Rioux | Les dix ans du Bataclan

More war of civilization commentary but correct that it is internal, not just external:

…Dix ans plus tard, l’idéologie qui a inspiré les assassins du Bataclan n’a cessé de progresser. Tout cela à la faveur d’une naïveté coupable, mais aussi, et c’est nouveau, d’intérêts politiques bien sentis. Certains partis étant prêts, pour rameuter une nouvelle clientèle, à faire l’impasse sur quelques vérités dérangeantes.

Aujourd’hui, constatent les meilleurs analystes, l’islamisme n’est plus un courant venu de l’étranger, comme plusieurs de ces assassins du 13 novembre arrivés par bateau de Syrie pour se mêler aux migrants qui débarquaient sur les côtes grecques. Il est devenu endogène et fleurit dans les banlieues de toutes les grandes villes d’Europe. Nos pays ont beau avoir délocalisé usines et capitaux, ils sont dorénavant capables de produire des djihadistes maison 100 % pure laine. Ce qui faisait dire à un spécialiste des stratégies militaires comme David Betz, du King’s College de Londres, que, face à l’effritement des consensus sociaux et de la confiance envers l’État, les conflits à venir ont de plus en plus de chances de ne pas être des guerres traditionnelles entre pays, mais des guerres civiles.

« Tout le drame, c’est que l’ennemi est devenu endogène et que nous n’avons plus la même capacité à le reconnaître », nous confiait l’ancien président de la commission parlementaire sur les attentats du 13 novembre, Georges Fenech.

Souhaitons que ces commémorations, par ailleurs nécessaires, ne servent pas à blanchir la conscience de ceux qui ont fermé les yeux et n’ont rien vu venir. Il ne faudrait pas que les victimes du Bataclan soient mortes en vain.

Source: Chronique | Les dix ans du Bataclan

… Ten years later, the ideology that inspired the Bataclan’s assassins continued to progress. All this thanks to guilty naivety, but also, and this is new, of well-felt political interests. Some parties are ready, to attract a new clientele, to ignore some disturbing truths.

Today, the best analysts note, Islamism is no longer a current from abroad, like many of these murderers of November 13 who arrived by boat from Syria to mingle with the migrants who landed on the Greek coasts. It has become endogenous and blooms in the suburbs of all major cities in Europe. Our countries may have relocated factories and capital, but they are now capable of producing 100% pure wool homemade jihadists. This made a military strategy specialist like David Betz of King’s College London say that, in the face of the crumbling of social consensus and confidence in the state, future conflicts are increasingly likely to be not traditional wars between countries, but civil wars.

“The whole drama is that the enemy has become endogenous and that we no longer have the same ability to recognize him,” told us the former president of the parliamentary committee on the November 13 attacks, Georges Fenech.

Let us hope that these commemorations, which are also necessary, do not serve to whitewash the conscience of those who closed their eyes and saw nothing coming. The victims of the Bataclan should not have died in vain.

Rioux | Drôles de prières

When is a prayer a prayer, and when is it more a political event. Other examples would arguably include the Annual March for Life and telling that most Christian religious figures oppose the ban:

…La France a toujours résisté à la tentation de légiférer sur ces prières, consciente que la religion a toute sa place dans les lieux publics pourvu qu’elle ne gêne pas l’ordre public et que sa présence ne relève pas de la provocation. Il n’est pas besoin d’être diplômé en théologie pour savoir que, dans nos pays, la prière n’est pas un banal instrument d’agit-prop. Ce prosélytisme exacerbé est en contradiction avec nos traditions culturelles et le sens même de la prière, celle-ci étant généralement considérée comme un geste intime et personnel qui exige le recueillement et ne saurait donc être confondu avec des slogans militants hurlés par une foule hystérique. Comment s’étonner dès lors que, en s’exhibant ainsi sur la voie publique, ces hommes (car les femmes en sont exclues) provoquent des réactions de rejet ? Et, à plus forte raison, s’ils le font un dimanche devant une église !

Pour peu que l’on daigne sortir de sa bulle, on constatera que ces prières publiques sont aujourd’hui instrumentalisées aussi bien sur Downing Street que devant la porte de Brandebourg. Si l’idée de la laïcité est étrangère à l’islam, se pourrait-il que, comme le voile, ces prières soient une façon pour lui de marquer son territoire ?

L’idée n’est pas nouvelle. On ne compte plus les intellectuels qui, durant tout le XXe siècle, et même avant, ont démontré le caractère conquérant de l’islam. Admirateur de la richesse de la culture musulmane, l’islamologue français Roger Arnaldez fut un ami du grand écrivain égyptien Taha Hussein, l’un des artisans de la renaissance intellectuelle arabe (la Nahda). Il considérait que « la conquête est pour les musulmans un moyen normal, voulu et conduit par Dieu, pour répandre la foi dans les pays des infidèles ». Cette conquête n’est pas toujours le fait des armes, écrivait-il dès 1994, mais « d’une volonté non seulement de convertir des individus, ce qui est normal, mais de prendre pied et position dans la vie sociale et politique des pays de l’ancien Dar al-Harb [où l’islam n’a pas triomphé]. Il n’est plus alors question de djihad armé, moins encore de terrorisme, mais d’un projet de conquête insinueuse qui n’en est pas moins une conquête ».

Tout en reconnaissant que ces thèses pouvaient être contestées, l’islamologue membre de l’Académie des sciences morales et politiques de France jugeait que « l’Islam, par beaucoup de ses traits et par son histoire passée, pose des problèmes que ne pose aucune autre des grandes religions. Il en résulte qu’on doit, à son égard, rester très attentif et garder une attitude de grande prudence »….

Source: Chronique | Drôles de prières

Rioux: Une odeur de guerre civile

Mix of both side-ism and overly rigid perspective of “strong-borderism:”

….Certes, à 18 mois des élections de mi-mandat, l’envoi des gardes nationaux et des marines pour mater les émeutiers relève probablement d’un calcul politique. Mais le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, n’est pas non plus dénué d’ambition à un moment où les démocrates se cherchent un sauveur. Rappelons aussi que les rafles sauvages de la police de l’immigration (ICE) sont en partie dues au refus de la Ville de Los Angeles, une ville « refuge », de fournir, par exemple, les informations sur la sortie de prison d’illégaux condamnés par les tribunaux. C’est ce qu’a rappelé la journaliste du Wall Street Journal Allysia Finley, qui évalue leur nombre à quelques centaines de milliers sur tout le territoire américain.

On doit certes reprocher à Donald Trump et tout particulièrement à son chef adjoint de cabinet, Stephen Miller, leur acharnement sur ces illégaux qui travaillent et vivent pacifiquement depuis longtemps aux États-Unis. Mais certainement pas de combattre une immigration illégale devenue endémique, puisque le président a justement été élu pour ça. Et encore moins de renvoyer ceux qui ont été condamnés par la justice, comme ont souhaité le faire tous les ministres de l’Intérieur qui se sont succédé depuis dix ans en France. Dans ces combats — qu’il a d’ailleurs en partie déjà gagnés puisque les entrées à la frontière mexicaine ont chuté de manière spectaculaire —, Trump a le soutien d’une majorité d’Américains.

« L’indécence de l’époque ne provient pas d’un excès, mais d’un déficit de frontières », a écrit Régis Debray. Frontières que l’écrivain définissait comme « le bouclier des humbles ». Cette odeur de poudre, en France comme aux États-Unis, est le fruit de longues années qui ont vu triompher l’idéologie du sans-frontiérisme. Pas plus que les hommes ne peuvent vivre sans famille, les nations ne peuvent vivre sans frontières. Si celles du pays s’effondrent, des murs s’élèveront dans chaque région, des clôtures dans chaque quartier et autour de chaque maison. À terme, les citoyens décideront de se défendre eux-mêmes. C’est ainsi que l’on crée le terreau d’une guerre civile dont les symptômes avant-coureurs sont déjà sous nos yeux.

Source: Une odeur de guerre civile

…. Certainly, 18 months before the mid-term elections, the sending of national guards and the navies to control the rioters is probably a matter of a political calculation. But California Governor Gavin Newsom is also not without ambition at a time when Democrats are looking for a savior. Recall also that the savage round-ups of the immigration police (ICE) are partly due to the refusal of the City of Los Angeles, a “refuge” city, to provide, for example, information on the release from prison of illegals convicted by the courts. This is what Wall Street Journal journalist Allysia Finley, who estimates their number at a few hundred thousand throughout the American territory.

We must certainly blame Donald Trump and especially his deputy chief of staff, Stephen Miller, for their fierceness on these illegals who have been working and living peacefully in the United States for a long time. But certainly not to fight illegal immigration that has become endemic, since the president was precisely elected for that. And even less to dismiss those who have been convicted by justice, as all the interior ministers who have succeeded each other for ten years in France have wished to do. In these fights – which he has already partly won since entrances to the Mexican border have fallen dramatically – Trump has the support of a majority of Americans.

“The indecency of the time does not come from an excess, but from a deficit of borders,” wrote Régis Debray. Borders that the writer defined as “the shield of the humble”. This smell of powder, in France as in the United States, is the result of long years that have seen the ideology of borderlessism triumph. Just as men cannot live without a family, nations cannot live without borders. If those of the country collapse, walls will rise in each region, fences in each neighborhood and around each house. Eventually, citizens will decide to defend themselves. This is how we create the soil of a civil war whose harbingering symptoms are already before our eyes.

Rioux | Le sexe des anges [arguing #s more important for integration than approaches]

Rioux is consistent in the sources he cites and the positions he takes. Numbers are important, as recent Canadian and other experiences attest, but policies and approaches all matter too:

…C’est d’ailleurs tout le drame de l’immigration. Malgré certaines expériences individuelles positives qu’on aura beau brandir comme un étendard, dans l’immense majorité des cas, elle est d’abord une souffrance pour ces individus à qui l’on demande de faire table rase de leur famille, de leur langue et de leur culture pour être ballottés comme de simples produits au gré des besoins du marché. Ensuite, indépendamment des individus, cette immigration massive devient vite un problème. Cela se vérifie partout. On ne transplante pas impunément des populations entières dans n’importe quelle communauté sans ébranler la cohésion sociale et créer inévitablement des réactions de rejet. Réactions que les bonnes âmes auront beau condamner, mais que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss jugeait « normales, légitimes même, et en tout cas inévitables ». Une réalité devant laquelle les discours soporifiques sur l’ouverture à l’Autre seront toujours impuissants.

C’est ce que disait Rémy Girard dans Le déclin de l’empire américain : « Il y a trois choses importantes en histoire : premièrement le nombre, deuxièmement le nombre et troisièmement le nombre ». Cette citation que l’on prête à l’historien Michel Brunet est encore plus vraie en matière d’immigration. Et Rémy Girard d’ajouter que « l’histoire n’est pas une science morale. Le bon droit, la compassion, la justice sont des notions étrangères à l’histoire ». Ce qui peut avoir du sens pour l’accueil d’un petit nombre d’individus n’en a plus guère dès lors que l’on parle d’un phénomène de masse. En France, même le premier ministre centriste François Bayrou, qui penche généralement à gauche, a dû se résoudre à parler de « submersion migratoire ». Les chiffres les plus récents étant d’ailleurs là pour le prouver.

Si le nombre est de loin le critère déterminant, d’autres comme la proximité culturelle et la volonté de s’intégrer jouent un rôle. C’est toute la difficulté que connaît la France aujourd’hui dans ses banlieues ethniques. L’intégration de populations de culture musulmane est évidemment plus difficile que celle, hier, des Italiens ou des Portugais. Cette intégration est d’autant plus ardue que des idéologies comme l’islamisme la combattent ouvertement. En 2015, le président Recep Tayyip Erdoğan était venu à Strasbourg présenter la Turquie comme le seul défenseur de la « vraie civilisation » et soutenir que l’assimilation était « un crime contre l’humanité ». Des organismes comme l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) incitent ouvertement les immigrants musulmans à ne pas acquérir les valeurs de leur pays d’accueil.

Mais encore faut-il aussi que pour intégrer, on ait confiance dans sa propre culture. Les efforts destinés à favoriser l’intégration sont évidemment louables. Mais ils ne pourront jamais rien contre le nombre. De grâce, cessons de traiter un problème démographique qui est en train de devenir la grande affaire politique du siècle comme une banale question de compassion et de bonne volonté.

Source: Chronique | Le sexe des anges

Rioux | La solitude des profs

A noter:

…En France, les islamistes s’évertuent à « maintenir un niveau de connaissances faible afin de tuer l’esprit critique et le rationalisme, l’imaginaire et la fiction, ou encore ignorer l’Histoire, qui n’aurait aucun intérêt pour la connaissance de Dieu », dit l’historien Pierre Vermeren. Sans parler de l’éducation sexuelle…

On ne s’étonnera pas que, laissés à eux-mêmes, 56 % des professeurs français s’autocensurent sur la Shoah, le conflit israélo-palestinien, et n’osent plus montrer à leurs élèves la Vénus de Botticelli. Avant l’assassinat de Samuel Paty, ils n’étaient que 38 %. Pourtant, combien sont-ils à se cacher la tête dans le sable sans même oser prononcer le mot « islamisme » ? Face à la démission de ceux qui ne veulent pas faire de vagues, ne vous demandez pas pourquoi les professeurs se sentent abandonnés.

… In France, Islamists strive to “maintain a low level of knowledge in order to kill critical thinking and rationalism, imagination and fiction, or ignore History, which would have no interest in the knowledge of God,” says historian Pierre Vermeren. Not to mention sex education…

We will not be surprised that, left to themselves, 56% of French teachers self-censor the Shoah, the Israeli-Palestinian conflict, and no longer dare to show their students the Botticelli Venus. Before the assassination of Samuel Paty, they were only 38%. However, how many of them hide their heads in the sand without even daring to say the word “Islamism”? Faced with the resignation of those who do not want to make waves, do not ask yourself why teachers feel abandoned.

Source: Chronique | La solitude des profs

Rioux | Victoires à la Pyrrhus

One pessimistic longer term take on the French election results:

« Il faut que tout change pour que rien ne change », dit le dicton attribué à Tancrède, le jeune noble interprété par Alain Delon dans Le guépard de Visconti. Rarement une phrase aura mieux décrit le psychodrame qui s’est joué en France depuis trois semaines.

Tel est en effet le bilan de ces élections législatives déclenchées sur un coup de tête par Emmanuel Macron dans des délais qui ignorent toute exigence démocratique. Comment qualifier autrement des élections qui auront tout au plus permis à un président narcissique de revenir au centre du jeu, pour un temps du moins, et enfoncé le pays dans une forme de paralysie durable dont il ne pourra pas sortir avant un an, une nouvelle dissolution n’étant pas possible plus tôt ? À moins que le cauchemar ne dure jusqu’à la prochaine présidentielle, dans un peu moins de trois ans.

Car les « barrages » ne font ni un programme ni une majorité. On aura beau tourner les résultats dans tous les sens, personne ne sort victorieux de cette inutile saga électorale. Quel qu’il soit, le prochain gouvernement devra gouverner par ordonnances et faire passer ses lois à coups de procédures d’exception.

À tout seigneur tout honneur, commençons par la gauche, qui est la seule à crier victoire dans la cacophonie ambiante. Avec 182 députés, le bloc de gauche du Nouveau Front populaire arrive miraculeusement en tête, mais à des kilomètres de la majorité absolue (289). Cette pseudo-victoire n’a été possible qu’avec une alliance contre nature, qui a même vu l’ancien premier ministre Édouard Philippe voter communiste pour la première fois de sa vie ! La gauche a d’autant moins raison de crier victoire que sa propre union ressemble à un panier de crabes, où l’on trouve indifféremment un ancien président discrédité comme François Hollande, un « antifa » fiché par les services de police comme Raphaël Arnault, ainsi que des sociaux-démocrates ragaillardis, mais dont le leader Raphaël Glucksmann n’a cessé de traiter d’antisémite celui qui demeure le seul véritable patron de la gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Sans oublier que son programme économique, avec ses 230 milliards d’euros de dépenses supplémentaires d’ici 2027, plongerait dans un chaos indescriptible un pays déjà considéré comme l’homme malade de l’Europe et déclassé par les agences de notation. L’arrivée d’un premier ministre comme Jean-Luc Mélenchon apparaîtrait comme un coup fatal. D’autant que le pays devra justifier dès l’automne des compressions de 20 milliards d’euros dans ses budgets.

Avec 168 élus, l’ancienne majorité présidentielle évite la déroute, mais à quel prix ? Le président a peut-être démontré son habileté tactique, mais, dans son camp, son autorité est plus qu’émoussée. Même son premier ministre, Gabriel Attal, a pris ses distances, affirmant n’avoir pas choisi cette dissolution et avoir « refusé de la subir ». Les électeurs n’auront finalement accordé à Emmanuel Macron qu’une forme de sursis, alors qu’il s’apprête à présider un pays qui ressemble plus à la IVe République qu’à celle voulue par le général de Gaulle en 1958. De triste mémoire, cette IVe République avait connu 22 gouvernements en 12 ans, dont 9 avaient duré moins de 41 jours.

Au fond, le portrait qu’offre cette nouvelle Assemblée est à l’opposé de celui que dessinent les suffrages exprimés. À cause du front dit « républicain » contre une « extrême droite » à laquelle les Français croient de moins en moins, le parti le moins représenté à l’Assemblée se trouve être celui qui a recueilli le plus de voix. Avec ses 8,7 millions de voix (contre 7,4 millions à l’alliance de gauche et 6,5 millions à celle du centre), le RN est le champion toutes catégories du vote populaire. Sa progression depuis 2022 est historique. C’est de plus le seul parti qui progresse avec l’apport de voix propres et non d’alliances circonstancielles.

Force est pourtant de constater que le « cordon sanitaire » — que l’ancien premier ministre Lionel Jospin avait lui-même qualifié de « théâtre antifasciste » — fonctionne toujours. Avec pour conséquence que la France se retrouve dans la situation absurde d’un pays qui n’a jamais été aussi à droite, alors même que le résultat de dimanche pourrait entraîner logiquement un tour de vis à gauche et la nomination d’un premier ministre de gauche.

Plus grave encore, les Français ne cessent de répéter qu’après le « pouvoir d’achat », l’immigration et l’insécurité sont leurs principales préoccupations. Deux mots qui figurent à peine dans les programmes du centre et de la gauche. Les idées du RN n’ont jamais été aussi populaires — et sa représentation, si élevée — , mais le parti n’a toujours pas le droit de s’approcher du pouvoir. Lundi, l’ancien conseiller de François Mitterrand Jacques Attali faisait le parallèle avec les élections législatives de 1978, où le Parti socialiste avait lui aussi remporté le premier tour, mais perdu le second. Trois ans plus tard, il entrait à l’Élysée.

Tout cela n’est peut-être que partie remise. En attendant, ces élections ne pourront qu’accentuer le ressentiment. Un ressentiment qui, contrairement aux scrutins précédents, risque de s’exprimer dans une forme de chaos non plus seulement dans la rue, mais aussi à l’Assemblée.

Nous n’avons encore rien vu.

Source: Chronique | Victoires à la Pyrrhus

Rioux | La gauche et l’antisémitisme

On current French debates in the lead up to the elections and in general:

« Nous ne vivons pas un antisémitisme résiduel, mais un antisémitisme pesant, visible, palpable. Notre fille l’a vécu dans sa chair. » Ceux qui parlent ainsi sont les parents de cette enfant de 12 ans violée la semaine dernière dans un local désaffecté de Courbevoie.

Un geste d’une sauvagerie tellement inconcevable qu’il est devenu, à quelques jours du premier tour, l’un des événements marquants de cette campagne éclair des élections législatives en France. L’enfant a été violée, torturée, menacée d’être brûlée et soumise à une tentative d’extorsion par trois jeunes musulmans de 12 et 13 ans pour la seule et unique raison qu’elle aurait dissimulé à son petit ami qu’elle était juive. Celui-ci lui aurait « clairement reproché d’être juive, en affirmant qu’elle était forcément pro-Israël et complice d’un génocide en Palestine », selon son avocate, Muriel Ouaknine-Melki, présidente de l’Organisation juive européenne.

Craignant des représailles depuis le pogrom du 7 octobre, sa mère avait conseillé à la jeune fille de se faire discrète. La petite avait déjà perdu des amies à cause de la religion de ses parents.

Ce viol antisémite n’est pas un fait divers. C’est un fait de société qui illustre la peur croissante dans laquelle vivent des milliers de Juifs en France. Les actes antisémites recensés ont bondi de 300 % au premier trimestre de 2024, comparativement à la même période en 2023, année où ils étaient déjà en hausse.

Certains feront mine de s’en étonner, nombreux sont pourtant ceux qui nous avaient mis en garde. Cela va de Boulaem Sansal à Kamel Daoud, en passant par Smaïn Laacher et Georges Bensoussan, qui avait été poursuivi pour avoir affirmé que, dans nombre de familles influencées par l’islamisme, « l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère ». Traîné devant les tribunaux, il sera relaxé en 2019 « de toute accusation de racisme et d’incitation à la haine ».

On pourra chipoter sur la formulation, reste que l’antisémitisme est consubstantiel à cet islamisme qui se répand en France. Nombre de familles juives fuient d’ailleurs les banlieues pour protéger leurs enfants ; certaines envisagent même de quitter le pays.

Qui aurait pu s’imaginer que 80 ans après la Seconde Guerre mondiale et 37 ans après les déclarations antisémites de Jean-Marie Le Pen, la France serait à nouveau déchirée par un tel débat ? À la différence près que cet antisémitisme est aujourd’hui associé à la gauche.

Depuis des mois, La France insoumise (LFI) refuse de qualifier le Hamas d’organisation « terroriste ». Un jour, son leader, Jean-Luc Mélenchon, accuse la première ministre d’origine juive, Élisabeth Borne, de défendre un « point de vue étranger ». Le lendemain, il reproche à la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, elle aussi d’origine juive, de « camper à Tel-Aviv ». Selon lui, l’antisémitisme serait « résiduel en France ». Une déclaration qualifiée de « scandale » par le socialiste Raphaël Glucksmann, lui-même victime de tags antisémites.

Cette complaisance relève-t-elle d’une conviction profonde ou d’une simple stratégie électorale ? Chose certaine, depuis des mois, LFI a multiplié les signes en direction de l’électorat musulman où, selon un sondage de l’IFOP publié en 2020, 57 % des jeunes de 15 à 24 ans considèrent que la loi islamique devrait avoir préséance sur celle de la République.

Hier symboles de l’« Argent », les Juifs seraient-ils devenus celui du « Colonialisme », comme on dit dans le vocabulaire woke ? Ce ne serait pas la première fois qu’une partie de la gauche pactise avec l’antisémitisme, une attitude qu’à son époque, le social-démocrate August Bebel avait qualifiée de « socialisme des imbéciles ». Les exemples vont de Jean Jaurès, qui disait que « l’oeuvre de salubrité socialiste culmine dans l’extirpation de l’être juif », à l’Humanité, qui qualifia Léon Blum de « Shylock », en passant par Pierre-Joseph Proudhon, qui désignait « le Juif » comme « l’ennemi du genre humain » et voulait « abolir les synagogues ».

Un peu d’histoire permet de constater que personne n’a le monopole de la vertu. Elle permet aussi de relativiser cette affirmation pour le moins étonnante de l’avocat Arié Alimi et de l’historien Vincent Lemire, selon qui l’antisémitisme du Rassemblement national serait « ontologique » alors que celui de LFI ne serait que « contextuel ». L’histoire montre qu’il n’y a pas d’atavisme antisémite. Jaurès n’a-t-il pas finalement défendu Dreyfus ? L’écrivain Georges Bernanos, disciple de l’antisémite Drumont, n’a-t-il pas combattu courageusement le franquisme et le régime de Vichy ?

On comprend pourquoi, en refusant de participer à la grande manifestation unitaire contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier, Emmanuel Macron a commis l’une des fautes les plus graves de son quinquennat. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il n’a de cesse de flatter son électorat dans le sens du poil. « Certains discours politiques ont fait des Juifs des cibles légitimes », dit le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, d’ailleurs traité d’« extrême droite » par Mélenchon. Selon une récente étude réalisée par l’IFOP, 35 % des jeunes de 18 à 24 ans estiment qu’il est justifié de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.

Les parents de la jeune martyre de Courbevoie ont dénoncé avec raison un « mimétisme » sordide entre les actes perpétrés par les terroristes du Hamas et ce que leur fille a subi. Nul doute que ces événements pèseront sur les résultats de dimanche prochain.

Source: Chronique | La gauche et l’antisémitisme

What struck my attention when away

Immigration

Century Initiative’s 100 million population goal by year 2100 was meant to be provocative – and isn’t a target – CEO says

Appears to be flailing around given that their fundamental arguments appear to have failed:

Ms. Lalande said the 100 million population goal for 2100 “was meant to be provocative and bold” and to “spark an economic recharge.” The ultimate objective isn’t to see a specific population number by 2100, she said, but for Canada to be strategic and thoughtful in planning for growth.

“We don’t believe that growth should happen at all costs,” she said, saying the 100 million figure “was meant to galvanize the conversation and to spark debate and discussion of what the country could be and how we need to get there.”

But she warned against curtailing immigration, saying “that approach would result in an aging, less-skilled work force, less foreign investment, less diversity and less influence” globally.

Source: Century Initiative’s 100 million population goal by year 2100 was meant to be provocative – and isn’t a target – CEO says

Government criticized for limiting immigration sponsorships to four-year-old list

Never possible to satisfy demand:

Immigrants who came to Canada with the hope that their parents or grandparents could one day join them say they feel cheated after the federal government opened a sponsorship lottery this month drawing from a four-year-old list of applicants.

They are upset because Ottawa decided to allow around 30,000 sponsorships this year, but excluded applicants from joining the program if they had not registered an interest in 2020.

Some told The Globe and Mail that if they can’t successfully sponsor their relatives at some point, they may have to leave this country themselves to take care of them.

Immigration, Refugees and Citizenship Canada (IRCC) is sending out 35,700 randomly selected invitations to Canadian citizens and permanent residents to apply for the Parents and Grandparents Program (PGP).

The invitations are drawn from a list of 200,000 people who expressed an interest in sponsoring their relatives in 2020.

Not everyone who receives an invitation to apply will submit a PGP application; however, IRCC said it ultimately expects around 32,000 grandparents and parents to qualify for permanent residence….

Source: Government criticized for limiting immigration sponsorships to four-year-old list

Caregivers from abroad to be given permanent residence on arrival under new pilot programs

Of note, addressing some past concerns:

The pilots, which are enhanced versions of two programs set to expire on June 17, will put qualified nannies, child-care and home-support workers on a fast track to settling in Canada.

Caregivers working for organizations that provide temporary or part-time care for people who are semi-independent or recovering from an injury or illness will also qualify under the new programs, which Immigration, Refugees and Citizenship Canada (IRCC) said will later become permanent.

Canada will admit more than 15,000 caregivers as permanent residents in the next two years, as part of Canada’s overall immigration targets, according to IRCC.

“Caregivers play a critical role in supporting Canadian families, and our programs need to reflect their invaluable contributions,” Mr. Miller said in a statement….

Source: Caregivers from abroad to be given permanent residence on arrival under new pilot programs

Canada needs an Immigrant Bill of Rights

Hard to see how adding another layer will necessarily improve processing and client service compared to addressing systemic issues:

This is why in a new report entitled Let’s Clean Up Our Act, the Canadian Immigration Lawyers Association (CILA) encourages the federal government to introduce an Immigrant Bill of Rights to provide newcomers with greater protection and an enhanced experience. 

We also believe the Immigrant Bill of Rights should be complemented by introducing an Ombudsperson for Immigration, Refugees, and Citizenship Canada (IRCC), and the Canada Border Services Agency (CBSA). 

These recommendations are far from novel or controversial.  

Numerous federal departments and agencies already have a bill of rights and/or ombudspersons.  

Source: Canada needs an Immigrant Bill of Rights

Tasha Kheiriddin: Brace for a possible tsunami of illegal migrants if Trump is re-elected

So almost a dedicated stream and pathway to citizenship? But that would require Canadian residency for at least three years, not “just being on our side:”

So what can Canada do that is positive? Apart from planning for these specific eventualities, Heyman suggests that we process as many Americans as possible for the equivalent of an American H1 Visa to Canada — not necessarily to live here, but to have a Canadian passport in their pocket and advocate for our country south of the border. “You’ve got a generational opportunity to get the top talent, people with means and skills, on your side — and possibly into your country,” Heyman said. A silver lining, perhaps, but the tsunami still looms.

Source: Tasha Kheiriddin: Brace for a possible tsunami of illegal migrants if Trump is re-elected

Rioux | «It’s the immigration, stupid!»

On the results and aftermath of the European Parliament elections and the political shakeout in France:

Son coup de tête a déjà provoqué le rassemblement de la gauche autour de son aile la plus radicale (La France insoumise) qui se complaît dans une forme de romantisme révolutionnaire flirtant avec l’antisémitisme et les appels à la violence. À droite, il a accéléré l’éclatement des Républicains, dont les jours étaient comptés, au profit d’un RN portant certes des revendications partagées par la majorité des Français, mais sans expérience ni cadres chevronnés et dont le programme économique est pour le moins boiteux.

Derrière l’apparence du combat des extrêmes, ne serions-nous pas en train de découvrir le nouveau visage de ce que sont tout simplement devenues, après une période d’effacement, la gauche et la droite ? Pour le dire simplement, la nouvelle gauche est aujourd’hui plutôt multiculturelle, wokiste et décoloniale. La nouvelle droite, plutôt nationaliste, souverainiste et conservatrice.

Dans la fureur et le chaos, nous assistons non seulement au retour de l’opposition entre droite et gauche, mais peut-être aussi de l’alternance sans laquelle aucune démocratie ne saurait survivre.

Source: Chronique | «It’s the immigration, stupid!»

Antisemitism, Israel Hamas war

Abella: What happened to the legacy of Nuremberg and the liberal democratic values we fought the Second World War to protect?

Well worth reading:

To paraphrase Martin Luther King, the arc of the moral universe may be long, but it does not always bend towards justice. And that means that too many children will never get to grow up, period – let alone in a moral universe that bends toward justice and the just rule of law.

I used to see the arc of my own life bending assertively from Nuremberg to ever-widening spheres of justice, but in this unrelenting climate of hate, I feel the hopeful arc turning into a menacing circle.

We need to stop yelling at each other and start listening, so that we can reclaim ownership of the compassionate liberal democratic values we fought the Second World War to protect, and to put humanity back in charge by replacing global hate with global hope.

My life started in a country where there had been no democracy, no rights, no justice. It instilled a passionate belief in me that those of us lucky enough to be alive and free have a particular duty to our children to do everything possible to make the world safer for them than it was for their parents and grandparents, so that all children, regardless of race, religion or gender, can wear their identities with pride, in dignity, and in peace.

Source: What happened to the legacy of Nuremberg and the liberal democratic values we fought the Second World War to protect?

Regg Cohn: Doug Ford isn’t the only one who has fumbled on antisemitism

Also well worth reading by those who have no answers to these questions:

To be sure, critics of Israel — of which I am one — are not necessarily anti-Israeli (or anti-Jewish). But a good many are so adamantly opposed to the existence of the state of Israel, for reasons of history or bigotry, that you have to ask:

Where would those millions of Jews go? Back to Poland, as some like to taunt? Here to Canada, where they feel increasingly besieged? Stay where they are in a single state where “Palestine shall be free, from the river to the sea,” subsuming and consuming the Jewish state?

Israel is guilty of many sins during its long decades of occupation, although neither side is blameless about missed opportunities. After the Oct. 7 Hamas massacre of more than 1,200 Jews and the taking of hostages, Israel’s overreaction and overreach transformed a just war of defence into a war without justifiable limits.

Source: Doug Ford isn’t the only one who has fumbled on antisemitism

Lederman: The banning of an Israeli-American graphic novelist shows how some arts organizations are rushing to judgment

Exclusion is not the answer except in extreme cases where it crosses into hate speech:

With Israel and Hamas at war, there has been so much screaming at one another, across a widening divide. What could be accomplished by having actual conversations?

This isn’t the only instance of selective targeting of Israeli, Jewish or Palestinian artists by arts organizations. With festival and awards season approaching in the fall, there is reason to fear more exclusions to come.

Source: The banning of an Israeli-American graphic novelist shows how some arts organizations are rushing to judgment

Citizenship

Mansour: Citizenship in the Multicultural State

Interesting evolution by Mansour compared to his earlier writings:

In conclusion, it might be said that the generation of 1968 was a pioneer generation in the making of a new political agenda that goes beyond the attachment to the state of which a citizen is a member. Canada has contributed to this agenda, internationalist and multicultural, through the social changes that have occurred in the years since its centenary anniversary. As a result, Canadians are in the midst of emerging new sensibilities that are more open to the world, more receptive of other cultures, more inclined to accepting international law and adjusting domestic statutes to that requirement. These changes render older political arrangements less meaningful in the twenty-first century.

Source: Citizenship in the Multicultural State

Foreign interference

Three article of interest of foreign interference and the shameful “witting” involvement of some MPs

‘Witting’ involvement changes the nature of foreign interference

NSICOP doesn’t name the parliamentarians who are witting participants in foreign interference. It raises a question about parliamentarians. It calls on the government to brief MPs about interference – and warns MPs to “reduce their vulnerabilities.”

And once again, it is another report telling the public that the Canadian government has not done enough to counter the threat of foreign interference. If anything, those warnings have grown louder.

This time, what a committee of parliamentarians has told us in clearer terms than ever is that the threat of interference from abroad includes participants here in Canada, inside Parliament, who have something to gain from dealing with foreign actors.

Source: ‘Witting’ involvement changes the nature of foreign interference

Coyne: We need to know the names of the traitor MPs, but don’t count on any of the parties to give them up

The Liberals’ tactic of deny, delay and deflect – first denying the allegations, then, when they can no longer be denied, denying they matter – has proved largely successful. Polls show that foreign interference ranks low on the public’s list of important issues. The Opposition is likely to take the hint. It was to their advantage to demand a public inquiry, so long as the government refused – and so long as they could be assured its findings would only stick to the government. But now? What’s in it for them?

For that matter, the same might apply to certain sections of the media: The report refers to Chinese officials “interfering with Canadian media content via direct engagement with Canadian media executives and journalists,” while a redacted passage cites “examples of the PRC paying to publish media articles without attribution.”

So if none of the parties is keen on turning over this rock, if law enforcement are unwilling and the media nervous – Mr. Dong’s lawsuit against Global News will have had a useful chilling effect – then the betting proposition has to be that nothing will happen. None of the MPs involved will be prosecuted, or named, or face consequences of any kind. And the public will shrug. Experience has taught them that, in this country, nobody ever faces consequences for this kind of thing.

Unless … unless a lone MP stands up in the House and names the names.

Source: We need to know the names of the traitor MPs, but don’t count on any of the parties to give them up

Yakabuski | L’ingérence étrangère et l’indifférence libérale

Tout au plus, la vice-première ministre, Chrystia Freeland, a-t-elle promis que les libéraux effectueraient « un suivi interne » dans la foulée du rapport. Comme son collègue à la Sécurité publique, elle n’a pas semblé désireuse d’aller au fond des choses. Est-ce parce que le caucus libéral compte beaucoup de députés issus des communautés culturelles qui entretiennent des relations étroites avec les représentants au Canada des gouvernements de leurs pays d’origine ? Certains de ces députés craignent, avec ou sans raison, une chasse aux sorcières dans la foulée du rapport McGuinty.

« La garantie que je peux donner aux Canadiens est que notre gouvernement prend très, très au sérieux l’ingérence étrangère », a réitéré cette semaine Mme Freeland. Or, la réaction du gouvernement au dernier rapport laisse, encore une fois, une impression contraire.

Source: Chronique | L’ingérence étrangère et l’indifférence libérale

Other

Hindutva ideology proved costly for India’s Narendra Modi

Of note:

The decade-long entrenchment of far-right ideologies in India, an over-focus on dividing Hindus and Muslims and on wealth generation for the rich eroded the country’s human rights record, judicial autonomy and press freedom.

That people with the least individual power were able to collectively push back against plans of the most powerful has rekindled the flame of democracy domestically and fanned hopes of resistance against tyranny globally.

Source: Hindutva ideology proved costly for India’s Narendra Modi

A Plea for Depth Over Dismissal

Agree:

To be clear, this article is not a plea for a return to scorecard history. Scorecard history is not a sound approach either. For, in the end, history is a qualitative discipline. Ranking prime ministers, or anyone else for that matter, is a silly exercise. Good deeds and bad deeds cannot be weighted and tallied up so that some final score can be determined. For that matter, categorizing deeds as good or bad in the first place flattens a great deal of complexity, like intentionality or unforeseen consequences, and it is precisely in that great universe of gray that real insights can be found. Insights into continuities between past and present, into how politics work in practice, and into the most accurate assessments of legacy. For the legacy of most leaders, much like the legacy of the policy of multiculturalism, will be neither entirely beneficial nor detrimental. But through a rigorous, nuanced, and deep examination of the lives and legacies of politicians and their policies, we stand to learn much about our country’s past – and its present too.

Daniel R. Meister is a Banting Postdoctoral Fellow in the Department of Political Science at the University of New Brunswick. He is the author of The Racial Mosaic (MQUP 2021).

Source: A Plea for Depth Over Dismissal

Rioux | La nazification d’Israël

Useful reminder of past and present naïveté:

L’humour peut-il être ignoble et drôle tout à la fois ? Je l’avoue, il est arrivé que des humoristes qui flirtaient avec l’abject me fassent rire. Comme il m’est arrivé de m’ennuyer avec d’autres trop bien intentionnés. C’est tout le mystère de l’humour. Et c’est toute l’ambiguïté de cette blague qui, cette semaine, a coûté son poste au comique de France Inter Guillaume Meurice, qui avait qualifié le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, d’une « sorte de nazi mais sans prépuce ».

Peut-on en rire sans pour autant adhérer à cette infamie sans nom qui consiste à nazifier le peuple de la Shoah ? L’idée n’est pas nouvelle. Quelle jouissance de démasquer le loup déguisé en mère-grand et de dire à la victime qu’elle est devenue semblable à son bourreau. Comme le disait le philosophe Michel Eltchaninoff, rien de tel que de peindre les Israéliens en nazis pour « se libérer de la culpabilité d’une des plus grandes tragédies de l’histoire récente : le génocide des Juifs d’Europe » qui, à de très rares exceptions, n’a jamais été reconnu dans le monde arabo-musulman.

Ce n’est évidemment pas parce qu’on appartient à une droite dure, comme Nétanyahou, et qu’on s’est allié par pur opportunisme politique à des partis extrémistes qui sont la honte d’Israël qu’on est un nazi et qu’on prépare un génocide. Génocide dont on attend encore la preuve sonnante et trébuchante. Les deux millions de citoyens d’origine arabe qui vivent librement en Israël étant la preuve éclatante du contraire.

Les slogans entendus ces jours-ci sur les campus américains, français et canadiens n’en finissent pourtant pas de nazifier Israël, quand ils n’expriment pas parfois un antisémitisme flagrant. Ainsi en est-il du mantra « from the river to the sea » (« du fleuve à la mer »), dont l’origine n’évoque rien de moins qu’une Palestine où Israël aurait été rayé de la carte. Faudrait-il, pour soutenir le peuple palestinien — qui mérite toute notre compassion, répétons-le —, aller jusqu’à qualifier le pogrom du 7 octobre d’acte de résistance ? Ou en taire l’horreur absolue, ce qui revient au même ?

On peut certes comprendre le désir d’une génération élevée en banlieue, dans un moralisme souvent étouffant, de se rejouer la grande épopée de l’opposition à la guerre du Vietnam. « En 67 tout était beau, c’était l’année de l’amour », disait la chanson.

Un demi-siècle plus tard, la mythologie a pourtant pris quelques rides. Si la libération du Vietnam méritait le soutien de tous, il n’en allait pas de même des Viêt-Cong et de leurs alliés communistes, dont le véritable visage nous a été révélé quelques années plus tard par les multiples vagues de boat people et le génocide des Khmers rouges au Cambodge. Un vrai, celui-là, puisqu’il fit 1,7 million de morts.

Un demi-siècle plus tard, malgré l’émotion légitime, c’est pourtant la même naïveté béate qui s’exprime à l’égard du Hamas, dont l’objectif avoué n’est pas de créer un État palestinien, mais de rétablir le califat en Palestine. Et pour cela, d’en finir avec l’État d’Israël.

Serait-ce trahir « la cause » ou « faire le jeu de l’ennemi » que de rappeler à ces militants LGBTQ+ et autres « Queers for Palestine » le destin que leur réserverait la charia advenant une victoire du Hamas ? Quant à celles qui hurlent leur colère souvent légitime contre Israël, savent-elles le sort qu’on réserve aux femmes dans ces théocraties ?

C’est Raymond Aron qui disait que « les hommes font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font ». Cette naïveté criminelle fait étrangement penser à celle de cette gauche française qui, derrière Jean-Paul Sartre et Michel Foucault, n’avait dans les années 1970 que des mots doux à l’égard de l’ayatollah Khomeini, réfugié dans le petit village de Neauphle-le-Château. Parlez-en à cette jeunesse d’extrême gauche très active à l’époque dans les universités iraniennes, et qui sera littéralement exterminée après la révolution de 1979.

Si on a raison de dénoncer le cul-de-sac politique que représente Nétanyahou, l’émotion légitime que suscitent les souffrances des Palestiniens ne saurait justifier la moindre concession à une organisation qui, en islamisant la cause des Palestiniens au profit d’un pur délire religieux, signe pour ces derniers la plus terrible des défaites. « Ce que cherchait le Hamas, écrit l’ancien ambassadeur de France à Tel-Aviv Gérard Araud, c’est de commettre des atrocités qui rendent tout compromis inacceptable. Je crains qu’il n’ait réussi… »

Source: Chronique | La nazification d’Israël

Rioux | Le tabou de l’immigration

Rioux on what he perceives as the denial of the left (which of course is matched by denial on the right), making reasoned discussion more difficult. That being said, I would rephrase his “rien n’apparaît plus urgent que de rapatrier l’immigration du champ de la morale à celui de la politique” to à celui des questions concretes comme le logement et système de santé:


…C’est à partir des années 1970 qu’une gauche morale, embourgeoisée et néolibérale, soulignent les auteurs de l’étude, devint ouvertement multiculturaliste et abandonna toute idée de réguler l’immigration.

Le Rassemblement national n’avait plus qu’à cueillir l’électorat populaire, abandonné de tous. Au point où il est justifié de se demander si, malgré les étiquettes qu’on lui colle, ce parti ne s’inscrit pas aujourd’hui dans la tradition des grands partis populaires de gauche.

Mais il n’est jamais aisé d’admettre son erreur. C’est pourquoi, en France, celle qu’on appelle encore la gauche a plutôt choisi de s’enfoncer dans le déni alors même que la moitié de ses électeurs, pourtant de moins en moins nombreux, continuent à penser qu’il y a trop d’immigrés en France.

Là-bas comme au Québec, rien n’apparaît plus urgent que de rapatrier l’immigration du champ de la morale à celui de la politique.

Source: Chronique | Le tabou de l’immigration