Idées | Islamophobie ou islamocécité?

Useful distinction from secularists:

Un comité de la Chambre des communes recommande que les cégeps et les universités augmentent la représentation des professeurs musulmans pour lutter contre l’islamophobie. Cette suggestion fait écho à celle d’Amira Elghawaby, représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. En septembre dernier, son appel avait suscité une vive réaction au Québec, et l’Assemblée nationale avait réclamé sa démission, tout comme elle l’avait fait en janvier 2023 en raison de propos jugés offensants envers les Québécois à la suite de l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État.

Bien que cette mesure s’inscrive dans une démarche de discrimination positive, il convient de se demander si cette discrimination, même qualifiée de « positive », est véritablement bénéfique.

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël en octobre 2023 et la contre-offensive des troupes israéliennes dans la bande de Gaza qui se poursuit depuis, l’antisémitisme est, de façon flagrante, la forme de racisme la plus visible au pays, selon les plus récents chiffres publiés par Statistique Canada. Bien qu’ils ne représentent que 1 % de la population canadienne, les juifs ont été victimes de 70 % de tous les actes criminels haineux fondés sur la religion.

Si l’on peut compatir à la cause palestinienne, il n’en reste pas moins que cette communauté est marginale au Canada, tandis que la diaspora juive, enracinée depuis des siècles, est au cœur de notre histoire. Dans ce contexte, une représentante spéciale pour lutter contre l’antisémitisme ne serait-elle pas plus pertinente, direz-vous ?

Il appert qu’il y en a une depuis 2020. C’est Deborah Lyons qui occupe présentement le poste d’envoyée spéciale pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme. Mais d’elle, on a eu très peu d’écho.

Plus largement, nous suggérons qu’aucun poste officiel ne soit associé à une minorité particulière, afin d’éviter une fragmentation accrue de notre société.

Il est également crucial de rappeler que la religion n’est pas une race. Tandis que la foi, souvent héritée dans l’enfance, peut évoluer ou être abandonnée, la race est immuable et n’est pas sujette à choix ou à transformation. Assimiler l’islamophobie à une forme de racisme revient donc à confondre deux concepts fondamentalement différents.

Par ailleurs, si les Nations unies et la plupart des gouvernements occidentaux, y compris canadien et français, considèrent que l’islamophobie se définit par la peur, les préjugés et la haine envers l’islam et les musulmans, nous observons qu’elle cible d’abord les islamistes, ce qui est une distinction essentielle pour éviter tout amalgame.

Plusieurs figures musulmanes influentes au Canada, telles que Nadia El-Mabrouk, Ensaf Haidar et, plus récemment, Fatima Aboubakr, dénoncent d’ailleurs vigoureusement les dérives islamistes. Enfin, exprimer des préoccupations quant à une religion, en particulier quant à ses variantes intégristes, ne relève aucunement d’une « phobie ». Bien au contraire, il s’agit d’une attitude rationnelle, fondée sur une vigilance légitime et parfois salutaire.

S’il est rarement acceptable de s’en prendre à des individus, critiquer des idées ou des comportements reste légitime. Les récents actes de vandalisme commis par des groupes islamistes lors de manifestations propalestiniennes vont à l’encontre des valeurs pacifiques qui définissent le Canada. De plus, des professeurs ont été suspendus au Québec pour avoir promu des enseignements contraires aux principes de laïcité. Les prières dans des lieux publics, un autre exemple de pratique controversée, suscitent également des mesures correctives de la part du gouvernement québécois.

Le premier ministre Trudeau n’en est pas à un paradoxe près. D’une part, il se positionne comme un ardent défenseur des droits LGBTQ+ et de l’égalité des sexes. D’autre part, il s’allie régulièrement à des figures dont les discours et pratiques sont ouvertement contraires à ces valeurs fondamentales. Alors que le discours haineux est interdit au Canada, l’article 319 (3) b du Code criminel offre une exemption troublante : un discours homophobe ou sexiste peut être permis s’il s’appuie sur des motifs religieux. Cette exception, critiquée à plusieurs reprises par le ministre québécois de la Justice, révèle une contradiction profonde dans l’application des principes d’égalité et de justice.

En fin de compte, le problème du Canada ne réside pas tant dans l’islamophobie que dans l’islamocécité : une cécité volontaire et complaisante face aux dérives islamistes, qui fragilise nos principes démocratiques et compromet la défense de nos valeurs fondamentales. Refuser de confronter ces enjeux, c’est accepter de sacrifier les acquis de la liberté, de l’égalité et de la justice sur l’autel du multiculturalisme.

Romain Gagnon, David Rand, Andréa Richard, Normand Baillargeon, Francois Dugré et Michel Virard Les auteurs sont respectivement administrateur des Sceptiques du Québec et auteur d’«Et l’homme créa Dieu à son image»; président des Libres penseurs athées et auteur d’«Un simulacre de laïcité»; lauréate du prix Condorcet-Dessaulles et autrice d’«Au-delà de la religion»; membre émérite du Conseil de l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec et auteur de «Le Québec en quête de laïcité»; administrateur du Rassemblement pour la laïcité; président de l’Association humaniste du Québec.

Source: Idées | Islamophobie ou islamocécité?

A House of Commons committee recommends that CEGEPs and universities increase the representation of Muslim professors to fight Islamophobia. This suggestion echoes that of Amira Elghawaby, Canada’s special representative for the fight against Islamophobia. Last September, her appeal aroused a strong reaction in Quebec, and the National Assembly called for her resignation, just as it did in January 2023 because of remarks deemed offensive to Quebecers following the adoption of the Act on the Secularism of the State.

Although this measure is part of a positive discrimination approach, it is important to ask whether this discrimination, even described as “positive”, is truly beneficial.

Since Hamas’ attack on Israel in October 2023 and the Israeli troops’ counter-offensive in the Gaza Strip that has continued since, anti-Semitism has been blatantly the most visible form of racism in the country, according to the most recent figures published by Statistics Canada. Although they represent only 1% of the Canadian population, Jews have been victims of 70% of all hate crimes based on religion.

While we can sympathize with the Palestinian cause, the fact remains that this community is marginal in Canada, while the Jewish diaspora, rooted for centuries, is at the heart of our history. In this context, wouldn’t a special representative to fight anti-Semitism be more relevant, you would say?

It appears that there has been one since 2020. Deborah Lyons currently holds the position of special envoy for the preservation of Holocaust memory and the fight against anti-Semitism. But from her, we had very little echo.

More broadly, we suggest that no official position be associated with a particular minority, in order to avoid increased fragmentation of our society.

It is also crucial to remember that religion is not a race. While faith, often inherited in childhood, can evolve or be abandoned, race is immutable and is not subject to choice or transformation. Assimilating Islamophobia to a form of racism therefore amounts to confusing two fundamentally different concepts.

Moreover, while the United Nations and most Western governments, including Canadian and French, consider Islamophobia to be defined by fear, prejudice and hatred towards Islam and Muslims, we observe that it targets Islamists in the first place, which is an essential distinction to avoid any amalgamation.

Several influential Muslim figures in Canada, such as Nadia El-Mabrouk, Ensaf Haidar and, more recently, Fatima Aboubakr, vigorously denounce Islamist excesses. Finally, expressing concerns about a religion, especially about its fundamentalist variants, is in no way a “phobia”. On the contrary, it is a rational attitude, based on legitimate and sometimes salutary vigilance.

If it is rarely acceptable to attack individuals, criticizing ideas or behaviors remains legitimate. The recent acts of vandalism committed by Islamist groups during pro-Palestinian demonstrations go against the peaceful values that define Canada. In addition, professors have been suspended in Quebec for promoting teaching contrary to the principles of secularism. Prayers in public places, another example of a controversial practice, also give rise to corrective measures by the Quebec government.

Prime Minister Trudeau is not at a paradox. On the one hand, he positions himself as an ardent defender of LGBTQ+ rights and gender equality. On the other hand, he regularly allies himself with figures whose speeches and practices are openly contrary to these fundamental values. While hate speech is prohibited in Canada, section 319 (3) b of the Criminal Code offers a disturbing exemption: homophobic or sexist speech may be allowed if it is based on religious motives. This exception, repeatedly criticized by the Quebec Minister of Justice, reveals a profound contradiction in the application of the principles of equality and justice.

In the end, Canada’s problem lies not so much in Islamophobia as in Islamoblindness: a voluntary and complacent blindness in the face of Islamist excesses, which weakens our democratic principles and compromises the defense of our fundamental values. To refuse to confront these issues is to accept to sacrifice the achievements of freedom, equality and justice on the altar of multiculturalism.