Rioux | Le sexe des anges [arguing #s more important for integration than approaches]

Rioux is consistent in the sources he cites and the positions he takes. Numbers are important, as recent Canadian and other experiences attest, but policies and approaches all matter too:

…C’est d’ailleurs tout le drame de l’immigration. Malgré certaines expériences individuelles positives qu’on aura beau brandir comme un étendard, dans l’immense majorité des cas, elle est d’abord une souffrance pour ces individus à qui l’on demande de faire table rase de leur famille, de leur langue et de leur culture pour être ballottés comme de simples produits au gré des besoins du marché. Ensuite, indépendamment des individus, cette immigration massive devient vite un problème. Cela se vérifie partout. On ne transplante pas impunément des populations entières dans n’importe quelle communauté sans ébranler la cohésion sociale et créer inévitablement des réactions de rejet. Réactions que les bonnes âmes auront beau condamner, mais que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss jugeait « normales, légitimes même, et en tout cas inévitables ». Une réalité devant laquelle les discours soporifiques sur l’ouverture à l’Autre seront toujours impuissants.

C’est ce que disait Rémy Girard dans Le déclin de l’empire américain : « Il y a trois choses importantes en histoire : premièrement le nombre, deuxièmement le nombre et troisièmement le nombre ». Cette citation que l’on prête à l’historien Michel Brunet est encore plus vraie en matière d’immigration. Et Rémy Girard d’ajouter que « l’histoire n’est pas une science morale. Le bon droit, la compassion, la justice sont des notions étrangères à l’histoire ». Ce qui peut avoir du sens pour l’accueil d’un petit nombre d’individus n’en a plus guère dès lors que l’on parle d’un phénomène de masse. En France, même le premier ministre centriste François Bayrou, qui penche généralement à gauche, a dû se résoudre à parler de « submersion migratoire ». Les chiffres les plus récents étant d’ailleurs là pour le prouver.

Si le nombre est de loin le critère déterminant, d’autres comme la proximité culturelle et la volonté de s’intégrer jouent un rôle. C’est toute la difficulté que connaît la France aujourd’hui dans ses banlieues ethniques. L’intégration de populations de culture musulmane est évidemment plus difficile que celle, hier, des Italiens ou des Portugais. Cette intégration est d’autant plus ardue que des idéologies comme l’islamisme la combattent ouvertement. En 2015, le président Recep Tayyip Erdoğan était venu à Strasbourg présenter la Turquie comme le seul défenseur de la « vraie civilisation » et soutenir que l’assimilation était « un crime contre l’humanité ». Des organismes comme l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) incitent ouvertement les immigrants musulmans à ne pas acquérir les valeurs de leur pays d’accueil.

Mais encore faut-il aussi que pour intégrer, on ait confiance dans sa propre culture. Les efforts destinés à favoriser l’intégration sont évidemment louables. Mais ils ne pourront jamais rien contre le nombre. De grâce, cessons de traiter un problème démographique qui est en train de devenir la grande affaire politique du siècle comme une banale question de compassion et de bonne volonté.

Source: Chronique | Le sexe des anges

Unknown's avatarAbout Andrew
Andrew blogs and tweets public policy issues, particularly the relationship between the political and bureaucratic levels, citizenship and multiculturalism. His latest book, Policy Arrogance or Innocent Bias, recounts his experience as a senior public servant in this area.

Leave a comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.