Quebec: Difficile régionalisation de l’immigration
2015/12/10 Leave a comment
The ongoing problem of attracting and retaining immigrants outside of Montreal (Quebec retains relatively fewer immigrants compared to other provinces save Atlantic Canada):
Même si la très grande majorité des réfugiés syriens attendus au Québec en 2015 et 2016 s’établiront dans la grande région de Montréal, plus d’un millier d’entre eux atterriront en région. Y resteront-ils? Rien n’est moins sûr, car la rétention des populations immigrantes hors des grands centres demeure un défi considérable.
C’est une réalité qui n’est que trop familière à Henry Mbatika. Arrivé de la République démocratique du Congo avec sa famille en 2000, ce père de cinq enfants – dont deux sont nés à Sherbrooke – est maintenant seul de son clan au Québec.
Victime d’une fermeture d’entreprise, sa femme n’arrivait plus à trouver du travail et est partie pour l’Alberta en 2012, où elle travaille dans une usine de PepsiCo, à Lethbridge. Les enfants l’ont suivie et le couple est maintenant écartelé entre les deux provinces.
«On est bien à Sherbrooke: il n’y a pas de racisme, les maisons sont plus abordables qu’à Montréal et il y a beaucoup d’espace», dit M. Mbatika, chargé de projet à la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie et candidat défait à un poste de conseiller lors des élections municipales de 2013. «Le seul problème, c’est l’insertion socioprofessionnelle. C’est le travail.»
Les efforts de régionalisation de l’immigration ont cours au Québec depuis le début des années 90. Et ils ont eu jusqu’ici des résultats mitigés, dit Michèle Vatz-Laaroussi, professeure au département de travail social de l’Université de Sherbrooke et auteure de plusieurs études sur le sujet.
«L’attraction vers les régions, on l’a pas mal travaillée, et ce n’est pas si mal, dit-elle. Mais la rétention [des immigrants et réfugiés] reste difficile. Les Québécois eux-mêmes quittent les régions, alors pourquoi les immigrants y resteraient-ils?» La régionalisation, dit-elle, a souvent des airs de «banlieuisation», la couronne de Montréal attirant un nombre considérable de migrants.
L’Estrie passe pour une des régions qui réussit le mieux à intégrer les populations venues d’ailleurs. Et pourtant, elle est parvenue à retenir à peine 21% de ses nouveaux arrivants entre 2006 et 2011, selon une étude faite au printemps par l’organisme sherbrookois Actions interculturelles de développement et d’éducation (AIDE).
«C’est tout à fait décevant pour la région, dit le directeur général de l’organisme, Mohamed Soulami. Mais le Québec en entier a de la difficulté avec la rétention des personnes immigrantes. Il y a un manque de soutien aux employeurs pour qu’il y ait une ouverture vers l’engagement d’immigrants.»
Subventions salariales
Et pourtant, comme l’a reconnu hier à Montréal le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, «l’emploi, c’est le meilleur endroit pour s’intégrer».
Le ministre a lancé avec sa collègue titulaire du portefeuille de l’Immigration, Kathleen Weil, un appel aux employeurs pour qu’ils embauchent des réfugiés qui s’établiront au Québec dans les prochains mois.
«Les villes sont bien conscientes du défi de rétention. Il faut avoir des milieux accueillants. Ça commence par des entreprises qui disent: “On a besoin de vous”», a dit la ministre Weil.
Source: Difficile régionalisation de l’immigration | JEAN-FRANÇOIS BÉGIN | Politique québécoise
