Lanctôt: Préparer l’avenir [future waves of climate refugees]

Reminder that today’s problems may be insignificant compared to the futuree:

Puisqu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et qu’on fait tout pour qu’il le demeure, nous y voilà encore. La panique entourant le chemin Roxham semble s’être installée pour de bon, dans les termes déplorables qu’on connaît. Si au moins il s’agissait de braquer les projecteurs sur le drame humain qui se joue dans l’espace liminal des frontières, ce serait une chose. Or, c’est sur le « fardeau » de l’accueil qu’on se focalise, pendant que les demandeurs d’asile eux-mêmes flottent en périphérie de la discussion, comme une simple variable dans un calcul qui se fait sur leur dos, mais sans eux.

C’est ainsi que, cette semaine, le premier ministre François Legault s’est adressé directement à son homologue fédéral, Justin Trudeau, pour exiger qu’Ottawa agisse pour soulager le Québec de la pression exercée par les demandeurs d’asile sur sa société. La lettre est remarquable en ce qu’elle condense, en quelques paragraphes, plusieurs années d’une construction méticuleuse de la version toute québécoise du discours sur le péril migratoire aux frontières.

Les États-Unis, l’Europe aussi, ont une longueur d’avance à ce chapitre, alors que ces discours se construisent, se reconfigurent et se peaufinent depuis bien plus longtemps. Mais alors que la migration d’urgence s’intensifie partout dans le monde, le Québec fait face soudain, lui aussi, à une détresse qu’il lui était autrefois plus facile d’ignorer. Sans surprise, on réagit en important les dispositifs idéologiques qui, partout ailleurs, président au durcissement des frontières et à la construction de la figure du migrant comme menace.

François Legault l’a bien compris, et sa lettre à Justin Trudeau est une formidable radiographie de la panique migratoire telle qu’elle se vit chez nous. Le premier ministre québécois campe d’abord ses revendications sur le terrain de la défense des services publics, soulignant que l’arrivée « massive » de demandeurs d’asile au Québec pèse bien lourd sur des institutions déjà à bout de souffle.

Il ne se trouvera personne pour le contredire : les services publics, tout comme les groupes communautaires — à qui l’on demande d’éponger le trop-plein du réseau public avec une fraction des ressources —, sont poussés à bout de manière structurelle. La crise est chronique, et elle a été délibérément fabriquée par des décennies de gouvernance néolibérale.

Il est vrai que les ressources manquent pour accompagner les demandeurs d’asile de manière digne. Les histoires que l’on entend brisent le coeur ; des familles qui passent d’un refuge à l’autre, des gens contraints de dormir dans la rue après avoir traversé la frontière par Roxham, une attente interminable pour obtenir de l’aide financière, et le dépassement bien réel des organismes qui prodiguent de l’aide immédiate. Tout cela est insupportable, sauf qu’on pose le problème à l’envers : notre échec à accueillir correctement ces personnes est le symptôme de carences préexistantes, et non leur cause. On pointe la lune et on regarde le doigt.

Il faudrait plutôt renverser la question : comment se fait-il que le Québec n’ait rien de mieux à offrir que l’itinérance et des dédales administratifs déshumanisants à des personnes qui ne demanderaient pas mieux que de pouvoir contribuer à la société québécoise ?

François Legault brandit le chiffre de 39 000 migrants arrivés de manière irrégulière en 2022, ajoutant que cela s’ajoute aux 20 000 personnes admises par voie régulière. Il veut souligner, on l’imagine, l’ampleur de la contribution du Québec. Or, comme le remarquait la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, France-Isabelle Langlois, dans une lettre parue dans ces pages, on compte actuellement 100 millions de personnes déplacées de force à travers le monde. À travers les Amériques, la Colombie accueille à elle seule 1,8 million de personnes. On estime par ailleurs que d’ici 2050, plus de 200 millions de personnes seront déplacées par la crise climatique à l’échelle mondiale.

Qu’à cela ne tienne, le Québec, lui, a déjà statué quant à sa responsabilité dans la prise en charge des mouvements de population mondiaux : « La capacité d’accueil du Québec est désormais largement dépassée », écrit le premier ministre. François Legault le dit sans détour : il ne veut pas améliorer la capacité d’accueil du Québec. Il ne demande pas à Ottawa plus de ressources pour mieux accueillir. Il affirme au contraire que le Québec en a déjà fait assez, et qu’il espère même être dédommagé pour les efforts déjà déployés.

Il fait ensuite un pas de côté pour mentionner le déclin du français à Montréal, qu’il associe, d’ailleurs, à l’arrivée de tous les migrants, pas seulement les demandeurs d’asile — après tout, il a une base à exciter. Puis, il réclame l’élargissement de l’entente sur les tiers pays sûrs à tous les points d’entrée au Canada, et la fermeture complète du chemin Roxham. Comme si l’interdiction de demander l’asile au Canada par voie terrestre, ainsi que la fermeture d’un seul point d’entrée devenu emblématique n’allaient pas tout simplement pousser plus de gens sur des routes clandestines.

Au-delà de ce que cette lettre dit de la situation présente, on y lit aussi l’ébauche, plus troublante, d’une vision à plus long terme. François Legault prépare le terrain, il entame doucement la normalisation du mot d’ordre qui sera celui de l’avenir cauchemardesque de la crise climatique : laissez-les se débrouiller.

Source: Préparer l’avenir

Does Canada have a ‘moral and legal obligation’ to allow climate migrants?

Good question that will run against the political and policy implications of admitting much larger numbers of refugees:

A landmark ruling by the United Nations that could pave the way for future climate migrants may force the Canadian government to rethink its conditions around refugees and asylum seekers.

On Jan. 20, the UN Human Rights Committee stated governments must now take into account the climate crisis when considering the deportation of asylum seekers.

Currently, there are no specific provisions for people seeking asylum on the grounds of climate change under Canadian immigration and refugee law.

The non-binding UN ruling involves Ioane Teitiota, from the Pacific nation of Kiribati, who brought a case against New Zealand in 2016 after authorities there denied his claim of asylum as a climate refugee.The UN committee upheld New Zealand’s decision to deport Teitiota, saying he did not face an immediate risk if returned. But it agreed that environmental degradation and climate change are some of the most pressing threats to the right to life.

Committee expert Yuval Shany said “this ruling sets forth new standards that could facilitate the success of future climate change-related asylum claims.”

Despite the committee’s optimism, Canadian legal experts are pessimistic, saying that accommodating climate migrants would require systematic changes in Canada.

Mitchell Goldberg, former president and co-founder of the Canadian Association of Refugee Lawyers, said that if Canada wants to be able to “look itself in the mirror,” the government will need to take urgent policy and legislative action in order to account for the “very threatening new reality” of forced migration due to climate change.

Elizabeth May, the former Green Party leader, said the ruling provides the opportunity for Canada and the international community to redefine the meaning of refugee.

“We are going to have climate refugees, and we can’t refuse them based on the fact that there isn’t a political problem in their country,” May said. If migrants “simply can’t live” in their home country because “their homes are underwater” or “persistent drought,” she said it is incumbent on Canada to do something.

Canada’s ‘moral and legal obligation’

According to the Internal Displacement Monitoring Centre, 17.2 million people worldwide had to leave their homes in 2019 because of disasters exacerbated by climate change.

The Global Climate Risk Index, released last year, found that the poorest and least-developed countries, such as Honduras and Myanmar, are generally more adversely affected by climate change than industrialized countries.

In a 2018 report, Canada was identified as the worst of the G20 nations for per capita greenhouse-gas emissions. Combined, the G20 members are responsible for more than 80 per cent of the world’s annual greenhouse gas emissions, which are contributing to human-caused climate change.

“Every time the Canadian government provides subsidies to the gas sector, every time it builds another pipeline, we should be thinking of the impact it will have on millions of people around the world living in already precarious situations,” said Goldberg. As a result, “there is a very powerful moral and legal obligation, especially for Canada, to step up the plate to take responsibility for our actions and the impacts we have had on millions people around the world.”

Goldberg said that while the UN ruling was “very encouraging” and “long overdue,” many countries, like Canada, the U.S. and those in the EU, will try and ignore it.

It had been “notoriously hard” to update the UN’s refugee convention, given that the “rich countries of the world” have been against any expansion and have tried to limit its provisions, Goldberg said.

The recent UN ruling could also lead to legal challenges from people whose asylum status may have been previously denied because it did not meet Canadian definitions, he said.

IRCC monitoring climate displacement

In a statement to CBC News, Immigration, Refugees and Citizenship Canada (IRCC) said the Canadian government actively monitors the implications of climate change on migration and displacement of people.

“Climate change is one of the greatest global challenges of our time… Developing countries, particularly the poorest and most vulnerable, are the hardest hit,” IRCC spokesperson Shannon Ker said.

Canada remains “steadfast in offering protection to [UN] convention refugees,” and in the event of a natural disaster, decisions on refugee claims are taken on a case-by-case basis, she said.

“In the case of people displaced due to a sudden onset weather event or a natural disaster, IRCC has in the past expedited applications already in the system, and has also extended temporary resident visas for those already in Canada.”

However, IRCC did not state if the ruling would impact Canada’s definition around what constitutes an asylum seeker.

Chiara Liguori, policy adviser for Amnesty International, said governments’ tendency to resist redefining refugee definitions is due in part to how difficult it is to identify climate change as a specific reason for displacement.

“The reasons why people move are interlinked, and determining this objectively is hard,” Liguori said. “There is also an issue of political will.”

But she said that the climate crisis will trigger more “human rights impacts on the lives of people,” especially those living in developing countries.

“It is imperative that [nations] reduce emissions as fast as possible in order to keep an increase of global temperatures within 1.5 [Celsius],” Liguori said. “Otherwise, the impacts of climate change will represent serious human rights consequences.”

May said an increase in climate migrants to Canada could be beneficial to rural areas that have experienced depopulation, and could provide a much-needed economic boost.

“It’s not going to happen all at once, but is going to happen soon enough and governments — both federal and provincial — need to think about how we plan ahead and have adequate infrastructure to make this as positive as possible in unhappy circumstances.”

Source: Does Canada have a ‘moral and legal obligation’ to allow climate migrants?