Rioux: Terroriste, mais encore…
2023/10/14 Leave a comment
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Ce n’est pas un hasard si le mot razzia nous vient d’Algérie. Depuis le Moyen Âge, Arabes et Ottomans menèrent des razzias ininterrompues sur les côtes méditerranéennes, où ils capturaient des otages qui étaient ensuite vendus comme esclaves, jetés dans des harems ou réduits aux travaux forcés.
Ce n’est pas un acte de guerre, mais une razzia à la puissance mille qu’a perpétrée le Hamas le 7 octobre dernier en pénétrant dès l’aube en territoire israélien pour « tuer du Juif » et assassiner plus d’un millier de militaires, de civils, de femmes et d’enfants confondus. Sans oublier de rafler une centaine d’otages qui serviront de boucliers humains, de monnaie d’échange ou de chair humaine dans des exécutions diffusées sur les réseaux sociaux afin de terroriser les mécréants.
Ceux qui font profession d’aveugles n’y verront qu’un attentat de plus dans la longue histoire du conflit israélo-palestinien. Nous sommes pourtant devant le pire carnage commis depuis 1945 à l’égard de civils juifs, assassinés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Sur leur chemin, les djihadistes ont abattu 260 jeunes qui participaient à la rave party Supernova. Quand ils ne les ont pas égorgés ou violés. Des fous de Dieu surgis d’un autre âge face à l’insouciante jeunesse mondialisée de Tel-Aviv, le contraste ne pouvait être plus étourdissant. Pour nombre de juifs, dont le secrétaire d’État Antony Blinken, cela n’évoquait rien de moins qu’un pogrom.
Certes, cette offensive poursuivait aussi des objectifs politiques. Il s’agissait de torpiller les accords d’Abraham, qui étaient sur le point de réconcilier diplomatiquement Israël et l’Arabie saoudite. Une alliance particulièrement inquiétante pour l’Iran, principal soutien du Hamas. Notamment parce qu’elle montre que juifs et musulmans peuvent vivre en harmonie, comme l’illustrent les 150 000 Israéliens qui visitent chaque année les Émirats arabes. Autre vision intolérable pour le Hamas, car le moindre signe de réconciliation signerait son arrêt de mort.
Ce carnage n’a donc rien à voir avec la cause nationale palestinienne, et encore moins celle d’un État indépendant. Il s’inscrit au contraire dans la lignée des grands attentats islamistes du 11 septembre, de Charlie Hebdo et du Bataclan.
Le mot terrorisme, que la prude CBC et l’extrême gauche française se refusent à prononcer, est d’ailleurs largement insuffisant pour désigner cette organisation islamiste, antisémite et totalitaire qui tient Gaza sous sa férule. Ses crimes vont bien « au-delà du terrorisme », pour reprendre les mots du bédéiste Joann Sfar. Car le Hamas n’a rien d’un banal mouvement de libération qui aurait commis quelques attentats. Créé en 1988, il est la branche palestinienne des Frères musulmans, nés en Égypte dans les années 1920, qui ont notamment soutenu l’alliance entre Hitler et le grand mufti de Jérusalem. Ici, l’oumma remplace la nation, l’islamisme le nationalisme, et le califat l’État démocratique.
Radicalement opposé aux voix libérales palestiniennes — que les Frères musulmans ont d’ailleurs souvent éliminées physiquement —, le Hamas n’a jamais eu d’autres buts que d’islamiser la société palestinienne et d’empêcher que ne s’impose une direction laïque soucieuse des intérêts nationaux de son peuple. « La mort sur le chemin de Dieu est la plus éminente des espérances », proclame sa charte fondatrice qui stipule aussi que « la bannière d’Allah » doit flotter « sur chaque pouce de la Palestine ». L’État palestinien ne pouvant être, à la rigueur, qu’une étape avant l’expulsion complète des Juifs de la région.
L’idée qu’avec le temps, le Hamas deviendrait un interlocuteur sérieux apparaît aujourd’hui comme un leurre. Cette organisation a toujours agi afin de faire capoter toute perspective de paix et de création d’un État palestinien. C’est ce qui faisait dire au journaliste israélien Stéphane Amar, que nous avions interviewé à Tel-Aviv, en 2016, que « le rêve des deux États est mort depuis longtemps ». Il ne pourrait renaître que le jour où Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, trouverait un interlocuteur qui ne souhaite pas son extermination.
Nous avions alors constaté sur place combien la seconde Intifada, avec ses attentats kamikazes contre les civils, avait achevé de tuer tout espoir de paix, anéantissant du coup la gauche israélienne depuis longtemps ouverte au compromis. Tant que l’islamisme dominera le mouvement palestinien, la théorie des deux États demeurera un mythe. Quel État dans le monde souhaiterait la création à ses frontières d’une théocratie doublée d’un État terroriste ?
Les véritables défenseurs du peuple palestinien aujourd’hui ne sont pas ceux qui, trop heureux de s’en laver les mains, renvoient dos à dos les potentats du Hamas et le gouvernement démocratiquement élu de Benjamin Nétanyahou. Ce sont ceux qui combattent l’islamisme dans l’espoir que renaisse un jour un leadership palestinien digne de ce nom.
Le temps de juger les graves erreurs de Nétanyahou viendra bien assez vite. On peut compter sur le peuple israélien pour cela. Comme pour exiger une riposte ciblée et proportionnée. Mais, pour l’instant, constatons que la guerre que mène le Hamas pour détruire Israël n’a rien d’une lutte nationale et tout d’une guerre de civilisation.
On pourrait rêver d’un autre combat. Mais on ne choisit pas ses ennemis. C’est eux qui nous choisissent.
Source: Terroriste, mais encore…
