Racisme systémique: des calculs politiques déplorables / Hearings on systemic racism in Quebec haven’t started but already nationalists are feeling victimized
2017/10/07 Leave a comment
Not going well (enquiries and consultations on divisive issues are hard to manage):
Les membres de la Table de concertation contre le racisme systémique ont dénoncé la politisation et l’ingérence du premier ministre dans la consultation sur le sujet, indiquant que c’est précisément cela qui est en train de faire dérailler le processus. Dans un point de presse mercredi, ils ont jugé « déplacées » les déclarations faites par Philippe Couillard au sujet de sa déconfiture à l’élection partielle, qui ouvraient la porte à l’annulation de la consultation sur la discrimination et le racisme systémique.
« Si le premier ministre aujourd’hui déclare qu’à cause de ses résultats électoraux dans Louis-Hébert il faut repenser la consultation, c’est qu’il n’a pas compris ce que ça veut dire, l’indépendance de la Commission des droits de la personne [et des droits de la jeunesse]. Ce n’est plus Philippe Couillard, le boss, c’est la Commission des droits de la personne », a insisté Émilie Nicolas, l’une des porte-parole de la Table de concertation contre le racisme systémique. « Les calculs électoraux des libéraux et la saison électorale, ça n’a strictement aucun rapport avec le mandat que s’est fait donner la Commission. »
L’exercice consultatif est trop important pour qu’il soit soumis au jeu politique et récupéré par des intérêts partisans, a indiqué pour sa part Haroun Bouazzi, président de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec. « C’est un problème de société profond qui demande du tact. »
Pour la Table de concertation, ce serait une déception si la consultation était annulée. « Mais on le serait aussi si ça se tenait tout croche. Et quand on a de l’ingérence politique dans ce qui doit être indépendant, c’est croche », a soutenu Émilie Nicolas. « Il ne faut pas d’ingérence. On veut un exercice qui soit serein et quand on se crie par la tête à l’Assemblée nationale, ce n’est pas ce que j’appelle de la sérénité. »
Conditions de réussite
Pour qu’il soit réussi, l’exercice consultatif doit se tenir à certaines conditions : la garantie de son indépendance, mais également de sa transparence. « Imaginez une seconde une consultation sur l’égalité entre les hommes et les femmes et qu’on veuille cacher les femmes victimes de sexisme », a renchéri M. Bouazzi. Il doit aussi être doté des moyens en temps et en argent, a-t-il rappelé, évoquant ainsi les critiques de l’opposition devant l’ajout de 400 000 $ portant à 900 000 $ le budget de la consultation. « Juste en pub pour la Charte des valeurs, ça a coûté 1,9 million ! »
Samira Laouni, coprésidente de la Table de concertation, déplore que certains Québécois voient dans l’exercice une manière de les accuser de racisme. « Certains médias, et je dis bien certains médias, jouent beaucoup avec les terminologies pour monter les citoyens les uns contre les autres. On a bien compris le message, nous l’entendons, le vivons sur le terrain : ce ne sont pas nos concitoyens qui sont racistes, mais les institutions », a-t-elle insisté.
Haroun Bouazzi rappelle qu’il est important de distinguer le racisme systémique, celui des institutions, de ce qui ne l’est pas, comme les actes isolés. « Une femme qui se fait cracher dessus dans la rue — malheureusement, ça existe — parce qu’elle porte un foulard, ce n’est pas un acte de racisme systémique. Mais ça le devient quand la police de Sherbrooke refuse de prendre la plainte de cette femme-là. »
Possible annulation
Mercredi matin, le premier ministre avait laissé entendre qu’il était disposé à annuler la consultation sur la discrimination systémique et le racisme et qu’il allait discuter de cette possibilité avec les membres du caucus libéral.
En après-midi, le député de Mercier, Amir Khadir, a rencontré M. Couillard et la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, afin d’améliorer le processus de consultation, notamment « pour être sûr que personne au Québec [ne]puisse continuer à croire que c’est le procès des Québécois ». « La rencontre a été positive et l’écoute, attentive. Nous espérons que notre échange pourra contribuer à trouver des solutions pour surmonter les appréhensions concernant cette consultation », a-t-il affirmé au Devoir, dans la foulée de sa rencontre.
Pour leur part, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec demandent tous deux au gouvernement libéral d’en finir. « M. Couillard s’entête aujourd’hui. Il veut sauver la face. L’important, c’est qu’on agisse, qu’il n’y ait pas de procès et qu’il y ait de l’action », a lancé le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée.
M. Couillard songe à revoir les modalités de la consultation. Il balaie cependant l’idée d’annoncer une série de mesures visant à enrayer la discrimination et le racisme au Québec sans avoir entendu préalablement des victimes. « Il faut laisser les gens s’exprimer aussi. On ne peut pas juste dire : “On va dicter nos solutions” », a-t-il fait valoir. Le forum public qui doit réunir plusieurs experts et acteurs du milieu pourrait donc avoir lieu comme prévu en novembre, à Montréal.
Confiance en la CDPDJ
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a été plongée dans la tourmente après des révélations au sujet de la gestion autoritaire de sa présidente, Tamara Thermitus. Cette organisation doit-elle continuer à piloter la consultation sur la discrimination et le racisme systémique ? « On est encore dans les spéculations, et j’aimerais que la Commission réponde aux questions de journalistes et aux questions hypothétiques qui sont soulevées », s’est contentée de dire Émilie Nicolas.
Pour Nicole Filion, de la Ligue des droits et libertés, la « crise » à la Commission des droits a été instrumentalisée pour faire dérailler la consultation. « On pense que la Commission pourrait même avoir le pouvoir de décider elle-même de mener cette consultation. Je ne suis pas en train de dire que c’est ce qu’elle va faire, mais ça fait partie de ses mandats. »
Haroun Bouazzi en a profité pour réitérer l’importance de la consultation. « Lutter pour l’égalité, contre le racisme, c’est quelque chose de noble dans une société et je pense que c’est une occasion qu’on a pour montrer qu’on est capable en tant que société, en tant que nation québécoise, de mener à bien l’exercice. »
Source: Racisme systémique: des calculs politiques déplorables | Le Devoir
National Post account:
Before a single witness has been heard at Quebec’s hearings on systemic racism, before a single study has been tabled, a clear portrait of the victims is emerging.
François Legault, leader of the Coalition Avenir Québec, this week called on Premier Philippe Couillard to “end all unfair accusations against Quebecers” and cancel the commission. “Quebec doesn’t need an additional crisis on the identity issue, and especially not a crisis created by the Liberal Government,” he said.
Parti Québécois leader Jean-François Lisée said an examination of systemic racism is unnecessary and would “simply put vinegar in the wounds.” He said Couillard should “stop being so arrogant towards the will of the people” and scrap the hearings.
In a column in the Journal de Montréal last July, sociologist Mathieu Bock-Côté helped set the tone of the debate around the racism hearings — or “public self-flagellation” as he called them — scheduled to begin this month.
“We will witness an immense trial of Quebec society and, more specifically, of Quebec nationalists, who will be accused of all evils,” he wrote.
The premier’s resolve seemed to be weakening on Wednesday when he acknowledged that members of his caucus were blaming Monday’s by-election loss of a previously safe Liberal riding in Quebec City on the racism consultations. He said he would steer the process, overseen by the Quebec Human Rights Commission, “in the right direction” and assured nobody would be put on trial.
The manner in which the debate has derailed has left representatives of minority communities, armed with stacks of examples of discrimination against their members, scratching their heads. How did a debate over protecting racial minorities from discrimination get twisted into a campaign to stop labeling Quebecers as racist?
Emilie Nicolas, a board member of an umbrella group fighting systemic racism, said part of the problem is that the concept of systemic racism is poorly understood in Quebec. “It doesn’t mean that people are systematically racist,” she said.
Whereas neighbouring Ontario has been wrestling with the issue for decades, in Quebec, even the word “racism” is seen as taboo, she said.
“Any kind of gap in actual equality based on race that is a result of institutional practices is systemic racism,” Nicolas said. “It’s not about individual intentions, and it’s not about people being good or bad people.”
