chefs autochtones 

Quebec commentary on whether there is systemic discrimination or systemic racism. In some ways, more of a semantic distinction although systemic racism is arguably a deeper form of discrimination. But its use may contribute to greater polarization and may distract from addressing concrete issues as Racicot argues:

Dans ses deux derniers textes au Devoir, le pédiatre urgentiste et professeur à l’Université McGill Samir Shaheen-Hussain utilise l’expression « racisme systémique ». Ce faisant, il épouse la vision des chefs autochtones qui en font abondamment usage.

Or, il est important de rappeler que le juge à la retraite Jacques Viens, encore dans son récent témoignage devant la commission parlementaire sur le projet de loi 32 sur la sécurisation culturelle, a continué de s’en tenir à la notion de discrimination systémique et non à celle de racisme systémique, comme ce dernier l’avait prudemment mais rigoureusement fait dans le rapport de sa commission, en 2019.

Lors de son témoignage de la semaine dernière, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, a rappelé l’importance des mots. Il a donc tenté d’obtenir du juge Viens un éclaircissement, à mon avis essentiel, sur son utilisation des expressions « discrimination systémique » et « racisme systémique ». Le juge n’y a pas répondu directement. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il appelle plutôt le gouvernement du Québec à reconnaître « dès maintenant la discrimination systémique et le Principe de Joyce », a-t-il dit en visioconférence. Que comprendre de cette réponse sibylline ?

Essentiellement, j’y lis son refus du terme « racisme ». En effet, s’il était d’accord avec le diagnostic de racisme, il n’aurait eu qu’à inciter le gouvernement à reconnaître le Principe de Joyce, puisque ce dernier pose le constat de racisme comme prémisse… mais il a pris soin de préciser la discrimination systémique ET le Principe de Joyce.

La question ne se pose pas que sur le plan de la sémantique. Comme ne le serait pas, en cour de justice, un effort de choisir entre les termes « homicide involontaire » et « meurtre prémédité ». Les deux se distinguent par l’intention de l’accusé. L’effet est le même. Mais la justice demande de faire une distinction des intentions pour juger de la culpabilité et des mesures correctives à imposer.

C’est là toute la problématique engendrée par l’exigence des Attikameks que leur texte soit intégralement adopté comme condition préalable. Reconnaissons-le, la commission Viens l’a clairement exposé et conclu, les systèmes de santé, de justice et autres du gouvernement peuvent engendrer de la discrimination envers les Autochtones. Par exemple lorsque des lois destinées à protéger la langue commune du Québec ont pour effet indésirable de priver des communautés autochtones éloignées d’accès à des professionnels incapables de parler français. Reconnaissons tout de même qu’il y a alors discrimination systémique, mais pas racisme systémique.

Pour les Québécois soucieux de leur identité et fiers de leur histoire et de leur société, le fait qu’on affirme que leurs gouvernements successifs ont mis sur pied et entretiennent un système fondé sur une intention raciste est une insulte et une injure. Pour plusieurs, cette accusation injuste produit une colère qui ne peut que conduire à un blocage dans la résolution du problème dans le sens recherché par les six piliers du Principe de Joyce et par les 142 appels à l’action de la commission Viens.

J’en appelle aux chefs autochtones d’admettre que l’accusation de racisme à l’endroit du Québec est inappropriée et de modifier leur texte en conséquence. Ça ne pourra qu’aider à débloquer et à faire avancer les actions correctives concrètes, efficaces et durables réclamées par le juge Viens.

Source: J’en appelle aux chefs autochtones