Labeaume: Le Québec qui se métisse

Thoughtful and realistic commentary by former mayor of Quebec city:

…Il nous faudra faire la paix avec ce Québec d’aujourd’hui, accepter qu’il ait changé, irrémédiablement. Il est certes différent, voire déstabilisant pour beaucoup de Québécois, mais pas nécessairement pour nos enfants, et les leurs, pour qui cette mixité devient la normalité acquise.

Et je le répète, cette posture mentale ne veut pas dire abandonner ce combat de résistance pour conserver notre culture francophone, la faire partager, la faire grandir et continuer à célébrer les traditions qui nous sont chères. Comme elle ne traduit aucune naïveté.

Mais nous ne convaincrons pas ces enfants issus de l’immigration de se joindre à notre lutte culturelle en remettant en question leur appartenance, ou celle de leurs parents, à un statut de membre de plein droit de ce que nous estimons être la nation québécoise.

Toute manifestation d’intolérance envers ceux-là deviendra créatrice de métastases sociales et nous magasinera des lendemains problématiques en termes de cohésion sociale.

Source: Le Québec qui se métisse

… We will have to make peace with this Quebec of today, accept that it has changed, irremediably. It is certainly different, even destabilizing for many Quebecers, but not necessarily for our children, and theirs, for whom this mix becomes acquired normality.

And I repeat, this mental posture does not mean abandoning this struggle of resistance to preserve our French-speaking culture, share it, make it grow and continue to celebrate the traditions that are dear to us. As it does not translate any naivety.

But we will not convince these children from immigration to join our cultural struggle by questioning their belonging, or that of their parents, to a full member status of what we believe to be the Quebec nation.

Any manifestation of intolerance towards them will become the creator of social metastases and will give us problematic tomorrows in terms of social cohesion.

Labeaume: Allah et le Québec – la suite

By former mayor of Quebec:

Mais pourquoi devrions-nous garder le silence sur les agissements d’enseignants et de parents maghrébins qui ont remis en question l’enseignement laïque à l’école Bedford, à Montréal ? Pour éviter de stigmatiser nos concitoyens de confession musulmane ?

Non, ce serait plutôt le contraire, nous museler laisserait justement le champ libre aux pires opportunistes pour cracher sur toute une communauté à des fins clientélistes.

Il faut justement en débattre pour mettre au clair une fois pour toutes que ces boutefeux rigides de l’école Bedford n’ont rien à voir avec l’ensemble de nos concitoyens musulmans.

Ce sont là des exceptions toxiques qui mettent en danger la notion du vivre-ensemble au Québec. Ils ne représentent en rien ce que je connais du respect des musulmans de Québec, par exemple, pour nos institutions laïques. Le mutisme affecterait tous les musulmans d’ici qui deviendront par association les premières victimes des agissements de ces éléments radicaux.

Ces derniers sont dangereux parce qu’ils tentent de créer une brèche dans le bâti de nos valeurs collectives fondamentales. Ils hypothèquent la cohésion sociale et la cohabitation interculturelle chez nous.

Dans mon ancien métier, je ne vous dis pas les fois où j’ai entendu des élus français ou belges désabusés par le fait que des quartiers entiers de villes de leur pays soient maintenant sous l’emprise d’islamistes radicaux. Et sachez qu’il ne s’agit pas là de fables urbaines.

La source de ce phénomène est justement qu’à un moment donné, on y a insidieusement remis en question des ancrages sociaux existants, et ainsi de suite. La cécité et l’inertie de certains dirigeants politiques ont permis l’accumulation de petits reculs, jusqu’à ce que la fatalité s’installe.

Et sachez que dès lors, le retour en arrière est presque impossible.

Le Québec est accueillant et généreux, et il doit le demeurer. Mais tout immigrant qui arrive chez nous doit respecter ce qui nous unit comme Québécois. On ne changera pas les règles du jeu d’une société sécularisée parce que de nouveaux joueurs s’ajoutent.

Notre nation est tolérante, mais jamais nous ne dérogerons à ce principe qu’est la laïcité dans nos institutions publiques. Jamais !

Ainsi, il n’y aura pas de place pour la naïveté dans ce débat. Il faut éliminer le germe de l’intégrisme islamique partout où il veut contaminer, et prestement. Il faut que le signal soit absolument limpide, et les décisions nécessaires, irrévocables.

Bon, le premier ministre François Legault s’est permis un raccourci sur le sujet, encore une fois, avec ces histoires de prières de musulmans sur la voie publique, mais ces fanatiques religieux lui ont offert un plat de bonbons politiques. Difficile de ne pas s’en gaver.

Et quoi qu’on en pense, il a fait mouche terriblement. Il sait que ces images nous sont détestables.

Il veut intervenir pour interdire des travers communautaristes intolérables, et il a raison, mais il faudra dénoncer toute dérive politique identitaire, s’il y a lieu. Des locataires de certains pupitres à l’Assemblée nationale pourraient être tentés de rajouter du combustible sur le feu…

Nous souhaitons qu’ils parlementent sur ce sujet éminemment sensible et complexe sans verser dans la recherche nauséeuse de grâces politiques en cassant du sucre sur le dos du musulman. Le contraire serait impardonnable.

Et j’ai le goût de demander : où est le député Haroun Bouazzi quand on a besoin de lui ?

Il s’est aussi permis du clientélisme avec ses histoires de « construction de l’autre ». Il n’avait peut-être pas complètement tort, mais il s’est payé la traite pas mal trop fort et a beurré beaucoup trop épais. Répulsif.

Il y a pour lui une occasion de rédemption dans ce dossier, la chance de faire preuve de leadership aux yeux des Québécois, qui ne l’ont pas en odeur de sainteté actuellement.

Il pourrait utiliser toutes les tribunes possibles pour répéter très explicitement qu’il condamne les tentatives de déviations religieuses à l’école Bedford, là ou ailleurs, aujourd’hui ou demain.

Rien de moins que ça, sans tenter de nous cuisiner une bouillie fadasse en l’alimentant d’autres dossiers pas rapport.

Et vous dire combien les Québécois espéreraient que d’autres voix de la communauté musulmane se fassent aussi entendre !

Et tant qu’à y être, permettez-moi de douter de l’ignorance du dossier par toute la chaîne de commandement du ministère de l’Éducation. Ça ne marche pas.

J’ai du respect pour les croyants authentiques. Avec les bêtises humaines sur cette Terre, comment blâmer quelqu’un d’espérer le nirvana ? Mais cette recherche de la félicité ne pourra jamais passer par l’utilisation de nos institutions.

Autrement, je ne crois pas avoir besoin de faire la preuve de mon affection pour nos concitoyens musulmans, particulièrement ceux de Québec.

Et oui, certaines vérités sont bonnes à dire, mais « celui qui dit la vérité est toujours insupportable, c’est connu », a soutenu l’écrivain et réalisateur québécois Roger Fournier.

Régis Labeaume, maire de la Ville de Québec 2007-21

Source: Allah et le Québec – la suite

But why should we remain silent about the actions of North African teachers and parents who have questioned secular education at Bedford School in Montreal? To avoid stigmatizing our fellow citizens of Muslim faith?

No, it would be rather the opposite, muzzling us would precisely leave the field open to the worst opportunists to spit on an entire community for clientelist purposes.

It is precisely necessary to debate it to make it clear once and for all that these rigid boutefeux of the Bedford school have nothing to do with all our Muslim fellow citizens.

These are toxic exceptions that endanger the notion of living together in Quebec. They do not represent in any way what I know of the respect of Muslims in Quebec, for example, for our secular institutions. Mutism would affect all Muslims here who will become by association the first victims of the actions of these radical elements.

They are dangerous because they try to create a breach in the construction of our core collective values. They mortgage social cohesion and intercultural cohabitation at home.

In my old job, I don’t tell you the times when I heard French or Belgian elected officials disillusioned by the fact that entire neighborhoods of cities in their country are now under the control of radical Islamists. And know that these are not urban fables.

The source of this phenomenon is precisely that at some point, existing social anchors have been insidiously questioned, and so on. The blindness and inertia of some political leaders allowed the accumulation of small setbacks, until fatality set in.

And know that from then on, going back is almost impossible.

Quebec is welcoming and generous, and it must remain so. But every immigrant who comes to us must respect what unites us as Quebecers. We will not change the rules of the game of a secularized society because new players are added.

Our nation is tolerant, but we will never derogate from this principle of secularism in our public institutions. Never!

Thus, there will be no place for naivety in this debate. The germ of Islamic sedigrism must be eliminated wherever it wants to contaminate, and quickly. The signal must be absolutely clear, and the necessary decisions must be irrevocable.

Well, Prime Minister François Legault allowed himself a shortcut on the subject, once again, with these stories of Muslim prayers on public roads, but these religious fanatics offered him a dish of political sweets. Hard not to gorge on it.

And whatever we think, he hit the bull’s eye terribly. He knows that these images are hateful to us.

He wants to intervene to prohibit intolerable communitarian faults, and he is right, but it will be necessary to denounce any identity political drift, if necessary. Tenants of some desks in the National Assembly could be tempted to add fuel to the fire…

We hope that they will parliament on this eminently sensitive and complex subject without pouring into the nauseating search for political pardons by breaking sugar on the back of the Muslim. The opposite would be unforgivable.

And I have the taste to ask: where is MP Haroun Bouazzi when we need him?

He also allowed himself clientelism with his stories of “construction of the other”. He may not have been completely wrong, but he paid for the milking a lot too hard and buttered much too thick. Repulsive.

There is for him an opportunity for redemption in this file, the chance to show leadership in the eyes of Quebecers, who do not currently smell holy.

He could use all possible tribunes to repeat very explicitly that he condemns attempts at religious deviations at the Bedford school, there or elsewhere, today or tomorrow.

Nothing less than that, without trying to cook us a fairy porridge by feeding it with other unrelated files.

And tell you how much Quebecers would hope that other voices of the Muslim community would also be heard!

And while at it, allow me to doubt the ignorance of the file by the entire chain of command of the Ministry of Education. It doesn’t work.

I have respect for authentic believers. With the human nonsense on this Earth, how to blame someone for hoping for nirvana? But this search for happiness can never go through the use of our institutions.

Otherwise, I don’t think I need to show my affection for our fellow Muslim citizens, especially those in Quebec.

And yes, some truths are good to say, but “he who tells the truth is always unbearable, it’s known,” said Quebec writer and director Roger Fournier.