Le bureau du ministre Marc Miller vandalisé, symptôme des problèmes de sécurité des élus

Hate crime:

Les gestes de vandalisme revendiqués par des militants pro-Palestine jeudi au bureau du ministre fédéral de l’Immigration témoignent de l’urgence de renforcer les mesures de sécurité autour des politiciens, selon un expert consulté par Le Devoir.

Le ministre Marc Miller a confié qu’il ne s’agissait pas d’un événement isolé. Son équipe et lui, ainsi que leur bureau montréalais, sont presque chaque jour la cible d’insultes ou de saccage. « Depuis des mois, mon bureau de comté est quotidiennement menacé. Nous avons fait de notre mieux pour prendre des mesures de précaution adéquates, afin de servir nos concitoyens qui ont besoin de nos services », a écrit M. Miller sur le réseau X. Il n’a pas voulu accorder d’entrevue jeudi.

Plusieurs graffitis propalestiniens ont été écrits sur le trottoir devant son bureau de la rue Saint-Jacques, face à la station de métro Lionel-Groulx. Les vitres ont été fracassées et de la peinture rose a été lancée sur l’immeuble. « Marc Miller child killer » (Marc Miller, tueur d’enfant), « No justice no peace » (Pas de paix sans justice), « Genocide is not ok » (Le génocide n’est pas acceptable), pouvait-on lire sur les trottoirs en face du bureau.

« Habituellement, [les activistes propalestiniens] viennent manifester en avant du bureau, sur le trottoir. Ils ont déjà mis des collants sur les vitrines. Mais des méfaits graves comme ça, c’est la première fois », a confirmé l’agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Nicolas Girard. Aucune arrestation n’avait encore été faite au moment où ces lignes étaient écrites.

Une vidéo montrant le saccage a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. « Cette nuit, des militant.e.s sont venues rendre visite à cette institution coloniale qu’est le bureau de Marc Miller. Ceci est un rappel que les mobilisations ne finiront pas et que nous ne plierons pas face à l’État génocidaire », peut-on lire sur la page Instagram clash.mtl. La vidéo leur aurait été soumise anonymement.

« Le climat politique se dégrade »

Les gestes et comportements menaçants envers des élus sont préoccupants, selon Michel Juneau-Katsuya, expert en sécurité nationale. Pour lui, « le climat politique se dégrade au Québec. Il faut vraiment qu’il y ait une prise de conscience des risques, sinon plus personne ne voudra aller en politique ».

D’autres députés ont été la cible d’actes violents dans les derniers mois, rappelle l’ex-agent fédéral. Il donne l’exemple de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui a été interpellée par un militant et s’est défendue elle-même. La multiplication de ces événements fait en sorte qu’une plus grande protection pour les élus est requise, estime-t-il. « Il n’y a pas au fédéral un équivalent à la loi 57 du Québec, mais il devrait y en avoir un », dit-il.

Au Québec, depuis le mois de juin, la loi protège les élus provinciaux contre les gens qui les intimident, les harcèlent ou entravent leurs travaux.

Marco Mendicino, ex-ministre canadien de la Sécurité publique, a réitéré jeudi la nécessité de renforcer aussi la protection des élus fédéraux. « La démocratie ne peut pas fonctionner tant que les parlementaires, leur famille et leur personnel ne sont pas en sécurité », a-t-il déclaré sur la plateforme X.

Urgence d’agir pour les visas temporaires

Les militants propalestiniens demandent depuis plusieurs mois au ministre Miller de « donner rapidement des visas pour les Palestiniens à Gaza » et « d’améliorer les politiques d’immigration pour les Palestiniens », selon le compte X OlinePalEng, qui documente les actions d’activisme pro-Palestine partout dans le monde. Ils lui reprochent aussi « de donner son support aux atrocités israéliennes à Gaza ».

Pour Thomas Woodley, président de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO), le vandalisme commis montre « l’échec » du programme de visas temporaires pour les Palestiniens ayant des liens avec le Canada, lancé par Ottawa en janvier dernier. L’obtention de ce visa est « une question de vie ou de mort pour des milliers [de Palestiniens] » qui sont encore pris à Gaza.

Le ministre Miller a de son côté souligné qu’il ne tolérera pas de comportements violents. « Nous vivons dans un pays démocratique. Tout individu a pleinement le droit de manifester, d’exprimer ses opinions, et de faire entendre son mécontentement. Cependant, peu importe le point de vue, rien ne peut excuser le vandalisme et la mise en danger d’autrui », a déclaré le député sur X.

Même si le CJPMO n’est pas à l’origine du vandalisme, M. Woodley considère que « les Canadiens ont raison d’être frustrés au plus haut point », dit-il au Devoir. « Bien que certaines personnes puissent contester les méthodes utilisées par les manifestants, il ne fait aucun doute que le programme du ministre Miller visant à aider les Palestiniens de Gaza ayant des liens avec le Canada a été un échec lamentable. »

Source: Le bureau du ministre Marc Miller vandalisé, symptôme des problèmes de sécurité des élus

Unknown's avatarAbout Andrew
Andrew blogs and tweets public policy issues, particularly the relationship between the political and bureaucratic levels, citizenship and multiculturalism. His latest book, Policy Arrogance or Innocent Bias, recounts his experience as a senior public servant in this area.

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