Tellier: Et si François Legault se fourvoyait…
2023/08/04 Leave a comment
The independentiste take:
Le 25 mars dernier, lors de la fermeture du chemin Roxham, le premier ministre Legault était triomphant : nous cesserions d’être submergés par un flux incontrôlable de demandeurs d’asile. Nous apprenons maintenant que cela n’a nullement été le cas. Le flux est aussi imposant qu’avant.
Il y a quelques jours, nous apprenions que six jeunes hockeyeurs ukrainiens qui ont été acclamés au tournoi annuel de hockey pee-wee de Québec l’hiver dernier revenaient à Québec pour y étudier. Oh, surprise !, ils viennent étudier à l’école secondaire « publique » de langue anglaise St Patrick’s de Québec.
Ces enfants ne satisfont pas aux critères généraux d’admissibilité aux écoles publiques anglophones du Québec, leurs parents n’ayant pas la citoyenneté canadienne et leurs frères et soeurs n’ayant jamais reçu la majeure partie de leur enseignement primaire en anglais au Canada.
De plus, cinq des six joueurs ne sont pas, non plus, à la charge d’une personne qui séjourne temporairement au Québec. Reste une dernière possibilité de se qualifier pour être admissibles à l’enseignement en anglais dans une école secondaire publique du Québec : être admis en raison d’une situation particulière.
Venir d’un pays agressé par une puissance nucléaire constitue une situation particulière, c’est incontestable, tout comme peut l’être le fait de venir d’un pays soumis à une dictature ou d’un pays éprouvé par des cataclysmes naturels (incendies de forêt, tremblement de terre, hausse du niveau des mers, inondations, typhons, tempêtes tropicales, sécheresse, etc.), par des persécutions, des guerres civiles, une inflation galopante, une banqueroute nationale et le reste.
Tous ces gens possiblement admissibles ont potentiellement plus de chances de s’inscrire dans les écoles primaires et secondaires publiques anglophones du Québec que les « Québécois francophones de souche » eux-mêmes. Nous sommes dans l’absurdité absolue.Improvisation
Nous nageons, en matière d’immigration au Canada (et conséquemment, au Québec), dans l’improvisation et l’arbitraire les plus complets. S’ajoute à cela la décision du Canada anglais et de son gouvernement national de passer de 40 à 100 millions d’habitants au Canada d’ici 75 ans ; cela, sans qu’à aucun moment ne soit prise en considération l’incidence qu’une telle politique est susceptible d’avoir sur ce qui fut longtemps (jusque vers 1835) la majorité du Canada, la « nation » québécoise (officiellement reconnue comme telle par le Parlement canadien).
Face à tout cela, François Legault et la CAQ optent pour la politique de l’autruche. Les victoires sur papier sont célébrées, mais l’évidence du cul-de-sac dans lequel nous nous trouvons comme population francophone en Amérique ne les incite aucunement à remettre en question le cadre constitutionnel qui nous condamne à l’assimilation du fait :
1- De l’absence totale de prise sur les migrations interprovinciales ;
2- De l’omniprésence d’établissements primaires et secondaires anglophones à travers le territoire du Québec ;
3- De la marginalisation accélérée de la population francophone et du Québec à l’intérieur du Canada.
Tout homme d’État responsable ferait tout pour que la seule et unique voie de sortie, soit celle de la souveraineté, soit examinée avec sérieux. Or, le premier ministre Legault et son parti sont chaque jour plus fédéralistes et plus antisouverainistes.
Depuis sa fondation, la CAQ n’a jamais eu d’objectif plus évident que de tuer le mouvement souverainiste en se prétendant « nationaliste » tout en étant secrètement aussi fédéraliste que le Parti libéral du Québec. Sans la fondation de ce parti, Pauline Marois aurait, selon toute vraisemblance, eu droit à un premier mandat majoritaire et à un deuxième mandat, au moins minoritaire.
Un vrai parti québécois fédéraliste et nationaliste (ce que fut l’Union nationale de Maurice Duplessis) doit, au minimum, veiller à ce que le poids démographique du Québec ne chute pas à l’intérieur du Canada. Or, la CAQ opte à la fois pour l’extinction du mouvement souverainiste et pour la réduction voulue et planifiée du poids du Québec à l’intérieur de l’ensemble canadien. Cela est tout simplement suicidaire.
Face à l’histoire, François Legault et la CAQ porteront une immense responsabilité advenant notre transformation en simple groupe ethnique assimilé parmi d’autres. En sont-ils conscients ?
