Nicolas: De Los Angeles à Kananaskis
2025/06/13 Leave a comment
Discomforting possible parallel. We will see this upcoming weekend:
….Ce qui se passe à Los Angeles représente un tournant, sur deux principaux aspects.
Premièrement, sur le fond, soit la violence politique envers les personnes immigrantes. Les agents de contrôle de l’immigration (ICE) arrêtent des parents sur leurs lieux de travail pendant que leurs enfants sont à l’école et tentent de se déployer dans des écoles primaires pour y interroger des enfants. On a vu d’autres enfants être privés de leur droit à être représentés par un avocat et être interrogés seuls par les autorités. On a déjà vu aussi, un peu partout au pays, des gens être « déportés » vers des prisons du Salvador et à Guantánamo. J’utilise le mot « déportés » entre guillemets, puisqu’il n’est pas question de retourner les gens vers leur pays d’origine : il s’agit plus de kidnappings. Dans une ville comme Los Angeles, s’en prendre à la population immigrante au statut irrégulier, c’est s’en prendre au tissu social, économique et communautaire de la métropole. La population résiste, parce que les personnes qui sont ciblées par ICE sont indissociables de la population même.
Si l’on considère que les personnes qui ne possèdent pas la citoyenneté d’un pays n’ont pas de droits fondamentaux, la démocratie est déjà mise à mal.
Deuxièmement, sur la résistance politique qui se déploie face à ICE. Lorsque des citoyens décident de dénoncer le fait que des parents soient séparés brutalement de leurs enfants, ou que des enfants soient séparés brutalement de leurs parents, ils exercent leur liberté de conscience politique, leur liberté d’expression et leurs droits civiques. En déployant des agents militaires sans le consentement du gouverneur de l’État, et sans que la situation le justifie, Trump franchit encore une autre ligne. La question grave qui se pose désormais, c’est : existe-t-il dorénavant une possibilité que les élections de mi-mandat ne soient pas des élections libres ? Parce que lorsqu’on commence à gérer le débat politique par l’intimidation armée, où et quand s’arrête-t-on, et pourquoi ?
Revenons au Canada, et à la tentation, qui remonte par soubresauts, de « normaliser » nos relations avec États-Unis. Bien sûr, vu que notre économie est en jeu, ça se comprend tout à fait. Mais il existe un risque sérieux, vu le rythme où Washington s’enfonce, que nos liens avec nos voisins nous entraînent aussi vers l’abysse avec eux. Et par abysse, j’entends ici une forme d’abysse morale. Si la démocratie est précieuse pour les Canadiens, on ne peut s’attacher aussi intimement à un régime déterminé à la fragiliser, chez nous comme chez eux.
Alors que le G7 s’ouvre à Kananaskis, en Alberta, j’ai certaines appréhensions. L’Histoire ne se répète jamais, mais je crois que l’on peut tout de même tirer certaines leçons de l’échec monumental des Accords de Munich de 1938. J’espère que les chefs d’État seront plus rapides, cette fois-ci, à reconnaître en leur sein l’acteur qui affiche un mépris ouvert pour la règle de droit.
Source: De Los Angeles à Kananaskis
…. What is happening in Los Angeles represents a turning point, on two main aspects.
First, on the substance, either political violence against immigrants. Immigration Control Officers (ICE) arrest parents at their workplaces while their children are in school and try to deploy to primary schools to interview children. Other children have been deprived of their right to be represented by a lawyer and questioned alone by the authorities. We have also seen, all over the country, people being “deported” to prisons in El Salvador and Guantánamo. I use the word “deported” in quotation marks, since there is no question of returning people to their country of origin: it is more about kidnappings. In a city like Los Angeles, attacking the irregular immigrant population is attacking the social, economic and community fabric of the metropolis. The population resists, because the people who are targeted by ICE are inseparable from the population itself.
If we consider that people who do not have the citizenship of a country do not have fundamental rights, democracy is already being damaged.
Secondly, on the political resistance that is unfolding against ICE. When citizens decide to denounce the fact that parents are abruptly separated from their children, or that children are abruptly separated from their parents, they exercise their freedom of political conscience, their freedom of expression and their civil rights. By deploying military agents without the consent of the governor of the state, and without the situation justifying it, Trump crosses yet another line. The serious question that now arises is: is there now a possibility that midterm elections are not free elections? Because when we begin to manage the political debate through armed intimidation, where and when do we stop, and why?
Let’s go back to Canada, and to the temptation, which is rising by ups, to “normalize” our relations with the United States. Of course, since our economy is at stake, it is quite understandable. But there is a serious risk, given the pace at which Washington is sinking, that our links with our neighbors also lead us to the abyss with them. And by abyss, I mean here a form of moral abyss. If democracy is valuable to Canadians, we cannot be so intimately attached to a regime determined to weaken it, both at home and at home.
As the G7 opens in Kananaskis, Alberta, I have some apprehensions. History never repeats itself, but I believe that we can still learn some lessons from the monumental failure of the 1938 Munich Agreements. I hope that the Heads of State will be quicker, this time, to recognize within them the actor who displays an open contempt for the rule of law.
