Rioux: La recette du chaos

Alarmist but the ongoing hardening of public opinion significant. Valid questions given nature of flows are driven by economic forces, not political persecution:

Il y avait quelque chose de burlesque. Comme dans une scène de Marcel Pagnol. Pendant que le pape, perché sur les hauteurs de Notre-Dame-de-la-Garde, vantait les vertus de la belle et grande « mosaïque » culturelle de Marseille, le bon peuple ébahi se demandait s’il avait bien entendu. Ce pape n’avait-il jamais entendu parler de Socayna, 24 ans, fauchée par une rafale de Kalachnikov alors qu’elle vivait paisiblement avec sa mère au 3e étage d’un immeuble ? Une « balle perdue », comme on dit. Derrière le village Potemkine qu’on lui avait aménagé, ne pouvait-il pas comprendre que si Marseille était la capitale française de l’immigration, elle était surtout celle des guerres de gangs et du trafic de drogue ? Portés par la grâce, les papes ne vivent pas tout à fait dans notre monde.

Les chefs d’État et de gouvernement du Conseil européen qui se réunissent aujourd’hui à Grenade ne peuvent malheureusement prétendre avoir accès aux mêmes voix célestes. Au menu, l’adoption d’un nième Pacte sur l’immigration et l’asile. Un texte que les 27 se sont finalement décidé à adopter tant la colère est grande de Lisbonne à Budapest contre une Union européenne qui n’est plus qu’une passoire. À huit mois des élections européennes, alors que les demandes d’asile ont augmenté de 30 % au premier semestre, l’immigration pourrait en effet susciter en juin prochain une véritable bronca dans les urnes.

Parmi les chefs de gouvernement qui sentent la soupe chaude, on trouve l’Allemand Olaf Scholz. « Le nombre de réfugiés qui cherchent à venir actuellement en Allemagne est trop élevé », avoue-t-il sur un ton qui ressemble étrangement à celui de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, dont le pays est pourtant en première ligne.

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AFD) compte désormais 78 députés au Bundestag et 20 % d’intentions de vote dans les sondages. Le double de son résultat de 2021. Le plat pays ne fait pas exception. Ce sont 56 % des Belges qui soutiennent la décision de la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration de ne plus accueillir les hommes seuls dans les refuges au profit des familles avec enfants uniquement. De telles mesures sont largement plébiscitées dans des pays aussi différents que la Pologne ou les Pays-Bas. Tout indique qu’on a changé d’époque.

Difficile aujourd’hui de cacher que seule une minorité de ces migrants sont des réfugiés au sens propre. Ils pénètrent en Europe, d’où ils deviennent inexpulsables grâce à l’action conjuguée d’un système juridique hégémonique et d’une filière humanitaire qui fait la part belle — malgré elle — aux passeurs. Avec des profits de 35 milliards de dollars (en 2017), ce trafic d’êtres humains serait devenu le troisième secteur le plus lucratif du crime organisé selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Peu importe ce qu’en pensent les élus, le 21 septembre, la Cour de justice européenne a privé la France du droit de refouler immédiatement les clandestins qui franchissent sa frontière avec l’Italie. Le même jour, elle empêchait l’Italie d’obliger les clandestins à résider dans un centre de séjour le temps de traiter leur demande.

Non seulement le migrant qui arrive à Lampedusa ne peut-il pas être refoulé vers son port d’origine, mais il ne peut pas être retenu le temps d’examiner sa situation. Une fois en France, il ne peut être renvoyé en Italie et peut donc y rester à demeure puisqu’à peine 5 % des obligations de quitter le territoire sont appliquées.

Le monde fabulé des « No Borders » existe déjà. Il se nomme l’Union européenne. On ne s’étonnera pas que la ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, elle-même fille d’immigrants, ait déclaré que la Convention de Genève n’était « plus adaptée à notre époque ». Grand amoureux de l’Afrique, l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard ne pensait pas autre chose lorsqu’il affirmait en 1989 que la France ne pouvait « pas héberger toute la misère du monde » et qu’elle devait « rester ce qu’elle est, une terre d’asile politique […] mais pas plus ». La même année, François Mitterrand avait estimé que le « seuil de tolérance » des Français à l’égard des étrangers avait été atteint… dans les années 1970 !

Trente ans et vingt lois plus tard, l’immense majorité des Français et tout particulièrement les classes populaires — qui comptent 10 millions de pauvres et sont les premières à souffrir de cette immigration — attendent toujours que leurs leaders s’en tiennent à leurs déclarations. Car, contrairement à nombre de politiques qui ont jeté le gant, les peuples croient encore à la politique. C’est pourquoi ils s’accommodent mal de dirigeants qui se prétendent capables de combattre le réchauffement climatique mais pas l’immigration illégale qui serait, elle, « inévitable », alors que des pays comme l’Australie, le Japon et le Danemark ont prouvé le contraire.

Dans un roman aux allures d’apocalypse, l’ancien grand reporter Jean Rolin, qui a couvert l’éclatement de la Yougoslavie, mettait en scène une traversée de la France déchirée par une guerre civile (Les événements, Folio). On n’en est évidemment pas là. Mais rien ne dit que ce refus de la politique n’est pas la recette du chaos.

Source: La recette du chaos

Unknown's avatarAbout Andrew
Andrew blogs and tweets public policy issues, particularly the relationship between the political and bureaucratic levels, citizenship and multiculturalism. His latest book, Policy Arrogance or Innocent Bias, recounts his experience as a senior public servant in this area.

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