David: L’aide fédérale à mourir [immigration impact]
2023/05/02 Leave a comment
Of note. Quebec and rest of Canada’s widely diverging immigration levels, and the ongoing diminution of Quebec’s share of the Canadian population:
Quoi qu’il en ait dit, le ministre de la Langue française, également responsable de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge, n’a pas dû être surpris de constater que le nouveau plan d’action pour les langues officielles du gouvernement Trudeau prévoit de consacrer 137,5 millions de dollars à la communauté anglo-québécoise, mais pratiquement rien à la protection du français au Québec.
Depuis son adoption en 1969, la Loi sur les langues officielles repose sur le principe erroné d’une symétrie entre la situation des francophones hors Québec et celle des anglophones au Québec. Après avoir défendu cette vision hypocrite pendant plus d’un demi-siècle, Ottawa a finalement admis qu’il n’en est rien, mais cela ne change pas grand-chose en pratique.
Même s’ils sont minoritaires au Québec, on persiste à traiter les anglophones comme une espèce menacée, alors qu’ils font partie d’une majorité écrasante au Canada et en Amérique du Nord.
Les députés libéraux anglophones du Québec qui se sont indignés de voir que la nouvelle mouture (C-13) de la loi fait référence à la Charte de la langue française, toujours présentée comme un monument d’iniquité, ont voulu s’assurer que cela demeure ainsi.
Jean-François Roberge, qui ne manque pas d’humour, a expliqué que son gouvernement ne comptait pas sur Ottawa pour sauver le français au Québec. « Par contre, on s’attend à ce qu’il ne nuise pas », a-t-il ajouté.
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Il est vrai qu’en acceptant d’harmoniser les dispositions de la Loi sur les langues officielles régissant les entreprises sous autorité fédérale avec celles de la loi 101, le gouvernement Trudeau a fait preuve de bonne volonté.Les meilleures intentions du monde ne pourraient malheureusement pas inverser une dynamique démographique qui conduit inexorablement à une diminution accélérée de la proportion de francophones dans l’ensemble du pays au Canada, y compris au Québec.
Qu’on le veuille ou non, toute contribution fédérale à la valorisation de l’anglais au Québec ne peut que renforcer l’attraction qu’il exerce chez les immigrants, qu’on a déjà du mal à convaincre de s’intégrer à la majorité francophone.
M. Roberge, qui s’affaire à son propre plan d’action, qui doit être présenté à l’automne, suggère que l’argent destiné aux groupes qui font la promotion de l’anglais soit consacré à la francisation. Cette proposition risque d’être accueillie assez froidement par ceux qui trouvent que la loi 96 est déjà trop exigeante, notamment en ce qui concerne la francisation des entreprises.
Sans grande surprise, le Parti libéral du Québec semble prêt à se porter au secours de la communauté anglophone. Jeudi, à l’Assemblée nationale, il a empêché la mise aux voix d’une motion présentée par le Parti québécois, qui dénonçait l’importance des sommes qui lui sont destinées, par rapport à ce qui est prévu pour la protection du français, alors qu’elle bénéficie d’un réseau d’institutions qui garantissent amplement sa vitalité.
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Si le Québec est resté sur sa faim, les communautés francophones hors Québec ont généralement bien accueilli le plan d’action fédéral, notamment les 221 millions qui serviront à stimuler l’immigration francophone.On ne peut que souhaiter voir arriver des renforts qui les appuieront dans leur lutte pour préserver leur identité, mais une certaine perplexité est de mise. Depuis 20 ans, on a atteint une seule fois l’objectif d’une immigration francophone représentant 4,4 % de l’ensemble des nouveaux arrivants hors Québec.
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) estime qu’il faudrait atteindre le chiffre de 12 % dès l’an prochain et de 20 % en 2036 simplement pour revenir au niveau de 2001. Or, le plan d’action ne propose ni objectif précis ni échéancier.
Simplement empêcher la proportion de francophones de continuer à chuter sera encore plus difficile si le gouvernement Trudeau ouvre les vannes de l’immigration pour faire en sorte que le Canada compte 100 millions d’habitants en 2100, comme le suggère l’influent groupe « L’initiative du siècle ».
Le gouvernement Legault annoncera vraisemblablement à la fin de l’été son intention de hausser les seuils d’immigration pour les prochaines années, mais ceux-ci devront inclure une plus grande proportion de francophones.
Il faudra cependant les trouver quelque part, et l’expérience enseigne que ce n’est pas si facile. Ceux qui viendront au Québec n’iront pas grossir les rangs des communautés francophones ailleurs au pays, et vice-versa.
En réalité, face à un mal incurable, le plan d’action fédéral ressemble davantage à un programme d’aide à mourir dans la dignité, dont les Québécois devront bien se demander s’ils veulent vraiment s’en prévaloir.
Source: L’aide fédérale à mourir