Nicolas | Victoire antiwoke
2025/03/28 Leave a comment
A reminder but yes, there have been excesses:
…En toute transparence, un sentiment de colère m’habite alors que je parcours et reproduis ici ces mots. Une colère saine, que je travaille à exprimer sainement. C’était écrit dans le ciel que l’obsession pour les wokes et le wokisme manufacturés de toutes pièces par Fox News et les autres grands médias de la droite républicaine visait le rétrécissement des libertés d’expression, d’association et universitaire. Les campus ont été des lieux cruciaux dans les luttes pour les droits de la personne dans l’histoire américaine : s’attaquer à l’université, c’était autoriser un recul des droits, et vice versa.
Je trouve lourd qu’il soit même nécessaire de rappeler que le wokisme est la clé d’une guerre culturelle inventée par la droite républicaine pour servir ses intérêts, et que c’est à partir du combat contre le danger woke — renommé parfois EDI de manière à peu près interchangeable — qu’on assoie présentement cette attaque contre la raison, la science, le langage et des pans entiers de la population.
Certains auront de la difficulté à admettre qu’en alimentant ces chasses aux wokes, ils sont tombés dans un piège extrêmement grossier dont on voit maintenant le résultat. Je crois que, derrière cette colère, il y a surtout une tristesse, une forme de deuil. Une déception aussi.
Marginalisé. Marijuana. Minorités. Multiculturel. Noir. Non binaire. Obésité. Opioïdes. Oppression. Orientation. Polarisation. Politique. Pollution. Personne enceinte. Populations clés. Préférences sexuelles. Préjugés. Privilège. Promouvoir. Pronoms. Prostituées. Qualité environnementale.
Si j’établis l’obsession pour les wokes comme le début de la fin des haricots, c’est parce que je citais Hannah Arendt la semaine dernière, et je vais me répéter : « La mort de l’empathie humaine est l’un des premiers signes et des plus révélateurs d’une culture sur le point de sombrer dans la barbarie. »
Et que le mot « woke », à la base, ne signifie qu’une sensibilité pour la justice sociale et un engagement actif dans la lutte contre la discrimination et les inégalités.En écrivant semaine après semaine de manière négative à partir de ce concept, des chroniqueurs ont contribué à associer le souci des personnes vulnérables au ridicule, voire au danger ou au mal. On a stigmatisé l’empathie — sans prévoir que ça allait finir par revenir au nez d’à peu près tout le monde. Parce qu’on a tous des éléments de vulnérabilité en nous, d’une manière ou d’une autre.
C’était ça, le piège.Des personnalités médiatiques américaines, européennes, canadiennes et québécoises ont passé une partie de la dernière décennie à cibler des personnes, principalement des jeunes, qui exprimaient des préoccupations pour le bien commun à partir de profondes réserves d’empathie, déclenchant souvent à leur égard une pluie de messages haineux qui a contribué à les faire taire. Il y avait bien sûr parfois des maladresses dans la manière de s’exprimer, maladresses qui ont servi de justificatif à cette dureté. Mais le traitement médiatique a tellement été dur envers les jeunes empathiques qui s’exprimaient de manière parfois maladroite dans l’espace public qu’il n’y a pratiquement plus de jeunes empathiques qui osent s’exprimer dans l’espace public. Problème réglé, je suppose ?
Race. Racisme. Rougeole. Santé mentale. Science climatique. Ségrégation. Sexe. Sexualité. Socioculturel. Socio-économique. Sous-représentés. Sous-représentation. Sous-estimés. Stéréotypes. Sujets à enquête fédérale. Sujets qui ont récemment reçu l’attention du Congrès. Sujets qui ont reçu une grande attention médiatique.
Il y a quelque chose d’obscène dans le silence des gens qui ont fait leur pain et leur beurre avec la « liberté d’expression » et l’antiwokisme à Fox News ces dernières années, face à cette censure — cette vraie censure —, c’est-à-dire ce bannissement de mots par legouvernement de manière à limiter la distribution des ressources. Mais une fois la colère, la tristesse et la déception exprimées, je retrouve accès à mes instincts plus généreux, voire optimistes, sinon sereins, dans l’interprétation de ce silence. Je me dis — j’espère — que certains ont entamé une réflexion sur la machine infernale dans laquelle ils ont mis le doigt.
Systémique. Trans. Transgenre. Traumatisme. Traumatique. Vaccins. Victimes. Violence fondée sur le genre. Vulnérable.Au fond, la seule question qui importe vraiment, c’est : qu’est-ce qu’on est en train d’apprendre de tout cela ?
Source: Chronique | Victoire antiwoke
