Des experts se sentent ignorés par le ministère de l’Immigration

More on this sorry episode although unclear how widespread these perceptions shared among IRCC staff (but not unique…):

Une personne employée au sein d’IRCC, n’était pas surprise de ce développement. Elle voit le travail de fonctionnaires ignoré depuis des années quand leurs conclusions ne vont pas dans le sens des plans du gouvernement.

Nous donnerons à cette personne le nom fictif de Marie. Francopresse a accepté de protéger son identité, parce qu’elle craint des répercussions au travail.

Un travail qui dérange

Selon elle, la plupart des fonctionnaires n’oseraient jamais aller contre le courant : «Dès que tu dis un peu la vérité, fearless advice, dis ce que tu penses, c’est fini.»

Elle voit donc peu de gens qui osent présenter des points de vue divergents dans la fonction publique. «Il n’y a rien de pire dans une démocratie.»

Elle doute d’ailleurs que même les avertissements émanant de fonctionnaires se rendent toujours au bureau du ministre de l’Immigration.

«Je pense que plusieurs sous-ministres et sous-ministres adjoints croient que leur mission est de protéger [le ministre]. Ils empêchent que des choses soient écrites ou s’assurent que ça ne monte pas pour pouvoir dire “le ministre n’était pas au courant, donc il a continué sa mauvaise idée, mais il ne le savait pas”.»

La vérité étouffée

Selon Andrew Griffith, directeur général à IRCC de 2009 à 2011, un certain degré de tension est normal, même bénéfique.

«La bureaucratie est censée offrir des conseils sans peur en fonction de son analyse et de son expertise et le niveau politique doit apporter sa perspective», explique-t-il.

Mais la transmission des conseils à travers l’échelle bureaucratique est floue, prévient-il. La parole est habituellement plus franche chez les directeurs, mais «plus haut, les sous-ministres adjoints et les sous-ministres sont moins directs en fonction de leurs efforts à répondre aux besoins politiques».

«C’est probablement là que réside la majeure partie de la frustration liée à l’ignorance de l’expertise», précise M. Griffith.

C’est au sein même de la fonction publique que l’information semble bloquer, corrobore Marie. «Les politiciens préfèreraient éviter de faire des erreurs, mais ils se sont entourés de hauts fonctionnaires opportunistes, ambitieux, peu compétents qui étouffent la vérité.»

«Les hauts fonctionnaires qui pensent seulement à leur carrière sont le pire problème, la pire plaie. Les ministres peuvent influencer leur carrière, alors ils s’autocensurent, censurent les autres et s’entourent de gens peu compétents ou qui leur ressemblent», poursuit-elle.

Manque d’expertise chez les cadres supérieurs

Dans le rapport d’un examen effectué par l’ancien sous-ministre d’IRCC, Neil Yeates, ce dernier parle de tensions à IRCC qui seraient «exacerbées par la forte baisse d’expertise en matière d’immigration parmi les [sous-ministres adjoints] et les [directeurs généraux]».

Selon lui, cette baisse d’expertise est relativement nouvelle et crée un «manque de crédibilité vis-à-vis des employés de première ligne et des gestionnaires» qui connaissent bien la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.

«Qui voudrait d’une douche froide?»

L’immigration a toujours été très politisée, fait remarquer Andrew Griffith. «Là où les choses se sont gâtées, c’est dans l’encouragement de l’immigration à grande échelle qu’a défendu l’Initiative du siècle, diverses organisations commerciales [et d’autres] sans qu’aucun d’entre eux, jusqu’à trop tard, ne commence à dire : “Attendez une minute, il va y avoir des implications à cela. Avons-nous les capacités d’absorption pour tous ces immigrants?”»

Il ne croit pas que l’argument selon lequel il faut hausser les seuils d’immigration afin de remédier au vieillissement de la population ait été assez remis en question. Surtout lorsque l’on considère le nombre de démographes qui ne partageaient pas cette analyse.

Plusieurs économistes ont aussi critiqué cette approche, dont Mikal Skuterud, professeur d’économie à l’Université de Waterloo, en Ontario. Il a l’impression que parmi tous les experts en immigration, ce sont surtout les économistes qui sont ignorés.

«Qui voudrait d’une douche froide? Pourquoi voudraient-ils nous parler si on ne leur donne pas les réponses qu’ils veulent?», demande-t-il.

Le gouvernement avance que l’augmentation de l’immigration permet la croissance économique, «mais pour l’économiste, ce n’est pas vraiment honnête».

«Pour l’économiste, la croissance économique vient de l’augmentation du PIB par habitant, explique-t-il. Et rien ne prouve que l’augmentation de l’immigration fasse croitre le PIB par habitant.»

En fait, dans les dernières années, celui-ci a chuté. «Les économistes avaient donc raison, mais ils ont été complètement ignorés sur cette question», déplore Mikal Skuterud.

«Je ne pense pas que l’identité de la personne qui transmet le message soit importante, tant que le message est conforme aux objectifs du gouvernement», ajoute-t-il.

Étant lui-même immigrant, le professeur aimerait pouvoir dire qu’une hausse de l’immigration améliorera le sort économique de tous. «C’est une très belle histoire à vendre, mais c’est juste faux, martèle-t-il. Ce n’est pas si simple.»

Les affaires, ce n’est pas l’économie

Christopher Ragan, professeur en économie à l’Université McGill, à Montréal, était membre du Conseil consultatif en matière de croissance économique mis sur pied par le gouvernement libéral en 2016 et présidé par Dominic Barton, ex-directeur de la firme McKinsey et cofondateur de l’Initiative du siècle.

«Je ne voyais aucune raison à l’époque, et je n’en vois aucune aujourd’hui, de penser que l’augmentation de l’immigration puisse être le pivot d’une stratégie de croissance. Du moins, pas le type de croissance qui devrait nous intéresser. J’ai mené ce combat au sein du Conseil et j’ai perdu», a déclaré l’économiste sur X en janvier 2024.

Sa position n’a pas été retenue dans les rapports du Conseil, probablement parce qu’«un consensus entre 12 personnes n’arrivera jamais», déclare-t-il en entrevue avec Francopresse.

«Le gouvernement perçoit mal l’immigration et son rôle dans la croissance générale et je crois que le Conseil y est pour quelque chose», assure-t-il.

Christopher Ragan était l’un des seuls économistes au sein de ce conseil : «La plupart étaient des gens d’affaires, ce qui est problématique pour un conseil sur la croissance. […] Leur point de vue est important, mais ils n’ont généralement pas beaucoup de compétences en termes de politiques.»

«Je pense que le gouvernement a aussi écouté le lobby des affaires qui a demandé plus d’immigration, en particulier d’immigration temporaire, pour remplir des pénuries de main-d’œuvre, parce qu’ils préfèrent embaucher des immigrants que d’augmenter les salaires», se désole-t-il.

Source: Des experts se sentent ignorés par le ministère de l’Immigration

Government was warned two years ago high immigration could affect housing costs

Public service providing “fearless advice” while government, as is its right, rejected it in favour of ongoing increases in permanent and temporary immigration. Advice to former immigration minister Fraser who now, ironically, and perhaps deservedly so, is now the housing minister who has to clean up this mess (not doable in substantive terms before the election).

Eerily similar to some of my earlier opinion pieces, Increasing immigration to boost population? Not so fast.:

Federal public servants warned the government two years ago that large increases to immigration could affect housing affordability and services, internal documents show.

Documents obtained by The Canadian Press through an access-to-information request show Immigration, Refugees and Citizenship Canada analyzed the potential effects immigration would have on the economy, housing and services, as it prepared its immigration targets for 2023 to 2025.

The deputy minister, among others, was warned in 2022 that housing construction had not kept up with the pace of population growth.

“In Canada, population growth has exceeded the growth in available housing units,” one slide deck reads.

“As the federal authority charged with managing immigration, IRCC policy-makers must understand the misalignment between population growth and housing supply, and how permanent and temporary immigration shapes population growth.”

Immigration accounts for nearly all population growth in Canada, given the country’s aging demographics.

The federal government ultimately decided to increase the number of permanent residents Canada welcomes each year to 500,000 in 2025, a decision that drew considerable attention and scrutiny. It means in 2025, Canada will welcome nearly twice as many permanent residents as it did in 2015.

The document reveals federal public servants were well aware of the pressures high population growth would have on housing and services.

“Rapid increases put pressure on health care and affordable housing,” public servants warned. “Settlement and resettlement service providers are expressing short-term strain due to labour market conditions, increased levels and the Afghanistan and Ukraine initiatives.”

Housing affordability has now become a political liability for the Liberal government. The Conservatives have gained considerable momentum over the last year as the party pounces on affordability issues, while avoiding the issue of immigration in particular. These pressures have forced the Liberal government to refocus its efforts on housing policy and begin to address the spike in international students with new rules.

Recent data shows Canada’s pace of population growth continues to set records as the country brings in a historic number of temporary residents as well, largely through international student and temporary foreign worker programs.

The country’s population grew by more than 430,000 during the third quarter of 2023, marking the fastest pace of population growth in any quarter since 1957.

Experts spanning from Bay Street to academic institutions have warned that Canada’s strong population growth is eroding housing affordability, as demand outpaces supply.

The Bank of Canada has offered similar analysis. Deputy governor Toni Gravelle delivered a speech in December warning that strong population growth is pushing rents and home prices upward.

Public opinion polls also show Canadians are increasingly concerned about the pressure immigration is putting on services, infrastructure and housing, leading to waning support for high immigration.

The Liberal government has defended its immigration policy decisions, arguing that immigrants help bring about economic prosperity and help with the country’s demographics as the population ages.

However, amid the heightened scrutiny of the Liberal government’s immigration policy, Immigration Minister Marc Miller levelled out the annual target at 500,000 permanent residents for 2026.

The documents from 2022 note that Canada’s immigration targets have exceeded the recommendations of some experts, including the Century Initiative, an organization that advocates for growing the country’s population to 100 million by the end of the century.

However, attention is now shifting from these targets to the steep rise in non-permanent residents. Between July and October, about three-quarters of Canada’s population growth came from temporary residents, including international students and temporary foreign workers.

That trend is raising alarms about the increase in businesses’ reliance on low-wage migrant workers and the luring of international student byshady post-secondary institutions.

Mikal Skuterud, an economics professor at the University of Waterloo who specializes in immigration policy, says the federal government appears to have “lost control” of temporary migration flows.

Unlike the annual targets for permanent residents, the number of temporary residents is dictated by demand for migrant workers and international students.

He also notes there is a link between the targets for permanent residents and the flow of temporary residents.

“To the extent that you increase permanent numbers, and migrants realize the way you get a PR is to come here as a temporary resident … then migrants are incentivized to kind of come and try their luck,” he said.

Skuterud, who has been a vocal critic of the federal government’s immigration policy, says the benefits of high immigration have been exaggerated by the Liberals.

He said that starting around 2015, when the Liberal government was first elected, a narrative developed in Canada that “immigration was kind of a solution to Canada’s economic growth problems.”

And while the professor says that narrative is one that people like to believe, he notes higher immigration does little when it comes to increasing living standards, as measured by real GDP per capita.

Public servants at IRCC are in agreement, the released documents suggest.

“Increasing the working age population can have a positive impact on gross domestic product, but little effect on GDP per capita,” public servants noted.

Source: Government was warned two years ago high immigration could affect housing costs – Moose Jaw Today